2 Samuel 17.13 – 19.5
Chapitre 17
Introduction
Ce n’est qu’une question de temps avant que vous et moi nous trouvions dans une situation précaire, douloureuse, grave ou dangereuse. Telle va la vie. Les grands personnages qui ont fait l’histoire ont tous vécu des moments difficiles, voire terribles. Il en est de même de ceux que les Textes Sacrés appellent les héros de la foi. Ils traversent tour à tour les pages des Écritures en y laissant leurs empreintes. Quelques fois, ce qui leur arrive est le résultat de leur propre folie ou un jugement de Dieu, comme dans le cas du roi David.
Ses circonstances ne pourraient pas être pires. Il s’est enfui de Jérusalem où son fils Absalom a pris le pouvoir et veut le tuer. On croirait lire un fait divers. Le moins qu’on puisse dire est que la famille royale ne donnait pas un bel exemple à suivre. Son histoire nous est racontée sans aucune enjolivure et sans ménagement pour les acteurs ; les fautes grossières de David, ainsi que ses conséquences funestes sont mises au grand jour pour que tout le monde puisse les voir et en tirer la leçon.
Heureusement, Dieu ne l’a pas abandonné et veille sur lui en la personne d’un dénommé Houchaï, un conseiller qui lui est resté fidèle. Il propose à Absalom un bon plan, du moins en apparence, car en réalité, le but de cette stratégie est de venir au secours de son maître David en lui donnant le temps nécessaire pour organiser sa défense.
Versets 14-16
Je continue dans le chapitre 17 du second livre de Samuel en compressant tout au long.
Absalom et tous les hommes d’Israël déclarèrent : — Le conseil de Houchaï l’Arkien est meilleur que celui d’Ahitophel. L’Éternel avait, en effet, décidé de faire échec au bon conseil d’Ahitophel afin d’amener le malheur sur Absalom. Houchaï alla rapporter aux prêtres Tsadoq et Abiatar ce qu’Ahitophel avait conseillé à Absalom et aux responsables d’Israël, et ce que lui-même avait ensuite proposé. Et maintenant, ajouta-t-il, envoyez prévenir David de toute urgence. Faites-lui dire qu’il ne reste pas cette nuit-là dans les steppes du désert, mais qu’il passe le Jourdain avant le matin, sinon il risque d’être exterminé avec tous ceux qui l’accompagnent (2Samuel 17.14-16).
Absalom et tout son conseil de guerre tombent dans le piège tendu par le conseiller qui est resté fidèle à David. L’Éternel s’est prononcé en faveur de David, car il veut le châtier, mais non le faire périr. Malgré l’enthousiasme que son plan a suscité, Houchaï n’a pas confiance. Il redoute qu’Absalom change encore d’avis ou que tout en tenant compte de son conseil, il mette également en œuvre celui qu’a prodigué le traître Ahitophel et poursuive David illico presto. C’est pourquoi il fait dire à David de se mettre immédiatement en sûreté.
Versets 22-23
Je continue plus loin.
David et tous les gens qui étaient avec lui se mirent en route et traversèrent le Jourdain ; avant que le jour paraisse, ils avaient tous passé. Quand Ahitophel vit qu’on ne suivait pas son conseil, il sella son âne et se mit en route pour retourner chez lui dans sa ville. Il mit ses affaires en ordre, puis se pendit et mourut. Il fut enterré dans le tombeau de son père (2Samuel 17.22-23).
Ce suicide, qui n’est pas celui d’un soldat mortellement touché au combat, est unique en son genre dans l’Ancien Testament. Ahitophel a l’habitude d’être écouté et il vient de subir un affront terrible, mais là n’est pas le pire. Étant d’une très grande sagacité, il pressent la suite des événements. Il a compris qu’en ne suivant pas son conseil les dés étaient joués et la partie perdue. Sur le tableau d’affichage, il voit déjà en grand la défaite d’Absalom et le retour de David sur le trône, et par conséquent la fin de sa carrière en raison de sa trahison.
Versets 24-29
Je continue jusqu’à la fin du chapitre en compressant.
David avait gagné Mahanaïm. Pendant ce temps, Absalom franchit le Jourdain avec tous les Israélites qui étaient avec lui. Lorsque David arriva à Mahanaïm, il fut accueilli par Chovi, de la ville ammonite de Rabba, par Makir, et par Barzillaï, le Galaadite. Ils apportèrent du matériel de couchage, des lainages et de la vaisselle, du blé, de l’orge, de la farine, des épis grillés, des fèves, des lentilles, du miel, du lait caillé et du fromage pour ravitailler David et ses gens, car ils se disaient : — Ces gens doivent être exténués par leur marche à travers le désert, ils ont sûrement faim et soif (2Samuel 17.24-29).
