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26 mai 2022

Genèse 49.3 – 49.33

Chapitre 49

Introduction

À un moment ou à un autre de leur vie, beaucoup de gens écrivent leur testament afin de faciliter les choses aux héritiers au moment de leur départ. Un certain nombre de personnes qui ont eu une vie bien remplie rédigent leurs Mémoires. D’autres, lorsqu’ils sentent leurs derniers jours venus, font un retour sur eux-mêmes pour tâcher de déterminer ce qu’ils lèguent à la génération suivante, non pas tellement en espèces sonnantes et trébuchantes, mais plutôt en héritage moral, les traces qu’ils laissent derrière eux de leur passage sur terre.

De toute façon, on attache généralement beaucoup d’importance aux dernières paroles d’un être cher parce qu’elles jouent un peu le rôle de signature à la fin d’une vie, et dans la majorité des cas les mourants disent la vérité. Jacob rassemble ses 12 fils et commençant par l’aîné, il communique à chacun d’eux un message d’adieu sous forme de prophétie. C’est ainsi que le patriarche va prédire l’avenir d’Israël et de la future Palestine. Ces événements très lointains ne pourraient pas se réaliser d’eux-mêmes sans une intervention de Dieu, car le pays de Canaan est alors solidement occupé par divers peuples et le clan de Jacob bien installé en Égypte. Mais comme le patriarche est un prophète de l’Éternel, ce qu’il annonce se réalisera même si c’est dans plusieurs siècles.

Versets 1-2

Je commence à lire le chapitre 49 de la Genèse.

Jacob convoqua ses fils et leur dit : Réunissez-vous et je vous révélerai ce qui vous arrivera dans les temps à venir. Rassemblez-vous et écoutez, fils de Jacob ! Écoutez ce que dit Israël votre père (Genèse 49.1-2).

La longue bénédiction de Jacob qui va suivre est donnée sous forme poétique. C’est aussi la première fois que Jacob se donne le nom d’Israël, nom que l’ange de l’Éternel lui avait attribué. Le rassemblement des douze fils convoqués par leur père Israël, est l’esquisse de la future nation. Bien qu’il soit sur le point de mourir, le patriarche qui avait toujours été très actif dans sa vie rassembla encore une fois toutes ses forces et s’assit sur son lit en s’appuyant sur son bâton.

Animé de l’Esprit de Dieu, il va esquisser l’avenir des 13 tribus individuelles qui constitueront la future nation d’Israël et qui sont représentées par leur père fondateur. L’histoire confirmera ces prédictions ; certaines s’étant déjà accomplies tandis que d’autres ne le seront qu’à la fin des temps lorsque le Messie reviendra pour instaurer ses 1000 ans de règne sur terre.

Versets 3-4

Je continue le texte. Ruben, tu es mon premier-né, le premier fruit de ma vigueur, du temps où j’étais plein de force, toi, tu es supérieur en dignité et supérieur en force. Bouillonnant comme l’eau, tu n’auras pas le premier rang ! Car tu as profané la couche de ton père, en entrant dans mon lit (Genèse 49.3-4).

Les anciens reconnaissaient eux aussi l’influence de l’hérédité sur les enfants. Tel père, tel fils. On pourrait appliquer cette maxime à Ruben dont le caractère impétueux est la copie conforme de celui qu’avait Jacob dans sa jeunesse. Ruben, tel un torrent incontrôlable, est sorti de son lit pour aller dans celui de son père. Il se rendit coupable en couchant avec Bilha, servante de sa femme Rachel et une des épouses de second rang de son père.

Dans la culture antique, l’aîné des garçons devait être un modèle pour les autres enfants de la famille. Or par sa conduite, Ruben a été un contre-exemple. En conséquence, les privilèges attachés au rang de premier-né ont été transférés à Joseph comme je l’ai déjà dit. Ruben qui aurait dû être la tribu amirale de la nation d’Israël fut destitué de ses droits et n’eut pas de rôle significatif dans l’histoire de la nation, aucun juge, prophète ou prince ne sortira de lui. De plus, Ruben s’installera à l’est du Jourdain, à l’extérieur du Pays promis proprement dit.

Versets 5-7

Je continue.

Siméon et Lévi sont frères, ils se sont mis d’accord pour semer la violence. Non, je ne veux pas m’associer à leur complot ! Je mets un point d’honneur à ne pas approuver leurs délibérations ! Car mûs par leur colère, ils ont tué des hommes ; poussés par leur caprice, ils ont mutilé des taureaux. Que leur colère soit maudite, car elle est violente. Maudit soit leur emportement, car il est implacable ! Moi je les éparpillerai au milieu de Jacob, je les disperserai en Israël (Genèse 49.5-7).

