#01 Introduction – Job, un homme intègre et droit (Job 1.1-3)
Ici et là, les Textes Sacrés parlent du mal, mais le mystère opaque de la souffrance des innocents et du juste est abordé de front dans le livre de Job. Cet homme est un Bédouin, grand propriétaire de troupeaux et un personnage très important quelque part à l’est du Jourdain. Il habite une ville fortifiée et honore Dieu en menant une vie intègre. Mais du jour au lendemain il est mystérieusement frappé par une série de malheurs, il perd toutes ses possessions y compris sa famille et ce n’est que le début de son calvaire car il est aussi atteint d’une terrible maladie qui le transforme en mort-vivant. Il commence alors à chercher pourquoi le mauvais sort s’acharne sur lui. Ses amis venus pour soi-disant le consoler l’accablent davantage en l’accusant d’être responsable de ce qui lui arrive. Ils prêchent la logique cause-effet selon laquelle le malheur n’arrive jamais sans raison. Mais ils ne font que montrer que l’esprit humain est incapable d’expliquer la complexité de la souffrance du juste. Selon leur théologie très orthodoxe, Dieu est juste, ceux qui lui obéissent sont récompensés et les autres sont punis. Job admet bien qu’il est pécheur mais il conteste le rapport entre l’intensité de ses souffrances et l’étendue de son péché.
Ce livre nous apprend que ce qui se passe dans le monde invisible influence les événements sur terre et que le plus souvent, la spiritualité et la moralité d’une personne sont sans rapport avec ses circonstances. Dieu est bon, même quand il semble lointain, et la persévérance dans la foi est le meilleur recours possible, car on peut toujours abandonner sa vie entre ses mains.
Le prologue du livre nous apprend que les tribulations de Job ne sont pas un jugement contre lui mais le contraire, car Dieu a tellement confiance en lui qu’il le prend pour son champion quand il relève le défi que lui lance Satan.
L’auteur ne s’identifie pas mais il a pris une histoire vraie et en a fait une œuvre de maître inégalée dans la littérature antique. Même si Job n’a sans doute pas rédigé le livre qui porte son nom, c’est un personnage historique mentionné ou cité par plusieurs écrivains bibliques.
L’histoire se déroule autour du deuxième millénaire avant Jésus-Christ, c’est à dire à l’époque des patriarches. On le sait d’après le vocabulaire et le style, parce que Job a vécu plus de 200 ans, sa richesse se mesure en troupeaux, les Chaldéens sont encore des tribus nomades, l’unité sociale est la famille patriarcale et Job exerce une fonction sacerdotale, et aussi parce qu’il n’est fait aucune allusion aux alliances de Dieu avec Abraham ou Moïse.
L’hébreu du livre de Job est très ancien et tellement difficile par rapport au reste de l’Ancien Testament que lors de sa traduction en grec, un quart du livre n’a pas pu être traduit parce que de nombreux mots et expressions n’apparaissent que dans ce livre.
L’auteur et Job, selon son expérience, enseignent que la souffrance du juste est une anomalie scandaleuse, que Satan est un être perfide et cruel, et que ceux qui ont foi en Dieu n’agissent pas toujours par intérêt ; ils enseignent surtout la patience dans l’épreuve, comme le rappelle l’apôtre Jacques (5.11).
Job est un homme d’une intégrité absolue mais qui se glorifie un peu trop de sa propre justice, qu’il défend d’arrache-pied contre ses amis qui l’accusent, bien à tort, d’avoir commis quelque mauvaise action. Certes, on a le droit de se demander pourquoi on souffre, par contre exiger du Créateur une réponse, comme le fait Job, est une attitude arrogante qui met en doute son caractère et sa souveraineté alors qu’il n’a de comptes à rendre à personne.
Dans le livre de Job, comme dans tous les autres de l’Ancien Testament, des questions sont posées et de profonds soupirs sont entendus, mais Jésus seul répond aux aspirations et aux profonds soupirs de l’âme humaine.
Je commence le premier chapitre.
Job était un homme intègre et droit qui révérait Dieu et évitait de faire le mal. Il avait sept fils et trois filles, et possédait sept mille moutons et chèvres, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cents ânesses et de nombreux serviteurs. C’était le personnage le plus important à l’est du Jourdain (Job 1.1-3).
Sans être parfait, Job a une conduite morale exemplaire et montre en plus une crainte respectueuse de l’Éternel qui l’a béni au-delà de toute espérance. Selon la coutume en Orient, la richesse de Job est d’abord estimée en fils puis en troupeaux et ensuite en nombre de serviteurs. On verra plus loin qu’il est aussi hospitalier, généreux et impartial quand il exerce la justice. Toutes ces qualités lui valent la considération de ses contemporains.