David trouve refuge dans une ville fortifiée à une dizaine de kilomètres à l’est du Jourdain. Elle avait servi de capitale aux tribus du nord sous le règne de deux ans du roi Ich-Bocheth fils du Saül. Chovi, un Ammonite, avait été vaincu à la guerre par David. Makir avait recueilli Mephibosheth, le petit-fils de Saül. Les trois hommes mentionnés étaient riches et tributaires de David. Ils auraient pu profiter de cette occasion pour se retourner contre lui, mais ont choisi de lui demeurer fidèles. Ils n’avaient pas oublié la bienveillance que David leur avait témoignée, ainsi qu’aux descendants de Saül, alors qu’il était au zénith de sa puissance.
Chapitre 18
Versets 1-5
Nous voici arrivés au chapitre 18 qui décrit la fin de la rébellion d’Absalom. Jusqu’à présent, les forces en présence se sont préparées au combat ; maintenant, éclate la guerre civile proprement dite. Je commence à lire.
David passa en revue les troupes qui étaient avec lui et il nomma des officiers, chefs de “ milliers ” et de “ centaines ”. Ensuite, il partagea l’armée en trois corps qu’il confia à Joab, à Abichaï, fils de Tserouya, frère de Joab, et à Ittaï, de Gath. Puis il annonça à la troupe qu’il les accompagnerait lui-même au combat. Mais les soldats s’écrièrent : — Non, tu ne dois pas venir avec nous ! Car si nous étions mis en fuite, on ne ferait pas attention à nous, et si même la moitié d’entre nous succombait, on n’y attacherait pas d’importance, mais toi, tu comptes autant que dix milles d’entre nous ; d’autre part, il est préférable que tu puisses à tout moment venir à notre aide depuis la ville. Le roi leur dit : — Je ferai ce que vous jugerez bon. Il se plaça donc près de la porte de la ville et toute l’armée sortit par “ centaines ” et par “ milliers ”. Le roi donna cet ordre à Joab, à Abichaï et à Ittaï : — Par égard pour moi, ménagez le jeune Absalom ! Toute la troupe l’entendit donner cet ordre à tous les chefs de l’armée au sujet d’Absalom (2Samuel 18.1-5).
L’armée de David est fin prête pour le combat ; ses soldats sont aguerris et leurs chefs expérimentés. Ils sont scindés en trois corps d’armée sans doute pour créer 3 fronts différents. Depuis toujours, Joab est le commandant principal et son frère Abichaï le second. Ittaï est ce chef philistin qui à la tête de 600 mercenaires a suivi David depuis que celui-ci était en exil à Gath, sa patrie. Le roi ne se joint pas personnellement à la bataille et ne peut donc pas contrôler ce qui va arriver. Il aimait vraiment son fils Absalom et voulait absolument éviter qu’il lui arrive le moindre mal. Mais peu de monde le portait dans son cœur.
Versets 6-10
Je continue.
L’armée sortit dans la campagne pour aller combattre Israël. La bataille s’engagea dans la forêt d’Éphraïm. L’armée d’Israël fut battue là par les hommes de David, elle subit une lourde perte de vingt mille hommes. Les combattants s’éparpillèrent sur toute la région et, ce jour-là, ceux qui trouvèrent la mort dans la forêt furent plus nombreux que ceux qui furent tués par l’épée. Absalom se trouva soudain face à face avec des hommes de David ; il s’enfuit sur son mulet qui s’engagea sous les branches enchevêtrées d’un grand chêne. Sa chevelure s’accrocha aux branches de l’arbre et il demeura suspendu entre ciel et terre tandis que son mulet s’échappait sous lui. Un soldat le vit et le rapporta à Joab. Il dit : — Je viens de voir Absalom suspendu à un chêne (2Samuel 18.6-10).
Comme de coutume, la rébellion se termine dans un bain de sang. Les éléments naturels se sont alliés à l’armée de David pour mettre fin au rêve grandiose d’Absalom. Cette forêt d’Éphraïm était un immense terrain accidenté, constitué de précipices et de fosses cachées par les broussailles. L’Éternel est intervenu pour arrêter la folie de ce jeune blanc-bec.
