Zacharie 9.11 – 10.1
Chapitre 9
Verset 11
Les Gédéons et d’autres organisations chrétiennes similaires sèment les Saintes Écritures à tout vent. Cette activité est très utile car elle rappelle à ceux qui reçoivent une copie des Textes sacrés que « l’homme ne vivra pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » qui sont les paroles mêmes de Jésus dans l’évangile selon Matthieu (4.4 ; LSG). Cependant, la plupart des gens qui essaient de lire les Écritures ont l’impression de manger du carton ; alors bien sûr ils trouvent ça indigeste. Il faut dire que de nombreux textes, surtout les prophéties, sont déroutants pour un novice. Par exemple, au verset onze du chapitre neuf du livre de Zacharie, on lit :
Pour ce qui te concerne à cause de l’alliance conclue avec toi par le sang, je vais faire sortir tes captifs de la fosse où il n’y a pas d’eau (Zacharie 9.11).
Ce passage n’est pas évident à comprendre et pourtant il n’est pas particulièrement difficile, à condition qu’on prenne le temps de s’y arrêter. Ici, l’Éternel s’adresse à « la fille de Sion », c’est à dire Israël personnifié, et lui dit que si le peuple choisi est désormais libre de quitter la Perse et de retourner dans son pays, c’est parce que Dieu est fidèle à l’alliance qu’il a conclue avec ses ancêtres, alliance qui a été scellée par le sang d’animaux sacrifiés. Cette alliance est la version terrestre et donc temporaire de l’alliance éternelle qui est scellée par le sang du Christ (Hébreux 13.20), et grâce auquel Dieu délivre les croyants de l’esclavage du péché et de ses conséquences éternelles.
Juste avant d’aller à la croix, Jésus célèbre la Pâque avec ses disciples. À la fin du repas, il prend une coupe de vin et leur dit :
Ceci est mon sang, par lequel est scellée l’alliance. Il va être versé pour beaucoup d’hommes, afin que leurs péchés soient pardonnés (Matthieu 26.28).
La première alliance entre l’Éternel et le futur peuple hébreu fut conclue avec Abraham (Genèse 15.8-21), et elle était sans condition. En fait, c’est comme si Dieu avait fait un pacte avec lui-même parce qu’il n’a rien demandé au patriarche qui est alors profondément endormi. Plus tard, l’Éternel conclut avec les Hébreux sortis d’Égypte, une alliance qui est également scellée par le sang d’animaux sacrifiés. Dans le livre de l’Exode, on lit :
Puis Moïse chargea les jeunes gens d’Israël d’offrir à l’Éternel des holocaustes et des taureaux en sacrifices de communion. […] Puis il prit le livre de l’alliance et le lut à haute voix au peuple. Les Israélites déclarèrent : – Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit, nous obéirons à toutes ses paroles. Alors Moïse prit le sang et en aspergea le peuple en disant : – Ceci est le sang de l’alliance que l’Éternel a conclue avec vous, sur la base de toutes ces paroles (Exode 24.5-8).
Contrairement à l’alliance conclue avec Abraham, l’alliance avec les Hébreux sortis d’Égypte est soumise à conditions. On connaît la suite. Bien que les Israélites aient déclaré haut et fort : « Nous ferons tout ce que l’Éternel a dit, nous obéirons à toutes ses paroles », ils n’ont pas respecté les clauses du contrat, ce qui leur a valu des jugements à répétition et finalement l’exil. Les habitants de Juda sont emmenés enchaînés à Babylone, un périple de 1 500 km qui prit environ trois mois. Au début, le sort des captifs est plutôt dur dur, mais une fois sur place ils ne finissent pas tous esclaves ; avec le temps ils jouissent de plus en plus de liberté et leur vie s’améliore au fur et à mesure que l’empire babylonien décline. Les Juifs se lancent donc dans les affaires, le commerce et beaucoup font fortune car Dieu les bénit. La preuve est qu’ils sont en mesure de contribuer à la reconstruction du temple avec de l’or et de l’argent qu’ils envoient aux premiers colons (Zacharie 6.10-11). Tout ça pour dire que la plupart des Israélites en Babylonie ne sont pas malheureux mais plutôt confortables, et on peut presque dire qu’ils mènent la grande vie.
Cependant, comme l’Éternel veut que tous les membres de son peuple reviennent dans le pays qu’il a donné à leurs ancêtres, pour lui, les exilés sont encore captifs « de la fosse où il n’y a pas d’eau ». « La fosse » est alors une désignation courante pour « la prison » (Genèse 40.15). Ici, cette fosse est l’expatriation des Israélites en Babylonie. En parlant de « fosse où il n’y a pas d’eau », Zacharie a probablement à l’esprit le puits au fond duquel fut jeté Joseph (Genèse 37.24) par ses frères, tous fils de Jacob. Cette allusion est d’autant plus plausible que le prophète vient de mentionner Éphraïm, qui justement, est l’une des deux tribus issues de Joseph.
