01 – Introduction – l’auteur, l’authenticité
L’Apocalypse est une prophétie de l’apôtre Jean. En vision, il voit en détail les tableaux grandioses de la fin de l’histoire humaine et comment le règne de Dieu triomphera du mal. Jean décrit la gloire et la majesté de Dieu ainsi que l’adoration qui enveloppe sans cesse son trône, et il rapporte trois fois les cantiques célestes des rachetés (Apocalypse 7.9-12 ; 14.1-5 ; 19.1-10). Jean mentionne l’enlèvement de l’Église, trace la carrière de l’Antichrist, le dictateur le plus teigneux et le plus puissant qui ait jamais existé, et brosse le tableau des sept années de la tribulation (Apocalypse 7.14 ; Matthieu 24.21). Il décrit les jugements de Dieu sur ce monde qui lui est hostile, la seconde venue de Jésus-Christ qui s’engage dans la bataille d’Armageddon, la plus grande de l’histoire de l’humanité. Puis, ayant vaincu toute opposition humaine et démoniaque, le Seigneur instaure son règne terrestre de mille ans. À la fin du Millénium a lieu le jugement dernier du grand trône blanc (Apocalypse 20.11). Les impies qui n’ont pas cru à « l’Agneau égorgé » (Apocalypse 13.8) subiront « la colère de l’Agneau » et seront jetés dans « l’étang de feu » (Apocalypse 20.10, 14-15). Mais les rachetés boiront du « fleuve d’eau de la vie » (Apocalypse 22.1). Ils habiteront le nouveau ciel et la nouvelle terre où le péché, les larmes et la mort seront bannis à tout jamais et ils jouiront d’une félicité éternelle dans la présence de Dieu.
Pourtant, l’Apocalypse a tellement choqué Calvin qu’il l’a laissé de côté, alors qu’il a commenté tous les autres livres. Dommage, car ce livre apporte aux croyants une puissante consolation dans les épreuves, surtout s’ils sont en proie à des persécutions. Malgré de cruelles souffrances, ils se réjouissent d’avance car ils anticipent le jour où les ravages du péché seront réparés, où la communion de l’homme avec Dieu sera parfaitement restaurée et fera oublier aux exilés du jardin d’Éden, les amères douleurs qui ont été les conséquences de la faute d’Adam et Eve (Apocalypse 2.7 ; 22.1-5). Les grandes vérités bibliques commencées dans la Genèse trouvent leur aboutissement dans l’Apocalypse. Le paradis de nos premiers parents devient l’éblouissant royaume de Dieu. L’arbre de la connaissance du bien et du mal a disparu, et désormais l’homme doit manger du fruit de l’arbre de vie (Genèse 3.22-24 ; Apocalypse 22.2). La rébellion de l’homme contre Dieu, le péché et ses conséquences tragiques, sont remplacés par de célestes félicités (Apocalypse 21.4). La malédiction imposée à l’homme et à la création est entièrement levée (Apocalypse 22.3) grâce à la rédemption en Christ (Apocalypse 1.5-6). Le diable et tentateur qui a fait chuter nos premiers parents est mis hors d’état de nuire pour toujours. Sa défaite finale est irrévocable (Genèse 3.1-18 ; Apocalypse 20.10). La justice et la miséricorde de Dieu ont triomphé du mal, les révélations sont closes, et la foi est remplacée par la présence de Jésus.
Tout comme l’évangile selon Matthieu et l’épître aux Hébreux, l’Apocalypse fait souvent référence à l’Ancien Testament. Ce livre révèle Dieu dans sa gloire et majesté, le décrivant comme saint, sage, tout-puissant, éternel, maître de l’univers et juge impartial (Apocalypse 4.8, 10-11 ; 6.10 ; 7.12). L’Apocalypse confirme aussi les profondeurs de la dépravation humaine, car bien que les impies soient sous le châtiment dévastateur de Dieu, ils ne renoncent pas à leurs péchés, s’endurcissent toujours davantage et refusent de se repentir (Apocalypse 9.20-21 ; 16.9, 11).
