Les émissions

06 mai 2022

Genèse 35.16 – 36.39

Chapitre 35

Introduction

Je me souviens quand j’étais plus jeune, un membre de ma famille disait quelques fois en parlant de quelqu’un : Oh il va bien mourir un jour et peut-être que moi aussi ! Bien sûr, c’était une boutade. Le simple fait que nous fassions partie de la race humaine signifie que malgré nos différences individuelles et physiques ou nos divergences d’opinions, nous avons beaucoup de choses en commun. Et l’une d’entre elles, incontournable, est que tôt ou tard nous retournerons à la poussière.

Cette certitude s’applique aussi bien aux bons comme aux méchants, il n’y a pas de différence. Jacob qui est venu au monde tordu et trompeur a fait de très grands progrès spirituels, mais malgré tout il va devoir affronter la mort, non la sienne, mais celle de Rachel, l’amour de sa vie.

Verset 16-19

Je continue à lire dans le chapitre 35 de la Genèse.

Jacob et sa famille quittèrent Béthel. Lorsqu’ils étaient encore à une certaine distance d’Éphrata, Rachel donna naissance à un enfant. Elle eut un accouchement difficile. Pendant les douleurs du travail, la sage-femme lui dit : Courage ! C’est encore un garçon. Mais elle se mourait. Dans son dernier souffle, elle le nomma Ben-Oni, mais son père l’appela Benjamin, Rachel mourut, on l’enterra sur la route d’Éphrata, c’est-à-dire Bethléhem. Jacob érigea une stèle sur sa tombe (Genèse 35.16-19).

Le clan de Jacob a quitté la ville de Sichem après en avoir massacré les habitants, suite au viol de Dina, la seule fille de Jacob. C’est alors que la femme préférée du patriarche meurt en donnant naissance à son deuxième fils Benjamin, frère de Joseph et le 12e fils de Jacob. Lors de la naissance de son premier, Rachel avait demandé à Dieu qu’il lui en accorde un autre. Sa prière a été exaucée, mais malheureusement à cette époque il n’était pas rare pour une femme de mourir en accouchant. Il en fut d’ailleurs de même en Occident pendant des siècles, jusqu’à ce que les progrès de la médecine moderne et surtout de l’hygiène, permettent de réduire ce taux de mortalité.

Voyant sa bien-aimée mourir, Jacob ne voulait pas un fils dont le nom Ben-Oni, qui veut dire fils de ma douleur, lui rappelle ce triste événement ; il désirait se souvenir de Rachel comme ayant été le rayon de soleil de sa vie, c’est pourquoi il renomma son 12e fils Benjamin, ce qui signifie fils de ma droite ou fils favorable ou fils de bonne augure. Non seulement Jacob avait une préférence pour Rachel sur Léa, mais aussi pour ses deux fils, Joseph et Benjamin, une très mauvaise attitude, dont les 10 autres garçons vont lui tenir rigueur et se venger avec cruauté. Les parents qui favorisent un enfant mettent le doigt dans un engrenage infernal qui entraîne des jalousies, des rivalités, de la haine, de la violence parfois et souvent des disputes sans fin au sujet des héritages.

La mort prématurée de Rachel était un jugement contre elle, suite à la malédiction que Jacob avait prononcée sur quiconque était responsable du vol des idoles domestiques de Laban. Hélas, le patriarche ignorait alors que c’était Rachel sa bien-aimée qui avait volé ces petites figurines porte-bonheur à son père. Jacob le trompeur avait été trompé par sa femme, mais elle a payé le prix fort. Les gens de cette époque utilisaient ces objets comme les amulettes aujourd’hui et aussi pour la divination. Afin de prouver à Laban que personne de son clan n’était responsable, Jacob avait fait l’imprécation suivante : périsse celui auprès duquel tu trouveras tes dieux ! contre quiconque aurait en sa possession ces statuettes idolâtres.

En tant que patriarche porteur de la promesse divine à Abraham, Jacob était aussi prêtre de l’Éternel et à ce titre il avait l’autorité de bénir et de maudire. Ses paroles avaient force de loi et s’accomplissaient. Lors de la naissance de Benjamin, l’imprécation et la prière de Rachel d’avoir un second fils s’accomplirent simultanément. Le châtiment infligé à Rachel paraît lourd et il l’est, mais il faut savoir que sa faute était grave, pas tant le vol en lui-même, mais surtout la pratique idolâtre qui lui était attachée.

