2 Corinthiens 6.11-18
Chapitre 6
Introduction
On a coutume de dire qu’il faut de tout pour faire un monde. En fait, ce dicton est davantage une constatation qu’une obligation. Il y a des tas de prédateurs, assassins et fripouilles dont on se passerait bien volontiers, surtout que le monde ne se porterait que mieux sans eux. Cela dit, non seulement ce souhait est irréalisable, mais il n’est pas non plus possible de transformer notre planète en jardin d’Éden parce que chacun de nous a ses défauts. Certes, certains sont plus visibles et plus grossiers que d’autres, mais d’une manière générale l’état psychologique de la plupart d’entre nous comporte des failles qui sont comme des plaies béantes, et je ne parle pas de notre condition spirituelle qui selon l’enseignement des Écritures est en complète déconfiture. S’il existait quelque part un petit coin de paradis, il suffirait que vous ou moi nous y rendions pour qu’il disparaisse.
Le grand apôtre Paul ne fait pas exception à la règle universelle de corruption totale, car dans son jeune temps, avant de rencontrer le Christ ressuscité, Saul de Tarse est pharisien, religieux jusqu’au bout des ongles, et il dirige une inquisition qui persécute et assassine les chrétiens. À côté de cette occupation machiavélique, cet homme a des qualités remarquables et tout à fait extraordinaires. Il possède une puissance de travail phénoménale ; rien ne l’effraie et il est d’une droiture morale exemplaire.
Versets 11-13
Je continue à lire dans le chapitre 6 de la seconde épître de Paul aux Corinthiens.
Chers Corinthiens, nous venons de vous parler en toute franchise, nous vous avons largement ouvert notre cœur : vous n’y êtes pas à l’étroit, mais c’est vous qui faites preuve d’étroitesse dans vos sentiments. Laissez-moi vous parler comme à mes enfants bien-aimés : rendez-nous la pareille ! Ouvrez-nous, vous aussi, votre cœur ! (2Corinthiens 6.11-13).
L’apôtre a dressé un noble portrait des souffrances qu’il doit subir dans le ministère afin d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Les Corinthiens font partie de ceux à qui Paul s’est donné corps et âme. Maintenant, il va leur faire quelques reproches qu’ils n’ont pas volés, c’est le moins qu’on puisse dire. Cependant, il prend des gants et c’est avec amour que l’apôtre au grand cœur s’adresse à eux. En fait il est très rare qu’il s’adresse directement à ses lecteurs comme ça par leur nom au beau milieu d’une lettre ; il ne le fait que quand il parle en toute intimité à ceux en qui il a pleine confiance et qu’il se sent profondément ému. Il agit pareillement avec les chrétiens de la Galatie, une province romaine qui se trouve alors au centre de ce qui est aujourd’hui la Turquie. Très préoccupé par le déclin des églises de cette région, Paul leur a écrit ce qu’il pense de leur conduite sur un ton plutôt brusque. Mais en plein milieu de sa lettre et alors qu’il les réprimande sans ménagement il s’exclame disant : Ô Galates insensés ! Qui vous a envoûtés ainsi ? (Galates 3.1).
L’apôtre interpelle de la même manière avec amour, et aussi avec gratitude, les chrétiens de Philippes, une ville du sud de la Grèce. En effet, alors qu’il leur écrit, il se remémore avec affection leur soutien financier alors qu’il est dans la misère noire puis emprisonné. Ce souvenir interrompt son train de pensées et c’est alors que rempli de reconnaissance à l’égard des Philippiens, il interjette : « comme vous le savez Philippiens » (Philippiens 4.15). C’est un authentique cri du cœur que pousse l’apôtre.
Dans le présent texte, c’est avec un mélange de frustration et d’affection qu’il dit : « Chers Corinthiens ». Cet appel fait transparaître la profondeur des sentiments affectueux de Paul, car ils sont dictés par un amour authentique.
Contrairement au ton sec qu’il emploie parfois, l’apôtre n’est pas un être de glace, froid comme le métal en plein hiver, car son cœur déborde d’amour pour tous les croyants en général et les Corinthiens en particulier, auxquels il est très attaché bien qu’ils lui aient joué des tours pendables.
