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02 août 2022

Exode 6.25 – 7.15

Chapitre 6

Introduction

Notre identité est intimement liée à celle de nos parents, le lieu de naissance et la langue maternelle. Il en a toujours été ainsi pour les êtres humains parce que ces données structurent leurs vies. Jadis, alors que les centres de populations étaient très stables, cette assise était plus importante qu’aujourd’hui. C’est ce qui explique la présence des généalogies dans les écrits antiques dont font partie les Textes Sacrés. Alors qu’Israël va sortir d’Égypte, Moïse, l’auteur du livre de l’Exode dresse une liste partielle des gens importants parce que chefs du peuple.

Versets 25-27

J’en lis la fin dans le chapitre 6 de l’Exode.

Éléazar, fils d’Aaron, prit pour femme une des filles de Poutiel qui lui donna Phinéas. Tels sont les chefs des groupes familiaux des lévites selon leurs différentes familles. C’est à Aaron et Moïse dont il vient d’être question que l’Éternel ordonna : « Faites sortir d’Égypte les Israélites, comme une armée en bon ordre » (Exode 6.25-27).

Cette descendance fait office de lettres de créance à Moïse pour la mission que Dieu lui a confiée. Elle établit qu’il est de la race d’Israël et de la tribu de Lévi. En effet, le peuple pouvait légitimement se demander qui était ce personnage qui avait épousé une non-Juive, qui est sorti du désert après 40 ans à y garder des moutons, et qui réapparaît soudainement avec un soi-disant mandat divin.

Versets 28-30

Je finis le chapitre 6.

Ce sont eux qui allèrent trouver le pharaon, roi d’Égypte, pour faire sortir les Israélites de son pays. Voici ce qui arriva le jour où l’Éternel s’adressa à Moïse en Égypte. L’Éternel dit à Moïse : — Je suis l’Éternel. Répète au pharaon, roi d’Égypte, tout ce que je te dis. Mais Moïse répondit à l’Éternel : — Je n’ai pas la parole facile, comment le pharaon consentira-t-il à m’écouter ? L’Éternel dit à Moïse : — Regarde ! Je te fais Dieu pour le pharaon, et ton frère Aaron te servira de prophète. Toi, tu diras tout ce que je t’ordonnerai, et ton frère Aaron le répétera au pharaon pour qu’il laisse partir les Israélites de son pays (Exode 6.28-30).

Après la généalogie, le texte retrace les circonstances de l’appel de Moïse pour souligner encore une fois que c’est l’Éternel qui lui a confié la tâche d’aller voir pharaon. Il ne s’est pas autoproclamé grand Napoléon avant l’heure, en prétendant devenir l’empereur libérateur du peuple d’Israël. Par ailleurs, on se demande ce qui n’allait pas avec la langue de Moïse ? Il n’était pas muet, mais bégayait-il ou avait-il un autre handicap qui l’empêchait de communiquer clairement ? La suite du livre va montrer qu’il finira par bien se débrouiller tout seul aussi bien dans des conversations privées que publiques. Il semble donc que Moïse avait sûrement un problème psychologique. On comprend.

Après 40 ans à garder les moutons, il ne se voyait pas confronter le puissant pharaon et son armée redoutable munie de chars. Il ne se sentait pas non plus à la hauteur d’assumer la direction d’une grande marche à la chinoise à la tête d’un peuple qu’il savait insoumis, ce que la suite du livre confirmera. Il est intéressant de noter que les hésitations de Moïse n’ont pas arrêté l’Éternel, qui ne l’a pas non plus guéri d’un coup de baguette magique. Il voulait que son serviteur comprenne que c’était lui qui délivrerait son peuple, qui combattrait leurs ennemis et que Moïse devait simplement lui faire confiance. Par la suite, cette langue qui avait tendance à fourcher va rentrer dans l’ordre.

Chapitre 7

Versets 1-2

Nous arrivons au chapitre 7 de l’Exode. On imagine Moïse en train de se ronger les ongles à l’idée de devoir retourner voir pharaon. Il y a de la tension dans l’air, car nous sommes au soir de la déclaration de guerre par Dieu aux divinités égyptiennes. Il suffirait d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres. Je commence à lire.

L’Éternel dit à Moïse : — Regarde ! Je te fais Dieu pour le pharaon, et ton frère Aaron te servira de prophète. Toi, tu diras tout ce que je t’ordonnerai, et ton frère Aaron le répétera au pharaon pour qu’il laisse partir les Israélites de son pays (Exode 7.1-2).

