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25 juil. 2022

Exode

Chapitre 1

Introduction

Le mot exode évoque une situation à forte connotation négative. On pense à des gens dans la misère entassés dans des camps de réfugiés de par le monde et surtout en Afrique, ou à ceux qui parcourent les chemins poussiéreux essayant d’échapper à des guerres fratricides. C’est aussi le titre d’un des 5 livres de l’Ancien Testament écrits par Moïse. Il retrace comment un noyau de quelque 70 personnes composant le clan de Jacob devint la nation d’Israël. C’est ce livre de l’Exode, que je vais commencer aujourd’hui.

Mais avant de le commencer, je voudrais le comparer avec l’Évangile de Matthieu que je viens de parcourir. Si le contraste entre ces deux ouvrages est évident, il existe en contrepartie de nombreux points communs entre eux. Premièrement, Matthieu présente Jésus-Christ comme un nouvel Israël. En effet, tout comme cette nation s’était rendue en Égypte pour échapper à la famine qui sévissait en Palestine, après sa naissance, l’enfant Jésus est emmené en Égypte pour fuir le roi Hérode qui cherche à l’assassiner. Dieu fera revenir à la fois Jésus et Israël. Ensuite, la traversée de la Mer Rouge par les Hébreux fuyant l’armée de pharaon fait penser au baptême du Christ au tout début de son ministère. À ce moment-là, le Père céleste fit entendre sa voix déclarant Jésus son Fils bien-aimé. Je cite le passage :

En même temps, une voix venant du ciel fit entendre ces paroles : — Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qui fait toute ma joie (Matthieu 3.17).

Pareillement, un prophète de l’Ancien Testament a déclaré de la part de l’Éternel :

Quand Israël était enfant, je l’ai aimé, alors j’ai appelé mon fils à sortir de l’Égypte (Osée 11.1).

De plus, quand Moïse a introduit le peuple d’Israël au pharaon, il a dit :

Voici ce que dit l’Éternel : Israël est mon fils aîné. Je te l’ordonne : Laisse aller mon fils pour qu’il me rende un culte (Exode 4.22).

Jésus et la nation d’Israël sont donc tous deux appelés fils de Dieu.

Matthieu raconte aussi les 40 jours de tentation du Christ dans le désert, le chiffre 40 exprimant symboliquement un temps d’épreuve. Pareillement, Israël a marché environ 40 ans dans le désert à tourner en rond. Cependant, contrairement à la nation rebelle, le Seigneur fut parfaitement soumis à la parole de Dieu.

Tout comme Moïse avait promulgué la Loi de Dieu sur le mont Sinaï, Jésus est monté sur une colline pour dispenser les lois du Royaume qu’on appelle Le Sermon sur la Montagne. Ensuite, il y a eu la manne, cette espèce de gaufrette mielleuse dont l’Éternel a nourri Israël dans le désert, puis l’eau qui a surgi du rocher pour désaltérer le peuple. Ces événements rappellent le miracle de la multiplication des pains que Jésus a accompli deux fois et aussi le fait qu’il s’est présenté d’une part aux Juifs comme le pain de vie, et d’autre part à la femme samaritaine comme l’eau vive.

Ensuite, il y a tout le culte de l’Éternel qui a pour centre le Tabernacle. La construction détaillée de ce temple démontable fait de toiles et de planches est ordonnée par Dieu et expliquée dans la troisième grande partie du livre de l’Exode. Tout le fonctionnement du tabernacle est symbolique et a été parfaitement réalisé d’une part en la personne du Christ, Dieu venu habiter en chair et en os au milieu de nous, et d’autre part par le Saint-Esprit qui établit sa demeure chez le croyant, ce qui fait qu’aujourd’hui nous n’avons pas besoin d’un sanctuaire particulier, genre temple ou église pour adorer Dieu.

L’Ancienne Alliance, qui se faisait par le biais d’une pratique rituelle complexe, exigeante, et des sacrifices constants d’animaux, est pleinement réalisée dans la Nouvelle Alliance scellée par le sang de Jésus, l’agneau parfait de Dieu. Alors que dans l’Ancien Testament la distance entre Dieu et son peuple était considérable, dans le Nouveau, celle-ci a disparu. Aujourd’hui, tous les croyants sont prêtres, car ils ont par le biais de Jésus-Christ un libre accès à la présence véritable et au trône même de Dieu. Mais ils sont aussi ambassadeurs chargés de mission. Ceux qui ont placé leur foi en Jésus-Christ sont imprégnés des dernières paroles qu’il a prononcées et que nous rapporte Matthieu à la fin de l’Évangile. Je les rappelle :

J’ai reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre : allez donc dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et apprenez-leur à obéir à tout ce que je vous ai prescrit. Et voici : je suis moi-même avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde (Matthieu 28.18-20).