Dans la Loi de Moïse qui sera promulguée quelques siècles plus tard, la peine capitale sanctionnait toute forme d’idolâtrie, dont la simple possession d’idoles domestiques. Jacob avait bien ordonné à toute sa maisonnée de se débarrasser de toutes leurs idoles, mais seulement après que Dieu le lui demande. Il aurait dû faire cela dès qu’ils quittèrent la demeure de l’oncle Laban et qu’il devint chef de clan.

En fin de compte, il s’est montré négligent vis-à-vis de sa famille idolâtre et ce laissez-faire a contribué à la mort de Rachel. Le texte ne précise pas ses sentiments, mais il a dû quand même se sentir culpabilisé. La simple possession de porte-bonheurs ou de ces statuettes, avant même qu’elles soient utilisées pour des pratiques occultes, est au regard de Dieu une faute sur laquelle Il ne passait jamais l’éponge. Aujourd’hui, c’est pareil ; si je me confie en l’argent, en moi-même, en mes capacités ou en quelqu’un d’autre, je trahis Dieu.

Versets 20-22

Je continue le texte.

Jacob érigea une stèle sur sa tombe ; c’est la stèle funéraire de Rachel qui subsiste encore aujourd’hui. Puis Israël leva le camp, il planta sa tente au-delà de Migdal-Éder. Pendant qu’il séjournait dans cette contrée, Ruben alla coucher avec Bilha, l’épouse de second rang de son père. Celui-ci l’apprit et en fut très affecté (Genèse 35.20-22).

Aujourd’hui encore en Israël, on peut visiter ce qu’on croit être le tombeau de Rachel. Suite à cet enterrement, la troupe lève le camp et s’installe aux environs de Migdal-Éder, ce qui veut dire tour du troupeau. Il s’agit de la plus grande des nombreuses tours érigées en vue de la surveillance des bêtes. Ce lieu-dit fera plus tard partie de la ville de Jérusalem. C’est aussi à cet endroit qu’a lieu une nouvelle histoire sordide.

Comme Rachel vient de décéder, sa servante Bilha n’a plus de supervision ni de protection. Alors, Ruben saute sur l’occasion et sur la servante pour commettre avec elle ce qui était considéré un inceste ; en fait, il lui a fait violence. Cet acte était plus qu’une simple affaire de sexe, car en s’appropriant une épouse de second rang de son père, Ruben a non seulement violé son intimité, mais il a voulu se poser en chef de famille et successeur du patriarche.

Il a commis un forfait très grave qui va lui valoir la perte des privilèges attachés à sa position de premier-né. Le texte continue par une récapitulation de l’ordre de naissance des 12 fils de Jacob de leur mère respective. Jacob eut six fils de Léa la sœur aînée de Rachel, elle-même en eut deux : Joseph et Benjamin. Bilha, sa servante en eut deux et Zilpa, la servante de Léa en eut également deux. Jacob aura beaucoup de mal à tenir ses garçons en bride ; en fait, seuls les deux fils de Rachel, Joseph et Benjamin ont bien tourné.

Dans les trois familles de patriarches, Abraham, Isaac, et Jacob, la jalousie entre les enfants est un trait familial permanent, parce que les parents ont fait du favoritisme. Dans le couple d’Abraham, Sara préféra son fils Isaac à son demi-frère Ismaël fils de sa servante ce qui se comprend. Cependant, elle se conduisit comme une peau de vache en les chassant — lui et sa mère — ce qui affligea considérablement Abraham. Entre Isaac et Rébecca, le torchon brûlait au sujet des jumeaux, puisque chaque parent s’était délibérément rangé au côté de l’un de leurs fils. Cette dynamique familiale entraîna la formation de deux coalitions — formées d’un parent et un enfant — dressées l’une contre l’autre ; Rébecca et Jacob étaient opposés à Isaac et Ésaü. Plus tard, Jacob montra une nette préférence pour les deux enfants de Rachel ce qui suscita la jalousie des dix autres et provoqua par la suite un gros drame familial.

Versets 27-29

Je finis le chapitre 35.

Jacob revint auprès de son père Isaac à Mamré, aux environs de la ville de Arba qui s’appelle aujourd’hui Hébron, où Abraham et Isaac avaient vécu. Isaac atteignit l’âge de 180 ans, puis il rendit son dernier soupir et mourut. Il rejoignit ses ancêtres, âgé et comblé de jours. Ses fils Ésaü et Jacob l’ensevelirent (Genèse 35.27-29).

