2 Samuel 20.4 – 21.14
Chapitre 20
Introduction
Un jour ou l’autre, chacun d’entre nous tombe malade et éventuellement nous mourons tous, d’une manière ou d’une autre. Cependant, certaines personnes font, semble-t-il, le maximum pour s’attirer des pépins. Parmi eux, il en est qui violent certains commandements spécifiques de Dieu, en particulier dans le domaine occulte, et qui s’attirent par là sa malédiction comme je l’ai déjà expliqué dans des études précédentes.
David vient de vivre une période particulièrement éprouvante, et toujours pour la même raison. Il a commis une faute terrible : un adultère suivi d’un meurtre qui l’a placé sous un interdit divin qui fait qu’il ne connaîtra jamais plus la paix durant son règne. Ça me fait penser à un passage d’un livre de Moïse qui dit ceci :
Mais si vous n’agissez pas selon ce qui est droit, vous péchez contre l’Éternel. Sachez alors que les conséquences de votre péché retomberont sur vous ! (Nombres 32.23).
David a dû penser à ce conseil qu’il n’a pas suivi lorsqu’il a lui-même écrit et je le cite :
Ils sont nombreux les tourments qui attendent le méchant (Psaumes 32.10).
Après avoir failli perdre la royauté au profit des révolutionnaires conduit par son fils Absalom, le roi est à nouveau installé dans son palais à Jérusalem. Il est en train de reprendre les choses en mains.
Versets 4-7
Je lis en compressant dans le chapitre 20 du second livre de Samuel.
Le roi ordonna à Amasa : — Mobilise d’ici trois jours les hommes de Juda, puis viens te présenter ici avec eux. Amasa alla mobiliser Juda, mais il tarda au-delà du délai fixé par le roi pour le rendez-vous avec lui. Alors David dit à Abichaï : — Chéba, va maintenant nous faire plus de tort qu’Absalom. Pars donc à la tête de la garnison royale et poursuis-le ! Il ne faut pas qu’il ait le temps de trouver abri dans des villes fortifiées où il nous échapperait. Ainsi Abichaï partit avec la troupe commandée par Joab, ainsi qu’avec les Kérétiens et les Pélétiens, et tous les soldats de métier. Ils quittèrent Jérusalem afin de poursuivre Chéba (2Samuel 20.4-7).
Conformément à la promesse qu’il avait faite, David confie la direction de l’armée à son neveu Amasa. C’est pourtant lui qui avait conduit les forces rebelles contre son oncle et avait essuyé une cuisante défaite. Sans que l’on sache pourquoi, Amasa traîne en route et le temps presse. Alors, David confie à Abichaï, frère de Joab, la tâche de mater la révolte des tribus du nord conduite par le vaurien Chéba. Il lui confie le commandement de ses troupes d’élite et des gardes royaux, dont la plupart étaient des mercenaires étrangers.
Les Kérétiens et les Pélétiens venaient respectivement de Crète et de Philistie. En temps de crise, le succès d’une intervention dépendait d’une petite troupe d’hommes entièrement dévoués à la cause de leur maître. David essaie aussi d’écarter du commandement Joab, son ancien compagnon d’armes, parce qu’il est insoumis et sanguinaire.
Versets 8-10
Je continue en compressant.
Lorsqu’ils furent arrivés près de la grande pierre à Gabaon, ils virent Amasa venir au-devant d’eux. Joab dit à Amasa : — Vas-tu bien, mon frère ? De la main droite, il saisit la barbe d’Amasa pour l’embrasser. Ce dernier ne prit pas garde à l’épée qui se trouvait dans la main gauche de Joab. Celui-ci la lui plongea dans le ventre et répandit ses intestins à terre, sans lui porter un second coup, et Amasa mourut sur-le-champ (2Samuel 20.8-10).
Encore un passage plutôt sanglant. La scène à lieu à 8 km au nord de Jérusalem. C’est la deuxième fois que Joab recourt au meurtre pour éliminer un rival et assurer sa position. La première fois, il avait froidement et lâchement assassiné le commandant de l’armée des tribus du nord après qu’il se soit rallié à David. Cette fois-ci, c’est son cousin Amasa qu’il trucide. Quand il s’agissait de garder le pouvoir, Joab n’avait pas de famille. En Orient, embrasser est une marque de politesse et d’affection. C’est aussi par un baiser que Judas a trahi Jésus.
Versets 14-22
Je continue plus loin tout en compressant.
