1 Rois 18.19 – 19.4
Introduction
Bien que nous vivions dans un milieu païen, il existe quand même des personnes qui cherchent la vérité, qui voudraient une réponse aux grandes questions de la vie : D’où je viens, pourquoi je suis sur terre et qu’y a-t-il après ? Mais trouver qui détient la vérité n’est pas tâche facile car il existe paraît-il plus de 4 000 religions, sectes ou ismes parmi lesquels on peut choisir. Comment donc savoir qui dit vrai et quelle est la bonne voie ? De tous les peuples, les Israélites du royaume des X tribus, sont les mieux placés pour savoir que l’Éternel seul est Dieu car c’est l’enseignement par excellence de la loi de Moïse. Mais assez curieusement, ils se posent la question maintenant qu’ils ont sombré dans l’idolâtrie la plus sordide. C’est alors qu’intervient Élie, le prophète de l’Éternel. Voulant prouver au peuple qu’il est le seul vrai Dieu, il lance un défi à tous les prêtres qui servent les idoles Baal et Astarté. Il demande donc au roi apostat Achab de les rassembler pour le combat des chefs.
Verset 19
Je continue à lire dans le chapitre 18 du livre des Rois en compressant tout au long.
Maintenant, convoque tout Israël en ma présence sur le mont Carmel. Tu y rassembleras aussi les quatre cent cinquante prophètes de Baal et les quatre cents prophètes de la déesse Achéra qui sont tous entretenus par la reine Jézabel (1Rois 18.19).
Achéra ou Astarté, est l’épouse de Baal, il est donc normal que ces 850 prophètes coopèrent. En tout cas, ils témoignent que la pratique des cultes idolâtres avait pris une ampleur considérable dans le royaume du Nord. La confrontation a lieu sur le mont Carmel. A son extrémité nord-ouest il forme un promontoire qui domine la Méditerranée et la baie de Saint-Jean d’Acre. Il est couronné par un monastère des Carmélites dédié à Élie. Le théâtre de la scène qui va suivre a probablement eu lieu un peu au sud-est de ce promontoire, sur un plateau pierreux appelé El-Mohraka, ce qui veut dire « l’endroit brûlé ». Les pentes douces ont permis aux Israélites rassemblés de voir ce qui se passait. Les Phéniciens croyaient que le mont Carmel était sacré parce que, disaient-ils, c’était la résidence de Baal. En théorie, puisque le combat des chefs aura lieu chez lui, ses prêtres et ceux d’Astarté disposent d’un réel avantage sur Élie. Le roi Achab accepte le défi lancé par le prophète Élie parce qu’à cause de la sécheresse et la famine, la détresse est grande et qu’il faut y mettre fin d’une manière ou d’une autre.
Versets 20-24
Je continue.
Achab envoya des messagers à tous les Israélites et il rassembla les prophètes sur le mont Carmel. Alors Élie s’avança devant tout le peuple et s’écria : — Combien de temps encore sauterez-vous des deux côtés ? Si l’Éternel est le vrai Dieu, suivez-le. Si c’est Baal, alors ralliez-vous à lui ! Mais le peuple ne lui répondit pas un mot. Élie poursuivit : — Je suis le seul prophète de l’Éternel qui reste et il y a quatre cent cinquante prophètes de Baal. Qu’on nous amène deux taureaux ; qu’ils choisissent pour eux l’un d’eux, qu’ils le découpent et qu’ils en disposent les morceaux sur le bois, mais sans y allumer de feu. Je ferai de même avec l’autre taureau : je le placerai sur le bois et je n’y mettrai pas le feu. Puis vous invoquerez votre dieu, et moi j’invoquerai l’Éternel. Le dieu qui répondra en faisant descendre le feu, c’est celui-là qui est Dieu. Tout le peuple répondit : — D’accord ! C’est bien ! (1Rois 18.20-24).
