Les études

30 mars 2022

#08 Poussée par le désir (Cantique des cantiques 6.11-8.4)

Dix-neuvième cliché.

Je venais de descendre au jardin des noyers pour regarder les pousses dans le vallon et pour voir si la vigne avait déjà fleuri et si les grenadiers étaient en fleurs. Je ne sais pas comment mon désir m’a poussée au milieu des chars de mon prince. Reviens, reviens, ô Sulamite ! Reviens, reviens, que nous puissions te contempler. Pourquoi voulez vous contempler la Sulamite comme un spectacle de danse ? (Cantique 6.11-13).

Retour en arrière. Suite à leurs difficultés de couple, Salomon était allé dans leur jardin secret attenant à une vigne (6.2) parce que c’est là que les deux amoureux aimaient se retrouver. La Sulamite décide de s’y rendre également pour voir si l’amour que lui porte son époux fleurit autant que les premiers signes du printemps et aussi pour se faire pardonner son indifférence (Cantique 5.3). Elle n’est pas déçue puisque, d’une part, elle a été reçue par un chant d’éloges (Cantique 6.4-9), et d’autre part, on apprend que suite à leur réconciliation, Salomon a comblé son désir de monter sur son chariot à la tête du cortège royal. Alors qu’ils partent, le chœur des filles de Jérusalem demande à la Sulamite de revenir pour qu’elles puissent l’admirer davantage. Mais elle ne veut être contemplée que par son bien-aimé.

Nous arrivons au vingtième cliché.

Que tes pas sont gracieux dans tes sandales, fille de prince ! Le contour de tes cuisses et de tes hanches ressemble à un collier, une œuvre de mains d’artiste. Ton bas-ventre est comme une coupe bien arrondie où le vin parfumé ne manque pas. Ton ventre est beau comme une meule de blé bordée de lis. Tes deux seins sont deux faons jumeaux d’une gazelle. Ton cou est majestueux. Tes yeux ressemblent à des étangs et tu es fière d’allure. Tes longs cheveux ont des reflets de pourpre. Le roi est enchaîné par tes boucles. Que tu es belle et gracieuse, ô mon amour, au-delà de tous les délices. Ta taille est élancée et gracieuse comme un palmier, et tes seins en sont les grappes. Alors j’ai dit : “ je monterai sur le palmier et j’en saisirai les grappes. ” Que tes seins soient pour moi des grappes de dates ! Ton haleine est comme de la pomme et ton palais distille le vin le plus exquis. Oui, un bon vin qui coule pour mon bien-aimé et glisse sur les lèvres de ceux qui s’assoupissent. Je suis à mon bien-aimé et c’est moi qu’il désire (Cantique 7.2-11 ; cp Proverbes 5.18-19).

Cette seconde nuit d’extase est encore plus épicée et voluptueuse que la nuit de noces parce qu’elle ne vise pas d’autre but qu’entretenir la flamme de leur amour et que de jouir l’un de l’autre. Salomon contemple dix parties du corps de sa bien-aimée, et le moins qu’on puisse dire, est qu’il a devant lui une créature de rêve qui est aussi fière d’allure. Ses yeux clairs, étincelants et purs font penser à une nappe d’eau, qui comme un miroir réfléchit l’azur du ciel. L’éclat de ses cheveux couronne son joli corps, et comme un filet, ses boucles capturent agréablement le roi. La stature élancée de sa bien-aimée et ses seins sont comme un palmier avec ses fruits qui sont prêts à être dégustés. Toutes les métaphores sont une manière poétique et délicate de dire que Salomon a embrassé la totalité du corps de son épouse, qu’il a goûté d’elle, qu’il s’en est rassasié et qu’elle a pleinement satisfait sa faim et sa soif et qu’il est comblé. Alors qu’il dit combien les baisers de sa bien-aimée sont délectables et qu’ils sont passionnément engagés à s’enlacer, elle prend la parole pour dire qu’elle veut satisfaire tous les désirs de son époux. Puis ayant trouvé paix et sérénité auprès de sa bien-aimée, lui s’endort paisiblement et la Sulamite conclut cette scène d’amour en disant « c’est moi qu’il désire », un mot qui signifie une envie passionnée dévorante.

Vingt-et-unième cliché.

Viens, mon bien-aimé, sortons dans la campagne. Nous passerons la nuit dans les villages et nous nous lèverons de bonne heure pour aller voir si les vignes et les grenadiers qui fleurissent. Là je te ferai l’amour. Les mandragores exhalent leur parfum et nous avons toutes sortes de fruits exquis anciens et nouveaux. Je les ai réservés pour toi, mon bien-aimé. Quel dommage que tu ne sois pas mon frère allaité par ma mère, car alors je pourrais t’embrasser dehors sans que l’on me méprise, je pourrais t’emmener et te faire entrer au foyer de ma mère. Là tu m’enseignerais et je te ferais boire du bon vin parfumé de mon jus de grenades. Que son bras gauche soutienne ma tête et que son bras droit m’enlace. Ô filles de Jérusalem, je vous en conjure, n’éveillez pas, non, ne réveillez pas l’amour avant qu’il ne le veuille (Cantique 7.12-8.4 ; cp Cantique 4.1-51 ; 7.2-11).

Nouvel épisode torride. Dans l’ancien Proche-Orient, les marques d’affection publiques étaient très mal considérées sauf entre membres de la même famille. Les mandragores, appelées « pommes d’amour », sont des fruits aux vertus aphrodisiaques. La Sulamite profite d’une promenade dans la campagne, pour exprimer sans détour son désir de s’unir à son bien-aimé. En remarquant que les signes du printemps sont présents partout, elle veut l’imiter et offrir à son époux des fruits familiers qu’il a déjà goûtés, mais aussi de nouvelles caresses. Elle crée un jeu de rôle dans lequel elle est à la fois la sœur aînée qui emmène son frère dans la maison familiale, et une fille ingénue à qui son bien-aimé enseigne comment faire l’amour. Elle joue avec son époux comme s’il était un frère, un maître et un amant. Puis, une fois dans la maison familiale, elle lui fait boire du bon vin parfumé de son jus de grenades, c’est à dire qu’elle lui présente ses seins pour qu’il les couvre de baisers. Alors qu’ils sont engagés dans des relations intimes, elle supplie les filles de Jérusalem de ne pas les déranger. Mais comme je l’ai déjà dit, leur apparition est un procédé littéraire qui signale un changement de scène.

avril 26 2024

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