#01 Introduction – Le banquet de l’empereur (Esther 1.1-12)
Deux livres des Saintes Écritures ont pour titre le nom d’une femme : Ruth d’origine païenne et Esther, une jeune fille juive, qui devient reine de l’empire perse et que Dieu utilise pour faire échouer un massacre systématique et bien organisé du peuple juif. Cet événement miraculeux est encore commémoré aujourd’hui par la fête du Pourim, mot qui signifie « Jours des sorts ». Au cours des siècles le livre d’Esther a été la consolation et l’espérance des Juifs persécutés. L’histoire a lieu au cinquième siècle avant Jésus-Christ à Suse, l’une des capitales de l’Empire. On sait que celui qui a mis par écrit les événements est un témoin oculaire qui a ses entrées au palais, mais ni l’éditeur du livre ni la date de composition nous sont connus. Cependant, les sources extrabibliques que nous possédons corroborent parfaitement les informations contenues dans le livre d’Esther, comme par exemple le caractère capricieux du roi Assuérus appelé Xerxès, tyran voluptueux, fastueux, bizarre et mégalomaniaque. Il dit de lui-même : « Je suis le grand roi, le seul roi, le roi de tous les pays, le roi de cette terre immense et étendue… ». C’est bon, on a compris.
Le livre d’Esther est très particulier en ce que le nom de Dieu n’y figure pas tandis que celui du roi païen apparaît 187 fois. Cette absence apparente de Dieu contraste avec l’étalage de puissance, de richesse et de gloire du pouvoir despotique perse. Dix festins et des superstitions païennes sont mentionnés, et s’il y est bien question d’un jeûne, on y trouve aucune prière ni référence à la loi de Moïse ou au culte juif, et le Nouveau Testament ignore le livre d’Esther. Pourtant, tout au long de cette histoire, l’intervention de Dieu est évidente et si son nom est omis c’est par finesse, car l’auteur du livre se plaît à mentionner un monarque absolu qui semble tout diriger mais qui en réalité ne dirige rien du tout, car c’est l’Éternel qui, dans les coulisses, tire toutes les ficelles. L’auteur invite le lecteur à regarder au-delà des apparences, car malgré tous leurs pouvoirs, l’empereur et ses hauts dignitaires ne sont que les figurants d’un drame où, dans sa providence, Dieu conduit tous les événements afin de protéger son peuple. Alors que tout est en place dans l’empire pour vouer les Juifs à l’extinction, au dernier moment a lieu un renversement de situation dramatique. Bien que le nom de Dieu soit totalement absent dans ce livre, on le suit partout à la trace.
Je commence le premier chapitre.
Cette histoire a lieu sous l’empereur Xerxès. Alors qu’il est à Suze, il organise un grand festin qui dure cent quatre-vingts jours, pour tous ses hauts fonctionnaires, les officiers de l’armée, les nobles et les gouverneurs des 127 provinces de l’empire. Il veut leur montrer la gloire de son règne et la splendeur de sa grande magnificence (Esther 1.1-4).
Les rois perses possèdent quatre capitales dont Suze, la résidence d’hiver. C’est ici le premier festin mentionné dans ce livre. En temps normal, les monarques perses ont environ 15 000 personnes à leur table, mais ce banquet attire beaucoup plus de convives. Nous sommes en l’an 483 après une campagne victorieuse contre l’Égypte. Cependant, Xerxès voudrait aussi s’emparer de la Grèce et surtout venger la cuisante défaite à Marathon de son père Darius 1.
Par ces festivités où ne sont invités que les hommes, Xerxès veut montrer à ses grands qu’il a les moyens de se lancer dans une longue et coûteuse campagne contre la Grèce.
À la fin de cette période, l’empereur offre à toute la population de Suse, un banquet qui dure sept jours. On sert boissons et vin à volonté dans des coupes d’or (Esther 1.5-8).
L’auteur continue et décrit en détail un immense tapage de luxe.
De son côté, l’impératrice Vasthi organise un banquet pour les femmes. Le septième jour, comme l’empereur est égayé par le vin, il ordonne aux sept eunuques à son service, de faire venir l’impératrice couronnée du diadème impérial pour la montrer aux hommes car elle est d’une beauté remarquable. Mais elle refuse et le roi, vivement irrité, se met dans une violente colère (Esther 1.9-12).
« Vasthi » est un surnom qui signifie « la très belle ». C’est le dernier jour de la beuverie ; après avoir montré ses richesses, l’empereur donne un ordre qu’il n’aurait jamais donné s’il avait été sobre. Il veut que ses grands admirent la beauté de sa reine, mais de toute évidence, elle ne veut pas aller au cirque pour danser comme un ours.