Les Israélites ne savent plus qui est le vrai Dieu. Alors quand ils entendent qu’un prophète de l’Éternel lance un défi à plusieurs centaines de prêtres de Baal et d’Astarté, ils viennent par miliers comme on irait à un match de foot. Une réelle bataille va s’engager dont l’enjeu n’est pas de démontrer lequel des dieux est le plus grand, mais lequel est le vrai Dieu, l’autre n’étant que néant. Les 3 années de sécheresse sont très embarrassantes pour les adorateurs de Baal, le dieu de l’orage qui est la divinité la plus prisée des Sémites de Syrie et des Israélites du Nord. Selon les Écritures, c’est l’Éternel, le créateur du ciel et de la terre qui détient le pouvoir sur la foudre, qui contrôle la pluie et la fertilité du sol. Dans les Psaumes on lit :
Un feu dévorant sort de sa bouche. La voix de l’Éternel retentit sur les eaux, Dieu, dans sa gloire, fait gronder le tonnerre. La voix de l’Éternel retentit avec force. La voix de l’Éternel foudroie les cèdres. Elle fait jaillir des éclairs. Tu fais des vents tes messagers, les éclairs sont tes serviteurs (Psaumes 18.9 ; 29.3-7 ; 104.4).
D’un point de vue historique, la confrontation d’Élie avec les prêtre idolâtres a sauvegardé le culte du vrai Dieu. En effet, comme les deux royaumes israélites vont s’unir par des alliances matrimoniales, si le Seigneur n’avait pas suscité Élie à ce moment précis, la connaissance de l’Éternel en Israël et en Juda aurait pu disparaître totalement.
Sera donc reconnu comme le vrai Dieu, celui qui embrasera les sacrifices. Le duel va commencer et chacun retient son souffle.
Versets 25-26
Je continue.
Élie se tourna vers les prophètes de Baal et leur dit : — Choisissez pour vous l’un des taureaux et préparez-le les premiers, car vous êtes les plus nombreux ; puis invoquez votre dieu, mais ne mettez pas le feu au bois. On leur donna le taureau et ils le prirent et le préparèrent. Puis ils invoquèrent Baal, du matin jusqu’à midi, en répétant : — Ô Baal, réponds-nous ! Mais il n’y eut ni voix ni réponse. Ils sautaient d’un côté et d’autre autour de l’autel qu’ils avaient dressé (1Rois 18.25-26).
Il semble que les prêtres d’Astarté, mieux avisés que ceux de Baal, ne soient pas venus à la confrontation car on les retrouve plus loin (1 Rois 22.6). Les sautillements extatiques des prêtres de Baal sont destinés à obtenir une réponse à leur prière. Ces agissements sont similaires à ce qu’on peut voir dans les vieux films de cow-boys lorsque les indiens sur le sentier de la guerre se livrent à des danses en vue d’obtenir la victoire au combat. En Orient, les derviches danseurs font pareil. Les prêtres de Baal ont mis du cœur à l’ouvrage; ils crient, ils dansent, ils sautent. Élie est assis, le sourire en coin à les regarder. Le peuple est massé en silence et attend que le vrai Dieu se manifeste.
Verset 27
Je continue.
Vers midi, Élie se moqua d’eux et leur dit : — Criez plus fort ! Puisqu’il est dieu, il doit être plongé dans ses réflexions, ou il a dû s’absenter, ou bien il est en voyage ! Ou peut-être dort-il et faut-il le réveiller (1Rois 18.27).
La satire d’Élie est le meilleur commentaire qui ait été fait des mythologies païennes. Son ironie mordante est calquée sur les représentations très humaines que les païens se font de leurs dieux.
Versets 28-29
Je continue.
Les prophètes crièrent à tue-tête et se firent, selon leur coutume, des incisions dans la peau à coups d’épées et de lances jusqu’à ce que le sang ruisselle sur leur corps. L’heure de midi était passée et ils demeurèrent encore dans un état d’exaltation jusqu’au moment de l’offrande du soir. Mais il n’y eut ni voix, ni réponse, ni aucune réaction (1Rois 18.28-29).
Les prêtres de Baal sont maintenant hystériques comme les derviches hurleurs. C’est du grand spectacle mais toujours sans résultat. Les pratiques païennes qui consistent à se faire des incisions, du body piercing en quelque sorte, sont largement attestées par les découvertes archéologiques ; elles sont strictement interdites par la Loi de Moïse.
Versets 30-33
Je continue.
Alors Élie ordonna à tout le peuple : — Approchez-vous de moi ! Élie rétablit l’autel de l’Éternel qui avait été démoli. À cet effet, il prit douze pierres, une pour chacune des tribus des descendants de Jacob, à qui l’Éternel avait déclaré : “ Tu t’appelleras Israël. ” Il rebâtit avec ces pierres un autel dédié à l’Éternel. Autour, il creusa une rigole capable de contenir une trentaine de litres. Puis il disposa des bûches de bois sur l’autel, dépeça le taureau, plaça les morceaux de viande sur le bois (1Rois 18.30-33).