Le disciple est celui qui écoute et met en pratique l’enseignement de Jésus. Le baptême est mentionné ici parce qu’à l’époque du Nouveau Testament, ce geste de plonger le croyant dans l’eau et de l’en ressortir signifiait son union symbolique avec le Christ dans sa mort et sa résurrection. Ce rite est un témoignage par lequel le chrétien manifeste publiquement sa relation avec Dieu et son engagement pour Jésus. C’est un peu comme une inscription formelle en bonne et due forme dans l’école des disciples du Christ.

Cependant, il n’existe aucun lien entre une immersion dans un lac, un fleuve ou une baignoire et le pardon de mes fautes envers Dieu. Le malfaiteur sur la croix qui s’est repenti a obtenu la garantie du Seigneur qu’il irait au paradis et pourtant il n’est jamais passé par les eaux du baptême et il ne menait pas une vie droite remplie de bonnes actions, puisqu’il était un assassin incrédule qui tout d’abord ridiculisait Jésus comme son compère. Mais sur la croix de son calvaire, il a finalement réalisé sa situation et sa chance inespérée de se trouver à côté du Seigneur. Alors, il lui a seulement demandé de se souvenir de lui. Suite à cet acte de foi tout simple en Jésus, il a reçu la vie éternelle. Cette anecdote est d’une importance capitale, car elle prouve que quiconque peut être sauvé à n’importe quel moment de sa vie et quelle que soit la façon dont il a vécu. Voilà pour la bonne nouvelle de la grâce de Dieu.

J’en viens maintenant au livre de l’Exode qui fait suite à la Genèse. Ils furent tous deux écrits par Moïse pendant les 11 mois où la nation juive se trouvait dans le désert au pied du mont Sinaï. Le vieux film à grand spectacle Les dix commandements situe l’Exode des Hébreux à la fin du 13e siècle av. J-C, le pharaon de l’époque étant alors le très fameux Ramsès II. Au regard de certaines informations contenues dans les livres des Juges et des Rois de l’Ancien Testament, une autre époque possible pour la sortie d’Égypte serait le milieu du 15e siècle av. J-C. Le pharaon aurait alors été Amenotep II. À ce jour, les découvertes archéologiques ne nous permettent pas de trancher de façon certaine entre ces deux possibilités. Ce, dont on est sûr par contre, est que cette fuite des Juifs hors du pays de la servitude a bel et bien eu lieu.

Le livre de l’Exode est en fait une continuation de la Genèse ; tout au début, il dresse la liste des fils de Jacob-Israël venus de Palestine en Égypte. Or cette liste est donnée une première fois vers la fin de la Genèse lorsque la tribu de Jacob s’installe dans le delta fertile du Nil que l’Éternel transforma pour eux en un véritable pays de Cocagne. Cette migration s’est faite suite à l’invitation de Joseph, grand vizir du pharaon et un des fils de Jacob soi-disant disparu. C’est lui qui fait le trait d’union avec la Genèse. Dans le dernier chapitre, on y lit :

À la fin de sa vie, Joseph dit aux siens : Je vais mourir, mais Dieu ne manquera pas d’intervenir en votre faveur et vous fera remonter de ce pays vers celui qu’il a promis par serment à Abraham, à Isaac et à Jacob. Puis Joseph fit prêter serment aux Israélites en leur disant : Lorsque Dieu interviendra pour vous, vous emporterez d’ici mes ossements (Genèse 50.24).

Au moment où les Hébreux sont sur le point de quitter l’Égypte, dans le livre de l’Exode il est écrit :

Moïse emporta les ossements de Joseph (Exode 13.19).

