Ecclésiaste 5.8 – 6.12
Chapitre 5
Introduction
Quand vous arrivez à l’aéroport, on vérifie vos papiers, ce qui est normal. Ce qui l’est moins est que dans pas mal de pays on vous cherche systématiquement des poux sauf si vous marchez dans leur combine. Si au préalable vous avez glissé à l’intérieur du passeport un billet de banque d’une valeur honorable, alors il n’y a aucun problème. Que ces crapules tondent le dos des étrangers de passage, c’est déjà bien regrettable, mais le pire est qu’ils escroquent leurs propres compatriotes, du moins ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre. Malheureusement, ces arnaques sont vieilles comme le monde.
Verset 7
Je continue de lire dans le chapitre 5 du livre de l’Ecclésiaste.
Si tu vois dans une région que les pauvres sont opprimés, que la justice et le droit sont bafoués, ne t’étonne pas trop de la chose, car chaque fonctionnaire est subordonné à un supérieur, et au-dessus d’eux, il y a encore des supérieurs hiérarchiques (Ecclésiaste 5.7).
Bien que les autorités soient instituées par Dieu, elles sont corrompues parce que ceux qui détiennent le pouvoir sont pécheurs. Il ne faut donc pas s’étonner des injustices et de l’oppression.
Le Prédicateur déplore les conséquences néfastes de la hiérarchisation du pouvoir, car elle a plusieurs effets pervers. D’une part, elle empêche que justice soit faite à ceux qui sont en bas de l’échelle sociale et qui sont opprimés, puisqu’ils n’ont pas accès aux décideurs suffisamment haut placés. En second lieu, la hiérarchisation permet aux fonctionnaires à tous les niveaux d’exercer des exactions envers leurs subalternes. Et à la tête de ce système corrompu se trouve le despote lui-même qui profite des terres des paysans qu’il a réduits à l’état de serf. Tout ce qu’un homme a obtenu par son travail peut disparaître comme neige au soleil entre les mains des officiels corrompus.
Dans les pays en voie de développement, plus on s’éloigne de la capitale et plus la justice est bafouée. Chez nous, ce sont les « affaires » de ceci et de cela, comme les HLM de Paris où Chirac s’est impliqué jusqu’au cou, mais tant qu’il était Président, il se trouvait hors d’atteinte de la loi. Quand l’administration d’un état est corrompue, les premiers à trinquer sont les pauvres et les faibles pour des raisons évidentes. C’est comme dans la savane, les hyènes s’attaquent toujours aux animaux malades ou trop jeunes pour se défendre.
Les abus de pouvoir, ceux qui s’enrichissent toujours plus, la triste vie des banlieues, les bidonvilles et la misère noire du tiers-monde sont autant de problèmes auxquels on s’est habitué, mais qui n’en demeurent pas moins scandaleux. J’admire les idéalistes qui travaillent d’arrache-pied, persuadés que leurs efforts pourront améliorer l’état des choses et le monde. Il se peut effectivement qu’ils parviennent à apporter quelques petites améliorations de vitrine ici et là, mais structurellement rien ne bouge. Le vrai changement aura lieu lorsque Jésus reviendra en tant que Roi des rois et Seigneur des seigneurs pour instaurer son règne de 1 000 ans sur cette terre. Alors la justice sera de mise dans toutes les nations. Le psaume second annonce la couleur de son règne; je lis le passage :
Avec un sceptre de fer, tu les soumettras ; comme des vases d’argile, tu les briseras (Psaumes 2.9).
Verset 8
Je continue le texte.
Les produits de la terre sont pour tous ; même un roi est tributaire de la campagne (Ecclésiaste 5.8).
Le Prédicateur indique de quelle façon un gouvernement peut contribuer à la prospérité de tous : il doit faire régner la loi, respecter la propriété foncière et les récoltes, et encourager les fermiers. À ce propos, il est intéressant de remarquer que tous les pays industrialisés, qu’on dit aussi riches, défendent bec et ongles et à coups de subsides leur agriculture bien qu’elle ne représente qu’une toute petite fraction de leur économie. Le travail de la terre commande toujours le respect.
Il semble que comme forme de gouvernement, le Prédicateur rejette la bureaucratie étatique en faveur d’une monarchie patriarcale qui met l’accent sur la vie paysanne.
Verset 9
Je continue.
Qui aime l’argent n’en aura jamais assez, et qui se complaît dans l’abondance ne sera jamais satisfait de ses revenus. Cela encore est dérisoire (Ecclésiaste 5.9).
