Actes 21.1-21
Chapitre 21
Introduction
Quand j’étais enfant, j’ai lu le livre de Jules Verne : « Le tour du monde en 80 jours ». Parmi les grands voyageurs de tous les temps, on a les explorateurs comme Christophe Colomb ou Marco Polo, mais il y en a eu d’innombrables. Certains on beaucoup voyagé mais pas pour voir du pays ou découvrir de nouveaux horizons. L’apôtre Paul parcourt une grande partie de l’empire romain, mais ce n’est pas pour se distraire car il a une mission à accomplir; il est à la conquête des âmes pour le royaume de Dieu. Inlassablement, il va de ville en ville et parfois s’y arrête longuement. Ainsi, il a passé environ trois ans de ministère à Éphèse à partir d’où il a exercé une grande influence sur toute la province d’Asie. Maintenant, il forme le désir d’aller dans la ville impériale, à Rome. Il ira effectivement, mais pas comme il l’envisage car il sera alors prisonnier de guerre, pourrait-on dire, si on considère notre planète comme un immense champ de bataille où s’affrontent le royaume de Dieu et le royaume des ténèbres.
Éphèse est une ville importante dans le Nouveau Testament. C’est là qu’est apparu un groupe de disciples qui ne connaissait que le baptême de Jean-Baptiste. On sait que ce dernier, par son ministère, avait préparé la voie du Seigneur Jésus en Palestine. On découvre que ses disciples ont également répandu le baptême de la repentance parmi les Juifs de la diaspora, préparant ainsi le terrain pour l’apôtre Paul et l’annonce de la Bonne Nouvelle en Jésus-Christ.
À Éphèse, Paul a vécu un temps fructueux d’enseignement, mais de plus, et à travers lui, le Seigneur a également fait des miracles prodigieux. Luc les souligne parce que ces actes extraordinaires de l’apôtre ont pour but de contrer la situation locale d’une ville connue pour ses pratiques magiques, la sorcellerie et l’idolâtrie. Le succès de la mission de Paul est tellement grand qu’il met sens dessus dessous les valeurs religieuses de beaucoup d’habitants de la ville et de la région au point où ils désertent en masse les cultes païens pour se tourner vers le christianisme. Bien sûr, ce renversement de situation n’est pas du goût des artisans et commerçants qui vivent du culte de Diane ou Artémis, alors ils déclenchent une révolte.
Après de quitter définitivement l’Asie Mineure, l’apôtre rassemble les responsables de l’église d’Éphèse. Son discours d’adieu ainsi que ses dernières instructions sont à la fois un testament et une prophétie car ils annoncent les difficultés qui l’attendent personnellement ainsi que les dangers qui menacent l’Église. L’avenir prouvera qu’il dit vrai. Il est souvent question d’Éphèse dans le Nouveau Testament et cela jusque dans le livre de l’Apocalypse (2.2-6). Maintenant, l’apôtre Paul est en route pour Jérusalem où comme prévu, les choses vont se gâter. Je commence à lire le chapitre 21 du livre des Actes.
Versets 1-2
Après nous être séparés d’eux (des responsables de l’église d’Éphèse), nous avons pris la mer et nous avons mis directement le cap sur l’île de Cos, puis le lendemain, nous avons continué sur Rhodes et, de là, vers Patare. Pendant notre escale, nous avons trouvé un navire en partance pour la Phénicie. Nous nous y sommes embarqués et nous avons pris le large (Actes 21.1-2).
Le verbe (apospasthentas) que Luc utilise pour exprimer la séparation d’avec les anciens d’Éphèse signifie « se séparer avec effort et douleur ».
Paul et ses compagnons s’embarquent sur la mer Égée et contournent le sud-ouest de l’Asie Mineure. Ils vont d’abord jusqu’à l’île de Cos, à 60 km de Milet, puis jusqu’à celle de Rhodes 80 km plus loin. La première île s’appelle aujourd’hui Stancho. Elle était renommée pour son vin, ses aromates et ses étoffes. Rhodes était célèbre pour avoir été vaillamment défendue par les chevaliers de St-Jean de Jérusalem contre les Turcs. Mais elle avait été pillée en l’an 42 avant Jésus-Christ. Aujourd’hui, cette île est un haut lieu de la Grèce touristique.