Un prophète est quelqu’un qui parle de la part de Dieu. Moïse est celui qui est revêtu d’autorité et de puissance comme un dieu, tandis qu’Aaron est son porte-parole. Le ministère du prophète est de haut en bas ; il apporte le message de l’Éternel au peuple. Un prêtre s’occupe du culte et s’il est sacrificateur il procède, comme son nom l’indique, aux sacrifices d’animaux. Son sacerdoce se fait de bas en haut ; il représente les adorateurs devant Dieu, ici les Israélites.

Les fonctions de prophète et de prêtre sont bien distinctes et non interchangeables. Par la suite, Aaron deviendra le sacrificateur et Grand-prêtre au service d’Israël, tandis que Moïse sera le prophète du Seigneur. Pour le moment et tant que Moïse est mal à l’aise, il se sert de son frère pour communiquer la parole de Dieu. Tout comme l’Éternel fait connaître sa volonté au peuple par ses prophètes, de même Moïse transmettra les paroles de Dieu au pharaon par Aaron, son porte-parole.

Verset 3

Je continue.

Et moi, je rendrai le pharaon inflexible et je multiplierai les signes miraculeux et les prodiges en Égypte, mais pharaon ne vous écoutera pas (Exode 7.3).

Littéralement, il est dit que Dieu endurcira le cœur de pharaon. A priori, on pourrait penser que ce roi n’avait aucune chance, car les dés étaient jetés d’avance contre lui. En réalité, endurcir veut dire tordre ou extraire jusqu’à la dernière goutte. En d’autres mots, l’Éternel allait le forcer à admettre ouvertement ce qu’il était vraiment au fond de lui. Il fera ressortir la bile amère que contenait son âme en le laissant agir à sa guise, comme il l’avait déjà décidé. Notre psychisme est ainsi fait que l’insensibilité conduit à l’endurcissement dans une spirale vicieuse descendante.

À plusieurs reprises, le pharaon va dire oui, oui, alors qu’en réalité il pense : Il n’en est pas question ! Comme un politicien, le roi refuse de clarifier ses propos et parlera la langue de bois. Il ne voulait absolument pas lâcher sa main d’œuvre gratuite, mais désirait en même temps paraître conciliatoire et bienveillant. Les pharaons assumaient la fonction de père du peuple, une image qu’ils voulaient conserver autant que possible. Ils préféraient que tout le monde pense à lui en termes de générosité bien qu’avec Israël cette image s’était considérablement dégradée.

Si on se met à la place de Moïse qui entend Dieu lui dire : Voilà, tu vas aller parler au roi, mais de toute façon ça va lui faire le même effet que de cracher en l’air, on peut supposer que notre homme doit se dire : Encore une mission qu’il vaut mieux ne pas mentionner dans mon CV. Les paroles de Dieu, je rendrai le pharaon inflexible, sont aussi un jugement qu’il prononce contre lui. L’hypocrisie du roi va être révélée dans toute sa noirceur. Une fois devant un choix qu’il lui faut obligatoirement assumer, il ne va pas pouvoir échapper à ses répercussions. Ça me fait penser à un passage du Nouveau Testament qui parle des conséquences inéluctables qui découlent de la position prise par rapport à la personne du Christ. Je le cite.

Oui, nous sommes, pour Dieu, comme le parfum du Christ parmi ceux qui sont sur la voie du salut et parmi ceux qui sont sur la voie de la perdition. Pour les uns, c’est une odeur de mort qui les mène à la mort, pour les autres, c’est une odeur de vie qui les conduit à la vie (2Corinthiens 2.15-16).

Le pharaon se trouve à une croisée de chemins, l’un mène à la vie et l’autre au jugement. C’est pareil pour moi ; devant la personne de Jésus, je suis obligé de choisir.

Versets 4-5

Je continue le texte.

Alors j’interviendrai en Égypte et j’en ferai sortir mon peuple, les Israélites, comme une armée en bon ordre, en exerçant de terribles jugements. Les Égyptiens sauront ainsi que je suis l’Éternel, quand j’interviendrai en Égypte pour en faire sortir les Israélites (Exode 7.4-5).

Voici venir un cours de théologie pratique qui va démontrer noir sur blanc à tout le monde, qui est le vrai Dieu. L’Éternel va révéler sa grandeur, Pharaon va se montrer tel qu’il est, les Égyptiens vont découvrir le Seigneur du ciel et de la terre, tandis que les Israélites auront confirmation de sa toute-puissance. Par la même occasion, Moïse et Aaron seront réhabilités aux yeux du peuple.