C’est l’heure de l’offrande du soir pour ceux qui adorent à la fois Baal et l’Éternel. Élie vient de se redresser. Sa silhouette majestueuse, solitaire calme et impassible, se détache des centaines de prêtres qui sautillent, agités de soubresauts incontrôlés. Élie a fini de se moquer d’eux et l’heure est venue de passer à l’action. Comme les prêtres de Baal ont lamentablement échoué, le peuple se tourne vers Élie et l’observe alors qu’il remet en état l’autel de l’Éternel qui a été démoli. Soit cet autel date d’avant la construction du temple, soit il a été construit par des Israélites fidèles à l’Éternel puis démoli par les prêtres de Baal. Ensuite, Élie prend 12 pierres qui rappellent l’unité du peuple. Les mots et l’action d’Élie sont une condamnation implicite du schisme de la nation d’Israël en deux royaumes. Finalement, il apprête le sacrifice.
Versets 34-36
Je continue.
Élie ordonna : — Remplissez quatre cruches d’eau et répandez-la sur l’holocauste et sur le bois. On fit ainsi. — Faites-le encore une fois, ordonna-t-il. Ils le firent. — Une troisième fois ! Et ils le firent une troisième fois. L’eau se répandit autour de l’autel et remplit la rigole. À l’heure habituelle de l’offrande du soir, le prophète Élie s’approcha de l’autel et pria : — Éternel, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, que l’on sache aujourd’hui que c’est toi qui es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur et que j’ai fait tout cela sur ton ordre ! (1Rois 18.34-36).
Nous sommes en pleine sécheresse, et pourtant Élie demande 3 fois qu’on arrose l’autel, le sacrifice et qu’on remplisse la rigole pour accentuer le miracle qui va avoir lieu. De toute façon, ce n’est pas 12 cruches d’eau qui vont arrêter le feu de Dieu. Il est environ 15 heures et c’est comme si le clocher du village venait tout juste de sonner trois fois. On est au moment de la journée où, dans le culte lévitique on offre à l’Éternel le deuxième holocauste de la journée. Élie fait alors une prière solennelle, mais simple qui contraste avec les singeries théâtrales des prêtres de Baal. Il invoque le Dieu d’Israël en rappelant son lien avec les ancêtres de la nation et en utilisant le nom avec lequel il s’est fait connaître à Moïse et aux Hébreux. Je lis ce passage :
Tu diras aux Israélites : L’Éternel, le Dieu de vos ancêtres, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob m’a envoyé vers vous. C’est là mon nom pour l’éternité, c’est sous ce nom que l’on se souviendra de moi pour tous les temps (Exode 3.15).
A mon avis, les prêtres de Baal doivent se sentir de plus en plus mal dans leurs sandales. Déjà, Élie les a raillés en se moquant d’eux publiquement. Il ne manque plus qu’un éclair vienne mettre le feu au sacrifice en l’honneur de l’Éternel pour que leur compte soit bon.
Versets 37-39
Je continue la prière d’Élie et le récit de la manifestation glorieuse du Dieu d’Israël.
Réponds-moi, Éternel, réponds-moi, afin que ce peuple sache que c’est toi, Éternel, qui es le vrai Dieu, et que c’est toi qui veux ramener leurs cœurs à toi comme autrefois. Le feu de l’Éternel tomba du ciel, et consuma l’holocauste, le bois, les pierres et la terre, et il réduisit en vapeur l’eau de la rigole. Quand le peuple vit cela, tous tombèrent le visage contre terre en s’écriant : C’est l’Éternel qui est Dieu ! C’est l’Éternel qui est Dieu ! (1Rois 18.37-39).
Dès qu’Élie a terminé sa prière et précisé sa mission, un spectacle son et lumière se déclenche. Le feu du ciel venu de nulle part allume un immense brasier. L’Éternel manifeste sa grandeur et approuve son prophète. En un instant tout est consumé, même la pierre et la terre. Le moment est dramatique et arrache enfin aux cœurs des Israélites stupéfaits le cri d’adoration qui manque à leur vie. Cette émotion du moment n’a pas de racines suffisamment profondes pour durer, mais il est certain que cette scène fantastique a dû faire une impression salutaire sur le peuple.
Verset 40
Je continue.
