Job 18.1 – 19.29
Chapitre 18
Introduction
La tradition, dit le dictionnaire, « est une pratique morale ou religieuse, ou les deux, transmise de génération en génération par la parole et l’exemple ». Loin de moi l’idée de dénigrer la tradition car elle est utile dans le sens qu’elle donne un ancrage et une charpente à la vie de tout être humain. En soi, c’est un excellent appui tant qu’on en fait bon usage. Mais la tradition peut aussi devenir un enfermement psychologique qui empêche la personne ainsi ligotée d’explorer d’autres sources de connaissance et différents modèles de comportements. C’est le problème de Bildad, qui tout comme Éliphaz son aîné, se sent insulté parce que Job n’accepte aucun des arguments des trois amis venus en principe pour le consoler, mais en réalité pour lui remonter les bretelles, c’est à dire pour lui faire la morale. Job va devoir à nouveau écouter des pieuses platitudes et les clichés stéréotypés qui lui sont décochés comme des flèches. Ça devient gnangnan.
Versets 1-3
Je commence à lire le chapitre 18 du livre de Job.
Bildad de Chouah répondit : Quand donc ferez-vous taire tout ce flot de paroles ? Réfléchissez et puis nous parlerons. Pourquoi passerions-nous pour n’être que des bêtes ? À vos yeux sommes-nous stupides ? (Job 18.1-3).
Éliphaz a déjà qualifié les paroles de Job de vent brûlant et de mots futiles ; Bildad dit à peu près la même chose mais il a tort de dire que Job a traité ses amis d’animaux stupides car c’est faux. Son exagération exprime sa frustration par la réaction de Job qui refuse catégoriquement le point de vue des trois amis. Ceux-ci sont tellement offusqués que cette affaire prend une tournure très personnelle et Bildad monte le ton qui devient incisif. Il va décrire la ruine du méchant châtié par Dieu mais un tel discours ne peut parler qu’à un homme que sa conscience accuse ce qui n’est pas le cas de Job.
Depuis longtemps, l’objectif du dialogue des trois discoureurs n’est plus de chercher la vérité ou d’aider leur ami, mais d’avoir raison à tout prix. Ils sont en lutte pour prendre le pouvoir. Ces quatre hommes, trois d’un côté et l’un de l’autre, se regardent désormais en chiens de faïence et bataillent à coups de mots, mais aucun d’entre eux n’est prêt à voir les choses sous un autre angle ou à chercher Dieu. Les quatre combattants ont des idées toutes faites et ils ont décidé qu’elles sont vraies.
Verset 4
Je continue.
Ô toi qui te meurtris par ton emportement, est-ce à cause de toi que la terre devrait rester abandonnée ? Faut-il que les rochers se déplacent pour toi ? (Job 18.4).
Bildad, ironique, veut savoir si Job se croit si important qu’il veut que les lois de l’univers et l’ordre établi soient modifiés à cause de lui afin que son mécontentement à l’égard de Dieu change sa situation. Il lui demande donc si pour le satisfaire, la loi cause-effet doit être supprimée et que le malheur ne soit plus la conséquence d’un péché. Car ces trois amis et même Job croient dur comme fer que dans le domaine moral, le châtiment de Dieu suit immanquablement la faute. La suite révélera que tous se trompent lourdement.
Il n’existe malheureusement pas d’explication simple aux circonstances tragiques de la vie. Par exemple, les petits enfants qui meurent d’un cancer ou d’un accident de voiture n’ont commis aucune faute qui justifie ce malheur. Le problème du mal est ardu et comme je l’ai déjà dit un mystère dont nous connaissons l’origine, mais pas grand-chose d’autre.
Versets 5-10
Je continue.
Oui, la lumière du méchant sûrement va s’éteindre, et sa flamme de feu cessera de briller. La lumière elle-même s’éteindra dans sa tente, la lampe de sa vie s’obscurcira. Son allure si ferme devient embarrassée, et ses propres desseins le feront trébucher. Car ses pieds seront pris dans des filets tendus, et c’est parmi les mailles d’un piège qu’il avance. Oui, un lacet le prendra au talon, un collet se refermera sur lui ; la corde pour le prendre est cachée dans la terre, un piège l’attend sur sa route (Job 18.5-10).
