Les émissions

13 juin 2022

Matthieu 4.23 – 5.1

Chapitre 4

Introduction

La chasse est matière à controverses. Ce sport déclenche souvent des émotions fortes. Soit, il est l’objet d’une grande dévotion, soit, au contraire, le sujet de vives critiques, surtout de la part de ceux qui aiment se promener dans la campagne. Il n’en est pas ainsi de la pêche qu’on perçoit comme une occupation tranquille prisée par ceux qui aiment la paix. En effet, quel mal peut-il y avoir à taquiner le goujon ? Et puis les gens qui s’adonnent à la pêche ont des qualités appréciables. Déjà, il faut être patient, car le poisson, et le gros en particulier, n’est pas toujours décidé à mordre. Bien sûr, les professionnels utilisent des filets, mais une fois lancés, il faut attendre et espérer, car ce n’est pas tous les jours qu’ils font une pêche miraculeuse. De plus, ce n’est pas un métier de tout repos surtout lorsqu’on travaille à partir d’une simple barque. Au contraire, c’est une dure façon de gagner sa vie qui a d’ailleurs été immortalisée par Ernest Hemingway dans son chef d’œuvre Le vieil homme et la mer.

Les pêcheurs ont besoin de patience et de persévérance pour exercer leur art. S’ils ramènent les filets vides ici, ils vont ailleurs continuant inlassablement à pêcher, soutenus par la foi qu’ils finiront bien par prendre quelque chose. Ceux qui au début du 1er siècle travaillaient dans le lac de Galilée étaient des hommes habitués à la vie dure, à souffrir, à travailler d’arrache-pied, de jour comme de nuit, par beau temps ou par grisaille. Ils étaient totalement à la merci du bon vouloir des poissons et des éléments : le vent, la mer, le temps. Cette dépendance faisait qu’ils étaient humbles. Par grande tempête, ils se rongeaient les ongles à attendre prenant leur mal en patience. Les pêcheurs professionnels de Galilée étaient des hommes habitués à la souffrance, à dépendre de la nature, dotés d’humilité, de patience, de foi et de persévérance, toutes de solides qualités. Il n’est donc pas étonnant que ce soit le long des berges du lac de Galilée que Jésus est allé pour appeler ses premiers disciples, ceux qui deviendront ses apôtres. Ils avaient l’arrière-plan nécessaire pour devenir des pêcheurs d’hommes une fois formés à l’école du Christ.

Versets 23-24

Je continue à lire dans le chapitre 4 de l’Évangile de Matthieu.

Jésus faisait le tour de toute la Galilée, il enseignait dans les synagogues, proclamait la bonne nouvelle du règne des cieux et guérissait ceux qu’il rencontrait de toutes leurs maladies et de toutes leurs infirmités. Bientôt on entendit parler de lui dans toute la Syrie On lui amena tous ceux qui étaient atteints de diverses maladies et souffraient de divers maux : ceux qui étaient sous l’emprise de démons ainsi que des épileptiques et des paralysés, et il les guérit tous (Matthieu 4.23-24).

Jésus était un colporteur de l’amour de Dieu ; il allait de village en village pour faire le bien. Tout comme aujourd’hui, en ce temps-là aussi les nouvelles allaient bon train et sa renommée s’est rapidement étendue à toute la Galilée y compris la Syrie, le pays voisin du nord. Pourtant, tous les déplacements se faisaient à pied ou à dos d’âne pour les plus faibles et les charges. Jésus enseignait, proclamait la bonne nouvelle du royaume des cieux et guérissait les malades. Ces trois verbes résument les différents aspects de son ministère.

À l’époque du Nouveau Testament, l’art de la guérison était plutôt rudimentaire : un peu d’huile ici et un peu de vinaigre là. À lire Matthieu, on se rend compte que c’était par centaines et même par milliers que les gens venaient pour être guéris. C’est aussi la raison pour laquelle ses ennemis n’ont jamais contesté ses miracles, les preuves étaient partout, il n’y avait pas besoin d’aller bien loin pour entendre des témoignages de guérisons.

Le pouvoir de Jésus était tel que s’il était allé dans un hôpital plein de grands malades, il l’aurait vidé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Il n’avait pas besoin de faire des simagrées, il lui suffisait de penser une guérison pour qu’instantanément elle ait lieu. Non seulement la maladie avait disparu, mais le patient retrouvait aussi et immédiatement toutes ces capacités. Le doigt de Dieu n’est pas comparable à la technologie lourde de notre médecine moderne. Jésus avait la capacité de rendre la santé quelle que soit la maladie, parce qu’il est le Maître du ciel et de la terre.