Après cela, Joab et son frère Abichaï reprirent la poursuite de Chéba. Ils parcoururent toutes les tribus d’Israël en direction d’Abel-Beth-Maaka. Joab avec ses troupes, arriva à la ville et l’assiégea. Toute l’armée de Joab se mit à creuser des sapes sous la muraille pour la faire s’écrouler. Alors une femme avisée se mit à crier du haut du rempart de la ville : — Écoutez, écoutez ! Dites, je vous prie, à Joab : “ Approche jusqu’ici, je veux te parler ! ” Elle lui dit : — Écoute les paroles de ta servante ! — J’écoute. Elle poursuivit : — Nous sommes parmi les gens les plus paisibles et les plus loyaux d’Israël. Et toi tu veux détruire une ville qui est une métropole en Israël ! Pourquoi ruinerais-tu une cité qui fait partie du pays de l’Éternel ? Joab s’écria : — Sûrement pas ! Je ne veux ni détruire ni ruiner quoi que ce soit. Mais Chéba s’est révolté contre le roi David. Livrez-le, lui seul, et je lèverai le siège de la ville. La femme alla trouver tous ses concitoyens et leur parla avec sagesse. Ils coupèrent la tête de Chéba et la lancèrent à Joab. Alors celui-ci fit sonner du cor et les assiégeants se retirèrent de la ville, chacun rentra chez soi. Joab retourna à Jérusalem, auprès du roi (2Samuel 20.14-22).
Cette ville assiégée se trouve à l’extrême nord du territoire d’Israël, à une quarantaine de kilomètres du lac de Galilée. C’est là, le plus loin possible de Jérusalem, que le rebelle Chéba a rassemblé ses partisans. Cette révolte n’a cependant aucune commune mesure avec celle d’Absalom et prend vite fin sans trop de dégâts grâce à la sagesse d’une femme.
Versets 23-26
Je finis ce chapitre en compressant.
Joab resta à la tête de toute l’armée d’Israël ; Benaya, commandait les Kérétiens et les Pélétiens. Adoram dirigeait les corvées ; Josaphat, fils d’Ahiloud, était archiviste ; Cheva était secrétaire. Tsadoq et Abiatar étaient prêtres. David avait aussi pour prêtre Ira de Yaïr (2Samuel 20.23-26).
Le règne de David n’apparaît plus menacé comme précédemment, ce qui est confirmé par cette liste des hauts fonctionnaires. Pourtant, le roi n’exerce pas une pleine autorité, car malgré ses tentatives d’écarter Joab du poste de commandement en chef de l’armée d’Israël, ce larron sanguinaire réussit à se maintenir. Adoram, le responsable des corvées, veillait d’une part sur les travaux forcés auxquels étaient soumis les prisonniers de guerre, et d’autre part sur la collection des impôts qui étaient payés en nature. Il fut nommé à ce poste vers la fin de la vie de David et continuera son office durant tout le règne du roi Salomon.
Chapitre 21
Introduction
Les quatre derniers chapitres du second livre de Samuel sont constitués par une série de six unités littéraires relatant des faits et des paroles du règne de David. Leur assemblage n’est pas chronologique, mais fait selon une structure de rhétorique où les 6 unités se correspondent deux à deux. Ainsi, l’ensemble de ces 6 unités littéraires va s’ouvrir sur un jugement de Dieu lié au massacre des Gabaonites qui fut perpétré par le roi Saül, et se clôt sur une colère divine liée à un recensement ordonné par David. Ensuite leur sont juxtaposés les deux récits consacrés aux hauts faits des vaillants hommes de David. Et enfin, au centre de ces six unités est le cantique de David suivi de son poème.
Versets 1-2
Je commence à lire le chapitre 21.
Pendant le règne de David, une famine sévit pendant trois années. David en demanda avec instances la raison à l’Éternel, et l’Éternel lui répondit : — Cela arrive parce que Saül et sa famille sanguinaire ont fait périr les Gabaonites. Le roi convoqua les survivants des Gabaonites pour leur parler. Les Gabaonites n’étaient pas des Israélites, mais ce qui restait des Amoréens. Les Israélites s’étaient liés à eux par un serment ; malgré cela, Saül avait cherché à les exterminer dans son zèle nationaliste pour les Israélites et les Judéens (2Samuel 21.1-2).