Bildad continue dans le sillon de son prédécesseur Éliphaz ; il décrit en termes poétiques généraux et banals, les malheurs qui, dit-il, immanquablement frappent le méchant. Il utilise un vocabulaire riche dont 6 mots différents pour décrire un piège. Selon lui, Job, tout comme un animal traqué, est tombé dans le filet de sa méchanceté que Dieu lui a tendu. « Tu as beau dire et beau faire, lui dit-il, la félicité des méchants finit toujours par s’éteindre. » Pour Bildad, la vie est simple comme bonjour et logique comme l’algèbre ; il suffit de raisonner correctement et on arrive toujours à la solution du problème. Il a mis Dieu en équation, il l’a enfermé dans une petite boîte bien étroite qu’il a rangée sur une étagère. Ces trois amis pensent détenir la clé de la connaissance ; ils prétendent savoir d’avance ce qui va arriver. Ils croient que l’ordre des événements se déroule comme une réaction chimique prévisible. S’il est vrai que bien des hommes iniques récoltent les fruits amers de leurs mauvaises actions, il en est beaucoup, peut-être même la majorité, qui échappent au filet de la justice des hommes. De toute façon et comme je l’ai dit, ce genre de discours ne s’applique pas à Job et comme chacun sait, le malheur n’est que parfois le châtiment d’une faute spécifique. La plupart du temps, la souffrance est la manifestation de la malédiction qui pèse sur l’ensemble de la race humaine, ce qui est d’ailleurs peu de consolation pour celui qui est affligé.
Versets 11-14
Je continue.
De toutes parts, la terreur poursuit le méchant, s’attachant à ses pas. Sa vigueur s’affaiblit, consumée par la faim, et la calamité se tient à ses côtés. Elle dévorera des morceaux de sa peau. Et le premier né de la Mort ronge ses membres (Auteur). Il sera arraché du milieu de sa tente où il est en sécurité, et forcé de marcher vers le roi des terreurs (Job 18.11-14).
Pour les poètes orientaux, les maladies sont les enfants de la Mort qui est ici personnalisée, et la plus terrible à leurs yeux, la lèpre, est l’aînée des enfants de la Mort.
Bildad est particulièrement brutal car il décrit Job lui-même dans son état physique et mental y compris ses tourments. Dans la croyance de la plupart des peuples, la mort est personnifiée sous les traits d’un monstre quelconque, une sorte de souverain de l’enfer qui terrorise ceux qui de leur vivant ont fait le mal. Si un certain nombre de despotes d’envergure ont la fin qu’ils méritent et qui correspond à leurs crimes, c’est plutôt rare. Lorsqu’un tyran a dépassé la mesure en exterminant trop de monde ou d’une manière trop sanguinaire, la communauté internationale s’indigne et on promet au petit peuple offusqué qu’on va mettre fin à ces exactions et que justice sera faite. Moi, quand j’entends ce genre de laïus, je pense : « Cause toujours, mon lapin ». Cependant, il arrive parfois qu’on fasse la guerre à ce despote qui est alors scandalisé et accuse le reste du monde d’ingérence injuste dans les affaires de son pays. C’est à rire et à pleurer à la fois. Bref, dans le meilleur des cas il atterrit devant le tribunal de La Haye qui au bout de plusieurs années de tergiversation le met en prison avec télé couleur, salle de gym et tout le confort moderne bien sûr. Mais dans la plupart des cas, le problème initial comme les nettoyages ethniques continue de plus belle. Alors, on menace de prendre des sanctions et on discute. Les tractations de couloir n’en finissent plus jusqu’au jour où on finit par autoriser le despote à finir ses jours paisiblement dans une terre d’asile chez un autre tyran. Dans nos villes, la situation n’est guère meilleure. Il est plus que dommage pour les futures victimes de crimes divers et variés qu’on n’obéisse pas à la loi morale que l’Éternel a donnée à Israël. Concernant les criminels et autres rapaces, Dieu a dit : les responsables de sa ville enverront quelqu’un le chercher et ils le livreront à celui qui est chargé de punir le crime, et il sera mis à mort. Vous ne vous apitoierez pas sur lui, mais vous purifierez Israël du sang d’un innocent qui a été versé, et vous vous en trouverez bien (Deutéronomie 19.12,13).
Versets 15-21
Je finis le chapitre 18 et la plaidoirie de Bildad.
