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18 août 2022

Exode 16.32 – 17.7

Chapitre 16

Introduction

Dans son œuvre Le Désespéré, Léon Bloy fait dire à l’un de ses personnages : Un homme couvert de crimes est toujours intéressant. C’est une cible pour la Miséricorde. L’auteur écrit Miséricorde avec une majuscule. C’est donc une référence à Dieu ou à une puissance supérieure. Par contre, il est difficile de savoir exactement ce qu’il entendait par intéressant. N’y a-t-il que les gens intéressants qui aient droit à la miséricorde divine ? Depuis que les Hébreux ont quitté l’Égypte, l’Éternel a exercé sa patience et sa bonté envers eux. Après les avoir délivrés de l’esclavage, il les a dirigés dans le désert et a pourvu à tous leurs besoins. Pourtant, ils se sont montrés particulièrement ingrats. Dès que quelque chose n’est pas à leurs goûts, ils râlent et entonnent une complainte. Malgré cela, la manne céleste qui les nourrit tombe du ciel 6 jours sur 7 avec la précision d’une horloge. La miséricorde de Dieu à leur égard n’est pas due à un mérite quelconque, car ils n’en ont aucun et ils ne sont pas intéressants du tout. Dieu aime Israël et a promis de le mener en Terre Promise, coûte que coûte. Voilà pourquoi il ne se lasse pas de leur pardonner. Cela me fait penser à une parole que Jésus a dite :

Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent. Ainsi vous vous comporterez vraiment comme des enfants de votre Père céleste, car lui, il fait luire son soleil sur les méchants aussi bien que sur les bons, et il accorde sa pluie à ceux qui sont justes comme aux injustes (Matthieu 5.44-45).

Dieu est miséricordieux envers tous, vous et moi et les Hébreux, ceux qui ont foi en lui et les autres qui le méprisent. L’Éternel va pourvoir aux besoins d’Israël dans le désert pendant 40 ans.

Versets 32-34

Je continue à lire dans le chapitre 16 de l’Exode :

Moïse dit : — Voici ce que l’Éternel a ordonné : Prenez environ 4 litres de cette manne et conservez-les pour les générations futures, pour qu’elles voient l’aliment dont je vous ai nourri au désert, après vous avoir fait sortir d’Égypte. Moïse dit donc à Aaron : — Prends un récipient et mets-y environ 4 litres de manne, puis dépose-le devant l’Éternel afin de le conserver pour les générations futures. Comme l’Éternel l’avait ordonné à Moïse, Aaron le déposa comme souvenir devant le coffre de l’acte de l’alliance (Exode 16.32-34).

Cette préoccupation de transmettre le souvenir de la miséricorde divine aux générations suivantes est constamment présente dans l’histoire d’Israël. Moïse anticipe en parlant du coffre de l’acte de l’alliance, car il n’est pas encore construit. Il ne le sera que plus tard ce qui est expliqué en détail vers la fin du livre de l’Exode. Mais puisqu’il est mentionné ici, je vais en décrire le contenu et sa signification symbolique. Ce coffre contenait trois choses différentes : d’abord, et comme le texte le mentionne, un pot rempli de 4 litres de manne qui par miracle se conservera indéfiniment ; en second lieu, il y aura les deux tablettes sur lesquelles étaient écrits les Dix Commandements, et troisièmement, le bâton d’amandier d’Aaron en fleurs.

Ces trois éléments annoncent la venue de Jésus-Christ sur terre, son œuvre de justice et son triomphe sur la mort. Comme je l’ai déjà dit, la manne préfigurait Jésus en tant que pain vivant descendu du ciel pour donner la vie éternelle à tous ceux qui lui font confiance. Les tables de la Loi représentent les deux volets du ministère du Christ. Au nom de tous les croyants de tous les temps, Jésus a d’une part parfaitement obéi à toute la volonté divine, et d’autre part subi le châtiment prescrit par la loi contre ceux qui comme moi l’ont transgressée. Je cite un passage qui affirme cette dure réalité :

Car il est écrit : Maudit soit l’homme qui n’obéit pas continuellement à tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi. Le Christ nous a libérés de la malédiction que la Loi faisait peser sur nous en prenant la malédiction sur lui, à notre place (Galates 3:10, 13).

