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01 oct. 2026

Zacharie 6.9-12

Chapitre 6

Verset 9

Certaines nuits on n’arrive pas à dormir. Il existe maintes raisons qui peuvent être à l’origine de ce désagrément : les soucis, la maladie, des douleurs, l’effet secondaire d’un médicament, un café tardif et corsé, une soirée trop bien arrosée, et je suis sûr que j’en oublie. Par contre, passer une nuit blanche ou très perturbée, est l’un des risques du métier de prophète et c’est ce qui arrive à Zacharie la nuit où il reçoit huit visions l’une après l’autre sans interruption. Je continue de lire dans le chapitre six de son livre.

La parole de l’Éternel me fut adressée en ces mots (Zacharie 6.9 ; LSG).

Le soleil s’est levé et brille de tous ses feux. Le prophète a vécu une expérience passionnante mais éprouvante ; il vient d’assister en esprit au jugement des nations païennes ennemies de son peuple, au châtiment des colons juifs qui trompent leurs compatriotes, à la restauration religieuse et politique d’Israël ; et il a vu le rétablissement du sacerdoce et de la royauté, les deux fonctions sacrées nécessaires à l’existence du peuple de Dieu (chap. 3-4). Il a encore la tête qui tourne et il n’a pas le temps de faire ouf, que déjà Dieu s’adresse à lui.

La formule « la parole de l’Éternel » indique une révélation prophétique. L’ange-interprète a disparu et c’est l’Éternel lui-même qui parle directement à son prophète. Cependant, la substantifique moelle des visions, ce qui concerne « le Germe », c’est-à-dire le Messie ainsi que son rôle, va être confirmée par une cérémonie publique et symbolique qui révélera la grandeur du futur Temple ainsi que la gloire de l’illustre personnage à venir qui est à la fois roi et prêtre. Le roi David avait déjà perçu que le Messie occuperait ces deux fonctions. Dans le psaume 110, il écrit :

L’Éternel étendra de Sion ton pouvoir royal, et tu domineras parmi tes ennemis. L’Éternel l’a juré, il ne reviendra pas sur son engagement : “ Tu seras prêtre pour toujours selon la ligne de Melchisédech ” (Psaumes 110.2, 4 ; comparez Genèse 14.18).

Maintenant que la série de huit visions est terminée, l’esprit prophétique s’empare de Zacharie pour qu’il soit animé par la même intuition que David. Il reçoit l’ordre d’effectuer un acte symbolique dont le but est de souligner d’une manière indélébile aux yeux du peuple, l’unité entre la royauté et la prêtrise.

Verset 10

Je continue le texte.

Va prendre les dons que Heldaï, Tobiya et Yedaeya apportent de la part des exilés : rends-toi aujourd’hui dans la maison de Josias, fils de Sophonie, où viennent d’arriver ces gens en provenance de Babylone (Zacharie 6.10).

« Ces gens » que nous n’avons encore pas rencontrés font soudainement irruption dans le texte. Les trois premiers sont délégués par les Juifs de Babylonie et ils arrivent chargés d’espèces sonnantes et trébuchantes, littéralement, puisqu’au verset suivant on apprend qu’ils apportent de l’or et de l’argent. Ces métaux précieux sont destinés à couvrir les frais de construction du Temple qui a commencé le 21 septembre de l’an 520 avant Jésus-Christ (Aggée 1.15). Comme la délégation venue de l’Orient est arrivée à la mi-février de l’an 519 (Zacharie 1.7), cela fait maintenant environ cinq mois que les travaux du Temple ont repris.

De toute évidence, les Juifs restés en Babylonie ont appris que leurs compatriotes revenus à Jérusalem se sont énergiquement mis à rebâtir le Temple, et ils n’ignorent pas non plus leur grande pauvreté. Comme les nouvelles circulent et que le voyage entre Jérusalem et Babylone dure à peu près deux mois, il s’est écoulé suffisamment de temps pour que les Juifs d’Orient apprennent ce qui se passe en Judée et puissent montrer l’intérêt qu’ils portent à leurs frères et au grand ouvrage qu’ils construisent en coopérant financièrement.

Les colons juifs ont refusé, et à juste titre, l’aide des peuples voisins païens, et des Samaritains en particulier. Par contre, ils acceptent volontiers l’argent de leurs compatriotes babyloniens. Mais il est normal que ces derniers contribuent au Temple de l’Éternel car ils font autant partie du peuple de Dieu que ceux qui sont retournés en Juda.