Ces deux fils de Léa s’étaient servis de leur épée, non pour se défendre, mais pour massacrer tous les habitants d’une ville afin de venger le viol de leur sœur. À cause de cette action répréhensible, leur barbarie est maudite et leurs tribus seront dispersées. Par la bouche de Jacob, l’Éternel prononce un jugement contre eux. La petite tribu de Siméon ne reçut pas de territoire propre, mais seulement quelques villes ici et là à l’intérieur des frontières de Juda et quelques possessions dans l’extrême sud d’Israël. Éventuellement, Siméon sera entièrement absorbé par Juda. Quant à la tribu de Lévi, elle reçut 48 villes disséminées dans tout le pays. Cette dispersion fut tout d’abord une punition puisque cette tribu ne possédait aucun territoire. Mais Dieu dans sa grâce leur accorda le sacerdoce, en faisant des descendants de Lévi les responsables du culte à l’Éternel. Ils devinrent ainsi une bénédiction pour toutes les autres tribus.

Versets 8-12

Je continue.

Ô toi, Juda, tes frères te rendront hommage, ta main fera ployer la nuque de tes ennemis, et les fils de ton père se prosterneront devant toi. Oui Juda est un jeune lion. Mon fils, tu reviens de la chasse et tu t’es accroupi et couché comme un lion, comme une lionne : qui te ferait lever ? Le sceptre ne s’éloignera pas de Juda, et l’insigne de chef ne sera pas ôté d’entre ses pieds jusqu’à la venue de Shiloh, et à qui tous les peuples rendront obéissance. Son âne, il l’attache à la vigne et, à un cep de choix, le petit de l’ânesse. Il lave dans le vin son vêtement et nettoie son manteau dans le jus des raisins. Il a les yeux plus rouges que le vin, les dents plus blanches que le lait (Genèse 49.8-12).

Le nom Juda est construit à partir du mot qui signifie louer, célébrer. Ses frères le célébreront, car il aura prééminence sur eux. Juda reçoit la primauté sur ses frères, une autorité qu’il exercera souvent sur les autres tribus d’Israël au cours de son histoire. Juda sera la tribu la plus nombreuse et occupera la première place lors des déplacements de la nation. C’est aussi elle qui prendra l’initiative de la plupart des campagnes militaires. Avec David puis Salomon, Juda devint la tribu royale. Après le retour de l’exil babylonien, Juda donnera son nom à toute la nation.

Le mot Juif vient du mot Judée qui signifie territoire de Juda. C’est de cette tribu que naîtra le Messie que Jacob appelle Shiloh. Ce mot veut dire : Dominateur, l’Envoyé, Celui à qui appartient le sceptre de roi, le commandement, le bâton de Maréchal en somme. C’est une allusion au millénium, le règne universel du Christ sur terre pendant 1000 ans. L’emblème de Juda est le lion, un symbole de souveraineté, de force et de courage. Cette image est reprise dans l’Apocalypse, le dernier livre du Nouveau Testament et attribuée au Christ lorsqu’il reviendra sur terre pour y régner. Je cite le passage.

Le lion de la tribu de Juda, de la descendance de David, a remporté la victoire (Apocalypse 5.5).

Juda est comparé à la fois à un jeune lion plein de fougue et à une lionne qui après avoir chassé, se prélasse sans que personne n’ose la déranger. Dans l’Ancien Testament, le prophète Ézéchiel fait référence à la venue du Messie en l’appelant celui à qui appartiennent de droit le gouvernement et le jugement.

Le livre de la Genèse prophétise la venue du sauveur promis de diverses manières. Tout au début, il est appelé la descendance de la femme qui écrasera la tête du serpent. Ensuite, il est dit qu’il sera de la lignée d’Abraham, Isaac et Jacob, et que grâce à lui toutes les familles de la terre seront bénies. Ici, la lignée choisie se rétrécit, puisque Jacob prophétise que le Messie sera issu de la tribu de Juda.

Dans les Écritures, Jésus-Christ est aussi appelé le bon berger, le grand berger et le souverain berger, l’Étoile du matin et la Pierre d’angle. Chacun de ces noms souligne un aspect particulier du Messie.

Les descriptions de Juda : cep de choix, vigne, jus de raisins, les yeux plus rouges que le vin, les dents plus blanches que le lait traduisent l’abondance des produits agricoles sur l’ensemble du territoire qui appartiendra à Juda. Cette tribu sera très prospère.

Versets 13-15

Je continue le texte.