En 3e lieu, le bâton fleuri d’Aaron proclame la résurrection du Christ.

Versets 35-36

Je finis ce chapitre.

Les Israélites mangèrent de la manne pendant quarante ans, jusqu’à leur arrivée dans un pays habité, aux confins du pays de Canaan. La mesure utilisée, correspondait à un dixième de la mesure habituelle (Exode 16.35-36).

La mesure utilisée pour la manne est l’omer et correspond au dixième d’une autre unité qui s’appelle l’épha et qu’on rencontre souvent dans l’Ancien Testament. Une fois le peuple d’Israël installé dans le pays de Canaan, dès qu’il célébra la première Pâque, la manne cessa. En effet, ils pouvaient désormais manger les céréales du pays. Il n’empêche qu’ils se plaignirent quand même, réalisant que tout compte fait la manne n’était pas si mal que ça, surtout qu’elle tombait du ciel toute seule sans qu’il y ait besoin de cultiver un champ ce qui est un travail pénible.

Chapitre 17

Versets 1-3

Nous arrivons au chapitre 17 de l’Exode. La marche dans le désert continue et comme il fallait s’y attendre, l’eau vient à manquer. C’était l’occasion de faire part de leur besoin à l’Éternel de manière polie et posée. Au lieu de cela, un esprit de révolte flotte dans l’air, et c’est encore une fois la complainte du désert qui résonne d’un bout à l’autre du camp d’Israël. Je commence à lire.

Toute l’assemblée des Israélites s’éloigna étape par étape du désert de Sin selon les directives de l’Éternel. Ils campèrent à Rephidim où ils ne trouvèrent pas d’eau à boire. Alors le peuple prit Moïse à partie en lui disant : Donne-nous de l’eau à boire ! Moïse leur répondit : — Pourquoi me prenez-vous à partie ? Pourquoi voulez-vous forcer la main à l’Éternel ? Pressé par la soif, le peuple se plaignit de Moïse et dit : — Pourquoi nous as-tu fait quitter l’Égypte ? Est-ce pour nous faire mourir de soif ici, nous, nos enfants et nos troupeaux ? (Exode 17.1-3).

Toujours la même musique et encore le même scénario. C’est lassant de les lire, mais ce devait être particulièrement difficile à vivre pour Moïse surtout que cette fois-ci les Hébreux se montrent menaçants envers lui. Alors, il les met en garde disant : Méfiez-vous, vous êtes en train de tester la patience de l’Éternel. En effet, au lieu de s’attendre à lui avec confiance, ils manifestent bruyamment leur mauvaise humeur et veulent forcer Dieu à agir selon leurs désirs comme s’il leur devait quelque chose. De temps en temps, les masses-média font leurs choux gras en révélant des abus religieux. Invariablement, le scandale concerne un guru quelconque, qui ne se sent plus aller et qui a persuadé ses disciples qu’il détient le pouvoir de contrôler la divinité dont il se réclame. Cette arrogance apparaît aussi chez les Hébreux, qui étaient plutôt bien versés dans l’art de la manipulation.

Verset 4

Je continue le texte.

Moïse cria à l’Éternel en disant : — Que puis-je faire pour ce peuple ? Ils sont sur le point de me tuer à coups de pierres ! (Exode 17.4).

Aïe, que ça va mal ! Les Israélites veulent faire la peau à leur leader. L’expression, ce peuple, dénote une certaine distance que Moïse place entre lui et eux. Il ne comprend pas leur comportement agressif à son égard. Il commence tout juste sa carrière de souffre-douleur face à une nation récalcitrante. Ce sera aussi le lot de la plupart des prophètes. Lorsque Moïse négociait avec l’Éternel, essayant de toutes ses forces de se dérober, Dieu s’était mis en colère contre lui. Au final, Moïse avait dû s’incliner. Maintenant qu’il se trouve dans de bien vilains draps, je me demande s’il doit penser : Je me doutais bien que cette affaire allait mal tourner, j’aurais mieux fait de me casser une jambe le jour où l’Éternel m’a confié cette mission.