Les colons juifs ont également accepté l’aide que leur ont fournie les rois perses Cyrus et Artaxerxès (Esdras 6.8 ; 7.15), mais ce n’est qu’un juste retour des choses puisque les Babyloniens ont pillé tous les trésors des Israélites et que ces richesses sont désormais entre les mains des Perses.

Heldaï (robuste, qui dure), Tobiya (Dieu est bon) et Yedaeya (Dieu comprend), les trois délégués qui arrivent de Babylonie sont pour nous d’illustres inconnus, mais il n’en est évidemment pas ainsi pour Dieu qui lui les connaît très bien. Et le fait qu’ils aient fait ce long voyage pénible et périlleux avec tout cet argent sera à leur bénéfice dans le royaume de Dieu. Comme l’écrit l’auteur de l’épître aux Hébreux :

Dieu n’est pas injuste au point d’oublier l’activité que vous avez déployée, par amour pour lui, dans les services que vous avez rendus – et que vous rendez encore – à ceux qui lui appartiennent (Hébreux 6.10).

Ces délégués venus de Babylonie logent chez « Josias, fils de Sophonie ». Ce personnage aussi nous est inconnu mais c’est probablement le trésorier de la colonie juive et donc celui qui garde les dons, et par la même occasion qui offre l’hospitalité aux trois hommes. Il est également probable que ce Josias soit le fils du prêtre qui occupait la seconde place après le grand-prêtre dans la hiérarchie ecclésiastique au moment de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor. Dans le second livre des Rois, on lit :

Le chef de la garde fit prisonnier le grand-prêtre Seraya, Sophonie, le prêtre en second, et les trois prêtres chargés de surveiller l’entrée du Temple (2Rois 25.18 ; comparez Jérémie 29.25 et suivants ; 37.3).

Sophonie fut emmené captif à Babylone, mais apparemment son fils a fait le voyage inverse. Plus loin (Zacharie 6.14), Josias est appelé « Hen », ce qui veut dire « gracieux » ; sympa comme surnom.

L’Éternel dit à Zacharie : « Va prendre les dons […] rends-toi aujourd’hui dans la maison de Josias […] ». Dieu ne tient pas compte du fait que son prophète vient de passer une nuit blanche ; il veut qu’il se remue et aille sans tarder à la maison de Josias pour y récupérer promptement les métaux précieux dont il veut se servir pour organiser une cérémonie symbolique.

Verset 11

Je continue le texte.

(Rends-toi aujourd’hui dans la maison de Josias) pour y prendre l’argent et l’or qu’ils apportent. Tu en feras une couronne, et tu la poseras sur la tête de Josué, fils de Yehotsadaq, le grand-prêtre (Zacharie 6.11).

Zacharie ne va prendre que ce dont il a besoin pour fabriquer la couronne. Littéralement, le texte dit « des couronnes » ; il se peut que ce soit un pluriel de majesté (comparez Job 31.36) mais il est plus logique de penser qu’il s’agit d’une couronne composée de plusieurs diadèmes. C’est aussi ce que portera le Messie. Dans l’Apocalypse, l’apôtre Jean écrit :

Ses yeux flamboient comme une flamme ardente. Sa tête est couronnée de nombreux diadèmes (Apocalypse 19.12).

Les nombreux diadèmes de Jésus-Christ correspondent au titre qui lui est donné et qui est :

“ Roi des rois, Seigneur des seigneurs ” (Apocalypse 19.16).

La multitude des couronnes ou des diadèmes est donc le symbole de la souveraineté absolue et d’une royauté universelle sur tous les peuples.

Dans la prophétie de Zacharie, l’emblème de la dignité royale est posé sur la tête du grand-prêtre alors que d’habitude il ne porte pas une couronne mais une tiare. Dans cette cérémonie, Zorobabel qui est pourtant l’héritier légitime au trône de David est le grand absent. Il n’est pas mentionné et n’apparaît nulle part parce qu’à cette époque de l’histoire d’Israël, l’Éternel n’a pas l’intention de restaurer la lignée de David sur le trône. En fait, le prochain personnage qui portera la couronne de David sera le Seigneur Jésus-Christ lui-même quand il viendra sur terre pour y établir son royaume.

Cela dit, il est quand même surprenant de voir le grand-prêtre couronné parce que dans la constitution théocratique d’Israël, les deux fonctions royale et sacerdotale sont nettement séparées ; la couronne ne peut  appartenir qu’à un descendant de David qui est de la tribu de Juda, et la prêtrise ne peut être exercée que par un descendant d’Aaron qui est de la tribu de Lévi. Il est donc tout à fait impossible qu’un roi soit en même temps prêtre, ou un prêtre soit roi.