Le livre de l’Apocalypse est véritablement une révélation de la personne de Jésus-Christ. On apprend qu’Il est le souverain juge (Apocalypse 2.23 ; 19.11) : que la vie et la mort sont entre ses mains (Apocalypse 1.18 ; 2.23) ; qu’Il est adoré (Apocalypse 5.13) et loué (Apocalypse 5.9-10, 12, 13 ; 7.10 ; 15.3-4) ; qu’Il règne depuis le trône de Dieu (Apocalypse 22.1, 3). Et Jean lui applique plusieurs fois des passages de l’Ancien Testament qui décrivent l’Éternel (Deutéronome 10.17 / Apocalypse 19.16 ; Proverbes 3.12 / Apocalypse 3.19 ; Daniel 7.9 / Apocalypse 1.14 ; Ésaïe 44.6 / Apocalypse 1.8 ; 18 ; 22.12-13).
L’Église primitive est unanime pour affirmer que Jean est l’auteur de l’évangile, des épîtres ainsi que de l’Apocalypse et l’apôtre Jean déclare quatre fois être l’auteur de ce livre (Apocalypse 1.1, 4, 9 ; 22.8). Vers le milieu du second siècle, dans son « dialogue avec Tryphon », Justin Martyr est le premier auteur chrétien à parler d’un passage de l’Apocalypse (Apocalypse 20.1-6). A la même époque, des écrits gnostiques citent des passages de l’Apocalypse et les attribuent à Jean, frère de Jacques et fils de Zébédée. Dans son ouvrage « contre les hérésies », Irénée (130- ?), évêque de Lyon, fait de fréquentes allusions à l’Apocalypse. Toujours au second siècle, alors que les croyants de Lyon et de Vienne sont persécutés, ils adressent une lettre aux églises d’Asie Mineure dans laquelle ils disent être persécutés par la bête (Apocalypse 13), que ceux qui souffrent sont « les fidèles de Christ qui suivent l’Agneau partout où il va » (Apocalypse 14.4). Ils écrivent que le Christ est « le témoin digne de foi, le premier-né d’entre les morts et le souverain des rois de la terre ; celui qui a présidé à toute la création de Dieu » (Apocalypse 1.5 ; 3.14). À la fin du second siècle, dans sa lettre « contre Marcion (III 24) » Tertullien (160- ?) dit que Jean a vu « la Jérusalem descendue du ciel » (Apocalypse 21.2). Au 3e siècle, Origène (185-254) ainsi que Marius Victorinus au 4e siècle, admettent comme fait établi que l’apôtre Jean est l’auteur de l’Apocalypse. Enfin, Eusèbe de Césarée (260-265/-339), père de l’histoire de l’Église, cite Apocalypse 22.11 dans son Histoire Ecclésiastique (5l1 suivants). Pourtant, dès la seconde moitié du 3e siècle, Denys le Grand, évêque d’Alexandrie, s’appuyant sur la différence de style et de vocabulaire entre les autres écrits de Jean et l’Apocalypse, rejette l’apôtre Jean comme son auteur. Il s’en suit que les Églises d’Orient et de Syrie n’ont pas reconnu l’autorité apostolique de l’Apocalypse avant le 5e siècle. En fait, même Luther dans son introduction à l’Apocalypse (en 1522) dit qu’il ne considère pas ce livre comme apostolique ou prophétique et qu’il est choqué par le verset : « si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la ville sainte décrits dans ce livre » (Apocalypse 22.19). Dans l’édition de 1534, Luther est plus modéré sans pour autant retirer son jugement défavorable. En 1528 Zwingli déclare que l’Apocalypse n’est pas un livre biblique et le réformateur Bèze est lui aussi sceptique. Aujourd’hui pourtant, les confessions de foi protestantes sont unanimes à faire figurer l’Apocalypse parmi les livres canoniques mais ça a pris du temps. Il faut quand même dire que les différences entre l’Apocalypse, écrit en mauvais grec et les autres livres de Jean, en grec simple mais pur, sont profondes et indéniables. Mais c’est parce que Jean a lui-même composé l’Apocalypse, tandis qu’il a eu recours à un copiste pour ses autres écrits.