Au moment de cette prophétie, les Israélites ne sont plus captifs des Perses puisqu’ils peuvent partir à tout moment, mais beaucoup sont prisonniers de la vie et de l’argent faciles et ne veulent pas quitter leur terre d’exil. Mais ceux qui ont le sens du devoir font quand même leurs bagages et retournent dans le pays de leurs ancêtres.
Verset 12
Je continue le texte de Zacharie.
Revenez à la place forte, captifs pleins d’espérance, aujourd’hui encore, je le déclare : Je vous rendrai au double (Zacharie 9.12 ; auteur).
Le prophète et donc l’Éternel invite les exilés juifs à retourner dans leur patrie et plus particulièrement à Jérusalem, qui par opposition à la « la fosse où il n’y a pas d’eau » est appelée « place forte » car sous la protection de Dieu (Zacharie 2.9).
La première application de cette prophétie a lieu quand elle est donnée, mais son véritable accomplissement aura lieu au début du millénium quand tous les Juifs de la grande diaspora reviendront dans le pays de leurs ancêtres.
Le pendant spirituel de la protection offerte « à la place forte », c’est-à-dire à Jérusalem, est en Jésus-Christ qui a lui-même dit :
L’Esprit du Seigneur repose sur moi parce qu’il […] m’a envoyé pour proclamer aux captifs la libération, aux aveugles le recouvrement de la vue, pour apporter la délivrance aux opprimés (Luc 4.18).
Zacharie appelle les exilés « captifs pleins d’espérance » car même à cette époque, alors qu’ils sont éparpillés soit dans l’empire perse soit en Palestine, ils sont toujours sous l’alliance conclue au Sinaï et donc les porteurs des glorieuses promesses qui ne manqueront pas de se réaliser parce qu’elles ont été faites par le Dieu qui ne ment point. Il faut aussi savoir qu’ici, le mot « espérance » à un article, ce qui veut dire qu’il est question de « l’Espérance d’Israël », c’est-à-dire la venue du Messie. Dans le livre des Actes, on lit que l’apôtre Paul dit trois fois que c’est à cause de « l’Espérance d’Israël » qu’il est « traduit en justice, mis en accusation et porte ces chaînes » (Actes 26.6-7 ; 28.20).
Zacharie ajoute que le peuple recevra une double bénédiction en compensation des souffrances passées. Le prophète Ésaïe écrit :
Au lieu de votre honte, vous aurez double honneur, et au lieu de l’opprobre, vous pousserez des cris de joie à cause de la part que vous aurez. Car, dans votre pays vous recevrez un patrimoine double. Il y aura pour vous une joie éternelle (Ésaïe 61.7).
Verset 13
Je continue le texte.
Car je tends mon arc : c’est Juda ; j’y place une flèche : Éphraïm. J’exciterai tes fils, ô peuple de Sion, contre tes fils, Yavân, et je ferai de toi une épée de guerrier (Zacharie 9.13).
À partir d’ici, le ton change. Cette image décrit l’Éternel tout équipé pour la guerre et qui se sert des membres de son peuple pour combattre ses ennemis. Israël n’est plus une nation captive qui rentre dans sa patrie, mais un héros dont l’Éternel arme le bras « d’une épée de guerrier » pour frapper ses ennemis.
Dans l’ensemble des écrits de l’Ancien Testament, « Yavân » ne désigne pas l’Occident mais la Grèce. Ici, Zacharie prophétise la victoire de la famille de prêtres appelée « Maccabée » qui au second siècle avant Jésus-Christ (169-135) lutte contre la dynastie grecque des Séleucides qui occupe la Syrie et dont les rois sont Antiochus IV Épiphane (Daniel 11.32) et les suivants, Antiochus V, VI et VII. Avant leur captivité, les Israélites n’avaient jamais eu de contact avec les Grecs, hormis ceux qui leur furent vendus comme esclaves par les Phéniciens.
Jusqu’à l’après-exil, Yavân comme ennemi d’Israël est totalement en dehors du champ prophétique. Il est donc évident que ce ne peut être que sous l’inspiration du Saint-Esprit que Daniel et Zacharie prophétisent la montée en puissance d’une dynastie macédonienne et la lutte qui suivit entre les Juifs et les rois de la dynastie gréco-syrienne des Séleucides. La victoire des Maccabées contre ces derniers annonce le futur triomphe du Messie contre tous les ennemis de Dieu.
Verset 14
Je continue le texte.