À cette époque, les petits bateaux du genre de celui qu’emprunta Paul longeaient les côtes et s’arrêtaient pour la nuit dans un port. Le petit groupe continue ainsi jusqu’à Patare qui est un port d’Asie Mineure situé de l’autre côté de la Méditerranée, juste en face de la ville d’Alexandrie. De là, ils s’embarquent sur un plus gros navire pour la longue traversée qui doit les amener à Tyr capitale de la Phénicie, aujourd’hui au Liban.
Versets 3-4
Je continue.
Arrivés en vue de Chypre, nous l’avons laissée sur notre gauche et nous avons continué notre route vers la Syrie, pour débarquer à Tyr où le navire devait livrer sa cargaison. Il y avait là des disciples. Après les avoir trouvés, nous sommes restés sept jours avec eux. Or ceux-ci, poussés par l’Esprit, conseillaient à Paul de ne pas se rendre à Jérusalem (Actes 21.3-4).
En passant au large de l’île de Chypre, Paul a dû se souvenir que 14 ans plus tôt, il y avait débarqué pour la première fois en compagnie de Barnabas et qu’ils avaient eu du succès à Paphos, la ville principale de cette île (Actes 13:6 ss). Ils ont continué jusqu’à Tyr, leur destination finale, qui faisait alors partie de la province romaine de Syrie. Quand la première persécution a éclaté à Jérusalem, les croyants se sont enfuis un peu partout et certains allèrent à Tyr où ils avaient implanté une Église. Quand il le peut, Paul reste suffisamment longtemps sur place afin de participer au culte du dimanche. De toute façon il est obligé d’attendre que le navire soit prêt à appareiller.
L’apôtre est poussé par l’Esprit de se rendre à Jérusalem. Pourtant en cours de route, il est averti à plusieurs reprises par des gens inspirés de Dieu et bien intentionnés qui le mettent en garde contre ce qui l’attend. Ils ont peur pour la vie de l’apôtre qu’ils savent menacée et lui conseillent donc de ne pas y aller; c’est l’interprétation logique des croyants qui ont reçu cette connaissance prophétique. Mais cela ne veut pas dire que Paul doive abandonner son projet car il sait qu’il fait la volonté de Dieu en allant à Jérusalem. Quand il a rencontré Jésus-Christ, il est d’abord devenu aveugle. Alors, le Seigneur a demandé à un disciple qui s’appelle Ananias d’aller le chercher. Bien sûr, ce dernier n’était pas très chaud, car il connaissait la réputation d’inquisiteur féroce de Paul qui s’appelait alors Saul de Tarse.
Mais le Seigneur lui dit : — Va ! car j’ai choisi cet homme pour me servir : il fera connaître qui je suis aux nations étrangères et à leurs rois, ainsi qu’aux Israélites. Je lui montrerai moi-même tout ce qu’il devra souffrir pour moi (Actes 9.15-16).
En conséquence, souffrir fait partie de la mission de Paul, rien de plus, et ce n’est pas cette perspective qui va l’arrêter. Et puis il lui faut témoigner devant des rois et des Grands de ce monde, ce qui ne s’est pas encore produit. De plus, quand plus tard Paul comparaîtra devant la cour suprême juive pour être interrogé, c’est très sûr de lui et certain d’accomplir la volonté de Dieu qu’il dira au membres du Grand-Conseil :
— Mes frères, j’ai vécu devant Dieu jusqu’à ce jour avec une conscience parfaitement pure (Actes 23.1).
Un peu plus tard et pendant la nuit, le Seigneur viendra lui dire :
— Courage ! Tu as été mon témoin à Jérusalem, il faut que tu le sois aussi à Rome (Actes 23.11).
Cette vision et cet encouragement de Dieu ne lui épargnera pas la prison, mais une fois enfermé, Paul écrira plusieurs lettres, dont une à l’Église de Philippes, dans laquelle il dit :
Je tiens à ce que vous le sachiez, frères : ce qui m’est arrivé a plutôt servi la cause de l’Évangile. En effet, toute la garde prétorienne et tous les autres savent que c’est parce que je sers le Christ que je suis en prison. De plus, mon emprisonnement a encouragé la plupart des frères à faire confiance au Seigneur ; aussi redoublent-ils d’audace pour annoncer sans crainte la Parole de Dieu (Philippiens 1.12-14).
