#03 Le chœur, les filles de Jérusalem (Cantique des cantiques 1.5-14)
Second cliché du paparazzo.
Ô filles de Jérusalem, je suis bronzée et pourtant, je suis belle. Ne vous étonnez pas si je suis bien brunie, le soleil m’a hâlée, car les fils de ma mère, irrités contre moi, m’ont fait garder les vignes, oui, mais ma vigne à moi, je ne l’ai pas gardée (Cantique 1.5-6).
Dans le palais royal, la Sulamite est intimidée par les femmes de cour au teint délicat, surtout qu’elles l’examinent sous toutes les coutures. Elle s’excuse pour son teint basané qui trahit sa condition humble de petite paysanne. Seule fille d’une famille pauvre, après avoir perdu son père, elle est devenue une sorte de cendrillon et raconte que ses demi-frères la forcent à travailler dans les vignes familiales. C’est ce qui fait qu’elle a négligé sa propre vigne, c’est à dire son apparence, car elle n’a pas eu le loisir de soigner sa personne. Pourtant, elle dit être belle mais d’un air embarrassé.
Troisième cliché du paparazzo.
Ô toi que mon cœur aime, dis-moi où tu fais paître ton troupeau de brebis, où tu feras la halte à l’heure de midi, pour que je ne sois pas comme une femme voilée, rôdant près des troupeaux de tes compagnons. Si tu ne le sais pas, ô toi, la plus belle des femmes, va donc suivre les traces du troupeau de brebis, fais paître tes chevrettes près des huttes des pâtres (Cantique 1.7-8 ; cp Genèse 38.14-15).
Retour en arrière quand Salomon, habillé en berger, commence à fréquenter la Sulamite dans les environs de son village au Liban. Elle est tombée amoureuse de lui mais ne sachant rien de lui, un jour elle lui demande de lui dire où il garde ses troupeaux. Elle ne veut pas battre la campagne à la recherche de son berger bien-aimé car on risquerait de la prendre pour une prostituée. Non seulement la Sulamite est belle mais aussi vertueuse, humble et digne.
Comme Salomon ne veut pas révéler sa véritable identité, il répond par une énigme. Si elle va paître ses chevrettes avec les autres bergers, on ne prêtera pas attention à elle, et à midi lorsque les troupeaux se reposent autour d’un point d’eau, elle fera la connaissance de tous les bergers et saura qui est son bien-aimé. Mais Salomon sait qu’elle n’osera rien entreprendre.
Dans les chants d’amour de cette époque, les amoureux prenaient souvent une autre identité. Voilà pourquoi la Sulamite est tour à tour une humble bergère (Cantique 1.6) et une princesse (Cantique 7.2). Quant à Salomon, il est tour à tour roi (Cantique 3.7, 9, 11) et berger (Cantique 1.7). Ses escapades lui permettent de se ressourcer dans les plaisirs simples de la nature. Il prend l’identité du berger parce que ce dernier est doux, tendre et patient avec les animaux, fort et courageux pour les défendre contre les bêtes sauvages. La Sulamite apprécie toutes ces qualités chez son bien-aimé. Peu importe que la peau soit blanche ou basanée, ce qui compte sont les qualités du cœur et la force de caractère.
Quatrième cliché.
Ô ma bien-aimée, je te trouve pareille à la jument parmi les chariots du pharaon. Tes joues sont belles entre les chaînettes, ton cou est beau dans tes colliers. Nous te ferons des perles d’or tout incrustées de points d’argent (Cantique 1.9-11 ; cp 1 Rois 18-19 ; Cantique 1.15 ; 2.10, 13 ; 4.1, 7 ; 6.4 ; 7.1, 6).
Salomon admire la beauté de sa bien-aimée en la comparant d’abord à la plus belle jument de tous les purs sangs d’Égypte, le pays qui, à cette époque, avait les meilleurs chevaux. Ça peut surprendre, mais dans la poésie arabe antique, les belles femmes étaient souvent comparées à de beaux coursiers agiles, rapides, élancés et gracieux. Les chaînettes de la Sulamite sont ses torsades de cheveux en accroche-cœur qui tournoient sur ses joues. Habituée aux grands espaces, elle est mal à l’aise à la cour de Salomon, mais au fur et à mesure qu’il affirme son amour pour elle, les dames de cour sont de plus en plus chaleureuses et afin de rehausser encore davantage sa beauté, elles vont lui confectionner une rivière d’or, d’argent et de perles pour remplacer son modeste collier.
Cinquième cliché du paparazzo invisible.
Salomon est en compagnie de ses conseillers et ils discutent d’affaires d’état tandis que les courtisanes commentent les dernières rumeurs de couloir. Mais la Sulamite n’entend pas ces bruits de fond et ne voient pas les draperies magnifiques qui l’entourent. Même les personnes qui vont et viennent s’effacent pour faire place à l’élu de son cœur. Alors qu’elle le contemple, elle sourit affectueusement et décrit ses sentiments.
Tandis que le roi est assis à sa table ronde, mon nard exhale son parfum. Mon bien-aimé est pour moi comme un sachet de myrrhe qui repose entre mes seins. Oui, mon bien-aimé est pour moi un bouquet de henné des vignes de l’oasis d’Eyn-Guédi (Cantique 1.12-14).
Le nard et la myrrhe sont des plantes aromatiques que les femmes portaient sur elles. L’arôme des sachets odoriférants qui embaument la poitrine de la Sulamite lui rappelle sans cesse celui qu’elle aime car, pour elle, il est le parfum le plus doux et il est toujours près de son cœur.