2 Samuel 12.18 – 13.22
Chapitre 12
Introduction
La vie n’est pas juste ; tout le monde sait ça. Même les enfants ont un sens aigu de la justice et ils protestent avec véhémence s’ils pensent que leurs droits ont été bafoués par leurs frères et sœurs, ou leurs petits camarades. Le roi David a pris la femme d’Urie le Hittite, un de ses officiers, puis l’a fait assassiner dans un guet-apens. Mais l’Éternel a été offensé par ce meurtre et a prononcé toute une série de jugements contre son serviteur David. La première conséquence de l’adultère et du crime commis par le roi est la mort du bébé de Bathshéba, la femme du défunt Urie le Hittite.
Verset 18
Je continue à lire dans le chapitre 12 du second livre de Samuel.
Au bout de sept jours, l’enfant mourut ; les serviteurs de David n’osaient pas lui annoncer la nouvelle car ils se disaient : — Quand l’enfant vivait encore, nous lui avons parlé, mais il n’a rien voulu entendre. Si nous lui annonçons maintenant que l’enfant est mort, il va faire un malheur ! (2Samuel 12.18).
Le jugement divin commence à tomber. Il est dirigé en priorité contre David bien sûr, mais à mon avis il concerne aussi Bathshéba bien que le texte ne le dise pas. En effet, elle s’était arrangée pour que le roi la voie toute nue et qu’il tire la langue. Ça a marché ; il l’a conduite dans son lit et lui a fait un enfant ; c’est ce qu’elle voulait. Mais dans tout ça, la maladie puis la mort de ce nouveau-né semblent particulièrement injustes, car il n’a rien fait de mal le pauvre gosse, il n’a même pas demandé à naître. Le parent coupable vit et l’enfant innocent meurt.
Dieu a le droit de vie et de mort sur toutes ses créatures et à n’importe quel moment. Certes, je peux me rebeller contre l’autorité, la souveraineté de mon créateur, mais vais-je m’en trouver mieux ? Ce serait une démarche futile. Non, si l’Éternel est Dieu, alors l’attitude juste consiste à accepter en toute humilité sa façon de gérer l’humanité.
Versets 19-20
Je continue le texte.
Mais David s’aperçut que ses serviteurs chuchotaient entre eux, il comprit que l’enfant était mort et leur demanda : — L’enfant est-il mort ? Ils répondirent : — Il est mort. Alors David se releva de terre, prit un bain, se parfuma et changea de vêtements, puis il se rendit au sanctuaire de l’Éternel et se prosterna devant lui. Ensuite, il rentra chez lui, demanda qu’on lui prépare un repas et se mit à manger (2Samuel 12.19-20).
Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, dit-on. Aussi longtemps que l’enfant respirait, David espérait que Dieu se laisserait fléchir par sa profonde contrition. Une fois l’enfant mort, le jeûne et la prière sont devenus inutiles. Par contre, j’admire David, car après s’être lavé et habillé de neuf, il s’est rendu devant l’Éternel et s’est prosterné. Il s’est mis à sa place, à plat ventre devant lui.
Cette attitude de profond respect et d’humilité est la seule qui soit acceptable et acceptée devant le Dieu du ciel et de la terre. La soumission de David devant le verdict divin est un signe de l’authenticité de sa repentance.
Versets 21-23
Je continue.
Ses serviteurs le questionnèrent : — Que signifie ta façon d’agir ? Tant que l’enfant était vivant, tu as jeûné et pleuré, et maintenant qu’il est mort, tu te relèves et tu manges ? David leur répondit : — Tant que l’enfant vivait encore, j’ai jeûné et pleuré, car je me disais : “ Qui sait ? Peut-être l’Éternel aura-t-il pitié, et laissera-t-il l’enfant en vie. ” Maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Est-ce que je peux le faire revenir à la vie ? C’est moi qui irai le rejoindre, mais lui ne reviendra pas vers moi (2Samuel 12.21-23).
Ce passage enseigne ce que chacun sait déjà, en l’occurrence que les morts ne reviennent pas dans le monde des vivants, mais que ceux qui sont encore sur terre iront éventuellement dans le séjour des morts. Ce texte suggère aussi qu’à leur mort, les enfants entrent directement en présence de leur créateur. En effet, nous savons que David faisait partie des élus, qu’il a reçu la vie éternelle ; or il exprime la certitude qu’à sa mort, il ira auprès de cet enfant. Cette perspective est cohérente avec les termes de l’alliance que l’Éternel avait passée avec Israël.