Il est probable que cet enterrement fut la dernière occasion pour ces deux frères ennemis de se revoir. Ce chapitre que je viens de couvrir a relaté la mort de quatre personnes : d’abord la servante de Rébecca, qui s’appelle Déborah ; mais comme celle-ci habitait avec Jacob, cela veut dire que sa maîtresse Rébecca, mère de Jacob, était déjà décédée même si sa mort ne nous est pas rapportée. Le troisième décès est celui de Rachel et finalement c’est Isaac qui s’éteint et va rejoindre ses ancêtres dans le séjour des morts.

Dans notre culture occidentale axée sur la jeunesse, la beauté et le plaisir, il n’est pas de bon ton, voire de mauvaise augure de parler de la mort. On essaie donc de l’oublier ou tout au moins de l’occulter au maximum et on vit comme si elle n’existait pas ; l’homo modernus fait de l’amnésie sélective collective. Pourtant, vu que la mort est une certitude, cette attitude est pour le moins irrationnelle, surtout pour un peuple qui se dit cartésien. Toute personne ayant un tant soit peu de bon sens devrait raisonnablement s’y préparer. Un des prophètes de l’Ancien Testament écrit :

Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu (Amos 4.12).

Dans ce chapitre, on a aussi découvert un Jacob imposteur qui a changé. Au fil du temps, Dieu a fait son œuvre en lui, ce qui est attesté par son retour à Béthel, le lieu où l’Éternel lui est apparu la première fois. Maintenant, le patriarche reconnaît que lorsqu’il était dans la détresse, l’Éternel l’a exaucé et a été à ses côtés tout au long de sa route. Plus de vingt années après la première révélation, Dieu lui apparaît à nouveau en ce même lieu pour renouveler ses promesses. L’Éternel confirme aussi le nom Israël qu’il a donné à Jacob précédemment lorsqu’il avait lutté avec lui. Cet incident s’était passé à la veille de la rencontre du patriarche avec son frère Ésaü qu’il attendait la peur au ventre. Rachel, l’épouse de Jacob, décède ainsi que son père Isaac, mais la naissance d’un 12e fils est pour lui le gage d’un avenir et de la bénédiction divine pour sa nombreuse descendance. Et c’est ainsi que s’achève l’histoire de Jacob.

Chapitre 36

Introduction

Nous abordons maintenant le chapitre 36 consacré aux fils d’Ésaü, le jumeau de Jacob. Sa descendance devint la nation d’Édom qui donna son nom à la région inhospitalière où elle s’établit. Ce pays est situé au sud-est de la Mer Morte sur un territoire montagneux, sec, rocailleux et peu fertile qui couvre une superficie d’environ le tiers de la France. La capitale Petra était taillée dans le roc ce qui la rendait pratiquement imprenable.

Comme à l’accoutumée, l’auteur de la Genèse commence par résumer l’histoire d’Ésaü, la lignée dont il ne parlera plus. Ensuite, il concentrera son attention sur la descendance de Jacob, le porteur de la promesse et plus particulièrement sur Joseph, 11e fils de Jacob et premier-né de Rachel. Ce chapitre est rasoir pour le lecteur, mais passionnant pour l’ethnologue, l’anthropologue et tous ceux qui s’intéressent à l’origine des peuples. Quand Moïse écrivit le livre de la Genèse, il avait à sa disposition des généalogies de source édomite qui ont disparu.

Aujourd’hui encore sur la péninsule arabique, on trouve des noms similaires à ceux mentionnés dans ce chapitre ; leurs racines très lointaines remontent jusqu’à Ésaü, le frère de Jacob. Les Édomites, qui vivaient essentiellement de rapines, furent des ennemis héréditaires du peuple d’Israël. Je lis le jugement prononcé contre eux par un prophète de l’Ancien Testament :

L’orgueil de ton cœur t’a égaré, toi qui habites le creux des rochers, qui t’assieds sur les hauteurs, et qui dis en toi-même : Qui me précipitera jusqu’à terre ? Quand tu placerais ton nid aussi haut que celui de l’aigle, quand tu le placerais parmi les étoiles, je t’en précipiterai, dit l’Éternel (Abdias 3-4).

Le peuple d’Édom avait le même caractère qu’Ésaü, leur père fondateur : profane, porté uniquement sur les valeurs matérielles au mépris de Dieu. Ésaü est le type même de l’Apollon vénéré de notre civilisation occidentale décadente : parfait pour les panneaux et encarts publicitaires, il est jeune, grand, beau et fort, athlétique et sexy, avide des grands espaces et de la vie en plein air. Il s’est déclaré indépendant de Dieu.

