2 Samuel 10.1 – 11.15
Chapitre 10
Introduction
Je crois bien que les généraux et tous ceux dont la profession est de livrer des batailles s’ennuient à mourir en période de paix. Leur heure de gloire est au combat, pas assis derrière un bureau. Le fait que de pauvres gens se fassent tuer au passage n’est pas leur problème. Durant la Seconde Guerre mondiale, le général anglais Montgomery lutta avec succès contre les forces de l’Axe. Il vainquit le général allemand Rommel, ce qui lui monta à la tête. Nommé maréchal, il n’avait alors, semble-t-il, plus qu’un seul but, celui de servir ses ambitions personnelles et de récolter quelques lauriers de plus sur les cadavres des soldats sous ses ordres.
Le roi David était lui aussi un homme de guerre, cependant, il aimait la paix autant que cela dépendait de lui. Malheureusement, jusqu’à présent il a été presque constamment en campagne à droite ou à gauche. Enfin, il commence à souffler. Il n’a plus d’ennemis autour de lui. Il y a bien la nation ammonite, des voisins à l’est de son territoire, de l’autre côté du Jourdain, mais il est en bons termes avec eux ; c’est ce qu’il croit, du moins. Vous est-il déjà arrivé de faire confiance à quelqu’un qui un jour et sans prévenir s’est soudainement retourné contre vous ? J’ai fait cette expérience et c’est très douloureux.
Versets 1-2
Je commence à lire le chapitre 10 du second livre de Samuel.
Quelque temps après, le roi des Ammonites mourut, et Hanoun son fils régna à sa place. David se dit : “ Je veux témoigner de la bonté au jeune roi comme son père m’en a témoigné. ” David lui envoya donc certains de ses hauts fonctionnaires pour lui présenter ses condoléances à l’occasion de la mort de son père (2Samuel 10.1-2).
Les Ammonites étaient comme les Moabites, des descendants incestueux de Loth, le neveu d’Abraham. Ces deux peuples étaient depuis toujours plus ou moins ennemis d’Israël. Cependant à cette époque, il existait un traité d’amitié entre David et le roi qui venait de mourir, c’est pour cela qu’il n’y avait pas eu de conflits entre eux et que les Ammonites n’étaient pas venus au secours de leurs frères de sang, les Moabites lorsque ceux-ci furent en grande partie décimés par Israël. En envoyant une ambassade, David voulait continuer à s’assurer de l’appui d’un allié sur son flanc est.
Versets 3-5
Je continue.
Lorsque les hauts fonctionnaires de David arrivèrent au pays des Ammonites, les dirigeants de ce peuple dirent à Hanoun, leur souverain : — Crois-tu que ce soit pour honorer la mémoire de ton père que David t’envoie des gens t’adresser des condoléances ? N’est-ce pas plutôt pour reconnaître et espionner la ville afin de la détruire ? Alors Hanoun s’empara des ambassadeurs de David, leur fit raser la moitié de la barbe et leur fit couper les habits à mi-corps jusqu’en bas du dos, puis il les renvoya. Ceux-ci en furent si honteux que, lorsqu’on informa David de ce qui s’était passé, il envoya des messagers à leur rencontre pour leur faire dire : — Restez à Jéricho jusqu’à ce que votre barbe ait repoussé ; vous reviendrez ensuite (2Samuel 10.3-5).
Il est difficile de comprendre l’attitude des conseillers du roi Hanoun ; soit ils n’ont aucune confiance en David, soit ils cherchent la guerre. Quoi qu’il en soit, le roi des Ammonites a commis un acte particulièrement humiliant pour David. Pour les Orientaux, la barbe est le symbole de la virilité, et n’était rasée qu’en cas de deuil. On humiliait aussi les prisonniers de guerre en leur coupant les habits à mi-corps.
Verset 6
Je continue.
Les Ammonites comprirent qu’ils s’étaient rendus odieux à David. Alors ils envoyèrent des hommes pour enrôler à leur solde vingt mille mercenaires chez les Syriens de Beth-Rehob et de Tsoba, mille hommes chez le roi de Maaka, et douze mille chez celui de Tob (2Samuel 10.6).
Les Ammonites se rendent bien compte qu’ils ont fait une déclaration de guerre à Israël. Alors, et selon une pratique courante dans le Proche-Orient ancien, ils enrôlent des mercenaires en toute hâte et au prix fort de 30 tonnes d’argent dit un texte parallèle. Ils vont chercher ces combattants dans des petits royaumes au nord d’Israël dont celui de Tsoba qui avait déjà été subjugué par David et qui était alors devenu son vassal. Cette alliance avec les Ammonites à prix d’argent est en fait une rébellion contre la domination israélite.