Devant ce texte, Chrysostome, un Père de l’Église, a dit : « L’avare est le simple gardien et non pas le maître de ses biens. » Et le poète latin Horace a écrit : « L’avare est toujours pauvre et l’amour du gain grandit avec la fortune ».
Salomon a étudié les sciences et les lois naturelles, la sagesse et la philosophie, le matérialisme, l’hédonisme, l’existentialisme, le fatalisme et la religion. Maintenant, il veut savoir où conduit l’amour de l’argent. De tous les Crésus de la terre, Salomon fut l’un des plus riches qui ait jamais vécu ; il est donc parfaitement qualifié pour mener cette enquête.
Le PDG d’une grande société qui voit augmenter son chiffre d’affaires et son bénéfice a le sourire aux lèvres mais pas pour longtemps. Il n’est pas tout à fait satisfait ; il rassemble donc son personnel et leur dit : « Ne vous endormez pas sur vos lauriers ; l’année prochaine, il faudra mieux faire. »
- Duchnok a un compte bancaire bien garni parce qu’il touche un gros salaire mais il est insatisfait. Il a la mine sombre parce qu’il estime qu’il mérite plus parce qu’il en connaît qui travaillent moins que lui et qui gagnent davantage et ça le met en boule.
Il n’y a aucun mal à être fortuné. Les Écritures ne condamnent pas les richesses en tant que telles, car comme l’écrit l’apôtre Paul dans sa première lettre à Timothée (4.4) :
Tout ce que Dieu a créé est bon, rien n’est à rejeter, pourvu que l’on remercie Dieu en le prenant.
D’ailleurs sous l’Ancien Testament, la prospérité est un signe de la bénédiction divine. Par contre, ce que Dieu réprouve est l’appât du gain et l’amour de l’argent que l’apôtre Paul appelle « la racine de tout ce qui est mal » (1Timothée 6.10). L’accumulation des richesses pour elles-mêmes est une malédiction ; l’avare croit que les billets de banque sont plats afin de mieux pouvoir les empiler.
L’économie de marché qui récompense celui qui bosse dur est un bon système. Le problème vient des opérateurs qui profitent de leur position pour devenir immensément riche aux dépens des petits et des pauvres de la planète qui sont exploités comme une mine de charbon. Les sangsues de la finance s’associent juste pour faire du fric et pour l’amour du fric bien qu’ils n’en aient pas besoin, mais comme ils sont possédés par le dieu de l’argent, ils ont un désir insatiable qui les pousse à en vouloir toujours plus. La convoitise des richesses, une fois débridée, devient insatiable car « l’appétit vient en mangeant ». Dans le livre des Proverbes, le sage écrit :
Il y a trois choses insatiables, et même quatre qui ne disent jamais : “ Cela suffit ” : le séjour des morts, la femme stérile, la terre aride et le feu (Proverbes 30.15-16).
On pourrait y ajouter les sangsues de la finance car l’avidité est la colle qui lie beaucoup d’hommes d’affaires entre eux.
Il y a déjà quelques années, le gouvernement américain a fait un procès aux firmes de tabac pour publicité mensongère. Je me souviens encore de tous les cadres dirigeants de Philips Morris, alignés en costume cravate, répondre aux questions du procureur. Je les revois encore qui, un à un, jurent sur l’honneur — ce qu’ils auraient aussi fait sur la tête de leur mère — qu’ils ignorent totalement que le tabac peut poser le moindre danger à la santé. Je n’en croyais pas mes oreilles.
Ces cadres qui sont prêts à vendre leur âme au diable parlent en unisson parce qu’ils sont liés ensemble par un ciment puissant, le même que celui qui unit les membres de la mafia ou de toute association de malfaiteurs : la cupidité, l’appât du gain et l’amour de l’argent. Faire un maximum de fric par n’importe quel moyen jusqu’à la limite de la légalité, et au-delà si on ne se fait pas prendre; telle est l’obsession des cadres dirigeants des grandes entreprises d’envergure nationale et surtout mondiale.
Non, je ne mets pas tout le monde dans le même panier parce que je crois que dans la majorité des cas, l’esprit des chefs de PME est différent. Ils cherchent surtout à faire tourner leur boîte afin d’assurer les salaires et les charges de fin de mois, et ils se sentent responsables de leurs ouvriers ainsi que de leurs familles. Le grand mal du capitalisme sauvage est qu’il encourage un certain nombre de privilégiés à faire fortune aux dépens des autres.