Versets 6-9

Je continue.

Moïse et Aaron firent exactement tout ce que l’Éternel leur avait commandé. Moïse avait quatre-vingts ans et Aaron quatre-vingt-trois lorsqu’ils allèrent parler au pharaon. L’Éternel dit à Moïse et Aaron : — Si le pharaon vous demande de faire un miracle, toi, Moïse, tu diras à Aaron : « Prends ton bâton et jette-le devant le pharaon », et il se transformera en reptile ! (Exode 7.6-9).

L’action va commencer. Pharaon va vouloir être amusé par ces deux personnages qu’il méprise et considère un peu comme les fous du roi. Mal va lui en prendre.

Verset 10

Je continue.

Moïse et Aaron se rendirent chez le pharaon et agirent comme l’Éternel le leur avait ordonné. Aaron jeta son bâton devant le pharaon et ses hauts fonctionnaires et celui-ci se transforma en reptile (Exode 7.10).

C’est autour d’un buisson ardent qui ne se consumait pas que Moïse avait rencontré Dieu. Le Seigneur lui avait alors ordonné de jeter son bâton à terre qui s’était transformé en serpent ; le mot utilisé ne peut pas être rendu autrement. Mais curieusement, dans cet épisode, le terme est différent, d’où la traduction de reptile. Ailleurs dans les Écritures, ce même mot est aussi rendu par monstre marin ou dragon. Il est donc possible que la verge de Moïse se soit transformée en un crocodile puis que c’est un reptile. Il faut garder à l’esprit qu’un des buts de l’Éternel est de juger les faux dieux d’Égypte.

Or à cette époque, les crocodiles étaient sacrés. Ils occupaient donc une place prépondérante dans la religion des Égyptiens qui les honoraient parce qu’ils craignaient Sedak, une divinité mauvaise ayant une tête de crocodile. Ils avaient également une peur bleue d’un dieu-démon qui s’appelait Apepi ayant lui aussi la forme d’un crocodile. Il vivait dans la partie inférieure du ciel et s’efforçait chaque jour d’empêcher l’ascension du dieu soleil Rê, dont il était l’ennemi juré. C’est Apepi qui était à l’origine des éclairs, du tonnerre, des orages et des tempêtes, des tornades et même de la pluie, essayant par là d’obscurcir le dieu Rê par des nuages, de la brume, du brouillard et les ténèbres. Les Égyptiens organisaient même une cérémonie magique dans le temple d’Amen-Ra de la ville de Thèbes pour tenter de détruire le méchant Apepi.

Toutes les divinités étaient représentées par des animaux, des oiseaux ou des insectes. Pourtant, les Égyptiens croyaient en l’existence d’un Dieu supérieur tout-puissant et éternel qui s’était créé et existait par lui-même. Malheureusement, ils pensaient également que cette divinité était trop grande et trop puissante pour s’occuper des affaires et de la destinée des hommes. Par conséquent, ils croyaient que ce dieu supérieur avait délégué la gouvernance du monde à une multitude de bons et de mauvais esprits, des dieux et des démons.

Dans la culture égyptienne, les idées abstraites étaient représentées concrètement en image ou par un symbole. Ils possédaient des divinités qui représentaient chaque phase et fonction de la vie. Leur religion était une forme d’animisme avec beaucoup de cérémonies. Ce genre d’idolâtrie superstitieuse est décrié par l’apôtre Paul qui écrit :

Depuis la création du monde, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient dans ses œuvres quand on y réfléchit. Ils n’ont donc aucune excuse, car alors qu’ils connaissent Dieu, ils ont refusé de lui rendre l’honneur que l’on doit à Dieu et de lui exprimer leur reconnaissance. Ils se sont égarés dans des raisonnements absurdes et leur pensée dépourvue d’intelligence s’est trouvée obscurcie. Ils se prétendent intelligents, mais ils sont devenus fous. Ainsi, au lieu d’adorer le Dieu immortel et glorieux, ils adorent des idoles, images d’hommes mortels, d’oiseaux, de quadrupèdes ou de reptiles (Romains 1.20-23).

Voilà pourquoi l’Éternel va attaquer ces faux dieux, les ridiculiser et par la même occasion révéler qui il est. Si le bâton de Moïse s’est transformé en un crocodile, c’est que le Seigneur s’en est pris à Apepi, le méchant dieu-démon. Il communiquait ainsi que c’était lui le seul vrai Dieu et aussi qu’il était digne de confiance puisqu’il a la puissance de maîtriser celui que craignaient les Égyptiens. Il faut savoir que, selon l’enseignement des Textes Sacrés, Dieu ne désire pas que le coupable meure, qu’il soit Hébreu ou païen, mais qu’il se repente et vive. Je lis un passage.

