Zacharie 6.15 – 7.2
Chapitre 6
Verset 15
Les cérémonies symboliques n’accomplissent rien du tout, du moins rien de concret et pourtant elles sont très utiles car elles structurent nos vies en leur donnant de la charpente. Fêter un anniversaire par exemple, ne rajeunit pas, au contraire, cette fête nous rappelle que le temps passe et que nous vieillissons. Pourtant, le gâteau, les bougies, les cadeaux et toute l’attention que la personne à l’honneur reçoit pendant quelques heures lui montrent qu’aux yeux des assistants, elle existe, elle est importante et elle a sa place dans la famille ou parmi ses amis.
L’Éternel ordonne à Zacharie d’organiser le couronnement du grand-prêtre Josias, une cérémonie qui pourrait faire penser à une farce ou tout au moins qui est incongrue et à la limite de l’absurde. Cependant, pour les colons juifs qui sont aux prises avec des difficultés de tous ordres, cette célébration revêt une importance considérable. En effet, cette couronne est fabriquée avec une partie des métaux précieux que leur ont apportée des frères venus de Babylonie, ce qui représente un soutien financier énorme.
En second lieu, cette cérémonie solennelle leur remet le cœur au ventre et les réconforte parce qu’elle leur ouvre un brillant horizon plein d’espérances. Ce n’est pas en vain qu’ils souffrent et travaillent dur, car leurs frères d’Orient et surtout l’Éternel les encouragent à persévérer.
Je finis maintenant de lire le chapitre six du livre de Zacharie.
Des gens viendront un jour de bien loin pour travailler à la construction du Temple de l’Éternel, alors vous saurez que le Seigneur des armées célestes m’a envoyé vers vous. Cela s’accomplira si vous obéissez vraiment à l’Éternel votre Dieu (Zacharie 6.15).
Cette couronne symbolique qui a été posée sur la tête du grand-prêtre est décidément riche en significations. En rappelant les dons généreux des Juifs de Babylonie, cette couronne annonce la participation future de non-Juifs venus de loin avec leurs richesses et avec leurs mains pour travailler à la construction du Temple du millénium. Parlant de Jérusalem, Ésaïe écrit :
Les étrangers rebâtiront tes murs, leurs rois te serviront (Ésaïe 60.10). Les richesses que transportent les vaisseaux sillonnant la mer seront détournées vers tes ports. Les trésors des nations arriveront chez toi. […] Tous les habitants de Saba viendront et ils apporteront de l’or et de l’encens, et ils proclameront les louanges de l’Éternel (Ésaïe 60.5-6). Vous jouirez des trésors des nations et vous mettrez votre fierté dans ce qui fait leur gloire (Ésaïe 61.6 ; comparez Aggée 2.7-8).
Non seulement les peuples païens participeront à la construction du Temple messianique, mais par la suite, ils viendront en masse à Jérusalem pour recevoir l’enseignement de l’Éternel. Ésaïe écrit :
Dans l’avenir, il adviendra que la montagne sur laquelle est le Temple de l’Éternel sera fermement établie au-dessus des montagnes, elle s’élèvera par-dessus toutes les hauteurs, et toutes les nations y afflueront. Oui, des peuples nombreux viendront et se diront les uns aux autres : “ Venez, montons au mont de l’Éternel, au Temple du Dieu de Jacob. Il nous enseignera les voies qu’il a prescrites ; nous suivrons ses sentiers. ” Car de Sion viendra la Loi, et de Jérusalem la Parole de l’Éternel. Il sera l’arbitre des peuples. Oui, il sera le juge de nombreuses nations. Martelant leurs épées, ils forgeront des socs pour leurs charrues, et, de leurs lances, ils feront des faucilles. Plus aucune nation ne brandira l’épée contre une autre nation, et l’on n’apprendra plus la guerre (Ésaïe 2.2-4 ; comparez Michée 4.1-4).
Le règne du Messie débordera bien au-delà des limites de la nation d’Israël, pour embrasser le monde entier. Aux Éphésiens, l’apôtre Paul écrit que « ces gens qui viendront un jour de bien loin » sont les non-Juifs convertis (Éphésiens 2.13). Cette vision et compréhension du royaume messianique est dans la lignée des prophètes de l’Ancien Testament et de Zacharie qui annonce lui aussi l’incorporation de non-Israélites au peuple de Dieu. Je rappelle le passage :
En ce jour-là, beaucoup de nations s’attacheront à l’Éternel et deviendront mon peuple (Zacharie 2.15).