Qu’on s’installe en sa tente : elle n’est plus à lui. Du soufre est répandu sur son habitation. En bas, ses racines dessèchent, en haut, sa ramure se fane. Son souvenir disparaît sur la terre, son nom n’est plus cité au-dehors, dans les rues. Il sera repoussé de la lumière, chassé dans les ténèbres. Il sera expulsé hors du monde habité. Il n’aura ni enfant ni aucun descendant au milieu de son peuple, et point de survivant dans son habitation. Les générations à venir seront étonnées de sa ruine, Et la génération présente sera saisie d’effroi. Voilà ce qui attend les maisons de l’injuste, et tel est le destin de qui ignore Dieu (Job 18.15-21).
Bildad continue sur le même ton accusatoire brutal en plongeant le fer dans la plaie de Job, car c’est bien lui qu’il a à l’esprit quand il dit que le méchant n’a pas d’héritier, ce qui est une allusion non voilée à la perte par Job de ses dix enfants. Au Moyen-Orient, ne pas avoir d’héritier est considéré comme la pire des catastrophes. Contrairement à ce que prétend Bildad, les hommes iniques ont parfois une très grande descendance tandis que le juste Job n’en a plus. Les généralisations de Bildad sont à la fois fausses et cruelles ; c’est lui qui est méchant. Il termine son accusation de façon magistrale avec une belle cerise sur le gâteau si je puis dire, quand il prétend que non seulement Job n’est pas intègre, mais puisqu’il refuse de se repentir c’est qu’il n’a aucun respect pour Dieu, ce qui est un comble.
Chapitre 19
Introduction
Nous voici au chapitre 19 dans lequel la croisée de fers continue. Job répond pour la seconde fois à Bildad. Dans ce passage, il touche le fond. La douleur de Job arrive à son paroxysme, au point où il en vient à implorer la pitié de ses amis qu’il sait pourtant impitoyables. Il est émotionnellement au plus bas et dans le désespoir complet. Cependant, après s’être à nouveau plaint de l’animosité de ses amis, de Dieu qui le pourchasse, de sa parenté, des gens de sa maisonnée et de ses connaissances qui le dédaignent, du sentiment d’abandon le plus profond, voilà que soudainement tel un aigle qui prend son essor, il s’élève à l’affirmation de la foi la plus triomphante, dans une confiance totale en l’Éternel, certain qu’il le déclarera juste.
Versets 1-3
Je commence à lire.
Et Job répondit : Jusques à quand me tourmenterez-vous ? Oui, jusqu’à quand allez-vous m’accabler de vos discours ? Voilà déjà dix fois que vous me flétrissez ! N’avez-vous donc pas honte de m’outrager ainsi ? (Job 19.1-3).
Dix fois est un idiome qui signifie beaucoup. Job en a plus que marre d’entendre sans arrêt ses amis lui rabattre les oreilles avec les mêmes arguments. Cela dit, Job a tort de leur répondre et d’essayer coûte que coûte de se disculper, car en fin de compte, lui aussi cherche absolument à avoir raison et obtenir gain de cause. Job accepte le duel, le bras de fer avec ses trois amis, mais c’est de la vanité de sa part.
Si ne rien répliquer à une accusation confirme les soupçons, se défendre avec trop d’insistance comme le fait Job fait planer le doute sur son intégrité. Ça me fait penser à un principe que Jésus a enseigné comme quoi il est préjudiciable de vouloir absolument prouver qu’on dit vrai. Je lis le passage : Dites simplement “ oui ” si c’est oui, “ non ” si c’est non. Tous les serments qu’on y ajoute viennent du diable (Matthieu 5.37).
Ceux qui me connaissent croiront mes paroles, quant aux autres ils ont déjà pris position pour ou contre moi, alors ce ne sont pas les arguments que je peux avancer qui les feront changer d’avis. Il vaut mieux attendre son heure car le temps est du côté des justes. Job aurait donc bien mieux fait d’écouter tranquillement ses amis puis de leur dire : « Vous faites erreur ; merci de votre visite, au revoir ! » Mais son acharnement à se défendre a contribué au conflit et maintenant, au lieu de trois amis, il a trois ennemis prêts à en découdre avec lui.
Versets 4-12
Je continue le texte.