Même les chefs des états les plus pauvres de la planète sont immensément riches, le plus souvent avec l’argent détourné que l’ONU et des associations caritatives contribuent pour soulager la misère de leur pays. Alors que les Palestiniens crèvent la dalle, on sait maintenant que Arafat avait mis plusieurs milliards de côté pour ses vieux jours, mais il n’a pas fait aussi long feu qu’il espérait. Jésus a dit :
Malheur au monde à cause des scandales ! malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! (Matthieu 18.7).
Verset 10
Je continue le texte.
Plus on possède de biens, plus se multiplient les profiteurs. Et quel avantage en tire leur possesseur si ce n’est le spectacle qu’ils lui offrent ? (Ecclésiaste 5.10).
L’avidité — accaparer juste pour posséder — est un acte criminel. Matthieu rapporte que Jésus a dit :
Ne vous amassez pas des richesses sur la terre où elles sont à la merci de la rouille, des mites qui rongent, ou des cambrioleurs qui percent les murs pour voler (Matthieu 6.19).
Les riches n’ont pas à tirer le diable par la queue comme beaucoup d’entre nous ; ils possèdent peut-être un yacht dans la baie de Monte-Carlo, quelques villas ici et là, mais aussi des tracasseries à la pelle. D’abord, il y a le service des impôts qui veut son pourcentage, puis les parasites de tous bords qui défilent pour obtenir une part du gâteau et enfin les voleurs qui essaient par tous les moyens de s’approprier une partie du magot, et plus tard il y aura aussi les héritiers qui se disputeront la fortune. Qu’y a-t-il de positif dans cette situation ? La fierté, l’orgueil de posséder et le pouvoir de l’argent, mais ces vanités sont fort coûteuses en tranquillité d’esprit et en paix avec son entourage. On sait par expérience que ce sont ceux qui sont les moins encombrés des biens du monde qui sont les plus aptes à jouir de la vie.
Verset 11
Je continue.
Doux est le sommeil du travailleur, qu’il ait peu ou beaucoup à manger, mais l’abondance du riche l’empêche de dormir (Ecclésiaste 5.11).
Le simple ouvrier ne s’offre pas du caviar tous les jours, mais ça le préserve aussi de la gloutonnerie et il n’en dort que mieux. L’homme fortuné mange des mets fins que lui prépare son cuisinier, mais il s’en lasse et ils perdent leur goût à cause des soucis que lui donnent ses richesses et la peur de les perdre. Il faut qu’il soit toujours méfiant, vigilant, à l’affût de ceux qui cherchent à croquer ses biens. Il doit veiller sur sa propriété jour et nuit et passer beaucoup de temps avec son banquier et le comptable pour trouver des moyens de réduire ses impôts. Et s’il gare sa grosse berline dans un lieu public, il se la fait rayer ; ce n’est pas une vie, ça !
Je n’ai pas ce souci. Quand nous descendons dans un hôtel, une fois tous les cinq ans en moyenne, nous n’avons aucun objet de valeur à déposer dans le coffre-fort. En fait, nous ne fermons même pas la bagnole à clé parce qu’aucun voleur qui se respecte n’y jettera un second coup d’œil. Les loubards qui voudraient nous dévaliser seraient furieux parce que notre télé n’a aucune valeur, nous n’avons pas de chaîne Hi-fi, l’appareil photo est un vieux modèle, notre portable est le moins cher du marché et l’ordinateur est un bas de gamme. Par contre, nous avons quelques beaux meubles anciens, mais il faut évidemment un camion pour les emmener ce qui n’est pas tellement discret.
Versets 12-13
Je continue.
J’ai vu sous le soleil une calamité affligeante : il arrive que les richesses conservées par un homme fassent son malheur. Qu’elles viennent à se perdre à cause de quelque mauvaise affaire, et il ne lui en reste rien lorsqu’il met un fils au monde (Ecclésiaste 5.12-13).
Un autre problème avec les richesses est qu’il est très facile de se confier en elles en croyant qu’elles seront toujours disponibles le jour où on en aura besoin. Seulement, personne n’est à l’abri d’un revers de fortune car la prospérité éclate comme une bulle de savon et la dépression suit l’inflation. Dans le livre des Proverbes, le sage demande :
Veux-tu poursuivre du regard ce qui va disparaître ? Car la richesse se fait des ailes, et comme l’aigle, elle prend son vol vers les cieux (Proverbes 23.5).