Et plus loin dans le livre, Zacharie prédit la conversion à l’Éternel de foules de gens ; il écrit :
Voici ce que dit le Seigneur des armées célestes : Des peuples et les habitants de villes nombreuses vont encore venir. Les habitants d’une ville iront dans une autre et s’inviteront en disant : “ Allons, mettons-nous en route pour implorer l’Éternel, le Seigneur des armées célestes, et pour rechercher sa présence. ” Et on leur répondra : “ Oui, moi aussi, je veux y aller ! ” Ainsi des peuples nombreux et des nations puissantes viendront rechercher la présence du Seigneur des armées célestes, à Jérusalem, et l’implorer (Zacharie 8.20-22 ; comparez Zacharie 14.16).
L’arrivée des trois délégués chargés d’or et d’argent est l’occasion pour Zacharie de prophétiser l’avenir glorieux d’Israël et le futur Temple qui sera construit à Jérusalem au début du millénium. Tout ça pour dire que le temple en construction à l’époque du prophète Zacharie préfigure le Temple messianique de la fin des temps. Des peuples non-juifs venus du monde entier apporteront leurs dons à ce nouveau Temple qui deviendra pour toutes les nations un lieu de rencontre, de prière et d’adoration du Dieu unique et vrai.
Les promesses de Dieu son irrévocables parce que d’une manière ou d’une autre, elles finissent toujours par s’accomplir. Cependant, les derniers mots du chapitre six « Cela s’accomplira si vous obéissez vraiment à l’Éternel votre Dieu », rappellent que l’Éternel attend de son peuple qu’il se soumette à lui dans la foi. Cet appel à l’obéissance renvoie au premier oracle du livre où Zacharie dit aux colons juifs :
Ne faites pas comme vos ancêtres, que les prophètes d’autrefois ont exhortés en leur disant : “ Voici ce que déclare le Seigneur des armées célestes : Abandonnez votre mauvaise conduite et renoncez à vos mauvaises actions. ” Mais vos ancêtres n’ont pas écouté, ils n’ont pas prêté attention à mes paroles, l’Éternel le déclare (Zacharie 1.4).
Chapitre 7
Introduction
Nous arrivons maintenant au chapitre sept qui avec le chapitre huit constituent une sorte d’interlude historique. Celle-ci est très similaire à ce qui s’est passé pendant le ministère d’Aggée. En effet, au milieu de ses prophéties, l’Éternel l’a envoyé soudainement auprès des prêtres pour qu’il leur pose deux questions concernant les règles cérémonielles de pureté (Aggée 2.12-13). Aggée demande d’abord :
“ Si un homme porte dans le pan de son vêtement de la viande sainte et que ce pan de vêtement entre en contact avec du pain, avec un mets cuit, avec du vin, de l’huile ou quelque autre aliment, l’aliment touché sera-t-il consacré ? ” – Non, répondirent les prêtres. Alors Aggée redemanda : – Si un homme s’est rendu rituellement impur par le contact d’un cadavre et touche à l’un de ces aliments, ceux-ci seront-ils rendus impurs par là ? – Oui, répondirent les prêtres, ils seront impurs (Aggée 2.12-13).
Ces questions peuvent nous paraître bizarres mais elles ont un but pédagogique et Aggée en fait une illustration applicable aux colons juifs quand il dit :
Ainsi en est-il de ce peuple. Voilà ce qu’est cette nation à mes yeux – l’Éternel le déclare. Ainsi en est-il aussi de toutes leurs réalisations et de tout ce qu’ils m’offrent là : c’est impur (Aggée 2.14).
Parce que le peuple a des comportements répréhensibles, tout ce qu’il touche, fait ou offre à l’Éternel devient impur (Aggée 2.14).
Dans l’interlude historique de Zacharie, ce sont des Juifs qui viennent poser une question précise aux prêtres et aux prophètes Zacharie et Aggée (et Malachie ?). Ils arrivent de Béthel, une ville qui est située à 20 km au nord de Jérusalem dans le territoire de la tribu d’Éphraïm tout au sud de l’ancien royaume des X tribus du Nord qui a été rayé de la carte géopolitique du Moyen-Orient par les Assyriens (en 722 avant Jésus-Christ). C’est important à noter parce que cela signifie que même si la majorité des colons revenus de Perse appartiennent au royaume de Juda, il y a également parmi eux des Israélites du défunt royaume du Nord. On peut même être certain qu’il y a des représentants de toutes les tribus d’Israël.
La ville de Béthel est importante et souvent mentionnée dans les Textes sacrés ; c’est Jacob, petit-fils d’Abraham, qui donne à une localité le nom de « Béthel », mot qui signifie « maison de Dieu ». Jacob est alors en fuite essayant de mettre le plus de distance possible entre lui et son frère Ésaü qui veut lui faire la peau. Il faut dire que Jacob n’y est pas allé de main morte quand avec la complicité de sa mère, il a trompé son père aveugle afin de ravir l’héritage qui revient de droit à son frère Ésaü.