Élie leur ordonna : — Saisissez les prophètes de Baal, qu’aucun d’eux ne s’échappe ! Ils se saisirent d’eux. Élie les fit descendre dans le ravin du Qichôn pour les y égorger (1Rois 18.40).
Houlà ! Élie profite de la stupéfaction du peuple et du roi pour ordonner l’exécution des faux prophètes car ils sont coupables du crime de lèse-majesté. L’exécution a lieu au pied de la montagne et les cadavres sont jetés à la mer. Élie n’a fait qu’appliquer les prescriptions de la Loi de Moïse. J’en lis deux petits passages :
Ce (faux) prophète sera puni de mort pour avoir prêché la désobéissance à l’Éternel votre Dieu, qui vous a fait sortir d’Égypte et vous a libérés de l’esclavage. Ainsi, vous ferez disparaître le mal du milieu de vous. Si un prophète a l’audace de parler au nom d’autres divinités, il sera mis à mort (Deutéronome 13.6 ; 18.20).
Versets 41-43
Je continue le texte.
Ensuite, Élie dit à Achab : — Allez, va manger et boire, car j’entends le grondement qui annonce l’averse. Achab alla manger et boire, tandis qu’Élie montait vers le sommet du mont Carmel où il se prosterna jusqu’à terre, le visage entre les genoux. Il dit à son jeune serviteur : — Monte plus haut et regarde du côté de la mer. Celui-ci monta, scruta l’horizon et revint dire : — Je ne vois rien. Élie l’envoya sept fois pour regarder (1Rois 18.41-43).
Maintenant que le peuple reconnaît que l’Éternel seul est digne d’adoration, Élie dit à Achab d’aller dans sa tente pour manger pendant que lui va prier l’Éternel pour que cette période de sécheresse prenne fin. Il sait très bien que Dieu va faire pleuvoir puisqu’il l’a promis, mais c’est de toute son âme qu’il intercède. Élie prie avec intensité et persévérance comme si c’était la force de sa prière qui va forcer l’Éternel à intervenir, et c’est un peu ça ! Ce n’est pas que Dieu ait besoin de nos intercessions, mais il les désire. La prière fait partie des mystères de Dieu qu’il ne nous est pas vraiment possible de comprendre. Tout ce que je peux faire est de suivre les instructions qui me sont données dans les Écritures.
Versets 44-46
Je continue jusqu’à la fin du chapitre 18.
À la septième fois, le serviteur annonça : — Je vois venir un petit nuage qui s’élève de la mer, il n’est pas plus grand que la main d’un homme. Alors Élie lui ordonna : — Va dire à Achab : “ Dépêche-toi d’atteler ton char et de rentrer chez toi, sinon la pluie te bloquera. ” Déjà, de tous côtés, le ciel s’obscurcissait d’épais nuages poussés par un vent de tempête. Soudain, une pluie torrentielle se mit à tomber. Achab monta sur son char et partit pour Jizréel. Rempli de force par l’Éternel, Élie serra sa ceinture autour des reins et courut devant le char du roi Achab jusqu’à l’entrée de Jizréel (1Rois 18.44-46).
Du sommet du mont Carmel, le serviteur d’Élie domine la Méditerranée et a pu voir poindre à l’horizon ce petit nuage blanc qui s’est transformé en d’immense cumulo-nimbus noirs, qui ont soudainement déversé des trombes d’eau sur tout le pays. En Palestine, les premières pluies d’automne, très violentes forment des torrents qui empêchent toute circulation ; c’est le cas ici où à cause de la sécheresse prolongée, le sol devenu dur comme du fer absorbe très mal l’eau de pluie. Maintenant le peuple sait que l’absence de pluie n’était pas un simple accident de la nature mais un jugement de l’Éternel, car cette malédiction a pris fin de la même manière qu’elle avait commencé : par l’intercession du prophète Élie. Achab a eu une journée chargée d’émotions fortes. Il se dépêche de rentrer chez lui dans sa résidence d’hiver située dans la vallée de Jizréel à 30 km à l’est du mont Carmel et à 85 km de Jérusalem. Quant à Élie, gonflé par sa victoire éclatante et par l’Éternel, il se laisse pousser des ailes, pourrait-on presque dire, pique un galop et passe devant le roi Achab comme un coursier à son service. Il faut dire que ce fut une mauvaise journée pour le couple royal car Jézabel a aussi été ridiculisée par la défaite et la mise à mort des faux prophètes de Baal. Mais elle n’a pas dit son dernier mot.