Aujourd’hui, nous sommes sous le régime de la Nouvelle Alliance, celle que Jésus a conclue avec l’humanité entière par son sang versé sur la croix. En conséquence, chaque petit qui meurt est au bénéfice de celle-ci. Par contre, les Écritures ne précisent pas vraiment à partir de quel moment un enfant n’en est plus un, c’est-à-dire quand il est personnellement responsable devant Dieu.
Versets 24-25
Je continue.
David consola Bathshéba sa femme, il alla vers elle et s’unit à elle. Elle eut de nouveau un fils qu’elle appela Salomon, (le Pacifique). L’Éternel l’aima et envoya le prophète Nathan adresser une parole de sa part à David. Aussi celui-ci appela l’enfant Yedidya (Bien-aimé de l’Éternel), à cause de l’Éternel (2Samuel 12.24-25).
À cette époque, c’était habituellement la mère qui donnait un nom à son enfant. Salomon a la même racine que Shalom, le mot pour paix en hébreu. Ici, et tout à fait exceptionnellement, Dieu donne aussi un nom à Salomon, ce qui fait que l’enfant en a deux. Ceux-ci dévoilent déjà partiellement sa destinée : il est un homme choisi et aimé de l’Éternel, et son règne sera fait de paix.
Quand le texte dit : L’Éternel aima Salomon, ce fut un choix délibéré et souverain de sa part, et ce n’était pas en vertu de l’arrière-plan de cet enfant, ni de son caractère, ni de ce qu’il allait être, ou quoi que ce soit d’autre. Dans le Nouveau Testament, nous avons un exemple de ce choix divin en la personne de Jacob. Je lis le passage :
Rébecca eut des jumeaux nés d’un seul et même père, de notre ancêtre Isaac. Or, Dieu a un plan qui s’accomplit selon son libre choix et qui dépend, non des actions des hommes, mais uniquement de la volonté de celui qui appelle. Et pour que ce plan demeure, c’est avant même la naissance de ces enfants, et par conséquent avant qu’ils n’aient fait ni bien ni mal, que Dieu dit à Rébecca : L’aîné sera assujetti au cadet. Ceci s’accorde avec cet autre texte de l’Écriture : J’ai aimé Jacob et pas Ésaü. Mais alors, que dire ? Dieu serait-il injuste ? Loin de là ! Car il a dit à Moïse : Je ferai grâce à qui je veux faire grâce, J’aurai pitié de qui je veux avoir pitié. Cela ne dépend donc ni de la volonté de l’homme, ni de ses efforts, mais de Dieu qui fait grâce (Romains 9.10-16).
Versets 26-31
Je finis ce chapitre.
Entre-temps, Joab attaqua Rabba, la cité ammonite, et il s’empara de la ville royale. Alors il envoya des messagers à David pour lui dire : — J’ai donné l’assaut à Rabba et je me suis même emparé du quartier d’en bas où se trouve la réserve d’eau. Maintenant rassemble le reste de l’armée et viens toi-même assiéger la ville et t’en emparer. Il ne convient pas que ce soit moi qui la prenne et que tout l’honneur m’en revienne. David rassembla donc tout le peuple et partit pour Rabba. Il donna l’assaut à la ville et s’en empara. Il prit la couronne qui se trouvait sur la tête de leur roi. Cette couronne, qui était tout en or, pesait une trentaine de kilos et était garnie d’une pierre précieuse. Elle vint orner la tête de David. Le roi emporta de la ville un immense butin. Quant aux habitants, il les emmena et les affecta à diverses corvées pour manier la scie, les herses de fer et les haches de fer. Il en établit aussi comme mouleurs de briques. Il agit de même avec les populations de toutes les villes des Ammonites. Après cela, David et toute son armée rentrèrent à Jérusalem (2Samuel 12.26-31).
L’auteur revient en arrière, pour poursuivre le récit du combat contre les Ammonites. Ces gens étaient particulièrement pervers. Ils adoraient une idole, qui s’appelait Milkom identifié à un autre qui s’appelle Molok et dont le culte était parfois accompagné de sacrifices d’enfants comme je l’ai déjà expliqué. Joab a pris d’assaut la partie basse de la ville.
Le siège est donc pratiquement terminé, car sans eau, les combattants ammonites vont rapidement dépérir. Il ne reste plus que la forteresse à prendre. Elle était située sur les collines au nord, c’est là que résidait le roi. À tout seigneur, tout honneur ; alors, Joab se retire du jeu afin que ce soit le roi David qui reçoive la gloire de cette victoire.
