#08 Les propos des amis ne sont pas justes (Job 17.1-19.24)
Dans le chapitre 17, Job continue sa plainte.
Ma vie touche à sa fin et je m’en vais par le chemin d’où l’on ne revient pas. Mon souffle s’épuise, mes jours s’éteignent : le sépulcre m’attend. Je suis entouré de moqueurs. Porte-toi toi-même garant auprès de toi, sinon qui répondra pour moi ? (Job 16.22 ;17.1-3).
La foi de Job est mise à rude épreuve par son état moribond et ses amis qui sont devenus ses ennemis. Cependant il invoque encore la miséricorde de Dieu en espérant qu’il prendra sa cause en main sinon elle est sans espoir. En fait, nous sommes tous poursuivis par la justice de Dieu, mais celui qui lui fait confiance est gracié en Jésus-Christ.
Oui, Dieu a fait de moi celui dont on se moque. On me crache au visage mais les hommes droits sont indignés par la façon dont on me traite. Malgré tout, le juste demeure ferme dans sa voie (Job 17.6-9).
En plus de tous ses malheurs, certains concitoyens de Job lui témoignent un dédain extrême car cracher sur quelqu’un était la pire des insultes. Cependant, il conserve une attitude digne, laissant aux hommes justes le soin de prendre sa défense.
Mes jours sont écoulés, mes projets anéantis. Vous dites que la nuit fera place au jour, mais ma seule espérance est le sépulcre. Je lui dis : « tu es mon père » et à la vermine : « vous êtes ma mère et mes sœurs ! » Mon espérance va descendre dans le séjour des morts et ensemble nous reposerons dans la poussière (Job 17.11-17).
Job rejette les faux espoirs que ses amis lui ont fait miroiter car son état moribond ne laisse aucun doute sur l’issue finale et seul le tombeau le délivrera de ses souffrances. La mort tire un trait sur tous les projets, désirs, ambitions et affections du défunt.
Au chapitre 18 Bildad donne son second discours. Ironique et très incisif, il n’apporte rien de nouveau. Il disqualifie tout ce que Job a dit puis se lance dans une fastidieuse description des malheurs qui immanquablement frappent l’impie, c’est à dire Job.
Oui, la lumière du méchant et la lampe de sa vie vont s’éteindre. Un piège l’attend sur sa route. De toutes parts, la terreur poursuit le méchant. Sa peau est dévorée, le premier-né de la Mort ronge ses membres et il est forcé de marcher vers le roi des terreurs (Job 18.5-14).
La maladie qui dévore peau et membres est la lèpre et elle pousse le malheureux vers le roi des terreurs qui est la mort.
Son souvenir disparaît de la terre ; il est chassé dans les ténèbres et du soufre est répandu sur sa tente. Il n’a aucun descendant et, face à sa destinée, les peuples sont saisis d’horreur. Tel est le destin de l’impie qui ignore Dieu (Job 18.15-21).
Au Moyen-Orient, ne pas avoir d’héritier est la pire catastrophe. Or, Bildad la brute plonge le fer dans la plaie de Job quand il fait allusion à la perte de ses dix enfants. Puis il termine son réquisitoire en l’accusant de ne pas honorer Dieu.
Le chapitre 19 est la réponse de Job et elle se situe au milieu des trois passes d’armes entre Job d’un côté et les trois amis de l’autre. Les deux camps sont engagés dans une lutte âpre où chacun tente de vaincre l’autre par K.O. Ces discours interminables sont lassants parce qu’ils répètent les mêmes arguments, cependant Job a besoin de parler car sa détresse est bien réelle.
N’avez-vous pas honte de me tourmenter et de m’outrager ainsi ? Croyez-vous prouver que je suis coupable ? Sachez que Dieu me poursuit et il a tendu ses filets tout autour de moi. Il a bloqué ma route et enveloppé mes sentiers de ténèbres. Il m’a ravi ma dignité. Il m’a détruit de tous côtés et je vais disparaître. Contre moi il déchaîne le feu de sa colère et il me traite en ennemi. Mes connaissances et mes proches m’ont abandonné. Mes servantes me traitent comme un inconnu. J’appelle mon serviteur mais il ne répond pas. Mon haleine répugne à ma femme et ma puanteur à mes frères. Mes petits-enfants me méprisent et tous mes amis ont horreur de moi. Ceux que j’aimais se sont tournés contre moi. Je n’ai plus que la peau sur les os (Job 19.1-20).
Job repasse en revue son état moribond. Aux douleurs physiques s’ajoutent les souffrances morales et émotionnelles. Comme on le croit coupable de quelque crime horrible, au moment où il a le plus besoin de soutien et d’affection, tous l’abandonnent.
Vous au moins, mes amis, ayez pitié de moi car la main de Dieu m’a frappé. Pourquoi me persécuter et vous acharner sur moi ? Oh ! Je voudrais que mes paroles soient gravées dans le roc à tout jamais (Job 19.21-24).
Abandonné de tous, seul face à ses souffrances, Job lance un appel pathétique à ses amis, mais l’inflexibilité de leur credo religieux leur interdit toute pitié. Alors Job voudrait que ses déclarations d’innocence soient son testament.