Versets 7-8
Je continue.
Quand David l’apprit, il envoya contre eux Joab à la tête de toute l’armée des soldats de métier. Les Ammonites firent une sortie et se rangèrent en ordre de bataille à la porte de leur capitale, tandis que les Syriens de Tsoba et de Rehob avec les soldats de Tob et de Maaka restaient à part en rase campagne (2Samuel 10.7-8).
La bataille va avoir lieu à 20 km à l’est de la mer Morte. Les Syriens installent leurs troupes à environ 30 km au sud de l’armée ammonite en vue de constituer un deuxième front et de prendre ainsi en étau l’armée israélite venant de l’ouest.
Versets 9-14
Je continue.
Voyant qu’il aurait à faire face sur deux fronts à la fois, devant et derrière lui, Joab sélectionna ses meilleurs soldats et les fit ranger en ordre de bataille face aux Syriens ; il confia le commandement du reste de l’armée à son frère Abichaï qui le rangea en ordre de bataille pour affronter les Ammonites. Joab dit à son frère : — Si tu vois que les Syriens l’emportent sur moi, tu viendras à ma rescousse ; si les Ammonites sont plus forts que toi, c’est moi qui viendrai à ton secours. Bon courage, et luttons vaillamment pour défendre notre peuple et les villes de notre Dieu ! Et que l’Éternel fasse ce qu’il jugera bon ! Alors Joab et sa troupe s’avancèrent pour le combat contre les Syriens. Ceux-ci prirent la fuite devant eux. Quand les Ammonites virent que les Syriens avaient pris la fuite, ils s’enfuirent à leur tour devant Abichaï et se retirèrent dans la ville. Alors Joab mit fin à la campagne contre les Ammonites et rentra à Jérusalem (2Samuel 10.9-14).
Une fois de plus, c’est l’armée d’Israël qui a la victoire en vertu des promesses que l’Éternel a faites à David. Dieu respecte les termes de l’alliance qu’il a passée avec le roi.
Versets 15-17
Je continue le texte en compressant.
Les Syriens, voyant qu’ils avaient été mis en fuite par les Israélites, rassemblèrent toutes leurs troupes. Le roi Hadadézer envoya des messagers pour mobiliser les Syriens établis de l’autre côté de l’Euphrate. Ils arrivèrent à Hélam avec, à leur tête, Chobak, le chef de l’armée de Hadadézer. Quand David en fut informé, il mobilisa tout Israël, traversa le Jourdain et marcha sur Hélam. Les Syriens se rangèrent en ordre de bataille pour affronter David et engagèrent le combat (2Samuel 10.15-17).
Tandis que les Ammonites ont bien retenu la leçon et se sont verrouillés à double tour dans leur capitale, il n’en est pas de même des Syriens qui trouvent la pilule amère et veulent leur revanche ; mauvaise idée ! Le roi Hadadézer, qui avait déjà été vaincu par David, rassemble tout ce qu’il peut trouver dans le désert, à 60 km à l’est du lac de Galilée. Il est furieux et veut absolument en découdre avec les Israélites.
Versets 18-19
Je finis ce chapitre.
Mais les Syriens furent mis en fuite par les Israélites. David leur tua les soldats de 700 chars et quarante mille fantassins. Il frappa aussi Chobak, leur général en chef, qui mourut sur le champ de bataille. Quand tous les rois vassaux de Hadadézer virent qu’ils avaient été battus par Israël, ils firent la paix avec les Israélites et leur furent assujettis. Après cela, les Syriens n’osèrent plus venir au secours des Ammonites (2Samuel 10.18-19).
Encore une fois, David est vainqueur et toute la confédération araméenne de Syrie n’a d’autres choix que de capituler devant Israël. Depuis que David est au pouvoir, le texte met en avant son caractère intègre, sa droiture, et la bénédiction divine dont il est l’objet. Le roi connaît, grâce à l’Éternel, de nombreuses victoires qui lui assurent une hégémonie militaire et la paix à l’intérieur du pays. Il consacre le butin de guerre à Dieu, exerce le droit et la justice, et honore la promesse faite à son ami Jonathan en faisant preuve de magnanimité envers son fils Mephibocheth. Malheureusement, les choses vont maintenant changer.