On a l’exemple de ce qu’il ne faut pas faire avec Osias, roi de Juda. Cet homme fait d’abord ce qui est droit et juste devant l’Éternel et il est béni. Malheureusement pour lui, dans le second livre des Chroniques, on lit :

Lorsqu’il fut devenu puissant, son cœur se gonfla d’orgueil, ce qui entraîna sa perte. Il fut rebelle à l’Éternel son Dieu car il pénétra dans son Temple pour offrir des parfums sur l’autel des parfums. Le prêtre Azariahou entra derrière lui accompagné de quatre-vingts prêtres de l’Éternel, qui, avec courage, s’opposèrent au roi Ozias et lui dirent : – Ce n’est pas à toi, Ozias, d’offrir l’encens à l’Éternel, mais c’est réservé aux prêtres, descendants d’Aaron, qui ont été consacrés pour cela. Sors du sanctuaire, car tu commets un acte de rébellion […]. Alors Ozias, qui tenait un encensoir à la main, se mit en colère contre les prêtres. Au même moment, […] la lèpre apparut sur son front en présence des prêtres. […] l’Éternel l’avait frappé. Le roi Ozias resta lépreux jusqu’au jour de sa mort et vécut dans une maison d’isolement comme lépreux, tenu à l’écart du Temple de l’Éternel (2Chroniques 26.16-21).

Devenu orgueilleux, le roi Ozias ne se sent plus et veut renverser le mur de séparation élevé par la Loi entre la royauté et la prêtrise ; la plus mauvaise idée de sa carrière.

Cependant, par cette cérémonie, Zacharie proclame hardiment l’abolition de cet article fondamental de la loi de Moïse et de la théocratie israélite. Posée sur la tête du grand-prêtre, la couronne représente l’union de la prêtrise et de la royauté. Ces deux fonctions seront un jour réunies en une seule et même personne, Jésus-Christ, ce qui est symbolisé par le couronnement du grand-prêtre. Mais ce n’est pas vraiment une surprise parce que déjà à la fin de la quatrième vision, Dieu a dit :

Et maintenant, écoute, Josué, toi le grand-prêtre, et tes collègues qui se tiennent devant moi, car vous êtes des hommes qui servez de préfiguration. En effet, je ferai venir mon serviteur, qui est appelé le Germe (Zacharie 3.8).

Maintenant, on peut quand même se demander pourquoi c’est Josué plutôt que Zorobabel que Dieu choisit pour devenir le signe de l’union des deux charges en la personne du Messie. En effet, il aurait été tout aussi facile de placer une tiare sacerdotale sur la tête de Zorobabel qu’une couronne royale sur celle de Josué. Il semble que le grand-prêtre ait été choisi pour signifier que ce n’est pas par la force d’un roi conquérant que le Messie deviendra le médiateur entre Dieu et les hommes, mais par l’œuvre d’un prêtre dont la fonction est d’offrir des sacrifices pour réconcilier l’homme à Dieu.

C’est ce que Jésus a fait. Il est d’abord venu comme Parole de Dieu et prophète pour représenter l’Éternel son Père. Rejeté comme prophète, il s’est offert lui-même sur la croix (Hébreux 9.14) devenant à la fois prêtre et sacrifice. Il est ensuite monté aux cieux pour présenter son propre sang dans le Saint des saints céleste. L’auteur de l’épître aux Hébreux écrit :

Or, le Christ est venu en tant que grand-prêtre […]. Il a traversé un tabernacle plus grand et plus parfait que le sanctuaire terrestre, un tabernacle qui n’a pas été construit par des mains humaines […]. Il a pénétré une fois pour toutes dans le sanctuaire ; il y a offert, non le sang de boucs ou de veaux, mais son propre sang. Il nous a ainsi acquis un salut éternel. Car ce n’est pas dans un sanctuaire construit par des hommes, simple image du véritable, que le Christ est entré : c’est dans le ciel même, afin de se présenter maintenant devant Dieu pour nous (Hébreux 9.11-12, 24).

Aujourd’hui, Jésus est notre grand prêtre qui intercède pour tous les croyants (Romains 8.27, 34). À la fin des temps, quand il reviendra sur terre pour établir son royaume de mille ans, il portera la couronne et régnera en maître absolu. Jésus est à la fois prophète, prêtre et sacrifice, et roi. Cet ordre, établi par Dieu, montre bien que la croix précède la couronne, et la prêtrise devance la royauté. Voilà pourquoi, par cette cérémonie symbolique, ce n’est pas Zorobabel qui devient prêtre, mais Josué qui devient roi. Il préfigure ainsi le Messie, le futur Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

Il est intéressant de remarquer que la séquence des prophéties de Zacharie suit le même ordre que les événements du « Jour de l’Éternel » : d’abord les jugements et ensuite le règne. Les visions parlent surtout de châtiments et ce n’est qu’ensuite qu’est décrite la cérémonie qui annonce la venue du Messie.