Tous ceux qui ouvrent leur cœur aux autres prennent des risques, parce que tôt ou tard ils recevront des coups. Si, comme c’est le cas pour Paul, l’aide qu’il procure aux autres a une forte composante spirituelle, le retour de bâton n’en est que plus brutal. Ceux qui veulent servir le Christ seront persécutés ; c’est lui-même qui l’a dit (Jean 15.18-20).
Depuis le début de cette épître, envers les Corinthiens l’apôtre a été d’une candeur et d’une franchise rafraîchissantes. Il n’a aucune fierté mal placée qu’il cherche à dissimuler sous des faux-semblants. Au contraire, il leur parle avec une tendresse paternelle, déclarant sans aucune réserve son affection pour eux. Il aurait voulu et c’est bien naturel, qu’ils lui rendent la pareille et c’est ce qu’il leur demande maintenant de faire.
Versets 14-15
Je continue le texte.
Ne vous mettez pas avec des incroyants sous un joug qui n’est pas celui du Seigneur. En effet, ce qui est juste peut-il s’unir à ce qui s’oppose à sa loi ? La lumière peut-elle être solidaire des ténèbres ? Le Christ peut-il s’accorder avec le diable ? Que peut avoir en commun le croyant avec l’incroyant ? (2Corinthiens 6.14-15).
Ici, littéralement, le texte dit : « Christ peut-il s’accorder avec Bélial », un mot qui en hébreu signifie « ce qui ne vaut rien, ce qui est méchant ». De là, les Juifs emploient ce mot pour désigner le diable, et c’est un nom propre de Satan.
Tout au long de cette lettre, Paul doit faire face à une fronde ouverte contre son enseignement par un certain nombre de membres de l’église de Corinthe qui sont influencés par des faux apôtres qui se sont introduits dans l’église comme des loups dans une bergerie. Jusqu’à présent, Paul a défendu son autorité apostolique contestée par ses adversaires. Maintenant il aborde une autre source de contentions, de murmures et de tiraillements : les libertés chrétiennes associées aux pratiques païennes.
En lisant l’Ancien Testament, on apprend que l’Éternel a donné la Loi de Moïse à son peuple. Il y est dit entre autres choses de ne pas atteler ensemble un bœuf et un âne, car non seulement ils sont de force inégale, mais surtout, parce que l’un est considéré comme un animal pur et l’autre impur. C’est ce dernier point qui est le plus important car il est directement lié au problème des Corinthiens.
Paul s’adresse aux véritables croyants et les exhorte avec passion à ne pas s’engager dans des alliances boiteuses avec les non-croyants. On pense d’emblée à des unions mixtes lorsque quelqu’un qui se dit disciple du Christ épouse une personne qui a une tout autre orientation spirituelle ou qui n’en a pas du tout. D’un point de vue spirituel, la plupart du temps, ces mariages tournent à la catastrophe.
L’autre situation classique qui peut rapidement devenir une source de conflits est la relation d’affaires à long terme entre deux personnes qui ont des perspectives spirituelles et éthiques du monde différentes. Entre un libertin pour qui l’argent n’a pas d’odeur pourvu qu’on en gagne le plus possible, et un disciple de Jésus-Christ qui désire suivre les enseignements bibliques, les divergences de croyance vont forcément engendrer des tensions. Soit dit en passant que Jésus s’est clairement exprimé sur ce sujet quand il a dit :
Nul ne peut être en même temps au service de deux maîtres, car ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il sera dévoué au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir en même temps Dieu et l’Argent (Matthieu 6.24).
Paul ne suggère évidemment pas qu’un chrétien ne doit jamais entrer en contact avec un non-croyant, surtout que dans sa première épître il a sous-entendu qu’un tel comportement serait absurde. Je le cite :
Dans ma dernière lettre, je vous ai écrit de ne pas avoir de relations avec des personnes vivant dans la débauche. Mais je ne voulais évidemment pas dire par là qu’il faut éviter toute relation avec ceux qui, dans ce monde, mènent une vie de débauche, ou avec les avares, les voleurs ou les adorateurs d’idoles ; car alors il vous faudrait sortir du monde (1Corinthiens 5.9-10).
