2 Samuel 19.6 – 20.3
Chapitre 19
Introduction
Je ne sais plus lequel des auteurs romantiques a dit : Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ! De toute façon, c’est bien vrai, et la plupart d’entre nous devront faire face à cette dure réalité à plusieurs reprises, alors que nous traversons cette vie.
Ce fut aussi l’expérience du roi David. Il n’a que faire de la victoire éclatante que son armée a remportée sur les troupes rebelles qui l’avaient attaqué ; il est au désespoir parce que son fils Absalom à la tête des insurgés a été sommairement exécuté par Joab, le général qui commandait les forces loyales au roi.
Versets 6-9
Je continue à lire dans le chapitre 19 du second livre de Samuel.
Joab alla trouver David dans la maison et lui dit : — Tes soldats viennent de te sauver la vie ainsi que celle de tes fils et de tes filles, de tes femmes et de tes épouses de second rang, et aujourd’hui, toi, tu les couvres de honte. Tu aimes ceux qui te haïssent, et tu hais ceux qui t’aiment, et tu montres aujourd’hui que les chefs de ton armée et les hommes qui te servent ne comptent pour rien à tes yeux. Oui, je vois bien à présent que si Absalom était vivant et si nous étions tous morts, tu trouverais cela bien. Maintenant ressaisis-toi, sors et adresse à tes soldats des paroles de félicitations et d’encouragements ! Car je te jure par l’Éternel que si tu ne le fais pas, pas un seul homme ne restera cette nuit avec toi. Et ce sera pour toi le pire des malheurs qui te soit arrivé depuis ta jeunesse. Alors le roi se leva et alla s’installer à la porte. On fit annoncer à toute l’armée que le roi siégeait à la porte et tous vinrent se présenter devant lui (2Samuel 19.6-9).
Joab adresse une sévère remontrance à David qui mérite bien d’être repris, car il s’apitoie sur lui-même. Certes, ce n’est pas la première fois qu’il pleure la mort de ceux qui lui voulaient du mal, mais dans le cas présent, son attitude équivaut à un manque de reconnaissance envers ses soldats qui ont risqué leur vie pour lui et sa dynastie.
Versets 10-11
Je continue.
Quant aux soldats d’Israël, ils s’étaient enfuis, chacun chez soi et, dans toutes les tribus d’Israël, tout le monde discutait en disant : — Le roi nous avait délivrés de nos ennemis : c’est lui en particulier qui nous a délivrés des Philistins, et maintenant il a dû s’enfuir à cause d’Absalom et quitter le pays. Cet Absalom à qui nous avions conféré l’onction pour en faire notre roi est mort au combat. Qu’attendez-vous donc pour rappeler David et le rétablir comme roi ? (2Samuel 19.10-11).
Tout le monde broyait du noir en Israël, aussi bien les vainqueurs que les vaincus. Ils avaient besoin d’un point de ralliement, une occasion de se retrouver et de repartir à zéro, mais toujours avec David comme roi.
Versets 12-16
Je continue en compressant.
Ce qui se disait dans tout Israël était parvenu jusqu’aux oreilles du roi. Alors il envoya dire aux prêtres Tsadoq et Abiatar : — Allez parler aux responsables de Juda et dites-leur : Vous êtes les frères du roi, vous êtes sa tribu. Alors pourquoi seriez-vous les derniers à faire revenir le roi ? ” Vous direz ensuite à Amasa : “ Tu es de ma proche parenté, n’est-ce pas ? À partir d’aujourd’hui, je te nomme chef de l’armée en remplacement de Joab. Que Dieu me punisse très sévèrement si je n’exécute pas cette promesse. ” En parlant ainsi, David gagna le cœur de tous les hommes de Juda de façon unanime. Alors ils firent dire au roi : — Reviens ici avec tous tes serviteurs ! Le roi prit donc le chemin du retour et atteignit les bords du Jourdain ; tout Juda était accouru à Guilgal pour l’accueillir et lui faire traverser la rivière (2Samuel 19.12-16).
Amasa était un neveu du roi et un cousin de Joab. Il avait été choisi par Absalom pour commander les forces israélites qui avaient subi une grande défaite. Il aurait normalement dû être exécuté pour trahison, mais David, en fin stratégiste, veut avant tout consolider sa royauté.