Versets 11-16
Je continue en compressant.
Joab lui dit : — Comment ? Tu l’as vu ! Alors pourquoi ne l’as-tu pas abattu sur-le-champ ? Je t’aurais bien donné dix pièces d’argent et une ceinture d’apparat. Mais le soldat lui répondit : — Non, même si tu me pesais et me mettais en main mille pièces d’argent, je ne porterais pas la main sur le fils du roi, car nous avons entendu l’ordre que le roi t’a donné, à toi comme à Abichaï et à Ittaï, lorsqu’il a dit : “ Par égard pour moi, épargnez le jeune Absalom. ” Joab s’écria : — Je n’ai pas de temps à perdre à rester là avec toi. Il empoigna trois épieux et les planta dans la poitrine d’Absalom retenu vivant au milieu du chêne. Alors Joab fit sonner du cor pour arrêter le combat. Son armée cessa de poursuivre celle d’Israël et prit le chemin du retour, car Joab voulait épargner le peuple (2Samuel 18.11-16).
Une fois Absalom mort, la rébellion était évidemment terminée. Joab, un peu sanguinaire sur les bords, a résolument désobéi aux ordres du roi en tuant son fils. À sa décharge, il faut dire que c’était la meilleure manière de mettre fin à la guerre civile et de stopper le massacre.
Versets 17-18
Je continue.
On saisit le corps d’Absalom et on le jeta dans une fosse profonde en pleine forêt, puis on accumula sur lui un énorme tas de pierres. Pendant ce temps, les hommes d’Israël s’enfuirent, chacun chez soi. De son vivant, Absalom s’était fait ériger la stèle qui est dans la vallée royale, car il disait : — Je n’ai pas de fils pour perpétuer mon nom. Il avait donné son propre nom à la stèle qui s’appelle encore aujourd’hui le Monument d’Absalom (2Samuel 18.17-18).
Absalom est enterré sous un énorme tas de pierres, ce qui est une façon de dénigrer l’orgueil démesuré du fils du roi. Selon la tradition et d’après l’historien juif Josèphe, cette stèle en forme de main était en marbre. Précédemment, le texte a mentionné qu’Absalom a eu trois fils et une fille ; en conséquence, soit ils étaient morts, soit la stèle fut dressée avant leur naissance.
Versets 19-32
Je continue en compressant jusqu’à la fin.
Ahimaats, fils du grand-prêtre Tsadoq, dit à Joab : — Permets-moi de courir annoncer au roi la nouvelle que l’Éternel lui a rendu justice en le délivrant de ses ennemis. Joab lui répondit : — Si tu y vas, tu ne seras pas porteur d’une bonne nouvelle aujourd’hui. Joab dit à un Éthiopien : — Va raconter au roi ce que tu as vu. L’homme s’inclina devant Joab et partit en courant. Ahimaats s’élança sur le chemin de la plaine du Jourdain et dépassa l’Éthiopien. David était assis entre la porte extérieure et la porte intérieure de la ville. La sentinelle se rendit sur le rempart, au-dessus de la porte, et scruta l’horizon. Soudain, elle aperçut au loin un homme qui courait seul. Alors la sentinelle aperçut un autre homme qui courait. Elle cria au gardien de la porte : — Voilà un autre coureur isolé. Le roi déclara : — Lui aussi apporte une bonne nouvelle. Ahimaats s’approcha et s’écria en s’adressant au roi : — Tout va bien ! Puis il se prosterna devant le roi, le visage contre terre, et dit : — Béni soit l’Éternel ton Dieu, qui t’a donné la victoire sur ceux qui avaient osé s’attaquer au roi mon seigneur. Le roi lui demanda : — Est-ce que le jeune Absalom est sain et sauf ? Ahimaats répondit : — Au moment où Joab m’a envoyé vers toi en même temps qu’un autre serviteur, j’ai vu qu’on s’agitait beaucoup, mais je ne sais pas pourquoi. Le roi lui dit : — Mets-toi de côté et tiens-toi là. Il s’écarta et attendit. Alors l’Éthiopien arriva et dit : — C’est une bonne nouvelle que je viens apprendre au roi mon seigneur, car l’Éternel t’a rendu justice aujourd’hui en te délivrant de tous ceux qui s’étaient révoltés contre toi. Le roi lui demanda alors : — Le jeune Absalom, est-il sain et sauf ? L’Éthiopien répondit : — Que tous les ennemis de mon seigneur le roi et tous ceux qui se révoltent contre toi pour te faire du mal subissent le même sort que ce jeune homme (2Samuel 18.19-32).