Même s’il était vrai que j’aie fait fausse route, après tout, c’est moi seul que mon erreur concerne. Quant à vous, si vraiment vous voulez vous montrer bien supérieurs à moi, si vous me reprochez mon humiliation, sachez bien que c’est Dieu qui a violé mon droit et qui, autour de moi, a tendu ses filets. Si je crie à la violence dont je suis la victime, personne ne répond, si j’appelle au secours, il n’est pas fait justice. Il a bloqué ma route, et je ne puis passer. Il a enveloppé mes sentiers de ténèbres. Il m’a ravi ma dignité, et la couronne de ma tête il l’a ôtée. Il m’a détruit de tous côtés et je vais disparaître. Il a déraciné mon espoir comme un arbre. Contre moi, il déchaîne le feu de sa colère, et il me considère comme son adversaire. Ses bataillons, ensemble, se sont tous mis en route, et jusqu’à moi ils se sont frayé leur chemin, ils ont dressé leur camp autour de ma demeure (Job 19.4-12).
Encore une fois, Job proteste contre ses amis qui le noircissent pour paraître d’autant plus blanc. Job reproche à Dieu de l’avoir surpris comme un chasseur qui prend son gibier dans un piège. Il l’accuse de lui faire la guerre, de le traiter en ennemi, en coupable et de refuser de répondre à ses cris. Le fait que ces trois conseillers de malheur se trompent complètement au sujet de Job ne veut pas du tout dire que ce dernier a raison sur toute la ligne. Quand il attribue de la malice à Dieu, sa vision de lui est très erronée. S’il est vrai que sa souffrance n’est pas méritée, il a tort d’accuser Dieu d’injustice ; Job fait un amalgame déplorable.
Versets 13-20
Je continue.
Il a fait s’éloigner de moi ma parenté et ceux qui me connaissent se détournent de moi. Mes proches m’ont abandonné, mes connaissances m’ont oublié. Les gens de ma maison et mes propres servantes font comme si j’étais un étranger. Je ne suis plus pour eux qu’un inconnu. J’appelle mon esclave, et il ne répond pas, même si je l’implore. Mon haleine répugne à ma femme elle-même, et les fils de ma mère me prennent en dégoût. Les petits enfants même me montrent leur dédain : quand je veux me lever, ils jasent sur mon compte. Ils ont horreur de moi, tous mes amis. Ceux que j’aimais le plus se tournent contre moi. Ma peau colle à mes os de même que ma chair et je n’ai survécu qu’avec la peau des dents (Job 19.13-20).
Job est totalement décharné ; il n’a plus que la peau sur les os ; pour lui, c’est littéralement vrai. Apparemment, il lui reste encore « la peau des dents », c’est à dire les gencives.
Aux douleurs physiques de Job s’ajoutent les souffrances morales et émotionnelles. Depuis qu’il est dans un état de profonde décrépitude, son entourage pense qu’il est coupable et sa réputation d’homme intègre a fondu comme neige au soleil. Il est méprisé et abandonné de tous, même de ses serviteurs, de sa femme et des autres membres de sa famille. Il est ainsi dépouillé de l’affection de ceux qui lui tiennent le plus à cœur au moment où il a le plus besoin de chaleur humaine.
Versets 21-24
Je continue.
Ayez pitié de moi, ayez pitié de moi, vous, du moins, mes amis ! Car, la main de Dieu m’a frappé. Pourquoi vous acharner sur moi, tout comme Dieu ? N’en avez-vous donc pas assez de me persécuter ? Oh ! si quelqu’un voulait consigner mes paroles ! Si quelqu’un voulait bien les graver dans un livre ! Que d’une pointe en fer ou d’un stylet de plomb, elles soient incisées pour toujours dans le roc ! (Job 19.21-24).
À cette époque, on gravait un texte dans le roc avec une pointe en fer, puis les lettres étaient repassées au stylet de plomb qui en les noircissant les rendait lisibles.
Comme Job sent approcher sa fin, il désire que son plaidoyer subsiste après sa mort car les générations futures réagiront de façon plus positive que son entourage et le réhabiliteront à titre posthume.
Job exprime ici la profonde solitude de celui qui souffre seul sans la compassion d’autrui. Complètement abattu devant sa situation, Job en appelle de façon pathétique à la pitié de ses amis. A cause de ses souffrance physiques et surtout de l’injustice dont il se sent victime, il soupire après un peu de compréhension de la part de ceux qui se disent ses amis.