Chapitre 13
Introduction
Nous voici arrivés au chapitre 13 dans lequel vont commencer à s’amonceler beaucoup de nuages noirs au-dessus de la tête de David. Un vieux dicton anglais dit : Si vous voulez danser, il faudra payer le violoniste. En d’autres mots, si vous cédez à vos tendances mauvaises, vous devrez en subir les conséquences. Dans le Nouveau Testament, on lit :
Celui qui sème pour satisfaire ses propres désirs immoraux récoltera ce que produit cet homme, c’est-à-dire la corruption (Galates 6.8).
On ne peut pas sortir indemne du péché. David avait semé pour satisfaire ses passions et il ne va pas en sortir indemne.
Versets 1-2
Je commence à lire.
Absalom, un fils de David, avait une sœur qui était très belle et qui se nommait Tamar. Amnôn, un autre fils du roi David, en tomba passionnément amoureux. Il se rongeait tant à propos de sa demi-sœur qu’il s’en rendait malade, car elle était vierge et il lui semblait impossible de l’approcher (2Samuel 13.1-2).
Tamar signifie palmier. Sa mère était la fille du roi de Guechour, un petit royaume à l’est du lac de Galilée. Amnôn est le fils de la première femme de David, donc l’héritier présumé du trône. Tamar et Absalom étaient frère et sœur du même lit, ce qui explique la suite du récit. À cette époque, les filles non mariées vivaient dans l’appartement des femmes et n’avaient guère de relations avec les hommes, même pas avec leurs demi-frères.
Versets 3-7
Je continue en compressant.
Amnôn avait un cousin et ami très astucieux. Il demanda à Amnôn : — Fils du roi, pourquoi es-tu si déprimé ? Chaque matin tu parais l’être davantage. Ne veux-tu pas m’en dire la cause ? Amnôn lui répondit : — Je suis amoureux de Tamar, la sœur de mon frère Absalom. Son ami lui dit alors : — Mets-toi au lit et fais comme si tu étais malade. Quand ton père viendra te voir, dis-lui : “ Permets à ma sœur Tamar de venir me faire à manger, qu’elle prépare le repas sous mes yeux afin que je la voie faire, puis je mangerai de sa main. ” David envoya dire à Tamar dans son appartement : — Va chez ton frère Amnôn et prépare-lui son repas (2Samuel 13.3-7).
David s’est laissé berner et la souricière est en place.
Versets 8-14
Je continue en compressant.
Tamar se rendit donc chez son frère Amnôn et le trouva couché. Elle prépara de la pâte et la pétrit, puis confectionna des galettes devant lui et les fit cuire. Ensuite elle prit la poêle et lui en servit le contenu devant lui, mais il refusa d’en manger et dit : — Faites sortir tout le monde d’ici. Tous se retirèrent. Alors il demanda à Tamar : — Apporte-moi ces galettes dans ma chambre pour que je les mange de ta main. Tamar prit les galettes qu’elle avait faites et les apporta à son frère Amnôn dans sa chambre. Au moment où elle les lui présentait, il l’empoigna et lui dit : — Viens, couche avec moi, ma sœur ! Mais elle s’écria : — Non, mon frère, ne me fais pas violence ! Cela ne se fait pas en Israël. Ne commets pas une telle infamie ! Après cela, où irais-je porter ma honte ? Et toi, tu serais considéré comme un individu méprisable dans notre peuple. Pourquoi ne parles-tu pas au roi ? Il ne refusera pas de me donner à toi. Mais il ne voulut rien entendre, et comme il était plus fort qu’elle, il lui fit violence et coucha avec elle (2Samuel 13.8-14).
En se rendant coupable de viol, Amnôn ne pourra plus prétendre au trône. La proposition de Tamar d’être donnée légalement à Amnôn est une tentative d’échapper à son frère, car la Loi interdisait de telles unions. Tel père, tel fils ! En commettant ce viol-inceste, Amnôn, comme son père avant lui, se rend coupable d’un très grave péché sexuel.
Versets 15-18
Je continue.
Après cela, il conçut pour elle une forte aversion, plus violente que la passion qu’il avait éprouvée pour elle. Tout à coup, il lui ordonna : — Lève-toi, va-t’en ! — Non, lui dit-elle, en me chassant, tu commettrais un crime encore pire que le mal que tu m’as déjà fait. Mais il ne voulut pas l’écouter. Il appela le domestique qui était à son service et lui ordonna : — Débarrassez-moi de cette fille ! Jetez-la dehors et verrouillez la porte derrière elle ! Elle portait jusque là une longue robe multicolore, car c’était autrefois la tenue des princesses aussi longtemps qu’elles étaient vierges. Le domestique la mit dehors et verrouilla la porte derrière elle (2Samuel 13.15-18).