Les malheurs qui frappent l’apôtre Paul n’entravent pas l’expansion de l’Évangile, au contraire.
Versets 5-7
Je continue.
Malgré cela, une fois cette semaine écoulée, nous sommes partis pour continuer notre voyage. Ils nous ont accompagnés, tous, avec leurs femmes et leurs enfants, à quelque distance de la ville. Là, nous nous sommes agenouillés sur le rivage pour prier. Puis, après avoir pris congé les uns des autres, nous sommes montés à bord du bateau, et les croyants s’en sont retournés chez eux. Nous avons terminé notre voyage par mer en allant de Tyr à Ptolémaïs. Dans cette ville, nous avons salué les frères et passé une journée avec eux (Actes 21.5-7).
Quelle scène touchante ! Partout où la bonne Nouvelle de Jésus-Christ est annoncée, elle crée entre les croyants des liens tendres et profonds; c’est pourtant la première fois que Paul fait connaissance de l’église de Tyr, et pourtant, après seulement une semaine, des relations d’amour se sont tissés entre eux. Après s’être ainsi quittés, le petit groupe a repris le bateau vers le sud en direction de Jérusalem. Ils ont alors débarqué 30 km plus loin à Ptolémaïs, ville construite par le pharaon Ptolémée Soter, et qui se trouve aujourd’hui en Israël au nord du port de Haïfa et s’appelle Saint Jean d’Acre. Dans cette ville aussi se trouve une Église qui est le résultat de la persécution qui a eu lieu à Jérusalem quelque temps après la Pentecôte.
Versets 8-9
Je continue.
Dès le lendemain, nous sommes repartis pour Césarée. Nous nous sommes rendus à la maison de Philippe, l’évangéliste — c’était l’un des sept hommes que l’on avait élus à Jérusalem —, et nous avons logé chez lui. Il avait quatre filles non mariées qui avaient le don de prophétie (Actes 21.8-9).
La voie terrestre étant accidentée, Paul reprend la mer pour couvrir les 65 km qui le séparent de Césarée, un port d’accès facile situé à 100 km au nord de Jérusalem. C’est le siège du gouvernement romain en Judée et du lieu de résidence officiel du gouverneur. Juifs et païens cohabitent à Césarée, ville natale de Philippe l’évangéliste, qui est l’un des sept hommes fidèles que l’Église primitive a choisis vingt ans plus tôt pour superviser la distribution de nourriture aux veuves (Actes 6:5, 6). Philippe était évangéliste et il fut le premier à prêché l’évangile aux Samaritains (Actes 8:5). C’est également lui qui a annoncé la Bonne Nouvelle à l’eunuque d’Éthiopie (Actes 8:26). Cela ne fait donc pas mal d’années que Philippe s’est installé en bon père de famille dans la ville portuaire de Césarée. On découvre ici que comme sous le régime de l’Ancien Testament, le don de prophétie n’est pas réservé au sexe masculin. La façon dont Luc parle des filles de Philippe montre qu’elles avaient un ministère qui les occupait à un tel point, qu’elles ne pouvaient se marier, du moins pas pour l’instant. Selon Clément d’Alexandrie et l’historien Eusèbe, plus tard, Philippe a déménagé à Hiérapolis en Phrygie et au moins deux de ses filles s’y marièrent.
Versets 10-11
Je continue.
Nous étions déjà là depuis plusieurs jours, lorsqu’arriva de Judée un homme appelé Agabus qui avait ce même don. Il vint nous trouver, prit la ceinture de Paul et s’en servit pour s’attacher les pieds et les mains. — Voici ce que déclare l’Esprit Saint, dit-il. L’homme à qui appartient cette ceinture sera attaché de cette manière par les Juifs à Jérusalem, puis ils le livreront entre les mains des païens (Actes 21.10-11).
Agabus exprime sa prophétie par des gestes dramatiques, un symbolisme courant dans l’Ancien Testament. Paul sera effectivement arrêté d’abord par les Juifs puis par les Romains (Actes 20.23; 21.33; 25.21). Dieu veut ainsi le préparer mentalement et spirituellement à ce qui l’attend. Il l’avertit de cette manière afin qu’il sache que ce qui va lui arriver n’est pas un coup du mauvais sort mais a été ordonné par Dieu. C’est d’ailleurs grâce à son emprisonnement que l’apôtre sera amené à témoigner de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ devant des rois et des gouverneurs et qu’il ira à Rome aux frais de l’empereur.