Zabulon aura sa demeure sur le rivage de la mer, il aura sur sa côte un port pour les navires, son territoire s’étendra jusqu’à Sidon. Issacar est un âne très vigoureux couché au beau milieu de deux enclos. Il a trouvé que le repos est bon, que le pays est agréable, il tend l’épaule pour porter le fardeau, et il s’assujettit à la corvée (Genèse 49.13-15).

Zabulon occupera les hauts plateaux de la Galilée au nord de la Palestine. Cette tribu ne jouera pas de rôle important en Israël. L’emplacement du port de Sidon, alors ville principale de la Phénicie, est aujourd’hui située sur la côte libanaise. Issachar recevra un territoire particulièrement fertile dont la riche vallée de Jizréel dans laquelle coule un affluent du Jourdain du même nom. Issachar pourrait être comparée à la majorité silencieuse qui travaille. Cette tribu cultivera la terre et fournira les porteurs aux marchands phéniciens et syriens qui traverseront son territoire, d’où la référence à la vigueur de l’âne qui était la bête de somme à cette époque. Les deux petites tribus d’Issachar et de Zabulon seront comme les ouvrières d’une fourmilière.

Versets 16-18

Je continue.

Dan jugera son peuple, comme les autres tribus d’Israël. Que Dan soit un serpent sur le chemin, qu’il soit une vipère sur le sentier, mordant les jarrets du cheval, pour que le cavalier en tombe à la renverse. Je compte sur toi, Éternel pour accorder la délivrance (Genèse 49.16-18).

Dan s’étendra à l’extrême nord du pays d’Israël. La grande majorité de son territoire est au Liban aujourd’hui. Cette tribu enverra au combat des soldats vaillants et audacieux. Trop petite pour attaquer ses ennemis de front, elle aura recours à la ruse pour les vaincre. Lorsque les Israélites envahirent le pays de Canaan, les Danites usèrent de subterfuges pour conquérir la ville de Laïch dont ils firent leur capitale. Après avoir prophétisé sur Dan, le vieux patriarche marque une pause au milieu de ses bénédictions. Cette brève prière est dite soit pour son septième fils Dan, soit pour lui-même, car il sent ses forces le quitter.

Versets 19-21

Je continue.

Gad agressé par une troupe l’assaillira et il la poursuivra. Aser a une riche nourriture. C’est lui qui fournira des mets dignes d’un roi. Nephtali est semblable à une biche en liberté ; il profère de belles paroles (Genèse 49.19-21).

Gad sera situé à l’est du Jourdain, en Jordanie aujourd’hui. Le livre des Chroniques de l’Ancien Testament raconte les agressions des Moabites, descendants de Lot, neveu d’Abraham. Les conflits entre Moab et Israël sont retracés sur une stèle datant de 850 av. J-C et découverte en 1868 à l’est de la Mer Morte. Aser s’installera en bordure de la méditerranée sur la plaine côtière et fertile située alors au sud de la Phénicie et au nord du mont Carmel, les environs du port israélien de Haïfa. Cette région bénéficie d’un climat idéal pour la polyculture. Nephtali a l’esprit indépendant, était un peu à l’écart des autres tribus et englobait la partie est de la Galilée, le nord d’Israël aujourd’hui et le sud du Liban.

Versets 22-26

Je continue.

Joseph est un rameau fertile d’un arbre plein de fruits planté près d’une source. Ses branches grimpent et s’élancent par-dessus la muraille. Des archers le provoquent, le prennent à partie, et le harcellent de leurs flèches. Mais son arc reste ferme car ses bras pleins de force conservent leur souplesse grâce au secours du Puissant de Jacob, qui est le berger et le Roc sur lequel Israël se fonde. Oui, le Dieu de ton père viendra à ton secours, le Tout-Puissant te bénira. Qu’il veuille te bénir d’en haut par des pluies abondantes et par des eaux d’en bas où repose l’abîme, par de nombreux enfants et beaucoup de troupeaux. Les bénédictions de ton père surpassent celles des montagnes antiques et les meilleurs produits des collines antiques. Que ces bénédictions soient sur la tête de Joseph, et sur le front du prince de ses frères ! (Genèse 49.22-26).

Jacob promet prospérité et abondance aux tribus qui seront issues des deux fils de Joseph. Cet homme est d’un caractère noble ; il resta ferme et vertueux devant ses frères, face aux propositions de la femme de Potiphar, face aux rigueurs de l’esclavage, à l’humiliation de la prison et devant les honneurs du gouvernement. Le Puissant de Jacob, le berger et le Roc sont des noms donnés à l’Éternel. Le Roc en particulier, est une image qui revient fréquemment dans le livre des Psaumes et dans les écrits du prophète Ésaïe.