Le soi-disant amour de Amnôn ne s’avère être qu’une pulsion sexuelle éphémère. Tamar, n’étant plus vierge, redoute désormais d’être condamné au célibat, ce qui constitue une honte pour une fille surtout une princesse. Non seulement Amnôn jette sa demi-sœur qu’il a humiliée, mais en plus il la répudie, la refusant pour femme. En effet, et assez curieusement, dans une situation pareille, la fille violentée devait devenir l’épouse du violeur. Je cite le texte de Loi.
Si un homme rencontre une jeune fille non fiancée, qu’il s’empare d’elle et couche avec elle et qu’on les prenne sur le fait, l’homme qui a couché avec elle versera au père de la jeune fille cinquante pièces d’argent et devra l’épouser puisqu’il l’a violée. De plus, il ne pourra jamais la renvoyer tant qu’il vivra (Deutéronome 22.28-29).
Je suis d’accord, c’est plutôt choquant pour nous qui sommes de culture occidentale.
Versets 19-20
Je continue le texte.
Alors Tamar répandit de la cendre sur sa tête, elle déchira sa longue robe, se prit à deux mains la tête, puis elle partit en poussant des cris. Son frère Absalom lui demanda : — Ton frère Amnôn t’a-t-il fait violence ? Maintenant, ma sœur, n’en parle pas, c’est ton frère, et ne prends pas la chose trop à cœur ! Dès lors Tamar alla demeurer dans la maison d’Absalom, comme une femme accablée de honte (2Samuel 13.19-20).
Tamar déchire sa robe pour manifester qu’elle n’est plus vierge, et elle prend le deuil tellement sa douleur était vive. Il faut savoir que dans le Proche-Orient ancien et particulièrement dans la culture israélite, ce qui est arrivé à cette jeune fille était pire que la mort. Absalom invite sa sœur à ne pas faire un scandale public de cette sordide affaire, et ainsi à ne pas jeter le discrédit sur la famille royale, ni à chercher à se venger elle-même.
Il tient sans doute aussi à ne pas éveiller de soupçons chez Amnôn concernant la vengeance qu’il préparait déjà. En Orient, dans les familles polygames, le vrai frère est considéré comme le protecteur de ses sœurs.
Versets 21-22
Je continue.
Le roi David apprit tout ce qui s’était passé et il en fut très irrité. Quant à Absalom, il n’adressait plus la parole à Amnôn, ni en bien, ni en mal, car il l’avait pris en haine à cause du viol de sa sœur Tamar (2Samuel 13.21-22).
Selon la tradition, David ne fit aucun reproche à Amnôn, car c’était son aîné pour lequel il avait une profonde affection. Surtout, il était mal placé pour adresser des remontrances à son fils et le châtier, dans la mesure où il avait lui-même commis une faute du même ordre sans avoir été sanctionné comme le requérait la loi. Cette impossibilité de réagir comme il aurait normalement dû le faire aura par la suite des conséquences désastreuses. David était un mauvais père qui comme bien d’autres transparaît au fil des pages des Textes Sacrés.
On ne sait pas grand-chose de Moïse, sinon qu’un de ses petits-fils avait mal tourné. J’ai déjà parlé du juge Éli dont les fils étaient corrompus au possible et ceux du juge Samuel qui ne valaient guère mieux. Au vu du fait qu’il était polygame et qu’il n’avait pas pu résister aux charmes de Bath-Chéba, David était sans aucun doute animé d’une grosse pulsion sexuelle. Il prenait le temps de coucher avec des femmes, mais à part ça, il était trop occupé pour faire l’éducation de ses fils ce qui était pourtant une exigence de la Loi. Ses priorités tordues lui ont valu de commettre l’irréparable. Il n’a pas tenu compte des Écritures dans lesquelles on trouve les mises en garde suivantes :
Pour moi, je l’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment l’injustice en moissonnent les fruits (Job 4.8).
Puisqu’ils ont semé du vent, ils récolteront la tempête (Osée 8.7).
L’insolence de ton cœur t’a trompé (Abdias 3).
David était un homme selon le cœur de Dieu, c’est-à-dire, dont les actions étaient, d’une manière générale, conformes aux désirs de l’Éternel. Et pourtant, il a été victime de son orgueil ; il est devenu hautain et a sombré dans le plus terrible des péchés. C’est un avertissement pour chacun d’entre nous.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.