Versets 5-7

Je continue le texte.

L’Éternel dit à Moïse : — Passe devant le peuple et emmène avec toi quelques responsables d’Israël. Prends à la main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil et va ! Quant à moi, je vais me tenir là devant toi sur un rocher du mont Horeb ; tu frapperas le rocher, de l’eau en jaillira et le peuple pourra boire. Moïse fit ainsi en présence des responsables d’Israël. Il appela ce lieu Massa et Meriba, ce qui veut dire Épreuve et Querelle, parce que les Israélites l’avaient pris à partie et parce qu’ils avaient voulu forcer la main à l’Éternel en disant : « L’Éternel est-il oui ou non au milieu de nous ? » (Exode 17.5-7).

Cette question pleine de sous-entendus est très méprisante à l’égard de Dieu, car elle met en doute son caractère, sa fidélité et sa bonté à leur égard. Les Hébreux sont d’une insolence sans pareille ! Néanmoins, en réponse à leurs plaintes et sur ordre de l’Éternel, Moïse prend son bâton, le symbole de son autorité, et frappe le rocher qui devient un torrent d’eau. Cet incident est souvent rappelé dans l’Ancien Testament parce qu’il annonce la mort du Messie qui deviendra la source d’eau vive. En effet, dans l’Évangile, Jésus a rencontré une femme autour d’un puits et lui a dit :

Si tu savais quel don Dieu veut te faire et qui est celui qui te demande à boire, c’est toi qui aurais demandé à boire et il t’aurait donné de l’eau vive. Celui qui boit de cette eau, reprit Jésus, aura de nouveau soif. Mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif. Bien plus : l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source intarissable qui jaillira jusque dans la vie éternelle (Jean 4.10, 13-14).

Selon le Nouveau Testament, ce rocher qui donne de l’eau représente le Christ. Je cite deux passages :

Car il ne faut pas que vous ignoriez ceci, frères : après leur sortie d’Égypte, nos ancêtres ont tous marché sous la conduite de la nuée, ils ont tous traversé la Mer. Ils ont tous bu la même boisson spirituelle, car ils buvaient de l’eau jailli d’un rocher spirituel qui les accompagnait ; et ce rocher n’était autre que le Christ lui-même. Jésus-Christ est la pierre vivante que les hommes ont rejetée, mais que Dieu a choisie et à laquelle il attache une grande valeur. Approchez-vous donc de lui. Pour vous donc qui croyez : l’honneur ! Mais pour ceux qui ne croient pas : La pierre rejetée par les constructeurs est devenue la pierre principale, à l’angle de l’édifice, une pierre qui fait tomber, un rocher qui fait trébucher (1Corinthiens 10.1, 4 ; 1Pierre 2.4, 6-8).

La manne et le rocher frappé représentent le Christ en tant que Pain de vie et Eau vive. Tout ce qui arrivait aux Israélites n’était pas le fruit du hasard, mais avait un but pédagogique. Ces événements sont comme un livre d’images destiné à préparer le peuple d’Israël à la venue du Messie. C’est à l’apôtre Pierre que Jésus a déclaré : Tu es Petros, qui signifie caillou, et sur ce Petra, ce qui veut dire rock, j’édifierai mon Église, contre laquelle le séjour des morts ne pourra rien (Matthieu 16.18). Le rock se réfère au Christ.

Moïse va donc frapper un roc pour en faire sortir de l’eau. Entre nous, soit dit, c’est bien le dernier endroit où on irait en chercher. C’est comme si on voulait tirer du sirop d’érable d’un navet ou du jus d’orange d’une poignée de porte. Un rocher communique l’idée de stabilité et d’invulnérabilité et celui-ci va se transformer en torrent. Il est une bonne représentation de la vie admirable et parfaite du Christ, son dévouement et sa générosité, son autorité incontestable et son enseignement inégalé. Lorsque Moïse frappa ce rocher, de l’eau en jaillit. De même quand le Christ fut battu puis blessé sur la croix, sa mort expiatoire devint la source d’eau vive éternelle pour tous ceux qui croient en lui.