Plus loin dans l’Évangile, on le voit même commander au vent et à la mer. Il ne faut pas beaucoup d’imagination pour se représenter que si quelqu’un aujourd’hui pouvait guérir tous les malades comme lui, il ferait fureur et déclencherait des bousculades. Il faudrait qu’il soit entouré d’un cordon de sécurité pour ne pas être pris d’assaut. Il serait sollicité du monde entier et on lui offrirait des sommes énormes pour ses services. Mais à mon avis, dans un deuxième temps ça irait plutôt mal pour lui. Le conseil des médecins s’émouvrait et réagirait à grande fanfare. Il serait arrêté, traduit en justice et finirait en prison pour exercice illégal de la médecine.

 

Matthieu prend bien soin d’établir une distinction entre ceux atteints d’une maladie physique et les personnes qui étaient sous l’emprise de démons. Il fait aussi la différence entre ces derniers et ceux atteints d’épilepsie, une affection grave provoquant des convulsions et des évanouissements. Les Évangiles ne parlent pas de possédés, mais d’une personne démonisée sous l’influence de mauvais esprits ou ayant des démons en elle.

Verset 25

Je finis le chapitre 4.

Des foules nombreuses se mirent à le suivre ; elles étaient venues de la Galilée, de la région de Dix Villes, de Jérusalem, de la Judée et du territoire transjordanien (Matthieu 4.25).

On venait littéralement de partout, même des régions les plus méridionales de la Palestine, Jérusalem et la Judée, où Jésus avait commencé son ministère. Matthieu mentionne aussi la Décapole ou lieu des dix villes. C’était assez loin au sud du lac de Galilée et à l’est du Jourdain, au nord de la Jordanie actuelle. Cette région était essentiellement peuplée de non-juifs. Il est certain que dans un premier temps, ces pauvres gens ne venaient pas tellement pour écouter Jésus, mais plutôt pour être guéris par ce thaumaturge au pouvoir inexplicable.

Cela se comprend tout à fait et le Seigneur était disposé à secourir les malheureux, quels que soient leurs maux, car de cette façon il montrait sa compassion et accomplissait les prophéties faites à son sujet. Par la même occasion, il établissait sa crédibilité d’Homme-Dieu. Au chapitre suivant, il va donner un très long enseignement sur le royaume de Dieu. On peut être sûr qu’une bonne partie des malades qui avaient été guéris sont restés pour l’écouter, car il avait gagné leur attention.

 

La voix qui préparait le chemin du maître, celle de Jean-Baptiste avait cessé d’émettre. Le précurseur et messager du Christ laisse sa place. Pour Jésus, l’arrestation de Jean-Baptiste fut comme un signal, car c’est à partir de ce moment qu’il s’est mis à prêcher la venue du règne des cieux. À la différence de Jean-Baptiste, le Christ n’est pas un prophète qui mène une vie austère dans le désert. Au contraire, il enseigne dans les synagogues et parcourt les villes et les villages. De plus, il exerce dorénavant son ministère en Galilée, aux frontières des nations païennes et loin de Jérusalem le centre religieux de la nation. Il s’était tout d’abord fait connaître grâce à son baptême par Jean, mais maintenant c’est par des guérisons spectaculaires et en chassant les démons. Le temps de l’accomplissement des prophéties du royaume est enfin venu. C’est en tout cas ce que Pierre et André, Jacques et Jean croient et c’est pour cela qu’ils suivent Jésus.

Chapitre 5

Introduction

Nous voici rendus au chapitre 5, dans lequel le Christ présente la charte du roi, la constitution du royaume en quelque sorte, qui est couramment appelée le Sermon sur la Montagne. C’est le plus long des enseignements de Jésus. L’Évangile selon Matthieu compte cinq discours, dont trois principaux : tout d’abord celui-ci qui couvre trois chapitres, ensuite les paraboles du royaume, et enfin l’entretien sur le mont des Oliviers, à la veille de l’arrestation de Jésus. Un quatrième exposé est rapporté par l’Évangile de Jean. Il concerne essentiellement l’Église et l’action du Saint-Esprit dans la vie du croyant ainsi que la nouvelle relation avec Dieu qui est établie grâce à la crucifixion et résurrection du Christ.

