#16 L’année du jubilé (Lévitique 24.17-25.55)
Selon Dieu, nous devrions plutôt protéger les innocents en appliquant la loi du talion aux criminels au lieu de se soucier de leur bien-être et de leurs droits.
« Celui qui tue un homme sera puni de mort. S’il tue un animal d’autrui, il le remplacera. S’il inflige une blessure à son prochain, on lui infligera la même : fracture pour fracture, œil pour œil, dent pour dent » (Lévitique 24.17-20).
La loi du talion ne concerne évidemment pas les accidents. Elle apparaît déjà dans le livre de l’Exode mais pour un cas particulier. Sa reprise ici étend son champ d’application et rappelle qu’il doit y avoir une égale correspondance entre la faute et le châtiment. Je commence le chapitre 25.
« L’Éternel dit à Moïse : Pendant six ans, tu ensemenceras ton champ, tu tailleras ta vigne et tu en récolteras les produits. Mais la septième année, tu laisseras reposer la terre » (Lévitique 25.1-4).
Ce repos sabbatique, particulier aux Juifs, commence en automne, au premier mois de l’année civile et avec la fin des récoltes de la sixième année. Il permet des récoltes plus abondantes et de meilleure qualité. Les Israélites n’ont pas obéi à cette loi et la terre a été lésée de 70 années de repos, mais elle les a rattrapées pendant la captivité d’Israël à Babylone.
« Toi, ton serviteur, ta servante, ton ouvrier, les étrangers et ton bétail, vous vous nourrirez de ce que la terre produira pendant son temps de repos » (Lévitique 25.6-7).
La terre d’Israël est tellement fertile qu’elle produit suffisamment d’elle-même pour nourrir toute la communauté.
« Vous compterez sept fois sept années de repos. La cinquantième année, le Jour des expiations, vous sonnerez de la trompette dans tout le pays et vous déclarerez cette année sainte et chacun retrouvera la possession de sa terre familiale. Vous laisserez reposer la terre et vous mangerez ce qui aura poussé tout seul. Si donc vous vendez une propriété à votre compatriote, ou si vous en achetez une de lui, vous fixerez son prix en fonction du nombre d’années de récolte jusqu’au prochain jubilé. Vous obéirez à mes commandements ; ainsi vous demeurerez en sécurité, la terre vous donnera ses fruits et vous mènerez une existence paisible » (Lévitique 25.8-19).
Deux fois par siècle, le soir du Grand Jour des expiations commence l’année du jubilé. Après avoir obtenu le pardon de toutes ses fautes, la nation proclame la libération des biens et des personnes. Les hypothèques sont levées et les Israélites qui se sont vendus recouvrent leur liberté et leurs droits de fils et fille d’Israël. Cette remise des compteurs à zéro permet aux familles de récupérer les propriétés reçues en héritage lors du partage du pays. Les achats et ventes étant limités dans le temps, les riches ne s’enrichissent pas toujours plus et les pauvres ne sombrent pas toujours plus dans la misère. Il n’y a pas de paupérisme permanent comme c’est le cas dans le capitalisme sauvage. La terre étant l’outil de travail d’une société agricole, le jubilé permet à une famille pauvre d’éponger ses dettes et de repartir d’un bon pied. Les Israélites sont le peuple de Dieu et habitent sur sa terre. Il s’ensuit qu’ils peuvent céder temporairement mais jamais définitivement leur liberté ou leur héritage.
Le jubilé est une idée fantastique, un chef d’œuvre de liberté, égalité et fraternité qui se réalisera « le jour où l’univers entier sera restauré », écrit Luc dans le livre des Actes (3.20).
« Sachez que la sixième année, je répandrai ma bénédiction sur vous, en vous assurant une récolte suffisante pour trois ans » (Lévitique 25.20-22).
C’est la réponse à la question : « Que mangerons nous ? », parce que l’année du jubilé succède à l’année sabbatique. Tous les 48 ans sont suivis de deux années sans labour ni semailles, mais Dieu promet que la récolte de la 48e année couvrira trois années. En effet, même si on sème à nouveau la 50e année, on ne récoltera pas avant la 51e année.
« Si quelqu’un vend une maison à l’intérieur d’une ville fortifiée, son droit de rachat durera une année. Après cela, elle sera acquise à l’acquéreur et ne retournera pas à son propriétaire d’origine au jubilé. Par contre, les maisons des villages pourront être rachetées en permanence et seront rendues au jubilé » (Lévitique 25.29-31).
Les maisons de ville font partie de l’activité économique et non pas des possessions foncières ancestrales. Elles peuvent donc s’acheter et se vendre librement ce qui permet aux étrangers d’acquérir des demeures en propre.
« Le Lévite bénéficiera d’un droit perpétuel sur la maison qu’il aura vendue et elle lui reviendra au jubilé car c’est sa propriété à perpétuité » (Lévitique 25.32-34).
Les Lévites avaient leurs propres villes dans lesquelles ils possédaient une maison et un petit bout de terrain attenant ; c’était leur patrimoine.
« Si ton prochain, même étranger, tombe dans la misère, tu l’aideras et tu ne recevras de lui ni intérêt ni profit afin qu’il puisse vivre à côté de toi. S’il se vend à toi, tu le traiteras en ouvrier salarié et il te servira jusqu’au jubilé » (Lévitique 25.35-43).
Le souci humanitaire de Dieu est constamment présent dans la Loi qui m’interdit d’exploiter mon prochain.
« Vos esclaves proviendront des nations qui vous entourent. Vous pourrez acheter des étrangers résidant chez vous et ils seront votre propriété à perpétuité. Si un Israélite se vend à un étranger, il sera traité comme un ouvrier. Il jouira d’un droit de rachat et sera libéré au jubilé » (Lévitique 25.44-55).
Le pauvre, même israélite, n’est pas exempté de ses responsabilités économiques mais lui ou quelqu’un de sa famille pourra éponger sa dette à tout moment et en dernier recours, il sera libéré au jubilé.