David n’a qu’une question aux lèvres : Qu’en est-il de mon fils Absalom ? Ahimaats avait appris de la bouche de Joab que le fils du roi était mort, mais ne connaissant pas les détails, il se garde bien d’annoncer cette mauvaise nouvelle à David, qui a maintenant perdu trois fils à cause de son péché et du jugement de Dieu : un bébé de maladie, Amnôn assassiné par Absalom, lui-même exécuté par Joab, le commandant de l’armée de David.
Chapitre 19
Versets 1-5
Nous voici arrivés au chapitre 19 qui commence par l’expression du profond désespoir de David suite à la fin tragique de son fils. Je commence à lire.
Alors le roi frémit ; il monta dans la chambre supérieure au-dessus de la porte et pleura. Tout en marchant et sanglotant, il ne cessait de répéter : — Mon fils Absalom ! Mon fils, mon fils Absalom ! Si seulement j’étais mort à ta place ! Absalom, mon fils, mon fils ! On vint dire à Joab : — Voici que le roi pleure et mène deuil sur Absalom. Et ce jour-là, au lieu de chanter la victoire, tout le peuple mena le deuil, car il avait entendu dire que le roi était accablé de douleur à cause de la mort de son fils. Ce même jour, tous les hommes rentrèrent à la dérobée dans la ville comme une armée honteuse d’avoir pris la fuite dans une bataille. Le roi s’était voilé le visage et continuait à crier : — Mon fils Absalom ! Absalom, mon fils, mon fils ! (2Samuel 19.1-5).
La mort d’Absalom fut un coup terrible, car son père lui était très attaché. Ce fils grand et beau comme un dieu faisait l’orgueil du roi. Quand le bébé que lui avait donné Bathshéba était mourant, David se lamentait, mais une fois celui-ci décédé, il avait repris sa vie normale disant qu’il irait un jour rejoindre cet enfant dans les cieux. Avec Absalom, David adopte l’attitude inverse. De son vivant, il lui passait tout ou presque ; et on peut être certain qu’il lui aurait pardonné sa rébellion.
Mais maintenant qu’il est mort, le roi est inconsolable. Il se disait peut-être bien qu’il ne reverrait jamais plus son fils Absalom parce qu’en se rebellant contre David, il avait commis une faute à main levée contre l’Éternel, un péché pour lequel il n’y avait pas de pardon possible sous le régime de l’Ancienne Alliance. De plus, David se sent profondément culpabilisé, car tous ces malheurs sont de sa faute. Il avait beaucoup trop de femmes et de concubines, ce qui engendrait pas mal de rivalités de tous ordres. Il était un très mauvais père, incapable d’assurer la discipline dans sa maisonnée. Et pour finir, il avait commis des fautes terribles, du genre impardonnable vis-à-vis de Bath-Chéba et de son mari. Je rappelle le jugement que Dieu avait prononcé contre lui à cette occasion :
Tu as assassiné par l’épée Urie le Hittite. Tu as pris sa femme pour en faire la tienne, et lui-même tu l’as fait mourir par l’épée des Ammonites. Maintenant, la violence ne quittera plus jamais ta famille parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Urie le Hittite pour en faire ta femme (2Samuel 12.9-10).
David est un homme au cœur brisé et il est profondément déçu parce qu’il avait cru qu’Absalom lui succéderait et qu’ainsi sa dynastie serait fermement implantée en Israël. Au lieu de cela, voilà que le prétendant au trône est mort, exécuté comme un malfaiteur suite à sa rébellion qui a entraîné une guerre civile et coûté la vie à d’innombrables gens. Quand on pense que tout cela avait commencé sous un clair de lune alors que David goûtait la fraîcheur du soir sur sa terrasse, tandis que sur celle d’à côté une créature de rêve prenait un bain toute nue, révélant ainsi tous ses charmes au roi qui après avoir tiré la langue s’est emparé d’elle. On connaît la suite.
Malgré tout, le personnage de David est plutôt sympathique. À l’exception de sa faute contre Urie le Hittite, c’était un homme doté de grandes qualités humaines. Il était droit et loyal et surtout animé d’une passion pour l’Éternel qu’il aimait de tout son cœur. À ce titre, David demeure un exemple de dévotion à Dieu, et les psaumes qu’il a écrits et nous a laissés ont restauré l’âme de milliers de croyants au travers des siècles.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.