#01 Condamnation des Édomites (Abdias 1.1-8)
Abdias, qui signifie « serviteur de l’Éternel », est le nom d’un prophète et c’est à peu près tout ce que nous savons de lui. Il n’est mentionné nulle part dans l’Ancien ou le Nouveau Testament. Il est probablement de la tribu de Juda car sa prophétie est dirigée contre les Édomites qui, par arrogance et haine, ont massacré les habitants de Jérusalem qui tentaient de fuir l’envahisseur. Par ses prophètes, l’Éternel prononce plusieurs fois des jugements contre les Édomites, peuple issu d’Ésaü, frère jumeau de Jacob, lui-même ancêtre des Israélites. Les Édomites sont donc coupables de fratricide et Abdias fait des châtiments à venir d’Édom, le sujet principal de ses oracles.
Après son accusatoire contre les étrangers qui ont infligé tant de blessures à Jérusalem, il dit à Édom : « Oui, toi aussi, tu as agi comme eux (Abdias 11) », et en seulement trois versets (Abdias 12-14), il dit huit fois aux Édomites de ne pas profiter de la détresse de leurs frères. Malgré le sujet très restreint du livre d’Abdias, c’est un prophète important car l’un des premiers à nous laisser une trace écrite de ses révélations et il annonce les deux grands thèmes des autres prophètes : le jugement des nations païennes et la grâce de Dieu envers Israël.
Pour déterminer la date de la prophétie d’Abdias, il faut identifier de quel sac de Jérusalem il parle. Selon les livres historiques, il y en a eu quatre : sous le règne de Roboam, par le pharaon Chichaq (1Rois 14.25-26) qui s’empare des trésors que Salomon avait amassés ; puis sous le règne de Yoram (854-842), par les Philistins, les arabes et les Édomites, qui s’emparent des richesses du royaume et vendent les habitants comme esclaves aux Phéniciens et aux Grecs (2Rois 8; 2Chroniques 21). La troisième fois, c’est le roi d’Israël Nord (2Rois 14.11-14) qui envahit la ville. La quatrième fois, ce sont les Babyloniens qui détruisent Jérusalem et le temple, et déportent la plupart des habitants de Juda. On sait, d’après le Psaume 137, que les Édomites participent au massacre. Mais si Abdias avait vécu la fin de Juda, il l’aurait dit, et puis il parle de fuyards, alors que les Babyloniens n’ont laissé échapper personne. L’invasion dont parle Abdias a donc eu lieu sous le règne de Yoram.
Le style d’Abdias est très original car il utilise des mots et des expressions qu’on ne trouve pas ailleurs. Il parle vite, avec vigueur et sévérité. Il aime les interrogations pleines de détails éclatants et les affirmations coup de poing. Il est souvent poète et jamais monotone. Son langage est d’un lointain passé et se distingue nettement de celui des grands prophètes. Le caractère limité du livre, surtout en ce qui concerne le salut, montre qu’il se situe au début de l’histoire et de la littérature prophétique. D’ailleurs, dans le canon hébreu de l’Ancien Testament, il est rangé parmi les premiers textes des prophètes écrivains. On peut donc dire sans se tromper que Abdias a prophétisé peu après l’an 845 avant J-C, vers la fin du règne de Yoram.
Le livre se compose de deux parties principales. La première, qui se subdivise en deux, annonce d’abord la ruine d’Édom (Abdias 1-9), puis en donne les raisons (Abdias 10-14) et termine en disant : « On te traitera comme tu as traité les autres : le mal que tu as fait retombera sur toi (Abdias 15). »
Dans la seconde partie du livre, Abdias annonce la venue du « Jour de l’Éternel » quand il jugera toutes les nations (Abdias 15-21). Le châtiment d’Édom anticipe le jugement final universel. Par contre, le peuple de Dieu bénéficiera du salut et dominera tous les autres peuples ; c’est ainsi que l’Éternel assoira son règne dans l’histoire humaine. Le livre d’Abdias enseigne que Dieu est le Maître de l’histoire et qu’il tient dans sa main les destinées de toutes les nations. L’annonce du jugement nous rappelle que chaque homme et chaque peuple est responsable de ses actes et que nous aurons tous des comptes à rendre à Dieu.
Vision d’Abdias. Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel, à Édom : Nous avons reçu un message de l’Éternel et il a envoyé un émissaire parmi les nations : levons-nous et faisons la guerre à Édom ! (Abdias 1).
Les nations répondent à l’appel de l’Éternel de combattre Édom. Ce jugement apparaît chez les prophètes Joël, Malachie et Jérémie et reproduit les huit premiers versets d’Abdias (chapitre 49). Dans la première moitié du 6e siècle avant J-C, les Babyloniens, puis les Arabes nabatéens, ont conquis la montagne de Séir, la forteresse des Édomites. Plus tard, les Juifs les ont subjugués, puis les Romains les ont exterminés.
Voici que je t’ai rendu petit parmi les nations. Tu es l’objet du plus grand mépris, car ton orgueil te séduit, toi qui as ta demeure haut perchée dans les creux du rocher. Tu dis en toi-même : “ qui me précipitera à terre ? ” Eh bien, si tu élevais ton nid comme l’aigle, et si tu le plaçais au milieu des étoiles, je t’en ferais tomber, déclare l’Éternel (Abdias 2-4 ; cp Jérémie 49.15-16 ; Jacques 4.6 ; Proverbes 29.23 ; Philippiens 2.5-8).
Les Édomites considèrent la force comme la valeur suprême. De plus, ils sont très arrogants parce que leurs demeures sont taillées dans le roc dans une zone difficile d’accès, et donc facile à défendre. Ils se croient invincibles et on pourrait dire qu’ils ont signé une déclaration d’indépendance vis-à-vis de l’Éternel, mais leur orgueil démesuré signera leur perte, car devant Dieu, c’est peut-être bien le pire des péchés. De nos jours, tous les creux de rochers qui grouillaient de monde servent de tanière aux vautours, aux chats-huants et aux scorpions. Dieu a fait tomber l’orgueilleux Édom de son piédestal.
Si des voleurs étaient entrés chez toi de nuit, ils ne prendraient que ce qu’ils pourraient, mais tu ne serais pas ruiné. Si des vendangeurs entraient chez toi, ne laisseraient-ils pas quelques grappillages ? Ah ! comme Ésaü est fouillé ! Comme ses cachettes sont éventrées ! (Abdias 5-6 ; cp Jérémie 49.9).
Abdias oppose l’action des voleurs ou des vendangeurs ordinaires, qui n’emportent jamais tout, à celle des envahisseurs qui ne laisseront pas un creux de rocher qui ne soit fouillé. La ruine d’Édom sera totale.
Tous tes alliés ont aidé l’ennemi qui t’a expulsé de tes frontières et ont refusé d’accepter tes fugitifs. Ceux qui mangeaient le pain avec toi t’ont trahi et t’ont vaincu, et tu ne t’es douté de rien. En ce jour-là, dit l’Éternel, tous les sages d’Édom périront, et la sagesse disparaîtra du pays (Abdias 7-8).