De toute façon, dans le monde antique, il était très difficile, voire impossible, d’éviter de fréquenter les païens et de vivre en circuit fermé seulement entre chrétiens. Par contre, l’apôtre ne veut pas que les croyants participent aux cultes païens dégénérés et aux orgies qui les accompagnent, ni aux fêtes païennes qui sont de véritables partouses. Quand il rédige cette lettre, Paul a surtout à l’esprit des associations à long terme qui impliquent des compromissions au niveau de la foi. Cela dit, les croyants ont le devoir de faire connaître la Bonne Nouvelle aux païens et pour ce faire, ils sont bien obligés de les côtoyer.
Quand au cours de ses voyages missionnaires, Paul arrive dans une ville nouvelle, son premier souci et d’aller à la synagogue et d’y annoncer que Jésus est le Messie jusqu’à ce qu’on le jette à la rue comme un malpropre. Ce n’est pas parce qu’il donne la priorité aux Juifs qu’il partage leurs croyances. Non, car ça fait belle lurette qu’il a abandonné le Judaïsme. Ce qu’il fait n’est rien d’autre que de la pêche à la ligne. C’est un peu comme quand, avec les copains, on allait pécher un certain poisson de rivière à l’époque où il frayait. On jette un triplar, c’est à dire trois gros hameçons soudés ensemble, dans le banc de poissons où ils se touchent tous, et on ferre des grands coups jusqu’à ce qu’on en harponne un. On en ramenait un plein sac qu’on distribuait à droite et à gauche. En présentant Jésus-Christ dans un fief juif, l’objectif de l’apôtre est d’accrocher en passant ceux que le Saint-Esprit a préparés à recevoir le Messie.
Aux Corinthiens fidèles à Dieu, Paul demande de se séparer aussi bien des faux apôtres que des pratiques païennes. En effet, Paul est inquiet à cause du danger omniprésent qui pèse sur ceux qu’il a gagnés au Seigneur, et d’une façon générale sur toutes les églises qu’il a implantées. Il craint toujours qu’une association trop intime entre un païen et un croyant faible dans la foi puisse détourner ce dernier de son attachement au Seigneur. L’apôtre ne veut pas que les Corinthiens se mettent sous un joug autre que celui de Jésus-Christ. Alors, pour bien mettre les points sur les I, Paul pose 5 questions de rhétoriques auxquelles la réponse est évidente. Ce sont cinq antithèses qui expriment l’abîme immense qui sépare, d’une part, le royaume de Dieu, et d’autre part, le royaume de Satan et de ce monde avec toute la mondanité de la gloire de l’homme qui règne en tout temps et en tout lieu.
Aujourd’hui, dans ce qu’on a coutume d’appeler « la chrétienté », un thème qui fait encore couler beaucoup d’encre est « l’œcuménisme » : comment arriver à une sorte d’unité entre les confessions de foi catholique, protestante et orthodoxe tout en respectant les particularités de chacune ? À priori, cela semble une très bonne idée, mais si on y réfléchit, est-il vraiment possible à un vrai disciple de Jésus-Christ de partager un culte à Dieu avec quelqu’un qui est surtout axé sur le rituel, la liturgie et la tradition ? Moi aussi j’aime bien le sentiment religieux qui peut naître de la solennité qui règne à l’intérieur d’une cathédrale ornée de beaux vitraux et de magnifiques tableaux, et dans laquelle on entend des chants grégoriens. Mais c’est différent du christianisme tel qu’il est révélé dans le Nouveau Testament. Cela dit, je souhaite entretenir des relations cordiales avec toutes les sensibilités religieuses y compris les Juifs et les Musulmans, ainsi que les mystiques orientaux, même si nous avons des points de vue théologiques fort différents.
Verset 16
Je continue le texte.
Quel accord peut-il exister entre le Temple de Dieu et les idoles ? Car nous sommes, nous, le Temple du Dieu vivant. Dieu lui-même l’a dit : J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple (2Corinthiens 6.16).
Paul utilise la cinquième question de rhétorique pour citer et interpréter librement plusieurs passages de l’Ancien Testament. Le premier est tiré des écrits de Moïse. Je le cite :
Je ferai ma demeure au milieu de vous, et jamais je ne vous rejetterai. Je vivrai au milieu de vous : je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. Je suis l’Éternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir d’Égypte et vous ai libérés de l’esclavage (Lévitique 26.11-13).
