#04 Discours d’Eliphaz : pourquoi la souffrance ? (Job 5.1-7.12)
Basée sur son expérience, Éliphaz expose sa théorie sur la souffrance et elle est très simple : d’un côté il y a les bons et de l’autre les méchants, et chacun est puni ou récompensé selon ce qu’il fait. Cette façon à peine voilée d’accuser Job continue dans le chapitre 5.
Le malheur ne sort pas de la terre car l’homme naît pour souffrir comme l’étincelle pour voler (Job 5.6-7).
Les calamités ne sont pas le fruit du hasard mais proviennent du cœur mauvais de l’homme. En d’autres mots Éliphaz dit : Job reçoit le salaire qu’il mérite.
Pour moi, c’est à Dieu que je présenterais ma cause. Ceux qui sont abaissés il les élève, ceux qui sont affligés il les délivre. Ah ! bienheureux celui que Dieu corrige car il inflige la blessure mais ensuite sa main guérit. Au temps de la famine il te gardera de la mort, au milieu du combat il te préservera du glaive, et tu seras à l’abri du fouet de la langue. Le bonheur régnera dans ta demeure, rien ne fera défaut à tes troupeaux, ta descendance sera nombreuse et tu entreras dans le sépulcre dans la mûre vieillesse. Oui, nous l’avons examiné : cela est bien ainsi. Écoute et tire en profit (Job 5.8-27).
Le grand sage Éliphaz a parlé. Selon sa longue expérience de la vie, comme Dieu est juste, il ne peut pas infliger une souffrance imméritée. Le malheur de Job est donc dû à un châtiment qui sanctionne une faute. Job doit donc se tourner vers Dieu, accepter son châtiment, confesser son péché et il sera guéri. Car à celui qui mène une vie droite, Dieu accorde la prospérité, une nombreuse postérité et une longue vie. Éliphaz voit la vie en noir et blanc et fait de la rétribution divine une règle inflexible alors qu’elle s’applique rarement, et dans le cas de Job pas du tout.
Je commence le chapitre 6 où Job lui répond.
Mon malheur est plus pesant que le sable des mers, c’est pourquoi mes paroles sont dures ! Les flèches du Tout-Puissant m’ont percé et je suis assailli par les terreurs de Dieu. Un âne se met-il à braire pendant qu’il broute l’herbe tendre ? Un repas fade et insipide se mange-t-il sans sel ? (Job 6.1-5).
En plus de tous ses malheurs, Job doit faire face à l’incompréhension de son ami. Alors il reprend ses lamentations qui sont justifiées par le châtiment cruel que Dieu lui inflige, mais qu’il ne peut accepter car il est plus maltraité qu’un animal. Ses souffrances qui sont ses aliments lui ont fait perdre goût à la vie.
Ah ! Que Dieu consente à me détruire. J’aurai au moins un réconfort au sein de tourments implacables : je n’aurai trahi aucun des ordres du Dieu saint. À quoi bon vivre encore vu la fin qui m’attend ? (Job 6.8-13).
Au vu de sa situation sans espérance, Job demande le coup de grâce, et il veut mourir avant qu’il ne déplaise à Dieu, car malgré son désespoir il cherche encore à lui plaire. C’est ici la première fois que Job déclare être intègre et fier de l’être. À l’époque des patriarches qui est bien avant la loi de Moïse, les hommes étaient sous le régime de la conscience. Elle leur dictait la conduite à tenir devant Dieu, ils devaient lui obéir et c’est ce qu’a fait Job.
L’homme désespéré a droit à la compassion de son ami même s’il cesse de révérer le Tout-Puissant. Mes amis m’ont trahi comme un cours d’eau dont le lit est à sec. Vous n’êtes rien pour moi car au lieu de me consoler vous avez été atterrés ! (Job 6.14-17,21).
Amèrement déçu par ses amis, Job leur adresse un touchant appel ; tout ce qu’il demande est un peu de compassion. Dans le livre des Proverbes (17.17), on lit : « un ami aime en tout temps et dans l’adversité, il se montre un frère ».
Dites-moi : en quoi ai-je failli ? Les paroles de vérité sont efficaces mais à quoi servent vos critiques ? Vous vendriez un orphelin et vous persécutez votre ami (Job 6.24-27). Regardez-moi en face : vous mentirais-je effrontément ? Ne soyez pas injustes, reconnaissez mon innocence. Y a-t-il de l’iniquité sur ma langue ? (Job 6.24-30).
Job se sent trahi par le discours d’Éliphaz et il lui reproche d’être dur à son égard car il met en doute son intégrité, d’où sa demande de lui dire en quoi il a péché. Job essaie encore d’attendrir ses amis. Un homme pris dans les affres de la souffrance, comme lui, ne ment pas et il a raison de se plaindre d’être frappé à l’excès.
Je commence le chapitre 7.
Le sort de l’homme sur la terre est celui d’un soldat à la dure car j’ai pour partage des mois de douleur et des nuits de souffrance. Mon corps est couvert de vermine et de croûtes terreuses ; ma peau est crevassée et mes plaies suppurent. Mes jours s’évanouissent sans espérance ! (Job 7.1-6).
Job est particulièrement répugnant car il est couvert de plaies et de vers qui se nourrissent de sa chair putréfiée. Selon les apparences, sa fin est proche.
Souviens-toi, ô Dieu, que ma vie n’est qu’un souffle et que jamais je ne reverrai le bonheur. Tout comme une nuée qui se dissipe, l’homme descend dans la tombe et n’en remonte pas. C’est pourquoi je me lamenterai dans ma détresse car mon cœur est amer. Suis-je donc un monstre marin pour que tu me gardes de si près ? (Job 7.7-12).