Versets 12-14
Je continue.
En entendant cette déclaration, nous avons supplié Paul, nous et les croyants de Césarée, de ne pas monter à Jérusalem. Mais il nous répondit : — Que faites-vous là ? Voulez-vous me briser le cœur avec vos larmes ? Je suis tout à fait prêt, moi, non seulement à aller en prison, mais même à mourir à Jérusalem pour le Seigneur Jésus. Comme nous n’arrivions pas à le faire changer d’avis, nous n’avons plus insisté et nous nous sommes contentés de dire : — Que la volonté du Seigneur soit faite ! (Actes 21.12-14).
Ce ne sont pas les nouvelles supplications des croyants qui vont faire changer Paul d’avis. Déjà à Milet, il a déclaré que le sacrifice de sa vie est accompli dans son cœur (Actes 20:24). Dieu l’appelle, il ira. Devant les plus douloureux sacrifices, obéir à la volonté du Maître est non seulement le devoir du croyant mais aussi sa consolation (comparez Matthieu 26:42). De toute façon, il faut que Paul aille à Jérusalem, ne serait-ce que pour apporter l’offrande des églises païennes destinées aux croyants de Jérusalem et qui sont en majorité juifs. Paul veut ainsi mettre en pratique l’une des thèses chrétiennes fondamentales : l’unité des Juifs et des païens en Jésus-Christ. Comme je l’ai déjà dit, Paul a un profond sens du devoir que ce soit en tant que persécuteur des chrétiens ou apôtre. Or, à cette époque, l’église de Jérusalem est déjà noyautée par des judaïsants qui prêchent qu’il faut que les païens se soumettent aux rites de la Loi de Moïse avant de devenir chrétien ce qui est un anathème et un non-sens pour Paul.
Versets 15-16
Je continue.
Après avoir passé ces quelques jours à Césarée, nous avons fait nos préparatifs et nous avons pris le chemin de Jérusalem. Quelques disciples de Césarée nous ont accompagnés et nous ont emmenés chez un certain Mnason, originaire de Chypre, chrétien depuis longtemps déjà, qui allait nous loger (Actes 21.15-16).
Finalement, le petit groupe rassemble ses affaires, prend les dispositions nécessaires dues au transport de la collecte et s’apprête à parcourir les 105 km qui le sépare de sa destination finale. Mais le texte grec devient obscur. Certains manuscrits disent ceci : « Ceux-ci (quelques disciples de Césarée) nous conduisirent auprès de ceux chez qui nous devions loger ; et étant arrivés dans un certain village, nous fûmes chez Mnason, de Chypre, ancien disciple. Et sortant de là, nous vînmes à Jérusalem, où les frères nous reçurent avec joie ». D’après ce texte, Mnason habite un village situé entre Césarée et Jérusalem, et qui a servi d’étape à la caravane. Cette explication semble naturelle car il fallait bien que la troupe s’arrête quelque part en route.
Tout comme Jésus qui est allé à Jérusalem afin d’y subir la croix, Paul s’y rend tout en sachant que de graves ennuis l’attendent. Les Juifs, encore eux, vont comploter contre lui et il va être livré entre les mains, décidément très sales, des Romains ; ces événements seront presque la copie conforme de ce qui est arrivé au Christ. Ce n’est pas étonnant que Jésus ait pleuré sur la ville sainte disant :
Ah, Jérusalem ! Jérusalem ! toi qui fais mourir les prophètes et qui tues à coups de pierres ceux que Dieu t’envoie ! Combien de fois j’ai voulu rassembler tes habitants auprès de moi comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes ! Mais vous ne l’avez pas voulu ! (Matthieu 23.37).
Versets 17-19
Je continue le texte.
À notre arrivée à Jérusalem, les frères nous accueillirent avec joie. Le lendemain, Paul se rendit avec nous chez Jacques, où tous les responsables de l’Église se rassemblèrent aussi. Après les avoir salués, Paul exposa en détail tout ce que Dieu avait accompli par son ministère parmi les païens (Actes 21.17-19).