Alors, au lieu de faire table rase, il nomme Amasa chef de son armée ce qui va lui permettre de faire d’une pierre deux coups : d’une part, il rallie tout Israël à lui, et d’autre part, il écarte de sa route Joab pour qui il a très peu d’affection et dont il se méfie, car c’est un homme sanguinaire. De grandes retrouvailles ont lieu à Guilgal, à proximité de Jéricho. C’est comme de vieux amis qui se retrouvent.
Versets 17-24
Je continue en compressant.
Chimeï, se hâta de descendre avec les hommes de Juda à la rencontre du roi David. Il était accompagné de mille autres Benjaminites ainsi que l’intendant de la famille de Saül, de ses quinze fils et ses vingt serviteurs. Ils se précipitèrent vers le Jourdain au-devant du roi, pendant qu’un radeau allait traverser la rivière pour faire passer la famille royale de l’autre côté, et exécuter ce que le roi jugerait bon. Chimeï se jeta aux pieds du roi au moment où il s’apprêtait à passer le Jourdain et lui dit : — Que mon seigneur veuille bien ne pas tenir compte de ma faute et ne pas se souvenir du mal que son serviteur a commis le jour où mon seigneur le roi a quitté Jérusalem ! Que le roi ne m’en garde pas rancune ! Car ton serviteur reconnaît qu’il a péché. Mais aujourd’hui, comme tu peux le voir, je suis le premier de la maison de Joseph à venir accueillir mon seigneur le roi. Abichaï, fils de Tserouya, intervint et dit au roi : — Chimeï a maudit celui à qui l’Éternel a conféré l’onction. Après cela, ne mérite-t-il pas la mort ? Mais David dit : — De quoi vous mêlez-vous, fils de Tserouya, pour vous comporter aujourd’hui comme mes adversaires ? Est-ce vraiment un jour pour mettre quelqu’un à mort en Israël ? Est-ce que je n’ai pas aujourd’hui l’assurance de régner sur Israël ? Puis, se tournant vers Chimeï, le roi lui déclara : — Tu ne mourras pas, je te le jure (2Samuel 19.17-24).
Ce Chimeï s’était rendu coupable d’un crime de lèse-majesté envers David. Alors que le roi était en fuite, il l’avait maudit avec acharnement tout en lui jetant des pierres. Selon la Loi de Moïse, maudire Dieu ou celui qui avait été sacré roi revenait au même et était passible de la peine capitale. Mais David qui n’est pas sanguinaire lui accorde un sursis de vie, il est satisfait de ce que l’Éternel lui ait redonné la couronne.
Par condescendance, il ne va se venger ni de ses ennemis ni du menu fretin qui a lâchement essayé de profiter d’une situation de crise. Quant au dénommé Tsiba, l’intendant de la famille de Saül, c’est vrai qu’il était venu en aide aux fuyards en leur amenant des ânes chargés de nourriture, mais son geste n’était pas gratuit du tout.
Versets 25-31
Je continue.
Mephibocheth, fils de Saül, vint aussi à la rencontre du roi. Il ne s’était ni lavé les pieds, ni taillé la barbe, ni nettoyé les vêtements, depuis le jour où le roi était parti de Jérusalem jusqu’à celui où il revenait en paix. Lorsqu’il se rendit au-devant du roi à Jérusalem, celui-ci lui demanda : — Pourquoi n’es-tu pas venu avec moi, Mephibocheth ? Il répondit : — Ô roi mon seigneur, mon intendant m’a trompé, car ton serviteur s’était dit : “ Je vais faire seller mon ânesse, je la monterai puisque ton serviteur est infirme et je partirai avec le roi. ” Mais mon intendant a calomnié ton serviteur auprès de mon seigneur le roi. Heureusement, mon seigneur le roi est comme un ange de Dieu. Fais donc ce que tu jugeras bon. Car tous les membres de la famille de mon grand-père Saül n’avaient rien d’autre à attendre de mon seigneur le roi que la mort ; malgré cela, tu as accueilli ton serviteur parmi ceux qui mangent à ta table. Quel droit aurais-je encore d’implorer d’autres faveurs de la part du roi ? Le roi lui répondit : — À quoi bon tant de paroles ? Je décide que toi et Tsiba, vous vous partagerez les terres. Alors Mephibocheth dit au roi : — Il peut même tout prendre, puisque mon seigneur le roi rentre chez lui en paix (2Samuel 19.25-31).
