#01 Introduction, Naomi et Ruth à Bethlehem (Ruth 1.1-2.3)
Tant que Moïse et Josué dirigent Israël, le peuple obéit bon an mal an à la Loi, mais dès la disparition de Josué, la nation connaît une décadence spirituelle et morale qui conduit à l’anarchie sociale et politique. Sur la toile de fond, noir encre, de l’époque des Juges, on trouve l’histoire de Ruth qui est une perle de grande beauté.
Rédigé avec beaucoup de soins et en 4 tableaux, ce livre a été écrit par le juge Samuel sous la monarchie de David. Il donne des renseignements sur les us et coutumes de cette époque et en particulier comment était appliquée la loi du lévirat, c’est à dire les devoirs du proche parent masculin envers sa belle-sœur veuve.
L’histoire se déroule à Bethlehem, un village paisible et bucolique où la vie se déroule au rythme des saisons et où les principaux personnages manifestent piété, solidarité et bienveillance. Ce sont des gens ordinaires qui mènent une vie banale mais avec une dévotion sincère au Dieu d’Israël. On voit donc qu’il est possible de vivre par la foi en Dieu dans un environnement corrompu par l’idolâtrie et des mœurs dissolues, car Dieu accorde sa bénédiction à ses fidèles, quelle que soit l’époque à laquelle ils vivent. L’histoire de Ruth est un encouragement pour tous ceux qui souffrent à placer leur confiance en l’Éternel, car il est le Dieu de la providence. Je commence le premier chapitre.
« Suite à une famine, un homme de Bethlehem en Juda part séjourner dans le pays de Moab avec sa femme Naomi et ses deux fils, Mahlôn et Kilyôn » (Ruth 1.1-2).
À l’époque des Juges, la famine est un fléau cyclique qui oblige les plus pauvres à émigrer, et c’est ainsi que cette famille parcourt 80 km pour se rendre à l’est de la Mer morte.
« Le mari de Naomi meurt et ses deux fils épousent des Moabites : Orpa et Ruth. Puis au bout d’une dizaine d’années, Mahlôn et Kilyôn meurent à leur tour, et Naomi reste seule » (Ruth 1.3-5).
La loi de Moïse interdit les unions avec les Cananéens mais les Israélites pouvaient prendre une Moabite pour épouse. Le texte ne donne pas la raison de ces décès prématurés, mais on sait que les trois femmes sont dorénavant sans ressource et sans protection.
« Ayant appris la fin de la famine, Naomi et ses belles-filles se mettent en route pour Juda. Puis Naomi leur dit : Rentrez chacune dans votre famille et que l’Éternel soit bon pour vous comme vous l’avez été envers les morts et moi-même. Qu’il vous donne de trouver le bonheur dans un nouveau foyer. Puis elle les embrassa pour prendre congé » (Ruth 1.6-8).
Ici débute la partie narrative du récit et elle est essentiellement composée de dialogues. Naomi rend hommage à ses belles-filles pour leur vertu mais les renvoie car il leur sera bien plus facile de trouver un mari, gage de sécurité, en Moab qu’en Israël.
« Alors les deux jeunes femmes pleurent à gros sanglots et disent : Nous allons avec toi. Retournez chez vous mes filles, pourquoi renoncer à vous remarier ? Non, car je suis plus affligé que vous » (Ruth 1.9-11-13).
Naomi va insister trois fois pour que ses belles-filles retournent dans la maison de leur père et ne partagent pas ses malheurs.
« Les belles-filles se remettent à sangloter. Puis Orpa prend congé. Naomi dit alors à Ruth : fais comme ta belle-sœur et retourne chez les tiens. « Non et n’insiste pas; où tu iras, j’irai ; ton peuple sera mon peuple et ton Dieu sera mon Dieu, où tu mourras, je mourrai. Que l’Éternel me punisse, si autre chose que la mort me sépare de toi » (Ruth 1.14-17).
Naomi n’a rien à offrir à Ruth qui reste par pure affection et dévouement, afin de subvenir aux besoins de sa belle-mère. Par ce choix, elle se détourne de son peuple et choisit Israël et l’Éternel, dont elle a sans doute compris la supériorité sur les divinités moabites. Elle lie son sort à celui des Israélites tout en sachant qu’ils la maltraiteront sûrement.
« Elles vont à Bethléhem où leur arrivée met la localité en émoi. Ne m’appelez plus Naomi (L’heureuse), appelez-moi Mara (L’affligée), car je suis partie comblée, et l’Éternel me fait revenir les mains vides. C’était le début de la moisson d’orge » (Ruth 1.19-22).
Naomi est aigrie à cause des maux qu’elle a subis. Ruth est étrangère et elles sont sans ressource. Mais c’est le printemps et les champs sont en fête.
« Naomi avait un parent de son mari, un homme riche et de valeur nommé Boaz. Ruth dit à Naomi : Laisse-moi aller aux champs ramasser des épis laissés par les moissonneurs. Elle se mit donc à glaner. Il arriva par hasard qu’elle se trouvait dans un champ appartenant à Boaz» (Ruth 2.1-3).
Selon la Loi, les nécessiteux peuvent ramasser tout produit agricole laissé sur place ou tombé à terre, et les propriétaires ne doivent ni moissonner les coins des champs ni repasser une seconde fois. Les pauvres préservent ainsi leur dignité sans devenir des assistés car ils doivent sortir du lit et aller chercher eux-mêmes leur nourriture sous un soleil de plomb.