Les deux tribus issues de Joseph seront à proximité l’une de l’autre et en plein cœur des autres tribus. Les branches qui grimpent et s’élancent sont une image d’Éphraïm qui cherchera à étendre davantage son territoire. Cette tribu deviendra tellement puissante qu’elle entraînera toutes celles du Nord avec elle dans une rébellion contre Juda. Éphraïm établira son propre roi et un système religieux idolâtre adorant des veaux d’or. Jacob leur promet des bénédictions en tous genres : la pluie d’en haut, les nappes d’eau souterraines et aussi la fécondité tous azimuts. La prospérité dont avait bénéficié Jacob surpassait celle de ses pères Abraham et Isaac. Il la transmet à son fils Joseph, qui est le bénéficiaire de la double portion du premier-né à la place de Ruben écarté à cause de sa faute. Joseph devient ainsi le prince de ses frères.

Dès à présent, deux frères sortent du lot comme étant les plus puissants : Juda et Joseph. Cette dualité se transformera en un combat des chefs entre Juda, le roi, et Éphraïm, le prince qui veut le pouvoir. Ils seront même à plusieurs reprises en guerre l’un contre l’autre. Paradoxalement, Benjamin, pourtant le frère de la même mère que Joseph, et donc oncle d’Éphraïm va se joindre à Juda lors de la scission du royaume d’Israël.

Versets 27-28

Je continue.

Benjamin est semblable à un loup qui déchire. De grand matin, il dévore sa proie, et sur le soir encore, il répartit tout le butin. Tous ceux-là forment les douze tribus d’Israël, et c’est ainsi que leur parla leur père et qu’il les bénit, en prononçant pour chacun sa bénédiction propre (Genèse 49.27-28).

Alors que Juda fut comparé au lion, Benjamin est semblable au loup qui est beaucoup moins noble et traître. Son territoire s’étendra juste au nord de Juda et lui sera éventuellement assimilé. Benjamin sera une tribu belliqueuse ; c’est d’elle que sortira Saül, premier roi d’Israël. Un passage du livre des Juges de l’Ancien Testament relate l’histoire sordide d’un groupe de Benjaminites qui se conduisit comme les gens de Sodome. Cette action est suivie d’un certain nombre de massacres puis d’un quasi génocide de la tribu à l’exception de 600 hommes. Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire certaines portions des Textes Sacrés, car les carnages qui y sont décrits sont pires que la guerre des tranchées de 14-18.

Cette bénédiction de Jacob qui est le plus long poème de la Genèse, s’étend sur ses 12 fils. D’abord les six de Léa, puis les 4 fils des deux servantes Bilha et Zilpa, enfin les deux fils de Rachel. Ces paroles de Jacob prononcées sur son lit de mort laissent percevoir des traits de caractère de chaque tribu, mais dévoilent aussi certains aspects de leur avenir. Les bénédictions concernant Juda et Joseph sont les plus longues et porteuses des plus grandes promesses : Juda, fils de Léa, reçoit le commandement et la prééminence sur ses frères. Joseph, fils de Rachel, reçoit l’assurance de la vigueur, de l’abondance et de la délivrance de ses ennemis.

Versets 29-33

Je finis ce chapitre.

Ensuite Jacob leur donna ses instructions en disant : Je vais aller rejoindre mes ancêtres décédés, enterrez-moi auprès de mes pères dans la caverne qui se trouve dans le champ d’Éphrôn le Hittite, dans la caverne du champ de Makpéla, vis-à-vis de Mamré, au pays de Canaan, la caverne qu’Abraham a achetée, avec le champ, à Éphrôn le Hittite en propriété funéraire. C’est là qu’on a enterré Abraham et sa femme Sara ; c’est là qu’on a enterré Isaac et sa femme Rébecca. C’est là aussi que j’ai enterré Léa. Le champ et la caverne qui s’y trouve ont été achetés aux Hittites. Lorsque Jacob eut achevé d’énoncer ses instructions à ses fils, il ramena ses pieds sur son lit, expira et fut réuni à ses ancêtres décédés (Genèse 49.29-33).

Ces ordres donnés à tous les fils avaient déjà été communiqués à Joseph sans lequel ils ne pouvaient être exécutés puisqu’il était toujours le vizir d’Égypte. Alors que Rachel fut ensevelie à Bethléhem, Jacob choisit d’être enterré dans la caverne de Makpéla, parce que c’est là que sont Abraham et Isaac. Jacob voulait ressusciter au même endroit que ses ancêtres dans ce pays promis. La réalité de la foi du vieux patriarche apparaît clairement au moment de sa mort. Quelle magnifique fin de carrière !

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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