Les études

04 juillet 2022

#01 Introduction

Dans le livre des Actes (6.1), le terme « Hébreux » désigne des Juifs originaires de l’Empire romain qui parlent grec. Ils sont distincts des Juifs de Palestine qui parlent l’araméen. Dès la fin du 2ème siècle de notre ère, les écrivains chrétiens Clément d’Alexandrie (150-215) et Tertullien (155-222) mentionnent l’épître aux Hébreux. Ce livre est une énigme car son auteur est anonyme et il ne précise pas à quels Hébreux il s’adresse. Cependant, on sait qu’il ne fait pas partie des douze apôtres (Hébreux 2.3-4), qu’il connaît parfaitement l’Ancien Testament et sait comment l’appliquer à la Nouvelle Alliance. C’est un homme au cœur ardent d’une très grande foi et qui est très soucieux du bien-être spirituel de ses lecteurs. Selon Clément d’Alexandrie, Paul aurait écrit cette épître en hébreu et Luc l’aurait traduite en grec. Cette idée est popularisée par Jérôme (347-419) et Augustin (354-430). Mais le style, vocabulaire, et les objectifs visés par l’auteur, écartent cette hypothèse. Beaucoup d’autres candidats ont été envisagés, dont Barnabas, proposé par Tertullien (155-222) et qui est une réelle possibilité parce que dans un manuscrit (Codex Claremontanus), l’épître aux Hébreux a pour nom : épître de Barnabas. Comme il est lévite (Actes 14.4, 16, 4.36), il connaît bien le système sacerdotal juif et aurait été capable de montrer comment Jésus-Christ remplit toutes ses exigences.

En tout cas, cette épître est extraordinaire car elle exalte la personne et l’œuvre du Seigneur Jésus comme aucune autre et elle donne des informations supplémentaires sur son incarnation, sa mort expiatoire et son sacerdoce perpétuel de grand-prêtre qui intercède pour tous les croyants. Cette épître contient de nombreuses allusions à l’histoire d’Israël et au judaïsme, mais se désintéresse totalement des croyances et pratiques païennes. Les références à l’Ancien Testament, surtout au livre du Lévitique, ainsi que la mise en garde sévère que l’auteur adresse à ses lecteurs contre la tentation de retourner aux pratiques judaïques, montrent que cette épître est destinée à des Juifs judéo-chrétiens et que certains sont tentés d’abandonner la foi en Jésus parce que persécutés (Hébreux 10.32-34). D’autres croient qu’il est le Messie mais lui sont indifférents (Hébreux 2.1-3 ; 6.4-6 ; 10.26-29 ; 12.15-17) ou bien hésitent à accepter Jésus comme le Messie (Hébreux 9.11, 14-15, 27-28). Il apparaît cependant que ces Juifs font partie de la même communauté. L’auteur semble bien connaître leurs problèmes (Hébreux 5.11-14 ; 13.4, 5, 17), persécutions, dévotion, générosité (Hébreux 6.10), et leurs lacunes spirituelles (Hébreux 5.11s ; 6.9s). Il dit qu’il veut leur rendre visite, si possible avec Timothée (Hébreux 13.19, 23), et leur demande de prier pour lui (Hébreux 13.18). Toutes ces informations pointent vers l’importante communauté judéo-chrétienne de la ville de Cyrène en Libye.

Cette épître a été rédigée entre l’an 66 et 69 de notre ère parce que les lecteurs semblent être christianisés depuis longtemps (Hébreux 5.12) ; le Temple de Jérusalem fonctionne encore (Hébreux 8.4, 13 ; 9.6-9 ; 10.1-3) et continuera jusqu’en l’an 70. S’il avait été détruit, l’auteur aurait utilisé sa disparition dans ses arguments. Enfin, après sa libération, Timothée rejoint l’auteur au lieu de l’apôtre Paul, exécuté en 66 ou 67.

L’objectif de cette épître est de démontrer que les rites imparfaits et incomplets du système lévitique sont obsolètes depuis que Jésus, le grand-prêtre parfait, les a accomplis en offrant le sacrifice qui ôte le péché une fois pour toutes. Sous le régime de la Loi, il était impossible au fidèle d’avoir un accès direct à Dieu (Hébreux 9.8) et d’entrer dans le Lieu très saint. Par contre, sous le régime de la grâce, et au nom de Jésus, les croyants ont le privilège d’entrer directement dans la présence de Dieu devant le trône de grâce (Hébreux 4.16 ; 10.22) parce que le Sauveur leur a ouvert la voie (Hébreux 4.19-20 ; 10.19-20). L’auteur souligne bien que pour le pécheur, il n’y a qu’un seul intermédiaire entre l’Éternel et l’homme : le Fils de Dieu. Il faut donc s’attacher à lui sans réserve, rejeter toute autre médiation concurrente (Hébreux 1-2), et surtout les sacrifices d’animaux qui structurent le culte de l’Ancienne Alliance. L’auteur s’élève aussi contre les rites de purification (Hébreux 10) et les pratiques ascètes (Hébreux 13.9). Puis il fait suivre sa démonstration de l’excellence de Jésus-Christ (Hébreux 7.19) par une menace à glacer le sang, quand il dit que revenir sur sa décision de suivre le Seigneur, est un rejet de la grâce de Dieu qui ferme toute possibilité de repentance et d’un retour à lui (Hébreux 6.6). La persévérance est donc la preuve d’une foi réelle (Hébreux 3.1 ; 12.3). C’est facile à dire mais dur à vivre pour un Juif car sa culture est étroitement imbriquée dans sa religion et dans les traditions ancestrales ponctuées par des fêtes et rites du judaïsme. Jusqu’à sa destitution par le roi Hérode (59), Ananias le grand-prêtre est implacable. Il excommunie tout Juif qui se dit chrétien, ce qui veut dire qu’il perd alors son identité de Juif ; il est coupé de son cercle social, rejeté par ses compatriotes et considéré impur. La tentation est alors grande de réintégrer la sécurité d’un réseau social et d’un système religieux qui vous prend en charge et où tout est bien orchestré et donc de mettre en doute la véracité de l’Évangile. Les problèmes des professants juifs sont très vexants parce qu’ils n’ont pas la maturité spirituelle pour leur faire face.

nov. 11 2024

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