#01 Introduction – Qui est Zacharie ?
Zacharie, dont le nom signifie « l’Éternel se souvient », est dit fils de Barachie et fils d’Iddo (Esdras 5.1 ; 6.14). Barachie est son père, mais il est mort jeune sans avoir occupé une position importante. Iddo est son grand-père, qui a joué un rôle important, puisque Néhémie dit qu’il est l’un des chefs d’une famille de prêtres rentrée d’exil avec Zorobabel et le grand-prêtre, Josué. Zacharie a 15 ans au moment du décret de Cyrus qui autorise les Juifs à retourner dans leur pays. Lui et sa famille font partie de la caravane qui retourne en Judée (en 537) et Esdras le cite avec Aggée comme ayant exhorté les colons juifs à reconstruire le temple. Zacharie est de culture juive mais il a aussi été influencé par les transes extatiques des prêtres babyloniens car il s’exprime d’une manière grandiose et voit des êtres et des objets d’apparence extraordinaire (Zacharie 1.8, 18 ; 3.9 ; 4.2 ; 5.2, 9 ; 6.1-3) ; ses visions font intervenir des anges et même Satan (Zacharie 3.2). Ézéchiel, déporté à Babylone, a lui aussi eu de telles visions.
Cependant, les pensées, convictions et conceptions du monde des deux hommes sont conformes aux prophètes de l’Éternel qui les ont précédés et le livre de Zacharie contient plusieurs allusions aux écrits des prophètes antérieurs et du roi David (Zacharie 1.12 / Jérémie 25.14-12 ; Zacharie 2.13 / Habaquq 2.20 ; Zacharie 3.2 / Amos 4.11 ; Zacharie 4.9 ; 7.9 / Ezéchiel 6.7, 10 ; 18.8 ; Zacharie 6.13 / Psaume 110.4 ; Zacharie 8.21, 23 / Esaïe 2.3, 4.1 ; Zacharie 8.13 / Sophonie 3.16).
Le style de Zacharie est simple et son hébreu pur car il ne contient aucune trace des langues parlées en Perse. Zacharie est toujours calme et tranquille, même dans ses visions. Il dit seulement : « je regardai et je vis », puis il décrit ce qu’il voit et rapporte sans émoi les ordres ou promesses de Dieu.
Il donne son premier discours (Zacharie 1.2-6) deux mois après le premier oracle d’Aggée (29 Août 520), qu’il soutient avec le même message. En février 519, en une nuit, Zacharie reçoit huit visions (Zacharie 1.7-6.8). La première et la dernière (Zacharie 1.7-17 ; 6.1-8) concernent les nations ; la seconde et la troisième se focalisent sur Jérusalem ; la sixième et la septième décrivent l’état de Juda et la quatrième et la cinquième concernent le temple, le gouverneur Zorobabel et le grand-prêtre Josué. Ces visions encouragent et exhortent les colons à poursuivre le travail, en leur révélant les bénédictions qui les attendent et le brillant avenir réservé à Israël. Les huit visions de Zacharie sont clôturées par un nouvel oracle (Zacharie 6.9-15) qu’il reçoit à l’occasion de la venue à Jérusalem d’Israélites porteurs de dons provenant des Juifs de Babylonie et destinés à la construction du temple. Sur ordre de l’Éternel, une partie de ces dons est utilisée pour fabriquer une couronne royale destinée au grand-prêtre Josué, précurseur du Messie, qui cumulera prêtrise et royauté.
Les chapitres 7 et 8, qui constituent la deuxième section du livre, rapportent le quatrième discours de Zacharie (décembre 518) qui est la réponse à la question : faut-il continuer à jeûner pour commémorer la chute de Juda ? Zacharie répond que les colons feraient mieux de réfléchir aux causes de la fin du royaume et d’en tirer la leçon. Mais il leur promet également que, dans les derniers temps, leur nation sera bénie.
Les chapitres 9-14 constituent la troisième section du livre en quatre prophéties sous forme apocalyptique. Il n’est plus question du temple, ni d’appel à l’action ou à la repentance ; ce sont surtout des promesses de restauration et de bénédiction adressées à Israël. Le premier oracle concerne le sort des nations en deux paragraphes, un au début et un à la fin de la section (Zacharie 9.1-8 ; 14.16-21). Le second, en quatre morceaux (Zacharie 9.9-10 ; 11.4-17 ; 12.10-13.1 ; 13.7-9) décrit le Messie sous les traits d’un berger-roi persécuté, rejeté et mis à mort par son peuple, mais ce dernier se repentira. Le troisième oracle en quatre paragraphes (Zacharie 9.11-10.1 ; 10.3-11.3 ; 12.1-9 ; 14.1-15) parle des guerres à venir et la victoire qui sera miraculeusement accordée au peuple de Dieu. Le dernier paragraphe brosse un tableau grandiose de la future Jérusalem à l’aube de la nouvelle création (Zacharie 14.6-11). Le quatrième oracle, en deux morceaux (Zacharie 10.2 ; 13.2-6) prédit que même après l’exil, Israël a encore besoin d’être purifié de son idolâtrie et des faux prophètes.
L’unité du livre de Zacharie a fait l’objet de critiques à cause de la différence entre le genre littéraire, style et vocabulaire des visions de la première moitié du livre (ch. 1-8), et le genre apocalyptique de la seconde moitié (ch. 9-14). Mais ces divergences s’expliquent par la très longue pause entre ces deux moitiés car, entretemps, les circonstances, préoccupations et besoins des colons ont beaucoup changé, et puis tous les manuscrits du livre que nous possédons le traitent comme un tout. Par ailleurs, il existe aussi des similarités entre les deux moitiés. Par exemple, Zacharie a une prédilection pour le chiffre 4 qui se trouve partout, et l’expression, « une personne qui passe et qui repasse », que lui seul utilise, se trouve dans les deux moitiés du livre (Zacharie 7.14 ; 9.8). Certains thèmes reviennent tout au long du livre, comme l’espérance messianique, la conversion des nations, le retour du peuple élu de la diaspora, la gloire de Jérusalem, l’importance de la purification, de la repentance et de changer de comportement.