 

Le Sermon sur la Montagne mérite toute notre attention, car il contient, et à juste titre, les enseignements les plus connus de tous les Textes sacrés. Certains de ces passages se trouvent également dans les autres Évangiles, car Jésus avait coutume de répéter les mêmes vérités à plusieurs reprises en développant chaque fois certains points. Toutefois, si beaucoup de gens s’imaginent connaître quelques bribes de l’enseignement de Jésus ici et là, rares sont ceux qui ont pris la peine d’étudier le Sermon sur la Montagne pour vraiment en comprendre l’essence et encore moins pour le mettre en pratique. Ces paroles du Christ pénètrent jusqu’au fond des entrailles, car il enseignait avec une très grande autorité, celle du Dieu Tout-Puissant.

À une certaine occasion, les religieux, qui avaient décidé d’empêcher Jésus-Christ de continuer à instruire les foules, envoyèrent des soldats pour l’arrêter, mais ceux-ci revinrent les mains vides. Les chefs des prêtres et les pharisiens leur demandèrent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ? Sur quoi, ils répliquèrent : Personne n’a jamais parlé comme cet homme ! (Jean 7.46). Et en effet, jamais le monde n’a entendu un enseignement aussi beau, aussi percutant, aussi profond et simple à la fois, que les discours et les discussions de cet homme qu’on a crucifié dans la fleur de l’âge. Et pourtant, il parlait non seulement avec autorité, mais avec une prestance qui ne pouvait venir que de Dieu.

Devant les paroles du Christ, on se sent fondre. Chacun ressent son indignité et son injustice tellement ce qu’il dit perce l’âme et révèle les pensées enfouies dans les tréfonds du cœur. Afin de bien saisir le sens de l’enseignement de Jésus, il faut se garder de deux extrêmes. Le premier consiste à considérer le Sermon sur la Montagne comme le mode d’emploi de la vie chrétienne et la portion des Écritures la plus importante. C’est la position d’une grande partie des théologiens qui portent l’étiquette de libéraux parce qu’ils sont fondamentalement humanistes, ne croyant guère au surnaturel. Ils résument les paroles du Christ à un code de bonne conduite qui consiste à ne pas faire de mal à autrui et à se montrer serviable. Ils tirent cette idée de l’enseignement de Jésus lorsqu’il a dit : Faites pour les autres tout ce que vous voudriez qu’ils fassent pour vous (Matthieu 7.12). C’est bien gentil, mais qui applique vraiment ce précepte dans sa vie de tous les jours ? De plus, par rapport au contenu du Sermon sur la Montagne qui s’étend sur trois chapitres, cette pensée ne lui rend pas justice, car beaucoup trop réductrice.

Il est tragique de croire qu’être un bon chrétien consiste à essayer de suivre les préceptes du Christ. Si le Sermon sur la Montagne représente ce que Dieu exige de moi, que vais-je devenir ? Car il faut bien le dire, il m’est impossible de mettre en pratique l’ensemble de ses enseignements à chaque instant de ma vie. Alors si je veux m’y tenir pour me rendre acceptable et accepté de Dieu, je me condamne moi-même.

La Bonne Nouvelle ce n’est pas tant ce qu’il a dit ni l’exemple qu’il a donné, mais ce qu’il a fait. Jésus a pris le jugement que je mérite sur lui à la croix justement parce que je suis complètement incapable d’obéir soit à la Loi de Moïse soit à tous les autres commandements du Nouveau Testament, qui sont encore bien plus contraignants que ceux de l’Ancien Testament. Dans une des Épîtres du Nouveau Testament, il est écrit :

Si quelqu’un observait tous les commandements de la Loi sauf un seul, il serait néanmoins un transgresseur de la Loi, comme s’il était coupable sur toute la ligne (Jacques 2.10).

Alors à bon entendeur, salut ! La deuxième attitude extrême possible vis-à-vis du Sermon sur la Montagne consiste à l’ignorer sous prétexte qu’il ne concerne que ceux qui entreront dans le royaume de Dieu une fois celui-ci instauré sur terre. Cette position cloche, parce que les enseignements que donne Jésus sont les mêmes que ceux qui sont contenus dans toutes les pages du Nouveau Testament. Les instructions des Épîtres qui sont adressées soit à des Églises soit à des individus reprennent les préceptes de Jésus en les développant et en les appliquant aux situations courantes de la vie du croyant.