Verset 12 a, b

Je continue le texte.

Tu lui diras alors (au grand-prêtre Josué) : Écoute ce que déclare le Seigneur des armées célestes : Voici un homme dont le nom est Germe, et il germera de son lieu (Zacharie 6.12 a, b ; auteur).

Ces paroles qui font suite au couronnement du grand-prêtre soulignent une fois encore le rôle symbolique de Josué qui préfigure le « Germe », le Messie (Zacharie 3.8). Mais ce n’est pas tout, car cette cérémonie place également le grand-prêtre Josué dans la lignée de Melchisédech, le seul prêtre-roi mentionné dans les Écritures. Contemporain d’Abraham, il apparaît soudainement dans les pages de la Genèse (Genèse 14.18-20) mais en sort tout aussi rapidement. Environ mille ans plus tard, Melchisédech est mentionné une fois en passant dans le psaume 110 (v 4), puis il faut attendre encore un millénaire pour que ce personnage énigmatique refasse surface dans l’épître aux Hébreux où il fait l’objet d’un long discours qui explique comment sa double fonction de prêtre et de roi préfigure celle du Christ (Hébreux 7.11-21).

Quand Zacharie écrit ses prophéties, cela fait quinze siècles que Melchisédech a disparu, mais le couronnement symbolique de Josué le fait sortir de l’oubli parce que tous deux sont prêtre-roi et tous deux préfigurent Jésus-Christ le Messie, le « Germe » qui doit venir et qui, dit la prophétie « germera de son lieu ». En d’autres mots, ce personnage ne descendra pas du ciel avec une couronne sur la tête mais il sortira humblement de terre et grandira graduellement. Le prophète Ésaïe écrit :

Un rameau poussera sur le tronc d’Isaï (père du roi David), un rejeton naîtra de ses racines, et portera du fruit (Ésaïe 11.1). Car devant l’Éternel, il a grandi tout droit comme une jeune pousse ou comme une racine sortant d’un sol aride (Ésaïe 53.2).

Jésus est né dans une humble demeure dans le village insignifiant de Bethlehem. Enveloppé de langes, Marie l’a mis dans une mangeoire. Il a grandi à Nazareth, est devenu adolescent puis un homme. Il n’a jamais porté d’auréole sur la tête comme dans les tableaux des grands maîtres, et ses voisins et compagnons de jeu n’ont pas soupçonné qu’il émanait de Dieu, et encore moins qu’il était Dieu fait homme, la seconde personne de la Trinité et le Créateur, car tout en lui indiquait un garçon juif ordinaire.

Vous rendez-vous compte que pendant des années certains ont côtoyé sans le savoir le Dieu tout-puissant, le Créateur du ciel et de la terre ? Dans son évangile, l’apôtre Jean le présente avec ces paroles sublimes :

Au commencement était celui qui est la Parole de Dieu. Il était avec Dieu, il était lui-même Dieu. Au commencement, il était avec Dieu. Tout a été créé par lui ; rien de ce qui a été créé n’a été créé sans lui. En lui résidait la vie, et cette vie était la lumière des hommes (Jean 1.1-4).

Pareillement, l’auteur de l’épître aux Hébreux écrit :

Maintenant, dans ces jours qui sont les derniers, c’est par son Fils qu’il (Dieu) nous a parlé. Il a fait de lui l’héritier de toutes choses et c’est aussi par lui qu’il a créé l’univers. Ce Fils est le rayonnement de la gloire de Dieu et l’expression parfaite de son être. Il soutient toutes choses par sa parole puissante (Hébreux 1.2-3).

Quand Jésus est né, les bergers avertis par des anges, sont allés l’adorer. C’est vrai, mais ce qu’on oublie est que le jour de sa naissance, Dieu a ordonné :

Que tous les anges de Dieu se prosternent devant lui (Hébreux 1.6).

Puis, à son Fils, il a dit :

Ton trône, ô Dieu, subsiste pour toute éternité […]. C’est toi, Seigneur, qui, au commencement, as posé les fondations de la terre. Le ciel est l’œuvre de tes mains (Hébreux 1.8, 10).

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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