Cette réception chaleureuse a dû consoler et encourager Paul et ses amis. Dès que possible, l’apôtre et son groupe ont une audience avec Jacques, le chef de l’Église de Jérusalem, et avec ses responsables. De toute évidence, c’est à ce moment-là qu’en présence de tous, l’apôtre Paul a donné l’argent destiné aux pauvres chrétiens de Jérusalem. Luc reste délibérément silencieux sur ce sujet sans doute pour ne pas attiser certains problèmes dus à des questions de fric, et puis son sujet ne porte pas sur des histoires de gros sous mais sur l’expansion de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ qui va des Juifs aux païens.
Versets 20-21
Je continue.
En l’écoutant, ils louaient Dieu, puis ils dirent à Paul : — Vois-tu, frère, combien de milliers de Juifs sont devenus croyants, et tous sont très attachés à la Loi de Moïse. Or, ils ont entendu dire que tu enseignes à tous les Juifs disséminés à l’étranger d’abandonner les prescriptions de Moïse en leur disant de ne plus faire circoncire leurs enfants et, d’une manière générale, de ne plus suivre les coutumes juives (Actes 21.20-21).
L’accusation de Jacques contre Paul n’exprime pas son propre sentiment mais celui des Juifs qui sont devenus soi-disant chrétiens et qui continuent à suivre les rites cérémonials de la Loi de Moïse mis à part les sacrifices. Ces Juifs ne comprennent pas que les païens ne soient pas obligés de faire comme eux. L’apôtre Pierre lui-même ne mangeait aucun aliment rituellement impur et il a eu un comportement hypocrite des plus déplorables envers les païens selon un passage de l’épître de Paul aux Galates (2.11-14). Toutes ces histoires de rites sont des plus gnangnan. Cela dit, ce que les croyants juifs qui sont zélés pour la Loi de Moïse ont entendu dire concernant Paul ne correspond pas à son enseignement. Jacques et les responsables de l’Église de Jérusalem en sont conscients, mais cette rumeur peut s’expliquer par l’enseignement que Paul donne aux non-Juifs. En effet, il les instruit dans la grâce de Dieu, c’est-à-dire qu’ils n’ont aucune obligation par rapport à la Loi ; le fait de ne pas faire circoncire leurs fils n’a aucune incidence sur le plan de la foi et l’apôtre ne ne leur parle pas non plus des coutumes juives. Cependant, Paul n’a jamais dit aux Juifs de ne pas circoncire leurs garçons ou de ne pas se conformer aux rites typiquement juifs. En fait, dans l’une de ses lettres, il dit :
Quelqu’un était-il circoncis lorsqu’il a été appelé ? Qu’il ne cherche pas à le dissimuler. Ou quelqu’un était-il incirconcis lorsque Dieu l’a appelé ? Qu’il ne se fasse pas circoncire. Que l’on soit circoncis ou non n’a aucune importance. Ce qui importe, c’est l’obéissance aux commandements de Dieu. Que chacun demeure dans la situation qui était la sienne lorsque Dieu l’a appelé (1Corinthiens 7.18-20).
Les Juifs sont furieux contre Paul pour une autre raison. Dans les villes de l’Empire, les païens devenus croyants influencent ceux qui sont issus du judaïsme. Ainsi, certains Juifs chrétiens commencent à rejeter le carcan pesant de leur héritage et abandonnent la Loi. Les enjeux de ces problèmes sont importants car Paul arrive à Jérusalem à une époque particulièrement troublée : aux tensions religieuses s’ajoutent des remous politiques. Nous sommes en l’an 58 de notre ère et l’opposition contre l’occupant romain est vive ; les tendances nationalistes juives sont fortes et la répression romaine ne fait qu’exacerber les sentiments contre les païens. De toutes parts se multiplient représailles et assassinats dans un coin de rue, contre les Juifs qui pactisent avec l’ennemi. C’est dans ce contexte pourri que de nouvelles agressions contre l’apôtre Paul se préparent. Mais lui poursuit son œuvre; il persévère dans des situations épouvantables parce qu’il a en vue un trophée, ce qu’il appelle lui-même le prix de sa course. D’ailleurs, à la veille de son exécution par l’empereur Néron, il écrit à Timothée :
J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course. Désormais la couronne de justice m’est réservée ; le Seigneur, le juste juge, me la donnera en ce Jour-là (2Timothée 4.7-8).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.