Dans un sens, on pourrait comparer le Sermon sur la Montagne à une lampe électrique qui ne pourrait fonctionner que si elle contient des piles en bon état. Pour un chrétien, cette source d’énergie dynamique c’est le Saint-Esprit. Le but principal de cet enseignement que Jésus a donné aux foules était d’expliquer le fonctionnement du royaume. Pour cela, il a présenté la charte du roi, son programme et sa plate-forme politique en quelque sorte, bien que ce mot soit maintenant revêtu d’une connotation négative. Cette constitution du royaume sera appliquée pendant le millénium, le règne de 1 000 ans de Jésus-Christ sur terre. Mais déjà aujourd’hui, tous ceux qui choisissent le Christ, qui se réclament de son nom l’ayant accepté comme leur maître, ont à cœur de prendre ces préceptes pour règle de vie.

Cependant, il faut bien garder à l’esprit que même si je les mettais tous en pratique, ce n’est pas ainsi que je pourrais me rendre acceptable et accepté par le Créateur du ciel et de la terre. Dieu n’est pas un camelot avec qui on fait du troc. Cela dit, et d’un autre côté, Jésus comme le reste du Nouveau Testament mettent bien l’accent sur l’importance que revêt aux yeux de Dieu une conduite droite et d’autre part enseigne que les croyants fidèles et dévoués au service du Christ seront récompensés dans les cieux. L’évidence d’une foi authentique s’exprime par un mode de vie et des bonnes œuvres que Dieu agrée, tandis que leur absence est l’indication d’une profession de foi hypocrite.

Personnellement, j’aime bien relire le Sermon sur la Montagne, car il permet de me situer par rapport aux exigences divines, il remet les pendules à l’heure pour ainsi dire. Un autre objectif de ce Sermon est de révéler à tout être humain que la sainteté de Dieu place la barre à un niveau très haut, voire inaccessible. Je n’ai pas en moi la capacité de vivre selon l’étalon divin, ce qui fait que j’ai continuellement besoin d’expérimenter la grâce que Jésus accorde à tous ceux qui reconnaissent humblement leur insuffisance et leur culpabilité devant Dieu.

Le Sermon sur la Montagne, ce n’est pas les Dix Commandements. En effet, l’obéissance à la loi de Moïse est un ensemble de comportements visibles et observables qui consiste à ne pas commettre certaines actions et à mettre en pratique d’autres. Le Sermon sur la Montagne va beaucoup plus loin, parce qu’il dicte une conduite intérieure. Jésus enseigne que les pensées et les attitudes sont tout aussi importantes que la façon dont je me conduis. Par exemple, la Loi dit : tu ne commettras pas de meurtre. Ça, c’est la lettre du commandement. Jésus, Lui, en précise l’esprit lorsqu’il fait remarquer que le projet d’assassinat commence bien plus tôt dans le cœur ; il dit : Celui qui se met en colère contre son frère mérite d’être traduit en justice. La Loi dit de ne pas commettre d’adultère, mais Jésus a dit : Si quelqu’un jette sur une femme un regard chargé de désir, il a déjà commis adultère avec elle dans son cœur (Matthieu 5.28). Non seulement le Sermon sur la Montagne va beaucoup plus loin que la Loi de Moïse, mais l’apôtre Paul écrit :

Personne ne sera déclaré juste devant Dieu parce qu’il aura accompli ce qu’ordonne la Loi (Galates 2.16).

Alors, comment pourrais-je penser, ne serait-ce qu’un instant, que j’ai la moindre chance d’être justifié devant Dieu en suivant tant bien que mal les préceptes enseignés par Jésus-Christ ? Déjà, je suis incapable de respecter la Loi de Moïse, alors combien moins le Sermon sur la Montagne aux exigences encore bien plus sévères. Matthieu n’a pas situé ce premier discours de façon chronologique dans le ministère de Jésus, il le place au début de son Évangile de façon arbitraire pour contrebalancer le Christ guérisseur qu’il a décrit jusque-là. Jésus donna le Sermon sur la Montagne après avoir choisi les 12 apôtres et fait un nombre de disciples qui le suivent et le considèrent comme leur Maître. C’est à eux qu’il s’adresse en priorité, mais il parle aussi aux foules, car il y a toujours quelqu’un qui écoute et dont le cœur sera touché par ses paroles ; peut-être que ce sera vous.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

sept. 13 2024

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