Les études

22 juin 2022

#01 Introduction et Salutations (2ème Jean 1-2)

Aujourd’hui, on utilise le courrier électronique, un moyen qui a le mérite de ne pas écorcher vif de pauvres arbres, mais c’est très impersonnel. L’apôtre Jean, dans ses relations personnelles, écrivait en peu de mots, puis se déplaçait dès que cela lui était possible. On lui doit quatre ouvrages qui sont très proches par leur style, vocabulaire, syntaxe et les pensées exprimées. Son évangile et sa première lettre furent assez rapidement acceptés mais les deux autres prirent du temps, parce que Jean n’a pas décliné son identité. En effet, dans celles-ci, il dit seulement qu’il est « l’Ancien », ce qui veut dire responsable d’église, ou homme âgé, et il était l’un et l’autre. Cependant, déjà au 2e siècle, dans son traité contre les hérésies (1.16.3 ; 3.16.8), Irénée de Lyon (130-202) cite trois versets de la seconde lettre de Jean (2Jean 10, 11 et 7), et Clément d’Alexandrie (140-220) dit que la seconde épître de Jean fut écrite à « la Dame élue ». À la fin du 3e siècle, Eusèbe de Césarée (265-340), évêque, théologien et père de l’histoire ecclésiastique, dit que 2 et 3 Jean ont l’apôtre Jean pour auteur. Il écrit aussi (Histoire ecclésiastique ; 6.25) que Origène (185-253) reconnaissait 2 et 3 Jean comme inspirés. Denis, évêque d’Alexandrie (247-265), fait observer que Jean ne donne jamais son nom et que, dans 2 et 3 Jean, il se nomme « l’Ancien ». Au 3e siècle, saint Cyprien, évêque de Carthage (249-258), cite un verset de 2 Jean (v.10). Au 4e siècle, Alexandre, patriarche d’Alexandrie (313-326), cite deux versets de 2 Jean (v.10-11). Éphrem le Syrien déclare que la seconde lettre de Jean émane de Dieu. Pourtant, au 6e siècle, l’église de Syrie ne reconnaît pas encore ces deux lettres comme inspirées. Jérôme (347-420) cite 2 et 3 Jean et les attribue à « l’Ancien », l’apôtre Jean, dont le sépulcre est à Éphèse. Et en effet c’est dans cette ville qu’il est mort et qu’il a écrit ses lettres autour de l’an 100 de notre ère.

Malgré leur brièveté, 2 et 3 Jean sont très importantes parce qu’elles mettent l’accent sur la Vérité. Pendant longtemps, la Vérité a préoccupé les hommes puisque, même la brute épaisse, Ponce Pilate a demandé à Jésus : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jean 18.38). Mais, de nos jours, on ne se pose même plus la question.

A la seconde lettre de Jean on pourrait donner le titre : « pour l’amour de la vérité ». Si on était obligé de choisir entre la charité et la vérité, il faudrait choisir la vérité. En effet, Jean, qui est pourtant appelé l’apôtre de l’amour, mentionne la vérité 62 fois dans ses 4 ouvrages, et l’apôtre Paul 45 fois. Jean écrit que si un faux frère vous demande asile, ne le recevez pas et qu’il couche dehors (2Jean 1.9-11). On pourrait répliquer que Paul dit que l’amour est la première valeur chrétienne (1Corinthiens 13.13). Oui, mais l’amour n’a de valeur que si elle est fondée sur la vérité, sur une relation de confiance réciproque sincère. Mais une relation basée sur le mensonge n’a pas de substance ; comme une maison bâtie sur du sable, elle s’écroulera. Dans les Écritures, vérité, justice, loyauté, fidélité, et amour des frères forment un tout indissociable (1Jean 1.9 ; 3.10-11). D’ailleurs, le mot hébreu pour fidèle veut aussi dire juste, miséricordieux, et qui aime son prochain. Être fidèle et bienveillant envers autrui est un acte de justice, mais ne pas aimer son prochain est une injustice.

L’objectif de la deuxième lettre de Jean est polémique, tout comme sa première ; il veut contrer les faux frères qu’il appelle « antéchrists, prophètes de mensonge », pourtant issus d’assemblées chrétiennes, qui vont d’église en église pour répandre des hérésies pernicieuses (2Jean 7 ; 1Jean 2.19). Les croyants qui les connaissent ne savent pas que ce sont des faux frères et leur font confiance. Jean leur écrit donc de ne pas leur accorder l’hospitalité car ce serait participer à leurs mauvaises œuvres. Il adresse sa lettre à Kiria (féminin de seigneur) et à ses enfants. Ce pourrait être un nom propre porté par une très grande dame ou une métaphore désignant une assemblée chrétienne et ses membres, surtout que dans sa première épître, Jean appelle « enfants » les membres d’église. Et puis, l’apôtre de 95 ans ne dirait pas à une dame : « aimons-nous les uns les autres » (2Jean 5). Par contre, cette exhortation convient parfaitement à une église. Jean écrit à une église en langage codé pour ne pas révéler l’identité de ses destinataires aux autorités romaines.

L’Ancien, à la Grande Dame que Dieu a élue et à ses enfants que j’aime dans la vérité. Ce n’est pas seulement moi qui vous aime, mais aussi tous ceux qui connaissent la vérité, à cause de la vérité qui demeure en nous et qui sera éternellement avec nous (2Jean 1-2 ; cp 1Jean 5.1 ; Éphésiens 4.15 ; 1Pierre 1.22)

Cette introduction est conforme aux lettres de l’époque, sauf que les noms de l’auteur et des destinataires sont voilés, mais de toute évidence ils se connaissent parce que l’apôtre assume la fonction de berger sur les églises d’Éphèse et des environs. Dès la salutation, Jean mentionne l’amour et la vérité qui sont les thèmes de cette lettre. Il s’agit de la vérité de l’Évangile et dans la personne de Jésus. La vérité est le fondement de l’amour véritable, et l’affection qui unit les croyants provient de leur participation à la vérité de Dieu en Jésus-Christ, une vérité qui habite en eux par le Saint Esprit.

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