L’Éternel paraîtra au-dessus d’eux (des Grecs) et ses traits jailliront comme l’éclair. Le Seigneur, l’Éternel, sonnant du cor, s’avancera dans l’ouragan du sud (Zacharie 9.14).
Cette image est une description poétique de l’Éternel qui livre lui-même bataille pour assurer la victoire à son peuple. Il ressemble à un guerrier en plein combat. Il sonne du cor, c’est à dire il fait gronder le tonnerre pour donner le signal de la charge et s’élance avec la puissance de l’ouragan. Les tempêtes qui viennent du sud, du désert d’Arabie, sont particulièrement violentes (Ésaïe 21.1). L’Éternel attaque ses ennemis avec les flèches de ses jugements qui jaillissent soudainement comme l’éclair qu’il est impossible d’éviter (Psaumes 18.15 ; Habaquq 3.11).
Verset 15 a, b
Je continue le texte.
Le Seigneur des armées célestes protégera les siens. Ils dévoreront et ils écraseront les pierres de fronde (Zacharie 9.15 a, b ; auteur).
Ce passage est difficile car obscur en hébreu, mais il paraît annoncer la victoire de la famille sacerdotale des Maccabées sur la dynastie des Séleucides. Imaginez une famille de prêtres qui décide de faire la guerre à une nation puissamment armée ; ça n’a aucun sens sauf qu’avec Dieu tout est possible.
Selon les deux livres apocryphes des Maccabées, dans cette guerre d’usure que mènent les Juifs, il y a de nombreux exemples de victoires qui ne peuvent être expliqués que par une intervention de Dieu. A moi, il me semble que l’histoire s’est répétée au moment de la guerre d’indépendance d’Israël en 1948 et de la guerre des six jours en 1967. Les Juifs doivent alors combattre sur plusieurs fronts contre les nations arabes liguées contre eux, et qui en plus bénéficient d’un soutien logistique de certains pays européens, mais ils sont quand même victorieux.
Dieu protège les siens qui « dévoreront et ils écraseront les pierres de fronde ». Ces « pierres » sont les projectiles des ennemis qui tombent au milieu des Israélites mais sans causer de dommage. Zacharie s’est peut être bien inspiré d’un passage du livre des Nombres et du prophète Michée dans lesquels Israël est comparé à un lion qui, et je cite : « ne se couche pas sans avoir dévoré sa proie, sans avoir bu le sang de ses victimes » (Nombres 23.24) et qui « foule aux pieds et déchire sans que personne ne puisse délivrer » (Michée 5.7).
Verset 15 c, d
Je continue le texte.
Ils boiront et feront du bruit comme s’ils étaient ivres, ils seront pleins comme la coupe d’aspersion que l’on répand aux angles de l’autel (Zacharie 9.15 c, d).
Dans la première image, les hommes ivres pourraient représenter la joie exubérante de la victoire mais il est préférable d’y voir une métaphore. En effet, tout comme le lion boit le sang de ses victimes, les Israélites tueront tellement d’ennemis que leur sang coulera à flot et ils en seront comme ivres. Cette interprétation est confirmée par la seconde image qui exprime la même idée d’abondance de sang qui ruisselle.
Il faut savoir que pour le sacrifice d’expiation, on remplit de sang la coupe avec laquelle on asperge l’autel des holocaustes sur ses quatre côtés ainsi que sur les angles qui sont ainsi inondés de sang (Exode 29.12 ; Lévitique 1.11 ; 8.15).
Pour l’Éternel, la guerre que mènent les Israélites contre leurs ennemis revêt un caractère sacré et a valeur de sacrifice. Selon les deux livres des Maccabées, dans la lutte qui oppose la famille des prêtres aux Gréco-Syriens, le sang répandu est souvent considérable. Les Juifs eurent des pertes, mais elles furent plutôt faibles comparées à celles des Grecs.
Verset 16
Je continue le texte.
Et l’Éternel leur Dieu les délivrera en ce jour-là, comme le troupeau de son peuple ; car ils seront comme les pierres d’un diadème brillant sur sa terre (Zacharie 9.16 ; OST).
L’expression, « ce jour-là », renvoie pratiquement toujours à la fin des temps et plus précisément au « Jour de l’Éternel » et à n’importe quel moment de ce Jour. Il s’agit d’une période d’environ 1007 ans. Elle commence dès « l’enlèvement de l’Église » (1Thessaloniciens 4) par sept années de Tribulation faites de guerres, de persécutions et de jugements divins sous le règne de l’Antichrist. Ce temps de grande détresse se termine par la seconde venue de Jésus-Christ qui vient régner pendant mille ans.
Cette prophétie de Zacharie a déjà eu un accomplissement partiel et relativement proche de l’époque où elle est prononcée, quand la famille de prêtre appelée « Maccabées » triomphent de la dynastie des Séleucides installée en Syrie.