Les Gabaonites étaient d’un groupe ethnique qui s’appelait les Héviens. Leur ville principale était située à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Jérusalem. Ce premier récit se situe après l’acte de bienveillance de David envers Mephibocheth, fils de son ami défunt Jonathan, et petit-fils de Saül, le premier roi d’Israël, et avant la rébellion d’Absalom racontée dans les chapitres précédents. Cette absence de pluie est le signe de la colère de Dieu causée par quelque faute nationale. Voici en effet ce qui est écrit dans un des livres de Moïse :
Si vous n’obéissez pas à l’Éternel votre Dieu, si vous ne veillez pas à appliquer tous ses commandements et ses lois que je vous transmets moi-même aujourd’hui, voici quelles malédictions fondront sur vous : le ciel au-dessus de vos têtes sera aussi dur que du bronze, et la terre sous vos pieds sera comme du fer. Au lieu de pluie, l’Éternel enverra sur votre pays de la poussière et du sable qui tomberont du ciel sur vous jusqu’à ce que vous soyez exterminés (Deutéronome 28.15, 23-24).
Le problème est le suivant : Les Israélites, alors sous la conduite de Josué, avaient été trompés par les Gabaonites qui leur avaient fait croire qu’ils venaient d’une contrée lointaine et non du pays de Canaan. Alors, les Israélites leur avaient promis sous serment la vie sauve. Plus tard, ils découvrirent la supercherie, mais il était trop tard, car la promesse qu’ils avaient faite au nom de l’Éternel était irrévocable. Pourtant, Saül essaya de les exterminer ; un nettoyage ethnique en somme. Cet acte sanguinaire n’apparaît nulle part ailleurs dans les Textes Sacrés, mais on apprend ici qu’il a eu lieu.
Verset 3
Je continue le texte.
David demanda aux Gabaonites : — Que puis-je faire pour vous ? Comment pourrais-je expier le mal que vous avez subi, afin que vous bénissiez le peuple qui appartient à l’Éternel ? (2Samuel 21.3).
Israël en tant que peuple élu a failli à sa parole. En raison du non-respect du serment qui leur avait été fait, et parce que la nation fonctionnait sous le régime de la théocratie, les Gabaonites pouvaient en appeler à la malédiction divine sur Israël. C’est ce qu’ils avaient fait, et Dieu jugeait donc son peuple en lui refusant les pluies, ce qui entraînait la sécheresse et de maigres récoltes, et donc la famine.
De nos jours, il n’existe aucune théocratie. Cependant, Dieu intervient quand même dans les affaires des hommes. Je sais bien que selon la philosophie évolutionniste et matérialiste de l’histoire, la théorie classique est que les nations et les empires arrivent naturellement à la fin de leur cycle de vie, s’épuisent et meurent.
Mais selon la perspective biblique, c’est Dieu qui a jugé l’Égypte, l’empire assyrien, babylonien, perse, romain, tous les royaumes européens, l’Empire britannique et le prochain en ligne de mire, ce sera les États-Unis. Une parole d’un prophète de l’Ancien Testament dit :
Il n’y a pas de paix pour les méchants, dit Dieu (Ésaïe 57.21).
Versets 4-8
Je continue le texte.
Les Gabaonites répondirent à David : — Ce n’est pas avec de l’argent ou de l’or que pourra se régler notre différend avec Saül et sa famille, et il ne nous appartient pas de faire mourir quelqu’un en Israël. Le roi leur dit : — Que demandez-vous donc ? Je ferai pour vous ce que vous demanderez. Ils répondirent au roi : — Cet homme voulait nous exterminer et il avait projeté de nous faire disparaître de tout le territoire d’Israël. Livre-nous donc sept de ses descendants, et nous les pendrons devant l’Éternel à Guibea où résidait Saül, l’élu de l’Éternel. Le roi déclara : — Je vous les livrerai. Mais le roi épargna Mephibocheth, fils de Jonathan, petit-fils de Saül, à cause du pacte qu’il avait conclu par serment au nom de l’Éternel avec Jonathan. Il fit donc arrêter Armoni et Mephibocheth, les deux fils que Ritspa, avait donnés à Saül, ainsi que les cinq fils que Mérab, fille de Saül, avait donnés à Adriel (2Samuel 21.4-8).
Encore un texte qui est dur et que je me passerais volontiers de commenter. Des fois, assis derrière mon clavier, j’ai des sueurs froides alors que j’étudie certains passages des Écritures. Il est ici question d’un règlement de compte entre Dieu, la nation d’Israël représentée par David, et les Gabaonites. Ces derniers ne désiraient ni or ni argent, ils ne voulaient pas non plus se venger de manière illicite, mais demandent un acte public et conforme à la tradition vieille de tous les temps, la lex talionis, c’est-à-dire l’application de la loi du talion qu’on trouve aussi dans la Loi de Moïse et que je cite :
Tu feras payer vie pour vie, œil pour œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, contusion pour contusion (Exode 21.23-25).
Verset 9
Je continue le texte.