L’aspect tragique des relations entre Job et les trois compères apparaît ici en pleine lumière. Parce qu’il est affligé par Dieu, les amis devraient être compatissants. Mais c’est précisément parce qu’ils croient que Job est sous le châtiment de Dieu qu’ils ne peuvent pas avoir pitié de lui ; leur credo inflexible ne le leur permet pas et les oblige à choisir entre Job et leur croyance.
Versets 25-27
Je continue.
Mais moi je sais que mon défenseur est vivant et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Après que cette peau aura été détruite, moi, dans mon corps, je verrai Dieu. Oui, moi, je le verrai prendre alors mon parti, moi-même en personne je le verrai. Et il ne sera plus un étranger pour moi. Ah ! mon cœur se consume d’attente au fond de moi (Job 19.25-27).
Cette déclaration de foi de Job est tout à fait extraordinaire surtout de la part d’un moribond qui a absolument tout perdu. Il a déjà fait appel à ce témoin mystérieux, cet intercesseur, pour plaider sa cause, et il ne peut s’agir que de Dieu lui-même, le défenseur des opprimés.
On ne peut pas lire ces lignes sans penser à Jésus-Christ, la seconde personne de la Trinité. Vu que Job n’a plus d’espoir pour le temps présent, il reporte toute son attente sur l’au-delà. Il croit qu’à la fin, en dernier lieu, au Jugement Dernier, Dieu tel un avocat de la défense, interviendra et témoignera en sa faveur. Job espère vivement que le Dieu du présent, qui lui apparaît comme un Dieu mystérieux, un Étranger qui nourrit à son égard une hostilité qu’il ne comprend pas, révélera alors son véritable caractère d’Ami. Cet Ami transformera l’opinion fâcheuse inscrite sur l’existence de Job à cause de son triste état présent et le réhabilitera en le proclamant juste, innocent de fautes qu’il aurait cachées.
Ce passage marque le sommet du contraste entre le désespoir de Job et sa foi qui s’élève aussi haut qu’il est alors possible. Ce passage est aussi un point de rencontre entre l’Ancien et le Nouveau Testament, le commencement d’une pont qui sera achevé par l’oeuvre du Sauveur.
Cependant, malgré ces belles paroles confiantes, Job va continuer à lutter avec Dieu et à lui reprocher son injustice. Il oscille toujours entre la foi et le doute, mais il faut se mettre à sa place. Il est écartelé par sa conception de Dieu qu’il perçoit tour à tour comme un adversaire et un protecteur, alors il ne sait plus bien où il en est.
À la mort, notre corps est dévoré par les vers et les micro-organismes ; la chair et les os retournent peu à peu à la poussière d’où ils ont été tirés. Mais notre esprit conscient continue d’exister ; il ne meurt jamais car il a été créé éternel. Au moment de la mort, tous ceux qui ont placé leur confiance en Jésus-Christ sont instantanément admis en sa présence tandis que les autres sont confinés dans un endroit où ils attendent d’être jugés. L’espérance de Job est celle du Juste car à trois reprises il dit : « je verrai Dieu ». Il a raison, mais les événements ne vont pas se dérouler comme il croit. Non seulement il ne va pas mourir, mais il sera déjà réhabilité ici-bas et devra apprendre à vivre le présent encore très longtemps.
Versets 28-29
Je finis le chapitre 19, qui se termine par une mise en garde. Le Défenseur de Job punira ceux qui se sont rangés contre lui, prétendant qu’ils connaissent la véritable cause de son affliction.
Vous qui vous demandez : “ Comment allons-nous le poursuivre ? ” et qui trouvez en moi la racine du mal, craignez pour vous l’épée, car votre acharnement est passible du glaive. Ainsi vous apprendrez qu’il y a bien un jugement (Job 19.28-29).
Job montre à nouveau les dents. Fortifié par sa déclaration de foi, il avertit ses amis de malheur que leur acharnement contre lui risque de se retourner contre eux. Dieu juge ceux qui poursuivent inlassablement les victimes innocentes. La suite de l’histoire montre qu’il a raison. Les trois amis sont loin, très loin d’avoir la compassion de Jésus, qui a dit de lui-même qu’il est doux et humble de cœur. Et dans l’évangile selon Matthieu, on lit : Il ne brisera pas le roseau froissé, Et il n’éteindra pas la mèche qui fume encore jusqu’à ce qu’il ait assuré le triomphe de la justice (Matthieu 12.20).
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.