Chapitre 19
Versets 1-2
Nous arrivons au chapitre 19 qui décrit la confrontation entre la reine Jézabel et le prophète Élie qui va malheureusement s’effondrer. Je commence à lire.
Achab raconta à la reine Jézabel tout ce qu’avait fait Élie et comment il avait fait périr par l’épée tous les prophètes de Baal. Alors Jézabel envoya un messager à Élie pour lui dire : — Que les dieux me punissent très sévèrement si demain, à la même heure, je ne t’ai pas fait subir le sort que tu as infligé à chacun de ces prophètes ! (1Rois 19.1-2).
Comme un petit garçon qui va raconter à sa maman qu’on l’a battu, Achab vient se plaindre à sa femme. Jézabel folle et furieuse utilise une formule d’imprécation ; elle jure comme un charretier s’obstinant dans son idolâtrie et dans sa persécution des prophètes de l’Éternel.
Versets 3-4
Je continue.
Élie prit peur et s’enfuit pour sauver sa vie. Il se rendit d’abord à Beer-Chéba, dans le territoire de Juda, où il laissa son jeune serviteur. Puis il s’enfonça dans le désert. Après avoir marché toute une journée, il s’assit à l’ombre d’un genêt isolé et demanda la mort : — C’en est trop, dit-il ! Maintenant Éternel, prends-moi la vie, car je ne vaux pas mieux que mes ancêtres ! (1Rois 19.3-4).
Après avoir reçu le message de Jézabel, Élie, qui jusque-là est comme le chevalier Bayard sans peur et sans reproche, perd tous ses moyens et son courage lui fait défaut. Alors que pendant des années il a fait confiance à Dieu, maintenant voilà qu’il panique. Terrorisé, il prend les jambes à son cou et s’enfuit jusqu’à l’extrême sud de Juda. Là, il laisse son serviteur et toujours en proie à une panique irrationnelle, il parcourt encore 25 km dans le désert du Néguev. Sa réaction ne ressemble pas à celle d’un homme qui a défié 450 prophètes. Il a prié intensément pour que l’Éternel fasse un miracle et embrase l’autel des sacrifices, puis pour qu’il fasse pleuvoir. Il a combattu pour l’Éternel, il a vécu des moments intenses et maintenant, après sa victoire, le prophète n’en peut plus, il est au bout du rouleau, fatigué, physiquement épuisé, mentalement vidé et ses émotions lui jouent un mauvais tour. Il avait cru et espéré en un retour du peuple à son Dieu et en un changement dans l’attitude religieuse de la cour et du roi. Au lieu de cela, il se retrouve dès le lendemain en face de la même situation qu’auparavant. Achab est toujours l’instrument docile de la féroce Jézabel et personne ne bougera le petit doigt pour le défendre. Il est donc amèrement déçu et fait une grosse déprime. Et puis ce qui n’arrange rien est qu’il doit se sentir culpabilisé parce qu’au lieu de faire confiance en Dieu, il se sauve comme un voleur. Cette prise de conscience de sa faiblesse et de son manque de foi le déprime. Il est vrai qu’Élie est dans de mauvais draps puisque sa tête est mise à prix, mais son problème est d’avoir détourné les yeux de l’Éternel et d’avoir regardé sa situation. Finalement, au bout d’un jour de marche dans le désert, Élie s’effondre, accablé d’amertume et d’épuisement. Il avait fait de la cause de l’Éternel l’unique intérêt de sa vie, mais le retour du peuple d’Israël à son Dieu n’a pas eu lieu, il n’a donc plus rien à faire ici-bas qu’à mourir. L’Éternel a laissé son serviteur faire comme il voulait mais il ne l’a pas abandonné; il veut et va le faire avancer d’un pas de plus dans sa foi en Dieu. Ce que vient de vivre Élie me rappelle ce qui est arrivé à l’apôtre Pierre quand il marchait sur les eaux. Tant qu’il gardait les yeux fixés sur Jésus, tout allait bien. Et puis, je lis le passage :
Mais quand il remarqua combien le vent soufflait fort, il prit peur et, comme il commençait à s’enfoncer, il s’écria : — Au secours ! Seigneur ! Immédiatement, Jésus lui tendit la main et le saisit. — Ta foi est bien faible ! lui dit-il, pourquoi as-tu douté ? (Matthieu 14.30-31).
Loin de moi cependant de jeter la pierre à Élie ou à Pierre, car moi aussi j’ai une foi qui vacille.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.