Le riche qui est soudainement ruiné par quelque mauvais coup du sort est plus malheureux que le dernier des miséreux.
Versets 14-16
Je continue le texte.
Il est sorti nu du sein de sa mère, et il partira comme il est venu, sans emporter dans ses mains une miette du fruit de son labeur. Qu’il reparte comme il était venu est aussi un mal affligeant. Quel avantage y a-t-il donc à travailler ainsi pour du vent ? Sa vie durant, ses jours s’écoulent bien sombres, pleins de chagrins, de souffrances et d’amertume (Ecclésiaste 5.14-16; Comparez Job 1.21 ; Psaumes 49.17 ; 1Timothée 6.7).
Untel travaille plus que nécessaire parce que comme il mesure sa valeur à l’abondance des ses possessions, il voue un culte à Mammon, le dieu de l’argent, mais le prix à payer à cette idole est élevé et il y a tout à parier qu’elle lui gâche la vie. Il ne peut pleinement jouir des repas de famille qui devraient être des moments de repos et de joie, parce qu’ il est pris par ses affaires, et il n’a pas non plus le temps de voir ses enfants grandir. Posséder n’est pas profiter. Sombre tristesse et humeur noire, parmi les gens fortunés, que de figures moroses !
Tout le monde ne perd pas ses richesses à la suite d’une tragédie, par contre elles restent ici-bas car personne n’emporte avec lui le moindre centime, et un linceul n’a pas de poche. La mort balaie inexorablement comme un fétu de paille tous les efforts et accomplissements de toute une vie. Voilà pourquoi, Matthieu rapporte que Jésus a dit :
Amassez-vous plutôt des trésors dans le ciel, où il n’y a ni rouille, ni mites qui rongent, ni cambrioleurs qui percent les murs pour voler (Matthieu 6.20).
Celui qui suit ce conseil retrouve ses trésors dans l’éternité.
Versets 17-19
Je finis de lire le chapitre cinq du livre de l’Ecclésiaste.
Voici ce que j’ai constaté : le bonheur qui convient à l’homme est de manger, de boire et de jouir de ce qui est bon au milieu de son travail qui lui donne tant de peine sous le soleil, pendant les jours que Dieu lui donne à vivre ; c’est là ce qui lui revient. En effet, si Dieu donne à un homme des richesses et des biens, et s’il lui accorde la possibilité d’en profiter, de retirer ce qui lui revient et de trouver de la joie dans son travail, c’est un don de Dieu. Car lorsque Dieu remplit son cœur de joie, il se souvient guère des jours (difficiles) de sa vie (Ecclésiaste 5.17-19).
Au milieu des misères que le Prédicateur a décrites, il y a un bonheur légitime, celui que Dieu accorde. Si je reçois avec reconnaissance les dons qu’il me dispense aujourd’hui, je peux vivre dans le présent et oublier mes soucis. Je trouve libérateur de pouvoir dire que tous les biens dont je profite viennent de Dieu car je peux me réjouir l’esprit libre du bonheur que Dieu me donne. Par contre, je ne jouirai pas des richesses que j’extorque à la Providence par un surcroît de travail.
Chapitre 6
Versets 1-2
Nous arrivons au chapitre six qui continue avec d’autres malheurs dus à la condition humaine. Je commence à le lire.
J’ai constaté qu’il y a un mal sous le soleil, et ce mal est grand pour les hommes. Voilà quelqu’un à qui Dieu a donné richesses, biens et honneurs, si bien qu’il ne lui manque rien de ce qu’il désire. Mais Dieu ne lui donne pas la possibilité d’en profiter, et c’est un autre qui en profitera. Cela aussi est dérisoire ; c’est un mal affligeant. Vivre longtemps, mais dans le malheur (Ecclésiaste 6.1-2).
Le Prédicateur poursuit la pensée que posséder n’est pas profiter. Dans un hôtel ultra chic de Floride, Rockefeller, le célèbre milliardaire « roi du pétrole » déjeune seul. Il a seulement quelques légumes cuits à la vapeur dans son assiette. À une table voisine, l’un des porteurs de valises dévore à belles dents un énorme steak pommes vapeur. L’homme richissime qui aurait pu acheter toute la rue est réduit à manger quelques haricots à cause de son estomac fragile, alors que celui qui n’a même pas les moyens de s’offrir le plus petit repas dans ce luxueux hôtel, s’en met plein la lampe parce qu’il y travaille. Quelle ironie du sort ! Comme on dit : « Quand la santé va, tout va ! »
Versets 3-6
Je continue.