Ici, « ce jour-là » désigne la fin des sept années de tribulation et donc la délivrance d’Israël quand le Messie apparaît pour détruire ses ennemis et instaurer son royaume. Alors, Jésus-Christ fera paître son peuple comme le berger son troupeau (Zacharie 10.2, 3 ; 11.4 ; comparez Psaumes 77.20 ; etc.). Déjà lors de sa première venue, Jésus se donne le titre de « bon berger » et désigne son groupe de disciples comme : « le petit troupeau » (Jean 10.11, 14 ; Luc 11.32), une expression qui est pleine d’affection. Comme un troupeau de brebis, les croyants sont exposés à bien des dangers, mais ils ont dans les cieux un Berger et le Père céleste, qui les protègent et leur a donné le royaume.
Tout comme « les pierres d’un diadème », des pierres précieuses de grand prix aux yeux des hommes, les croyants fidèles qui habitent sur terre le sont infiniment plus aux yeux de Dieu. La prophétie de Zacharie s’adresse d’abord aux Israélites mais ils compteront dans leurs rangs des membres fidèles à l’Éternel issus de tous les peuples païens (Amos 9.11-15). « En ce jour-là », tous les croyants, juifs et non-juifs, scintilleront et seront exaltés au-delà de tout ce qui peut être imaginé. Assurés de telles promesses, c’est avec confiance que les croyants peuvent faire face aux difficultés inhérentes de la vie.
Verset 17
Je finis de lire le chapitre neuf de Zacharie.
Oh quelle prospérité et quelle beauté ! Les récoltes feront s’épanouir les jeunes gens et le vin doux les jeunes filles (Zacharie 9.17 ; auteur).
Cette description d’abondance dans un environnement paradisiaque où les jeunes respirent la santé, correspond à la situation qui prévaudra pendant le règne du Messie sur terre parce que le monde jouira de la bénédiction de Dieu.
La promesse d’abondance que vient de mentionner Zacharie le ramène à la réalité présente et l’inspire à en tirer une application immédiate. Les colons juifs doivent placer leur confiance en l’Éternel seul.
Chapitre 10
Verset 1
Je commence maintenant de lire le chapitre dix.
Demandez donc à l’Éternel de la pluie au printemps ! Il produit les orages : il vous accordera une pluie abondante qui fera pousser l’herbe de chacun dans son champ (Zacharie 10.1).
Dieu fait des promesses mais l’homme doit se les approprier par la foi et les lui présenter dans la prière.
Dans l’Ancien Testament, la presque totalité des bénédictions promises aux membres du peuple d’Israël est physique et temporelle. Quand ils sont soumis à l’Éternel, ils jouissent de la paix, ils ont une nombreuse descendance, la santé, des grands troupeaux et de belles récoltes. La pluie au bon moment fait également partie des bénédictions de Dieu parce qu’elle fertilise le sol, et les Israélites, comme d’ailleurs tous les autres peuples de cette époque, vivent surtout de l’agriculture.
Comme la pluie et la prospérité vont de pair, la fin du chapitre précédent : « les récoltes feront s’épanouir les jeunes gens et le vin doux les jeunes filles », dicte l’exhortation de Zacharie aux colons juifs : « Demandez à l’Éternel qu’il pleuve », car pourquoi attendre le millénium pour jouir des bénédictions de Dieu ?
C’est la pluie de printemps que les colons doivent demander, littéralement, « la pluie de l’arrière-saison », celle qui commence au mois d’avril et qui précède la moisson (Deutéronome 11.14 ; Jérémie 5.24). Cette pluie est nécessaire pour faire gonfler les épis.
L’arrivée régulière des pluies de printemps et des pluies d’automne, qui se manifestent principalement sous forme d’orages passagers mais abondants, est considérée comme une manifestation de la providence divine. Le prophète Ésaïe écrit :
Dieu accordera la pluie à la semence que tu mettras en terre. Aussi, la nourriture que produira la terre sera très riche et savoureuse, et ton bétail, en ce temps-là, paîtra dans de vastes prairies (Ésaïe 30.23 ; comparez Jérémie 5.24 ; Joël 2.23).
Les pluies sont destinées à faire « pousser l’herbe de chacun dans son champ » (comparez Psaumes 104.14). Dans le récit de la création, le mot pour « herbe » est traduit par « verdure ou plante » (Genèse 1.11, 29) et désigne toute alimentation d’origine végétale. Dans le plan originel de Dieu, les hommes et les animaux sont végétariens ; c’est le péché d’Adam et Ève qui est responsable des guerres et des animaux qui s’entre-tuent et se dévorent.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.