Aussi vrai que je suis vivant, le Seigneur, l’Éternel, le déclare, je ne prends aucun plaisir à la mort du méchant, je désire qu’il abandonne sa conduite et qu’il vive. Détournez-vous, détournez-vous donc de votre mauvaise conduite ! Pourquoi devriez-vous mourir ? (Ézéchiel 33.11).

Versets 11-13

Je continue le texte de l’Exode.

Alors le pharaon fit convoquer ses sages et ses magiciens, et les enchanteurs d’Égypte accomplirent le même miracle par leurs sortilèges : chacun d’eux jeta son bâton à terre qui se transforma en reptile ; cependant le bâton d’Aaron avala les leurs. Malgré cela, le pharaon, le cœur obstiné, refusa de les écouter, comme l’Éternel l’avait dit (Exode 7.11-13).

Le mot traduit par sortilège a pour racine brûler. Les magiciens ont dû faire des incantations qui nécessitaient du feu ou des fumigations. Le Nouveau Testament donne les noms des deux sorciers qui s’opposèrent à Moïse, Jannès et Jambrès. Il est intéressant de noter que le premier apparaît également dans un des manuscrits de la Mer Morte. Ces deux sinistres personnages disposent d’un réel pouvoir occulte qui leur vient directement du Prince des ténèbres. Néanmoins, leurs reptiles sont avalés par celui d’Aaron, car l’Éternel garde toujours une longueur d’avance sur ses adversaires. Mais comme il veut donner l’occasion de se repentir à tous les témoins de cette confrontation, il ne révélera que progressivement sa supériorité sur les magiciens, les dieux d’Égypte et sur le pharaon. Ce dernier portait sur la tête une tête de cobra comme insigne de son pouvoir, mais celle-ci ne lui fut d’aucun secours.

Il est écrit que le pharaon s’entête, ce qui est une façon de dire qu’il est responsable de ses actes, puis il est précisé : comme l’Éternel l’avait dit. Cette obstination du roi est aussi la manifestation de l’œuvre divine annoncée quand le Seigneur avait dit : Et moi, je rendrai le pharaon inflexible et je multiplierai les signes miraculeux et les prodiges en Égypte. Le texte présente donc cette double dynamique : d’une part, le pharaon s’obstine, et d’autre part, le Seigneur endurcit son cœur.

Nous arrivons maintenant à la veille du grand combat que l’Éternel va livrer aux faux dieux d’Égypte. Le récit nous y a préparés en décrivant tous les protagonistes. Nous avons d’abord découvert Moïse, son appel ainsi que la nature de sa mission. Nous savons que lui et son frère Aaron sont d’authentiques fils d’Israël de la tribu de Lévi. Le texte a également expliqué que l’Éternel a résolu de libérer son peuple et va exercer ses jugements contre le pharaon à cause de son obstination. Les actes puissants qu’il va accomplir vont prouver aux Égyptiens qu’il est le Seigneur du ciel et de la terre, et de toute créature qui s’y trouve.

Le premier prodige du reptile de Moïse qui a englouti ceux des sorciers de pharaon est le signe annonciateur des 10 plaies qui vont s’abattre sur l’Égypte. Les neuf premières peuvent être divisées en trois groupes de trois. Le premier de chaque groupe, la première plaie, la quatrième et la septième sont introduites par un avertissement adressé au pharaon le matin, alors qu’il se rend au fleuve pour y faire ses dévotions au dieu Nil Hopi. Il était représenté par un homme corpulent avec des seins de femme ce qui symbolisait la fertilité et l’abondance. Les Égyptiens lui adressaient des hymnes d’adoration du genre :

Tu arroses les champs que Ra, le dieu du soleil, créa.

Tu apportes la nourriture.

Créateur de toutes bonnes choses.

Tu remplis nos greniers.

Tu prends soin des pauvres et des nécessiteux.

De tout temps, les hommes ont été idolâtres. D’abord, ils vénéraient une chose ou un animal ; aujourd’hui, ce sont certains éléments de la création comme la science ou la technologie. Il n’y a pas de différence et tous ceux qui n’adorent pas le Dieu du ciel tombent sous son jugement.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

oct. 11 2024

Émission du jour | Éphésiens 6.13-16

Prendre les armes de Dieu (suite)

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