Sous le régime actuel de l’église et de la grâce, le Temple du Dieu vivant n’est plus une construction en dur aussi magnifique soit-elle, mais l’ensemble de ceux qui ont personnellement placé leur foi et leur espérance en Jésus-Christ. Paul l’a déjà dit aux Corinthiens dans sa première épître et il précise davantage sa pensée dans son épître aux Éphésiens. Je cite les deux passages en les compressant :
Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Car son temple est saint, et vous êtes ce temple. Dieu vous a intégrés à l’édifice qu’il construit et dont Jésus-Christ lui-même est la pierre principale. En lui toute la construction s’élève, bien coordonnée, afin d’être un temple saint dans le Seigneur, pour former une demeure où Dieu habite par l’Esprit (1Corinthiens 3.16 ; Éphésiens 2.20-22).
Le Christ est la pierre d’angle sur laquelle repose l’Église universelle composée de tous les croyants. Dans son épître aux Colossiens (1.18), Paul explique aussi que Jésus est la tête de l’Église et celle-ci est son corps. De plus, l’apôtre Pierre écrit que l’église universelle est un temple spirituel constitué de pierres vivantes, c’est-à-dire de tous ceux qui ont vraiment placé leur foi en Jésus-Christ. Je lis ce passage :
Le Seigneur est la pierre vivante que les hommes ont rejetée mais que Dieu a choisie et à laquelle il attache une grande valeur. Approchez-vous donc de lui, et puisque vous êtes vous aussi des pierres vivantes, édifiez-vous pour former un temple spirituel et pour constituer un groupe de prêtres consacrés à Dieu, chargés de lui offrir des sacrifices spirituels qu’il pourra accepter favorablement par Jésus-Christ (1 Pierre 2.4,5).
Verset 17
Je continue avec la suite des citations de Paul.
C’est pourquoi : Sortez du milieu d’eux, séparez-vous d’eux, dit le Seigneur. N’ayez pas de contact avec ce qui est impur, alors je vous accueillerai (2Corinthiens 6.17).
Ce verset est une synthèse de passages de deux prophètes de l’Ancien Testament qui concernent la rédemption d’Israël. Je les cite en les compressant :
L’Éternel a manifesté sa puissance et sa sainteté aux yeux de toutes les nations, Partez, partez, sortez de là, ne touchez rien d’impur ! Sortez de cette ville ! Purifiez-vous… Je vous recevrai comme un parfum d’une agréable odeur, quand je vous aurai fait sortir du milieu des peuples… (Ésaïe 52.10-11 ; Ézéchiel 20.41).
Comme je l’ai déjà expliqué, les prophéties de l’Ancien Testament ont souvent un accomplissement immédiat et une portée lointaine qui peut même se faire en plusieurs temps. Ici, ces paroles visent d’abord Israël mais également l’Église. Paul applique le principe énoncé aux Corinthiens et par extension à tous les chrétiens. Dans tous les cas, le peuple de Dieu est tiré du monde païen duquel il se sépare afin de devenir un peuple consacré au Seigneur. Cette séparation peut entraîner la perte de parents, d’amis et des moyens d’existence, ainsi que le renoncement à des relations apparemment innocentes. Mais le Dieu trois fois saint promet de demeurer parmi son peuple, et il ne peut y avoir aucun compromis avec un style de vie contraire à sa nature.
Lors de la conquête du pays promis, les Israélites se sont trouvés face à la ville imprenable de Jéricho. Ils ont alors invoqué l’Éternel qui l’a miraculeusement démolie. Mais pendant la bataille, l’un des chefs s’est emparé de certains objets qui avaient été voués par interdit à l’Éternel au lieu de les donner à Josué. Cette faute grave entraîna la défaite de l’armée d’Israël devant Aï, une toute petite ville état insignifiante. Je lis des extraits de cette histoire :
L’Éternel dit à Josué : Israël a commis un péché. On a transgressé l’alliance que j’avais établie pour eux. On a pris des objets qui m’étaient voués, on en a dérobé, caché et mis dans ses propres affaires. Maintenant, lève-toi, Josué, convoque le peuple et dis-leur : Vous avez au milieu de vous, Israélites, ce qui m’est voué. Vous ne pourrez pas résister à vos ennemis tant que vous n’aurez pas ôté cela du milieu de vous. Akân répondit à Josué : C’est vrai, j’ai commis une faute envers l’Éternel, le Dieu d’Israël. J’ai vu dans le butin un magnifique manteau de Babylone, deux cents pièces d’argent et un lingot d’or d’une livre. J’en ai eu fortement envie, alors je m’en suis emparé (Josué 7.11, 13, 20-21).