On découvre que l’intendant Tsiba avait dit du mal de son maître afin de lui soutirer ses biens ; lui aussi a essayé de profiter un maximum de la zizanie qu’avait semée Absalom. Mephibocheth était véritablement affligé par ce qui était arrivé au roi ; il est sincère dans sa défense, mais David en a marre des coups tordus et des accusations qui fusent de toutes parts. Il ne veut pas chercher qui a fait quoi à qui, mais désire passer l’éponge sur le passé afin de repartir d’un bon pied. Alors, il partage la poire en deux. Puis arrive un autre personnage qui avait aidé David alors qu’il était au fond du trou.
Versets 32-40
Je continue le texte en compressant.
Barzillaï, le Galaadite, était aussi venu de Roguelim pour accompagner le roi lors de la traversée de la rivière, et pour prendre congé de lui sur la rive. Barzillaï était un vieillard de quatre-vingts ans. C’est lui qui avait pourvu à l’entretien du roi pendant son séjour à Mahanaïm, car c’était un homme très riche. Le roi dit à Barzillaï : — Viens, passe la rivière avec moi. Je pourvoirai à tout ton entretien auprès de moi à Jérusalem. Mais Barzillaï répondit au roi : — Combien d’années me reste-t-il à vivre pour que j’aille avec le roi à Jérusalem ? J’ai maintenant quatre-vingts ans et je ne suis plus capable de distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais. Ton serviteur ne peut même plus apprécier ce qu’il mange et ce qu’il boit, ni entendre la voix des chanteurs et des chanteuses. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi le roi m’accorderait une telle récompense. Mais voici mon fils, ton serviteur Kimham, il peut accompagner mon seigneur le roi ; fais pour lui ce que tu jugeras bon. Le roi dit : — D’accord ! Que Kimham vienne avec moi, je ferai pour toi tout ce que tu désireras que je fasse. Quand tout le monde eut traversé le Jourdain et que le roi l’eut aussi passé, il embrassa Barzillaï et le bénit, puis Barzillaï s’en retourna chez lui (2Samuel 19.32-40).
Barzillaï et ses fils avaient aidé David avec leurs biens parce qu’ils croyaient vraiment qu’il était celui que l’Éternel avait choisi pour régner sur Israël. Le vieux patriarche n’a évidemment pas besoin des largesses du roi, mais par contre un petit coup de piston pour son fils Kimham serait bon à prendre. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Non seulement David a pris ce garçon avec lui, mais par la suite il le recommandera ainsi que ses frères à Salomon. Je lis le passage :
N’oublie pas de traiter avec bonté les fils de Barzillaï, le Galaadite. Compte-les parmi ceux qui mangent à la table royale, car ils m’ont secouru avec bonté lorsque je fuyais devant ton frère Absalom (1Rois 2.7).
Versets 41-44
Je finis ce chapitre.
Le roi poursuivit sa route en direction de Guilgal, et Kimham l’accompagna. Toute la troupe de Juda et la moitié des Israélites du nord étaient présents lorsque le roi avait traversé le Jourdain. Alors les gens du nord vinrent trouver le roi et lui demandèrent : — Pourquoi nos compatriotes, les hommes de Juda, se sont-ils emparés furtivement de toi pour te faire traverser le Jourdain, toi, ta famille et tous tes gens ? Les Judéens répondirent aux hommes d’Israël : — C’est que le roi nous est apparenté. Quelle raison y a-t-il là pour vous mettre en colère ? Avons-nous vécu aux dépens du roi ? Nous a-t-il fait des cadeaux ? Les hommes d’Israël répliquèrent aux Judéens : — Le roi nous appartient dix fois autant qu’à vous, et même sur David nous avons plus de droits que vous. Pourquoi nous avez-vous traités avec un tel mépris ? N’avons-nous pas été les premiers à proposer de faire revenir notre roi ? Mais les hommes de Juda furent encore plus durs dans leurs répliques que les hommes d’Israël (2Samuel 19.41-44).
Les événements qui prennent déjà une sale tournure mettent bien en évidence l’esprit désinvolte et inconstant du peuple. Après avoir suivi David pendant des années, les Israélites ont soudainement retourné leur veste et soutenu la révolte d’Absalom. C’est une des caractéristiques éminemment humaines que de changer aussi facilement qu’une girouette, que de chercher avant tout son petit intérêt personnel.