Cependant, il s’est écoulé plusieurs siècles entre la mort de Joseph et le départ des Hébreux. Entre-temps, le clan de Jacob, qui à l’origine était minuscule, est devenu la nation d’Israël, un peuple d’environ 600 000 hommes, soit au moins 3 millions de personnes. L’attitude des dirigeants d’Égypte par rapport aux Hébreux a considérablement changé avec le temps. Joseph, après avoir été vendu comme esclave, était devenu le numéro deux du royaume et dirigeait le pays. Apprécié de pharaon et de tous les hauts dignitaires, le roi d’Égypte s’était montré bienveillant envers la famille de son vizir qu’il avait accueillie à bras ouverts.

Mais au début du livre de l’Exode, le ton a considérablement changé. Le pharaon en place se met soudainement à opprimer le peuple d’Israël à cause de sa rapide croissance démographique qu’il ressent comme une menace pour son trône. Moïse raconte alors comment, conformément aux promesses faites aux patriarches depuis Abraham, Dieu a libéré son peuple de cet esclavage terrible qu’il subissait et fait alliance avec lui en le choisissant comme son peuple.

L’Exode est, à plusieurs titres, un livre fondateur, tant pour la foi juive que chrétienne. Il relate un événement essentiel dans l’histoire d’Israël, car il a transformé ce peuple en une nation. Ce livre présente l’alliance conclue par Dieu avec les descendants d’Abraham, ses conditions, ainsi que les bases du culte et du sacerdoce israélites. Apparaît également Moïse, la figure clé du livre et de l’Ancienne Alliance. Il fut à la fois le dirigeant, le législateur, le prophète et le médiateur entre l’Éternel et Israël.

Sa vie se divise en trois périodes de 40 ans chacune. La première se déroule dans le luxe du palais de pharaon ; la deuxième fait contraste, puisque Moïse la passe dans le désert à garder des troupeaux ; la troisième est celle qui nous intéresse de près, puisqu’il est appelé à conduire le peuple de Dieu dans le pays promis.

Le livre se compose de trois parties principales. La première, mise en scène par le film Les dix commandements, raconte la libération des Hébreux. Elle décrit d’abord l’oppression du peuple, les conditions de la naissance de Moïse, le début de sa vie et son appel par Dieu. Suit le récit des dix plaies qui frappent de plus en plus durement le pays et qui culminent avec la mort des premiers-nés égyptiens. Les Hébreux sont alors libres de quitter le pays pour aller dans le désert du Sinaï afin d’y établir une alliance avec l’Éternel et le servir. Le pharaon, qui les avait autorisés à partir, se ravise et lance ses chars à leur poursuite. Mais Dieu intervient une nouvelle fois en ouvrant un passage dans la Mer Rouge afin que son peuple puisse la traverser, pour ensuite engloutir l’armée égyptienne. Suite à quoi ont lieu divers épisodes riches d’enseignement sur Dieu et la nature humaine, en particulier, l’apparition de la manne qui pleuvait au lever du jour et l’eau que Dieu fait jaillir d’un rocher.

La deuxième partie du livre en est le cœur, parce qu’elle raconte l’alliance conclue au mont Sinaï. Elle est fondée sur la personne de l’Éternel, qui s’est montré bienveillant envers Israël et tout-puissant, donc supérieur à tous les autres dieux. Le verset-clé du livre de l’Exode est :

Je suis l’Éternel ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Égypte, du pays où tu étais esclave (Exode 20.2).

C’est sur cette base qu’il va demander à Israël de le reconnaître comme son Dieu. Au moment de l’établissement de l’alliance, Moïse reçoit les 10 commandements qui sont le cœur de la Loi et la charte de la relation entre l’Éternel et son peuple au milieu duquel il désire habiter par l’intermédiaire du tabernacle. L’alliance est le lien juridique qui établit et définit le cadre de la vie commune entre Dieu et les hommes. Cependant, le tableau est terni par une grave désobéissance des Hébreux. Pendant que Moïse est sur la montagne pour recevoir les tables de la Loi, le peuple s’impatiente, fabrique une idole en or ayant l’apparence d’un veau et se livre à la débauche. Alors, l’Éternel se fâche et menace d’exterminer Israël qui doit la vie sauve à l’intercession de Moïse. C’est ainsi que se révèle au grand jour la nature pervertie et rebelle de l’homme.

Chez les prophètes qui suivront, le souvenir de la libération de l’esclavage égyptien et de l’alliance avec Dieu, servira à préfigurer une délivrance plus grande, celle du mal qui rend tout homme esclave de ses passions. Cette libération ainsi que la nouvelle alliance seront réalisées en Jésus-Christ, l’agneau parfait de Dieu immolé le jour de la Pâque juive comme le décrit l’Évangile de Matthieu et qui est souvent commenté dans les épîtres du Nouveau Testament.