Quand ce dernier comprend le tour pendable que lui a joué son frère Jacob, il voit rouge. Cependant, suite à la complicité renouvelée de sa mère, Jacob apprend que son frère Ésaü respire le meurtre ce qui le force à prendre ses jambes à son cou pour aller se réfugier chez son oncle Laban. En cours de route il s’arrête dans une localité appelée « Louz » pour y passer la nuit, et pendant qu’il dort à la belle étoile, l’Éternel lui apparaît dans une vision. Dans le livre de la Genèse, on lit :
[Jacob] fut saisi de crainte […]. Le lendemain, de grand matin, il prit la pierre sur laquelle avait reposé sa tête, il la dressa en stèle et répandit de l’huile sur son sommet. Il appela cet endroit Béthel (Maison de Dieu). Auparavant la localité s’appelait Louz (Genèse 28.17-19).
Contrairement à son nom, « Béthel » qui veut dire « maison de Dieu » est le principal centre idolâtre du royaume des X tribus du nord, et c’est Jéroboam, leur premier roi qui établit ce sanctuaire. Dans le premier livre des Rois, on lit :
Après avoir pris conseil, le roi fit faire deux veaux d’or et déclara au peuple : – En voilà assez avec ces pèlerinages à Jérusalem ! Voici votre Dieu, Israël, celui qui vous a fait sortir d’Égypte ! Il dressa l’une des statues d’or à Béthel et installa l’autre à Dan (1Rois 12.28-29 ; comparez 1Rois 13.1 ; Amos 7.13).
« Béthel » est l’une des premières villes que les colons reconstruisent après à leur retour de l’exil au pays d’Israël. Selon les livres historiques écrits par le prêtre Esdras et le gouverneur Néhémie, chaque colon se rend dans sa ville d’origine (Esdras 2.1 ; Néhémie 11.31) avec pour tâche de la reconstruire. D’après la liste des colons qui sont retournés en Palestine établie par Esdras puis par Néhémie, les deux villes de Béthel et d’Aï comptent ensemble d’abord 223 ressortissants (Esdras 2.28) puis 123 (Néhémie 7.32 ; 11.31).
La délégation de Béthel vient donc à Jérusalem, d’abord pour implorer la bénédiction de l’Éternel sur leur ville, et ensuite pour demander s’ils doivent continuer à se lamenter périodiquement sur Jérusalem. Ces jours de pleurs et de jeûne avaient été institués en souvenir des principaux événements liés à la destruction de Jérusalem et du Temple de Salomon par les Babyloniens sous la conduite de Nabuchodonosor.
Énumérés selon l’ordre des mois de l’année, ces jours de deuil sont les suivants (Zacharie 7.3, 5 ; 8.19) :
1) Le neuvième jour du quatrième mois parce qu’en ce jour-là, après un siège de dix-huit mois, une brèche a été faite dans les murailles de la ville et le roi Sédécias est capturé alors qu’il tente de s’enfuir (Jérémie 39.2-5 ; 52.6-9).
2) Le dixième jour du cinquième mois (12 août 586 ?) parce qu’en ce jour-là, Jérusalem et le temple sont brûlés par les Chaldéens (Jérémie 52.12-13 ; 2Rois 25.8).
3) Le troisième jour du septième mois parce qu’en ce jour-là, le gouverneur Guedalia, mis en place par les Chaldéens, est lâchement assassiné par des vauriens et tous les Juifs encore en Palestine doivent s’enfuirent pour se réfugier en Égypte (Jérémie 41.1-3).
4) Le dixième jour du dixième mois, parce qu’en ce jour-là débute le siège de Jérusalem (Jérémie 39.1 ; avril 587 ?) qui dure dix-huit mois.
Célébrés pendant tout le temps de l’exil et les premières années après le retour des colons, ces jours de deuil doivent-ils être maintenus alors que le temple va bientôt être reconstruit et que des jours meilleurs s’annoncent pour Israël ? Telle est la question que les délégués de la ville de Béthel viennent poser aux prêtres et aux prophètes Zacharie et Aggée (et Malachie ?).
Les chapitres 7 et 8 contiennent non seulement la question mais aussi la réponse de l’Éternel aux envoyés de Béthel, car c’est bien lui en définitive, qu’ils sont venus implorer (Zacharie 7.2). Il est intéressant de noter que Dieu ne répond ni par un oui ni par un non franc et massif. Comme je le dis quelques fois, on ne peut pas toujours diviser et ranger tous nos comportements dans des petits casiers qui sont blancs ou noirs ; parfois nos actions sont plutôt de l’ordre du gris, neutres, ni bonnes ni mauvaises.