La nation d’Israël apparaît maintenant divisée plus que jamais. Les deux clans se disputent comme des gosses sur un tas de sable ou plutôt comme des chiffonniers. Aussi bien les hommes de Juda que les tribus du nord clament haut et fort qu’ils furent les premiers à accueillir le retour du roi à bras ouverts.
Chapitre 20
Versets 1-2
Cet épisode est de très mauvais augure, car cette altercation se poursuit jusqu’au début du chapitre suivant que je lis.
Il se trouvait là un vaurien nommé Chéba, fils de Bikri, de la tribu de Benjamin. Il sonna du cor et proclama : — Nous n’avons rien à faire avec David, rien de commun avec le fils d’Isaï ! Rentrons chacun chez soi, hommes d’Israël ! Et tous les hommes d’Israël du nord se détachèrent de David pour se rallier à Chéba, fils de Bikri. Seuls les hommes de Juda restèrent attachés à leur roi et l’escortèrent depuis le Jourdain jusqu’à Jérusalem (2Samuel 20.1-2).
Les Benjaminites de la tribu de Saül, qui s’est vue dépossédée de la royauté, furent toujours les premiers à se révolter contre David. L’auteur continue à montrer combien ces deux factions qui forment la nation d’Israël ont la dent dure et aussi combien leur division est profonde. Cet antagonisme réapparaîtra de manière douloureuse et définitive à la mort du roi Salomon, fils héritier de David.
Verset 3
Je continue le texte du chapitre 20 et finis cette section des malheurs de David.
Dès son arrivée au palais, David fit chercher les dix épouses de second rang qu’il avait laissées pour garder le palais et les installa dans une maison bien gardée, il leur donna tout ce qui leur était nécessaire ; mais il n’eut plus de relations avec elles. Dès lors, elles furent séquestrées jusqu’au jour de leur mort, menant la vie des veuves (2Samuel 20.3).
C’est ainsi que se termine cette dernière tribulation du règne de David, conformément aux prédictions du prophète Nathan. Après Amnôn qui a violé sa demi-sœur Tamar, Absalom est celui par qui le malheur est venu avec force sur la famille royale, et l’instrument du châtiment divin. Il avait commencé sa carrière de renégat en faisant justice lui-même, assassinant son demi-frère Amnôn pour venger sa sœur.
Bien sûr, David a beaucoup de torts dans toute cette affaire. Déjà, il a été totalement incapable de discipliner son fils Amnôn. Ensuite, il n’a pas pu pardonner complètement à Absalom, ce qui provoqua éventuellement sa rébellion contre l’autorité de son père et engendra cette révolution qui aurait pu réussir. S’il avait reçu son fils comme le père légendaire a accueilli l’enfant prodigue dans la parabole qu’a racontée Jésus, tout cela ne serait pas arrivé.
Heureusement pour David, l’Éternel a agi en sa faveur. Bien que sous le coup de la sentence divine, le roi reste au bénéfice des promesses que Dieu lui a faites. Depuis sa faute avec Bath-Chéba, il est dans une très mauvaise passe. Pourtant, le texte met aussi en avant son humilité, sa foi, sa soumission à Dieu et à sa volonté, et son espérance en une issue favorable à la crise sans précédent qui a frappé son règne.
Le grand roi David était un misérable pécheur comme vous et moi. Il est une illustration d’un passage de l’Ancien Testament écrit par le prophète Jérémie et répété en d’autres termes par l’apôtre Paul. Je les cite :
Le cœur est tortueux plus que toute autre chose, et il est incurable, qui pourrait le connaître ? Car je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ce que je suis par nature. Vouloir le bien est à ma portée, mais non l’accomplir. Je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas, je le commets (Jérémie 17.9 ; Romains 7.18).
Ces paroles très sévères à l’égard du cœur humain sous-entendent que nous avons tous besoin d’un sauveur. Or il est venu en la personne de Jésus-Christ. C’est lui que Dieu nous a donné et par qui chacun d’entre nous peut, s’il le désire, trouver le pardon de ses fautes. À ce sujet, l’apôtre Jean écrit :
Jésus est apparu pour ôter les péchés. Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est en son Fils. Celui qui a le Fils a la vie. Celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie (1Jean 3.5 ; 5.11-12).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.