Un homme peut avoir cent enfants et vivre de longues années, mais quelque nombreux que soient les jours de son existence, s’il n’a pas joui du bonheur, je dis qu’un enfant mort-né a un sort meilleur que le sien. Car l’avorton est né en vain, il retourne dans les ténèbres et son souvenir sombre dans la nuit de l’oubli surtout s’il n’a même pas de sépulture. Il n’a pas vu le soleil, et n’a rien su du monde. Il est donc plus tranquille que cet homme. À quoi bon vivre deux fois mille ans si on ne goûte pas au bonheur ? Finalement, tous ne vont-ils pas vers un même lieu ? (Ecclésiaste 6.3-6; Auteur).
La tragédie que vit celui qui est riche et qui ne peut en profiter est pire que le sort d’un avorton. L’homme méchant qui s’est aliéné ses proches est porté en terre au jour de sa mort. Pour eux c’est une délivrance mais lui on l’enterre comme un chien car il n’a droit qu’à un discours creux hypocrite.
L’avorton est l’archétype de la futilité car il naît mort, disparaît et on l’oublie. Comme le riche qui n’a pas profité de la vie, il n’a pas su ce qu’est le bonheur. Cependant, l’avorton a un avantage en ce qu’il n’a pas non plus connu les soucis du riche. Une vie passée dans le malheur a autant de sens qu’un avorton.
Verset 7
Je continue.
L’homme ne peine que pour satisfaire ses besoins, et pourtant ses besoins ne sont jamais satisfaits (Ecclésiaste 6.7).
L’homme veut toujours plus mais pour être heureux, je dois apprendre à me contenter de ce que j’ai et vivre avec certains désirs insatisfaits.
Versets 8-9
Je continue.
Qu’a le sage de plus que l’insensé ? Quel avantage le pauvre a-t-il de savoir se conduire sur le chemin de la vie ? Mieux vaut ce qu’on a dans la main que tout ce qu’on pourrait désirer par la pensée. Cela aussi est dérisoire : autant courir après le vent (Ecclésiaste 6.8-9).
La sagesse n’a aucun avantage sur la folie parce que rien ne permet d’échapper à l’insatisfaction engendrée par la condition humaine. Tout compte fait, et comme le Prédicateur l’a déjà dit, il faut profiter du moment présent. Désirer toujours, c’est courir après le vent. C’est par cette phrase qu’a débuté et se termine la première partie de l’Ecclésiaste sur la futilité des accomplissements humains.
Versets 10-12
Je finis de lire le chapitre six.
Ce qui existe a déjà été nommé, et l’on sait ce qu’est l’homme : il ne peut pas contester avec plus puissant que lui. Plus on multiplie les paroles, plus on fait augmenter la frustration. Et à quoi cela nous avance-t-il ? Qui peut savoir, en effet, ce qui est bon pour l’homme pendant sa vie, pendant les quelques jours de son existence dérisoire qu’il voit fuir comme une ombre ? Qui pourra lui révéler ce qui arrivera après lui sous le soleil ? (Ecclésiaste 6.10-12).
Comme on donne un nom aux enfants nouveau-nés et aux événements, tout ce qui arrive a toujours existé aux yeux de Dieu parce qu’il a tout déterminé d’avance dans l’éternité (Ésaïe 40.26), y compris l’homme et sa destinée. C’est donc pure folie que de laisser Dieu hors de ses plans ou d’essayer de lui forcer la main. De plus, il est inutile de se répandre en vaines paroles en se plaignant de son sort ou en demandant des comptes à Dieu, car il n’en rend à personne et l’on ne peut le contraindre à changer ce qu’il a décidé. Plus on rue dans les brancards et plus on engendre de frustrations.
Parler des misères de la condition humaine ne permet pas de leur échapper, mais ça peut nous aider à les supporter (Ecclésiaste 4.9-10). Comme l’homme n’est qu’un être transitoire faible et mortel qui ignore tout de l’avenir, il ne peut pas non plus savoir ce qui est le mieux pour lui. Si Dieu exauçait toutes mes requêtes, je m’attirerait immanquablement de gros malheurs. Dans le livre des Proverbes, Salomon écrit :
C’est l’Éternel qui trace la voie d’un homme ; mais comment l’être humain pourrait-il comprendre par quel chemin il passe ? (Proverbes 20.24).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.