Les croyants sont évidemment appelés à se séparer des péchés capitaux et les gros vices classiques comme le vol, l’adultère ou l’ivrognerie, mais aussi de cet esprit mondain qui les environne et les cerne de toutes parts comme la fierté mal placée, les commérages, la médisance, les excès du manger, la dernière mode et autres formes de vanité tels les tatouages et les piercings qui sont dégradants et interdits par Dieu. Le style de vie d’un chrétien doit non seulement inclure les préceptes moraux des commandements divins, mais aussi exclure certaines valeurs prônées par notre société occidentale décadente telles que le désir de grandeur, de s’enrichir ou de séduire.
Verset 18
Je finis de lire le chapitre 6 de la seconde épître aux Corinthiens.
Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur, le Tout-Puissant (2Corinthiens 6.18).
Ici encore, Paul tire la substantifique moelle d’un passage prophétique de l’Ancien Testament que je cite :
Moi l’Éternel je dirai au septentrion : Rends-les et au midi : Ne les retiens donc pas, fais revenir mes fils des pays éloignés, fais revenir mes filles des confins de la terre, oui, tous ceux qui portent mon nom et que j’ai créés pour ma gloire, que j’ai formés, oui, que j’ai faits (Ésaïe 43.6-7).
Ce texte est bien sûr destiné en premier lieu aux Israélites qui ont été emmenés captifs à Babylone. Paul vient d’appliquer aux Corinthiens une suite de passages prophétiques de l’Ancien Testament. Il a montré que tous les croyants, qu’ils soient d’origine juive ou païenne, bénéficient de certains privilèges que ne possédaient pas Israël. Le peuple de Dieu de l’Ancienne ou de la Nouvelle Alliance, est appelé à se séparer du monde et à entretenir une relation intime avec Dieu. Tous les croyants ont le statut d’enfant vis-à-vis de leur Père céleste. Je cite deux passages du Nouveau Testament :
Celui qui est la Parole est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli. Certains pourtant l’ont accueilli ; ils ont cru en lui. À tous ceux-là, il a accordé le privilège de devenir enfants de Dieu. Ce n’est pas par une naissance naturelle, ni sous l’impulsion d’un désir, ou encore par la volonté d’un homme, qu’ils le sont devenus ; mais c’est de Dieu qu’ils sont nés. Puisque vous êtes bien ses fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, c’est-à-dire “ Père ” (Jean 1.11-13 ; Galates 4.6).
Cette séparation du croyant de l’esprit du monde a lieu au moment de la nouvelle naissance qui est spirituelle et entièrement une œuvre divine. Le croyant est ensuite appelé à obéir à son Père céleste, à vivre d’une manière digne de son nouvel état de fils ou fille de Dieu. Mais s’il ne marche pas droit, il subira la discipline divine comme l’écrit l’auteur de l’épître aux Hébreux. Je le cite :
Mon fils, ne prends pas à la légère la correction du Seigneur et ne te décourage pas lorsqu’il te reprend. Car le Seigneur corrige celui qu’il aime : il châtie tous ceux qu’il reconnaît pour ses fils. Supportez vos souffrances : elles servent à vous corriger. C’est en fils que Dieu vous traite. Quel est le fils que son père ne corrige pas ? Nos parents nous corrigeaient pour un temps limité, selon leurs idées, mais Dieu, c’est pour notre bien qu’il nous corrige, afin de nous faire participer à sa sainteté. Certes, sur le moment, une correction ne semble pas être un sujet de joie mais plutôt une cause de tristesse. Mais par la suite, elle a pour fruit, chez ceux qui ont ainsi été formés, une vie juste, vécue dans la paix (Hébreux 12.5-7, 10-11).
Contrairement à une idée reçue, mettre sa foi en Jésus-Christ n’est pas la solution de facilité, mais bien plutôt le contraire puisque le croyant est appelé à mener une vie de sainteté et de vertu.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.