Chapitre 11
Introduction
Nous voici parvenus au chapitre 11 où débute la dernière partie du 2e livre de Samuel. Comme je l’ai amplement souligné, jusqu’à présent David a triomphé tous azimuts et est devenu un roi très puissant. Mais dans la seconde partie de son règne, il ne va avoir que des problèmes qu’il aura lui-même engendrés ; il va éprouver les plus grandes détresses qui sont la conséquence directe de ses péchés ; sa vie va désormais être une série de coups au cœur à cause du jugement de Dieu contre lui.
Verset 1
Je commence à lire.
Au printemps suivant, à l’époque où les rois ont coutume de partir en guerre, David envoya Joab et ses officiers en campagne à la tête de toute l’armée d’Israël. Ils ravagèrent le pays des Ammonites et mirent le siège devant Rabba, leur capitale. David était resté à Jérusalem (2Samuel 11.1).
À cette époque, il y avait une saison propice pour faire la guerre, comme on en a une pour l’ouverture de la truite ou de la chasse. On se battait en fonction de la météo, une fois que les fortes pluies étaient passées. Lors de la guerre du Vietnam, les combats s’arrêtaient durant la mousson parce que tout se transformait en marécages et personne ne pouvait plus avancer. Lors des guerres du Golfe en Irak, il fallait que les hostilités soient terminées avant les fortes chaleurs, etc.
Cela fait maintenant environ 10 ans que l’Éternel a établi David roi sur les 12 tribus ; tous ses ennemis ont été battus sur les champs de bataille et sont désormais soumis à Israël, retranchés chez eux, n’osant pas bouger. Le règne de ce grand roi est à son apogée. Seuls les Ammonites s’obstinent, ce qui leur vaut une nouvelle défaite. Alors, selon leur habitude ils se réfugient dans leur capitale fortifiée s’y croyant en sécurité, mais cette fois-ci les Israélites sont bien décidés à les en déloger.
Cependant, ce tableau quelque peu idyllique est entaché par la petite phrase : David était resté à Jérusalem, comme pour dire : il aurait dû être avec ses soldats au combat. Pourquoi traînait-il donc à Jérusalem ? Sans doute parce que son palais était très luxueux et agréable à vivre, alors que la vie sur les champs de bataille n’est pas très confortable, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est l’abondance et la prospérité qui avaient cloué le grand roi David sur place.
Versets 2-3
Je continue.
Or, vers le soir, après avoir fait la sieste, David se leva et alla se promener sur le toit en terrasse de son palais. De là, il aperçut une femme qui se baignait ; cette femme était très belle. David fit demander qui elle était, et on lui dit : — C’est Bath-Chéba, la fille d’Éliam, l’épouse d’Urie le Hittite (2Samuel 11.2-3).
L’empire hittite avait cessé d’exister vers 1200 ans av. J-C ; cependant, des poches ethniques existaient encore ici et là surtout en Syrie, mais aussi en Israël. Urie signifie : ma lumière, c’est le Seigneur. Bien qu’étranger, ce mercenaire s’était donc assimilé au peuple juif. On ne peut reprocher à David d’aller profiter de l’air frais du soir sur sa terrasse, c’est ce que faisait tout le monde à cette époque. Quant à Bath-Chéba, se sachant si proche du palais, elle aurait pu manifester un peu de retenue.
Mais à mon avis, elle avait un plan derrière la tête ; elle savait très bien ce qu’elle faisait et ce n’est pas par hasard qu’elle se baigne toute nue à portée de la vue du roi. Alors, David tombe dans le panneau et sous ses charmes. Il n’a aucune excuse, d’abord parce qu’il disposait d’autant de femmes et de concubines qu’il voulait, et ensuite parce qu’il a eu tout le temps nécessaire pour se ressaisir.
Versets 4-5
Je continue.
David envoya des messagers la chercher. Elle se rendit chez lui, et il s’unit à elle. Elle venait de se purifier de ses règles. Puis elle retourna dans sa maison. Mais voici qu’elle se trouva enceinte et envoya dire à David : — J’attends un enfant (2Samuel 11.4-5).
L’auteur nous informe de cette façon que Bath-Chéba n’attendait pas d’enfant de son mari, de plus ce pauvre gars était à la guerre depuis longtemps lui. Bath-Chéba a, me semble-t-il, été très satisfaite de se faire inviter dans le lit du roi. Elle était ambitieuse et ne voulait pas rester toute sa vie la femme d’un officier ; elle désirait le roi et son stratagème a marché, car la voilà enceinte de lui. Alors, elle le met devant ses responsabilités.