Si le peuple veut observer ces jours de deuil dans un esprit de repentance et d’humilité sincère, les seules attitudes qui ont de la valeur aux yeux de Dieu, alors ils peuvent conserver cette coutume (chapitre 7) ; mais ce n’est pas important car de toute manière l’Éternel promet que le temps vient où ces jours de deuil se transformeront en jours de grande joie ; la seule condition à la venue de cet avenir heureux est l’obéissance du peuple de Dieu aux commandements divins (chapitre 8).
Verset 1
Je commence maintenant de lire le chapitre sept du livre de Zacharie.
Et il advint que la quatrième année du règne de Darius, la parole de l’Éternel fut adressée à Zacharie, le quatrième jour du neuvième mois, le mois de Kislev (Zacharie 7.1 ; auteur).
Après l’exil, les Juifs commencent aussi à utiliser les noms chaldéens des mois de l’année, ce que fait également Néhémie, le futur gouverneur de la colonie juive (Néhémie 1.1). « Kislev » chevauche nos mois de novembre et décembre.
Nous sommes le 7 décembre de l’an 518, presque 22 mois, soit un peu moins de deux ans, après la nuit fantastique du 15 février 519 où Zacharie reçoit les huit visions (Zacharie 1.7).
La reconstruction du temple a commencé le 21 septembre 520 (Aggée 1.15), il y a donc plus de deux ans. Comme il a été achevé et consacré en février-mars 616 (Esdras 6.15), la durée totale de sa construction aura été de 54 mois (quatre ans et demi moins trois semaines). Comme cela fait environ 27 mois que les colons sont à pied d’œuvre, ils sont exactement à mi-chemin au niveau temps, à la mi-temps de cet immense projet. L’ouvrage avance à grands pas et il est probable que la structure est en place et le gros œuvre à peu près terminé. De plus, les colons juifs vivent une période de relative prospérité parce que Dieu les bénit. Il n’est donc pas étonnant que les Israélites pensent que le moment est venu de s’interroger s’il faut vraiment continuer à observer les quatre jours de deuil qui ont été mis en place à une autre époque, quand tout espoir de relèvement de la nation semblait perdu.
L’expression « la parole de l’Éternel fut adressée à Zacharie » est la tournure de phrase usuelle qui introduit une révélation de Dieu (comparez Zacharie 1.1). Par contre, la position de cette formule dans la phrase est étonnante et inhabituelle parce qu’elle divise la date de la prophétie en deux parties.
Verset 2
Je continue le texte du chapitre7.
Les habitants de Béthel envoyèrent Sarétser et Régem-Mélek avec leurs serviteurs pour implorer l’Éternel (Zacharie 7.2 ; auteur).
Les noms de ces deux personnages sont d’origine assyrienne (2Rois 19.37) et ils sont courants dans tout le territoire de l’ancien empire assyrien. « Sarétser » est aussi le nom de l’un des deux fils qui ont assassiné leur père Sennachérib roi d’Assyrie. Ce nom signifie « Asur protège le roi », Asur étant le nom d’une idole. « Régem-Mélek » veut dire « ami du roi ».
En réalité, ces deux hommes sont des Juifs revenus de l’exil et s’ils sont ainsi nommés, c’est probablement parce qu’ils occupent une fonction officielle pour la Perse (comparez Daniel 1.7). Et s’ils ont été envoyés par les habitants de Béthel, c’est qu’ils font partie des principaux responsables de la ville.
Ils viennent à Jérusalem pour « implorer l’Éternel », littéralement pour « caresser la face de l’Éternel » (comparez Exode 32.11 ; Zacharie 8.21-22), une expression tirée de l’habitude qu’ont les enfants de caresser le visage de leurs parents quand ils veulent les disposer favorablement à leur égard. Ces gens sont venus pour deux raisons : implorer la faveur divine sur leur ville et poser une question aux prêtres et aux prophètes.
Cette démarche n’est pas anodine parce qu’elle montre que les habitants de Béthel reconnaissent tacitement la suprématie spirituelle de Jérusalem alors qu’eux-mêmes sont originaires du royaume du Nord qui s’est séparé de Juda et de la lignée royale de David après la mort de Salomon. La destruction des royaumes israélites fut un désastre sans nom, pourtant ces catastrophes ont guéri en grande partie l’idolâtrie maladive et endémique du peuple de Dieu et mis fin à la scission des deux royaumes. Comme on dit : « À quelque chose malheur est bon ».
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.