Je vais résumer ce chapitre qui commence par un rappel des 3 femmes d’Ésaü, deux Cananéennes et une fille d’Ismaël ; ce dernier qui est l’ancêtre des Arabes était le fils d’Abraham et de Hagar la servante de sa femme Sara. Ce que Dieu avait promis à Ésaü se réalisa : il fut béni et devint très riche. Il décida alors de quitter le pays de Canaan à cause de l’immensité de son cheptel. On peut établir un parallèle entre Ésaü et Caïn qui, après avoir assassiné son frère Abel, quitta lui aussi son pays natal pour aller à l’Est de l’Éden. Que ce soit Seth, le 3e fils d’Adam et Ève, ou Jacob, la lignée fidèle à Dieu ne quitte pas le pays qui lui est donné, mais s’y établit.

Ésaü traversa le Jourdain pour chercher fortune de l’autre côté. Il s’établit dans le pays de Séir le Horien dont les descendants furent les premiers habitants de cette région. Ces gens aussi appelés Horites ou Hurriens étaient tombés dans les oubliettes de l’histoire jusqu’à ce qu’on découvre que 2000 ans av. J-C, ils formaient un important groupe ethnique qui s’étendait du sud-est de la Turquie actuelle à la Palestine et toute la Syrie ; ils couvraient donc beaucoup de terrain. Les archéologues ont mis à jour des milliers de tablettes relatant leurs négociations commerciales. Il faut garder à l’esprit que tous les peuples mentionnés après le déluge sont issus des trois fils de Noé. Ésaü a donc chassé les Horites pour s’établir à leur place ; il rebaptisa le pays de Séir, Édom. Les Horites vaincus qui choisirent de rester sont mentionnés dans ce chapitre comme faisant partie des Édomites qui les absorbèrent.

En ces temps reculés, lorsqu’un peuple dépossédait un autre, l’ancienne population n’était pas exterminée. Vaincus, ils s’enfuyaient ou pouvaient devenir des sujets du nouveau régime. C’est un peu comme en Europe lorsqu’il y a changement de pouvoir politique par la voie des urnes. Vous pouvez toujours rester, mais si votre emploi est lié au parti qui perd les élections, il ne vous reste que les yeux pour pleurer.

 

Dans la liste de noms qui est donnée dans ce chapitre, plusieurs réapparaîtront plus tard lorsqu’Israël fera la conquête du pays de Canaan. Ces chefs de tribus vont devenir des peuples qui seront perpétuellement en guerre avec les Israélites une fois ceux-ci installés en Palestine. Il en est un en particulier qui mérite d’être mentionné : il s’agit d’Amalec, un petit-fils d’Ésaü. En effet, durant une grande partie de son histoire, les Israélites auront maille à partir avec les Amalécites, un peuple particulièrement féroce.

 

C’est aussi dans ce chapitre que pour la première fois dans la Genèse sont mentionnés des rois, ce qui laisse supposer que le monde politique doit le système monarchique et l’exercice d’un pouvoir quasi absolu aux Édomites descendants d’Ésaü. À leur décharge, il faut dire qu’ils n’accédaient pas au pouvoir par voie d’hérédité, mais que les chefs de tribus choisissaient l’un d’entre eux pour être leur roi, un peu comme les cardinaux élisent un pape. Leur système était plus équitable et plus efficace que celui qui fut mis en place par les dynasties orientales ou européennes dans lesquelles les monarques s’accrochaient tant et plus au pouvoir et où on se succédait de père en fils jusqu’au prochain coup d’État.

En France, nous avons tiré le gros lot avec Louis XIV, le Roi-Soleil, qui prétendit L’État, c’est moi ! Dans ce chapitre 36 entièrement consacré aux descendants d’Ésaü qui vont disparaître du récit, l’auteur a suivi le même procédé que précédemment avec la lignée de Caïn au chapitre 4 de la Genèse, celle de Lot, neveu d’Abraham, au chapitre 19, la lignée de Nahor frère d’Abraham au chapitre 22 et avec celle d’Ismaël fils d’Abraham et de la servante Hagar au chapitre 25. Avec le prochain chapitre, l’auteur va poursuivre l’histoire du peuple élu, les descendants d’Abraham, Isaac et Jacob. Ils sont les plus importants parce que c’est de cette lignée que naîtra Jésus-Christ, le sauveur du monde.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

avril 26 2024

Émission du jour | Job 3.1-26

Visite de 3 amis - La plainte de Job

Nos partenaires