David les livra aux Gabaonites qui les pendirent sur la colline devant l’Éternel. Tous les sept succombèrent ensemble ; ils furent mis à mort aux premiers jours de la moisson, au début de la récolte de l’orge (2Samuel 21.9).
Ces sept descendants de Saül furent publiquement exécutés à l’entrée du printemps. Cette action fait penser aux rites des sacrifices humains qui étaient couramment pratiqués par les Cananéens pour toutes sortes de raisons ; les deux principales étant la conjuration du malheur et la bénédiction des dieux. C’est de cette manière qu’ils essayaient d’obtenir la victoire dans leurs campagnes militaires, ou la fertilité de leur peuple ou de la terre grâce à des pluies régulières afin que les récoltes soient abondantes.
Cependant dans le cas des Gabaonites, le texte explique cette exécution comme un acte de justice divine et de rétribution d’un mal. Il faut en effet garder à l’esprit que le roi Saül s’était engagé dans une campagne d’extermination des Gabaonites, genre Auschwitz-fours crématoires. Les descendants de Saül qui avaient peut-être participé à ce nettoyage ethnique, payaient pour la faute de leur aïeul. Un texte de la Loi de Moïse dit ceci :
Moi l’Éternel ton Dieu, je punis les fils pour la faute de leur père jusqu’à la troisième et même la quatrième génération de ceux qui me haïssent (Deutéronome 5.9).
De mon point de vue, ce n’est pas juste ; peut-être, mais l’étalon de mesure de la justice, ce n’est pas moi, mais l’Éternel.
Verset 10
Je continue le texte.
Alors Ritspa, fille d’Aya, prit son habit de toile de sac et l’étendit sur le rocher ; elle demeura là depuis le début de la moisson des orges jusqu’à ce que tombent les pluies d’automne ; pendant le jour, elle empêchait les oiseaux de s’abattre sur les corps, et la nuit elle en éloignait les bêtes sauvages (2Samuel 21.10).
Ritspa était une des concubines de Saül. Ses fils étaient adultes, mais cette maman est quand même dans une grande détresse, alors elle garde les corps des suppliciés jusqu’à ce qu’ils soient enterrés. Normalement, ils auraient dû l’être dès le coucher du soleil selon un texte de la Loi de Moïse que je cite :
Si un homme qui a encouru la peine capitale pour un crime a été exécuté et pendu à un arbre, son cadavre ne devra pas rester là pendant la nuit sur l’arbre, vous l’enterrerez le jour même, car un pendu est un objet de malédiction divine et vous ne rendrez pas impure la terre que l’Éternel votre Dieu vous donne en possession (Deutéronome 21.22).
Les corps avaient volontairement été laissés pendus afin qu’ils deviennent l’objet de la malédiction divine. De cette manière, la colère de l’Éternel se détournerait du pays, et les pluies viendraient, ce qui sera le signe de la fin du jugement de Dieu contre son peuple.
Versets 11-14
Je continue en compressant.
On rapporta à David ce que Ritspa, épouse de second rang de Saül, avait fait. Alors le roi alla demander les ossements de Saül et de son fils Jonathan aux notables de Yabéch en Galaad. Il fit venir de là les ossements de Saül et de son fils Jonathan, les joignit à ceux des suppliciés et les fit ensevelir dans le tombeau de Qich, père de Saül. Après cela, Dieu se laissa fléchir et intervint en faveur du pays (2Samuel 21.11-14).
Ce passage raconte le dernier témoignage de respect de la part de David envers Saül qui avait été sacré roi d’Israël, et envers Jonathan qui fut son meilleur ami. Ils furent tués au combat ainsi que deux autres fils de Saül qui ne sont pas mentionnés ici. Ces 4 hommes ainsi que ces 7 suppliciés furent enterrés dans la même tombe familiale. Cette intervention de l’Éternel en faveur d’Israël signifie qu’il envoya les pluies d’automne de manière à ce que la prochaine récolte soit abondante.
C’était donc la fin de cette famine qui avait duré 3 ans. On a coutume de dire que le Dieu de l’Ancien Testament est bien plus sévère que le Christ. En réalité, au-delà des apparences que peut produire une lecture superficielle des Écritures, l’Éternel et Jésus sont identiques. Il est exact que ce dernier, lorsqu’il était sur terre, a manifesté au grand jour le pardon et la grâce de Dieu.
Cependant, les règles de vie qu’il donne aux foules dans le Sermon sur la Montagne sont bien plus difficiles à mettre en pratique que les 10 commandements. De plus, c’est bien le Christ, qui de tous les personnages de la Bible parle le plus de la perdition éternelle. Il avertit avec sévérité et une grande solennité ceux qui refusent de placer leur foi en lui comme leur Sauveur.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.