#01 Introduction (Nahoum 1.1-3)
Environ un siècle après les aventures de Jonas et la repentance des habitants de Ninive, Nahoum entre sur scène. Sa prophétie a pour unique sujet le jugement de Ninive (en l’an 612), capitale de l’empire assyrien. Cette ville est située sur le fleuve Tigre à 450 km au nord de Babylone et en face de l’actuelle ville de Mossoul en Irak. Ninive était caractérisée par l’arrogance, la cruauté et une idolâtrie épouvantable. Le dernier roi assyrien a dit : « Je suis Assourbanipal, le grand roi, le roi puissant, roi de l’univers, roi d’Assyrie. Les grands dieux élèvent mon nom et ont rendu mon pouvoir puissant ». Esar-Haddon, son père, était encore pire. Il a dit : « je suis puissant, je suis tout-puissant, je suis un héros, je suis gigantesque, je suis colossal, je suis honoré, je suis élevé, je suis sans égal parmi tous les rois, je suis choisi par les dieux Assour, Nabu et Mardouk ».
Le prophète Nahoum, dont le nom signifie « celui qui réconforte », est originaire d’Elqoch. Selon Jérôme (347-420), père de l’Église, ce village était en Galilée, mais de son temps n’existait plus. Capernaüm, qui signifie « village de Nahoum », semble confirmer que Nahoum était bien de la Galilée, surtout qu’il semble avoir un intérêt particulier pour le nord d’Israël. Il est probable que quand le roi assyrien Esar-Haddon a implanté des populations païennes en Galilée, la famille de Nahoum a émigré en Juda.
Quand Nahoum prophétise, l’Assyrie est encore un puissant empire que rien ne menace, et Juda lui est soumis. Nahoum mentionne comme un événement passé le sac de la ville égyptienne de Thèbes par l’Assyrie, qui eut lieu en 663 av. Jésus-Christ. Sachant que Juda retrouve son indépendance en l’an 630, la prophétie de Nahoum se situe aux alentours de l’an 640, sous le règne du roi assyrien Assourbanipal (669-626) et à la fin du règne de Manassé sur Juda (698-642). Manassé avait été exilé par les Assyriens (2Chroniques 33.11), mais comme il s’est repenti, l’Éternel l’a rétabli sur le trône. A son retour, encouragé par Nahoum, il entreprend alors de grandes réformes religieuses.
La prophétie de Nahoum s’ouvre par un hymne qui célèbre l’Éternel comme un Dieu de grâce mais juste. Il est patient envers les pécheurs mais s’ils persistent dans leur rébellion, il les punit d’une manière redoutable. L’amour de Dieu n’est pas incompatible avec sa justice, car avant de juger le pécheur, il lui donne le temps de se repentir de ses fautes. Dieu a laissé l’empire assyrien agir à sa guise, mais quand sa patience a pris fin, il a détruit Ninive et l’a vidée de ses habitants. Beaucoup de villes antiques détruites furent reconstruites mais Ninive ne l’a jamais été.
La prophétie de Nahoum est un poème rythmique, presque chantant, très haut en couleurs brillantes et avec des descriptions pittoresques. Ninive est tour à tour décrite comme un bassin qui se fissure, un antre de lion, une prostituée, un figuier secoué, l’abri délaissé d’un essaim grouillant de sauterelles. Comme chez bien d’autres prophètes, l’Éternel apparaît comme celui qui fait l’histoire et que celle-ci a un sens et une raison d’être. Le livre de Nahoum est un message de jugement, mais il est aussi porteur d’espérance pour celui qui se confie en l’Éternel, car il réconforte et encourage les victimes de l’oppression.
Proclamation sur Ninive. Livre de la révélation reçue par Nahoum, d’Elqoch (Nahoum 1.1).
Littéralement, le titre est : sentence de Ninive, un mot qui est toujours une menace de jugements et qui résume la prophétie prononcée environ 30 ans avant les faits, alors que rien ne laisse présager la fin de l’empire assyrien.
L’Éternel est un Dieu jaloux qui se venge. L’Éternel se venge et sa fureur est terrible et permanente. L’Éternel se venge de ses adversaires et garde rancune contre ses ennemis (Nahoum 1.2 ; cp Exode 20.3-5 ; Deutéronome 4.24 ; Josué 24.19 ; Esaïe 45.9).
« L’Éternel qui se venge » est répété trois fois, car le jugement va se faire avec force et fracas. Dieu ne tolère pas l’idolâtrie sous quelque forme que soit parce qu’il nous a créés pour que nous l’adorions lui seul. Il est jaloux parce qu’il nous aime et nous veut pour lui seul. Ne vous en déplaise, l’amour authentique inclut le sentiment de jalousie. On est jaloux d’une personne quand on lui est particulièrement attaché et qu’elle nous tient à cœur. En attaquant Israël, le peuple de Dieu, les Assyriens l’ont offensé. Alors, dans sa justice, il va se venger.
L’Éternel est lent à la colère. Sa puissance est immense et il ne laisse pas le coupable impuni. L’Éternel se manifeste dans l’ouragan et la tempête, et les nuées sont comme la poussière que soulèvent ses pieds (Nahoum 1.3 ; cp Nombres 14.18 ; Ezéchiel 18.23 ; 2Pierre 3.9).