Maintenant que David a mis les doigts dans un engrenage épouvantable, que va-t-il bien faire pour s’en sortir ? Urie, le mari légitime de Bath-Chéba, était l’un des officiers les plus loyaux de toute l’armée, prêt à donner sa vie pour son roi. D’après la Loi de Moïse, aussi bien David que cette femme étaient passibles de la peine de mort. Je lis les passages :
Quand un homme commet adultère avec une femme mariée, cet homme adultère et la femme adultère seront mis à mort. Si l’on surprend un homme en train de coucher avec une femme mariée, tous les deux, l’homme et la femme, seront mis à mort. Ainsi vous ferez disparaître du milieu d’Israël la souillure qu’entraîne le mal (Lévitique 20.10 ; Deutéronome 22.22).
Sous le régime de la Loi, l’adultère était une faute particulièrement grave. Si aujourd’hui une telle sentence était appliquée, la terre serait beaucoup moins peuplée.
Versets 6-11
Je continue le texte.
Alors David fit parvenir à Joab l’ordre de lui envoyer Urie le Hittite. Joab donna ordre à celui-ci de rejoindre le roi. Urie se présenta à David qui lui demanda des nouvelles de Joab, de l’armée et du déroulement des opérations. Puis David lui dit : — Maintenant, rentre chez toi et repose-toi ! Dès qu’il fut sorti du palais, le roi lui fit porter un présent. Mais Urie ne rentra pas dans sa maison : il se coucha à l’entrée du palais royal en compagnie des gardes de son seigneur. On vint dire à David qu’Urie n’était pas rentré chez lui. Le roi le fit appeler et lui demanda : — Voyons, tu reviens après une longue absence, pourquoi n’es-tu pas rentré chez toi ? Urie lui répondit : — Le coffre sacré, Israël et Juda logent sous des tentes, mon général Joab et ses officiers couchent en rase campagne, et moi, j’irais dans ma maison pour manger, pour boire et pour coucher avec ma femme ! Aussi vrai que tu es vivant, je te jure que je ne ferai jamais pareille chose (2Samuel 11.6-11).
David fait venir Urie sous le faux prétexte de lui demander des nouvelles du front. Il magouille un maximum pour que son officier aille coucher avec sa femme, comme ça il croira que l’enfant qui va naître sera de lui. Mais celui-ci refuse obstinément par solidarité avec le reste de l’armée, et aussi parce que selon la loi, les combattants devaient s’abstenir de relations sexuelles. La conduite admirable d’Urie ne fait qu’exacerber encore davantage la faute que David a commise contre Urie.
Versets 12-13
Je continue.
David lui dit : — Reste encore ici aujourd’hui, demain je te laisserai repartir. Urie resta donc à Jérusalem ce jour-là et le lendemain, David l’invita à manger chez lui. Il le fit boire jusqu’à l’enivrer. Mais le soir, Urie alla quand même se coucher avec les gardes de son seigneur et ne rentra pas chez lui (2Samuel 11.12-13).
David sort alors les grands moyens ; il essaie une nouvelle tactique pour forcer Urie à rentrer chez lui et coucher avec sa femme ; mais même ivre, ce Hittite tient bon. Alors, aux grands maux, les grands remèdes ; le roi frustré décide de frapper un grand coup.
Versets 14-15
Je continue.
Le lendemain matin, David écrivit une lettre à Joab et chargea Urie de la lui remettre. Dans cette lettre il écrivait : — Place Urie en première ligne, là où le combat est le plus rude, puis retirez-vous en arrière pour qu’il soit touché et qu’il meure ! (2Samuel 11.14-15).
La conduite de David fait froid dans le dos ; en fait, elle me donne la nausée. Il donne l’ordre à son général d’armée de faire en sorte que l’officier hittite soit tué au combat. C’est tout simplement un meurtre ! Ironiquement, c’est Urie lui-même qui était le porteur de sa condamnation à mort. S’envoyer la femme du voisin, c’est déjà une faute très grave ; mais faire assassiner son mari en est une toute autre. C’est impardonnable. Et c’est le grand roi d’Israël qui a fait une chose pareille !
Le texte ne cherche absolument pas à excuser le roi, loin de là ! L’auteur nous raconte l’histoire exactement comme elle s’est passée. Ce qui fait le plus mal au ventre dans cette histoire, c’est qu’Urie n’était pas un ennemi de David, tant s’en faut. Au contraire, il était extrêmement loyal à son roi et à Israël. David s’est comporté comme une vraie teigne, un homme retors.
Alors bien sûr, c’est très facile de lui jeter la pierre, surtout que ça m’évite de remettre en question ma façon d’agir. Certes, je n’envisage pas de tuer qui que ce soit, mais ne suis-je pas également coupable d’entourloupettes dans le but d’arriver à mes fins ?
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.