La troisième partie du livre de l’Exode contient les ordres de l’Éternel en vue de la fabrication du sanctuaire divin, directives précises et minutieuses et même fastidieuses qui ne laissent rien au hasard. Sont décrits en détail les objets du tabernacle, les vêtements des différentes classes de prêtres ainsi que le déroulement du culte avec ses nombreux sacrifices.

Le thème central qui sert de trame à ce livre est le désir de Dieu d’être présent au milieu de son peuple. Tout au début, il apparaît à Moïse dans un buisson en feu qui ne se consume pas. Il continue à se manifester au travers de son serviteur qui conduit la nation hors d’Égypte. Ensuite, l’Éternel se révèle à Israël sur le mont Sinaï lors de la conclusion de l’alliance. Une fois la cérémonie achevée, les responsables du peuple accèdent comme Moïse à la présence de Dieu. Mais c’est la mise en place du tabernacle qui concrétise le projet divin d’habiter au milieu de son peuple, ce qui est le but ultime de l’alliance. Avant cela, les manifestations divines étaient très épisodiques.

Ce dessein de l’Éternel rappelle la raison de la création de l’homme dans le jardin d’Éden, récit qui nous est raconté au début de la Genèse. De toute éternité, le Créateur a désiré partager qui il est avec des créatures qui seraient en mesure de l’apprécier. Après la rébellion de nos premiers parents, Dieu a fait alliance avec divers hommes jusqu’à Abraham d’où est issu le peuple élu. Le livre de l’Exode se termine en apothéose avec l’installation de la gloire de Dieu dans le tabernacle. C’est ainsi que Dieu est maintenant présent de façon permanente au milieu du peuple qu’Il a choisi pour porter Son nom. Voilà pour le beau côté des choses.

À l’opposé, le livre de l’Exode prend bien soin de souligner la sainteté de Dieu et la distance qui en résulte avec le peuple d’Israël souillé par le péché. L’agencement même du tabernacle, l’institution des diverses classes de prêtres, la barrière infranchissable délimitant le lieu sacré du mont Sinaï, celle entre les lieux saint et très saint du tabernacle, toutes ces limites, que les Hébreux n’ont pas le droit de franchir, et toutes les directives draconiennes de la Loi visent à tenir le peuple à une distance respectueuse de l’Éternel, sous peine de mort. Ces séparations communiquent à l’homme que le Créateur est trois fois saint et ne peut être assimilé au genre humain rebelle et coupable devant Lui.

L’Exode mêle histoire et législation à cause de l’emphase mise sur le traité d’alliance. On y trouve divers genres littéraires, dont quelques textes poétiques comme le magnifique cantique de Moïse célébrant la victoire sur les Égyptiens. Ce livre enseigne également la souveraineté de Dieu qui intervient dans l’histoire des hommes et qui se révèle à eux parce que, comme je l’ai déjà bien souligné, il désire établir une relation intime avec sa créature. Les miracles accomplis pour libérer Israël de l’esclavage manifestent sa toute-puissance et sa parfaite maîtrise des événements, y compris les décisions du pharaon et par extension de tous les despotes.

Dieu n’est jamais pris de court par un manquement, une erreur humaine ou par l’acte le plus vil qu’on puisse imaginer. Au travers de la libération de son peuple et du grand soin qu’il prend de lui dans le désert en pourvoyant à tous ses besoins, Dieu montre sa bienveillance, sa générosité et sa grande sollicitude envers Israël. Le pardon, qu’il lui accorde suite au très grave acte idolâtre du veau d’or en réponse à l’intercession de Moïse, manifeste aussi sa miséricorde et sa patience envers un peuple qui se montre profondément ingrat et indigne de ses bienfaits. Ce méfait des Hébreux fut l’occasion d’une déclaration qui fera partie de la confession de foi israélite. Je la cite.

L’Éternel, l’Éternel, un Dieu plein de compassion et de grâce, lent à se mettre en colère, et riche en amour et en fidélité ! (Exode 34.6).

Voilà pourquoi vous et moi pouvons obtenir la vie éternelle et une libre entrée dans son sanctuaire par l’intermédiaire de Jésus-Christ, le sauveur de l’humanité.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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