L’incident dans le désert entre les Israélites et Moïse se répétera plus tard, presque scène pour scène. Le scénario est le même : les Hébreux ont soif et deviennent agressifs. Je lis ce passage parallèle.

L’eau vint à manquer. Alors le peuple s’attroupa pour s’en prendre à Moïse et Aaron. Pourquoi nous avez-vous fait quitter l’Égypte et venir dans ce lieu de misère ? Pour nous y faire mourir, nous et notre bétail ? Ici on ne peut rien semer ! Il n’y a ni figuier, ni vigne, ni grenadier. Il n’y a même pas d’eau à boire ! (Nombres 20.2, 5).

Comme de coutume, les Hébreux entonnent leur désormais très célèbre complainte du désert. Je continue à lire le passage parallèle :

L’Éternel parla à Moïse et lui dit : — Prends ton bâton et, avec ton frère Aaron, rassemblez la communauté. Devant eux, vous parlerez à ce rocher pour qu’il donne son eau. Ainsi tu feras jaillir pour eux de l’eau du rocher, et tu donneras à boire à la communauté et au bétail (Nombres 20.7-8).

La différence importante entre le premier et le second incident est qu’ici, l’Éternel dit spécifiquement à Moïse de parler au rocher et non pas de le frapper comme précédemment, où Dieu avait dit : tu frapperas le rocher, de l’eau en jaillira et le peuple pourra boire. Je continue le passage parallèle :

Moïse leva la main et, par deux fois, frappa le rocher avec son bâton. L’eau jaillit en abondance. Hommes et bêtes purent se désaltérer (Nombres 20.11).

En frappant le rocher au lieu de lui parler, Moïse a désobéi. Il a commis une faute qui va lui coûter très cher. Je continue ce même passage :

Mais l’Éternel dit à Moïse et à Aaron : — Vous ne m’avez pas été fidèles et vous n’avez pas honoré ma sainteté aux yeux des Israélites. À cause de cela, vous ne ferez pas entrer cette assemblée dans le pays que je leur destine (Nombres 20.12).

L’emportement de Moïse, bien que compréhensible, fut si grave qu’il n’a pas été autorisé à entrer dans le Pays Promis, alors qu’il fut le dirigeant d’Israël pendant 40 ans. Il mourut juste avant que le peuple n’y pénètre. Le geste de mauvaise humeur de Moïse a été sévèrement sanctionné parce que ce roc symbolisait le Messie qui subit le martyre une fois et pas deux ni trois. Le Nouveau Testament insiste beaucoup sur le fait que la mort du Christ était nécessaire une seule et unique fois pour régler notre dette envers Dieu. Je cite deux passages :

Le Christ s’est offert une seule fois en sacrifice pour porter les péchés de beaucoup d’hommes. Après avoir présenté un seul sacrifice pour les péchés, Il s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu (Hébreux 9.28 ; 10.12).

Jésus-Christ, le roc fut frappé une seule fois et il devint alors une source abondante et intarissable d’eau vive. La fontaine est toujours pleine à ras bord et prête à donner de son eau à qui le désire. Mais peu de personnes prennent la peine de venir à cette source pour s’y désaltérer. C’est un grand malheur, car le Christ a solennellement déclaré :

Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif. Bien plus, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source intarissable qui jaillira jusque dans la vie éternelle (Jean 4.14).

Les Hébreux en esclavage sont sortis de leur condition épouvantable grâce à l’intervention de l’Éternel. Mais à l’exception de quelques heures durant lesquelles ils ont accompagné Moïse dans son cantique de louanges, ils n’ont montré aucune reconnaissance, bien au contraire. Ils entonnent la complainte du désert dès que quelque chose ne leur convient pas, que ce soient les Égyptiens qui les poursuivent, la nourriture qu’ils trouvent fade ou l’absence momentanée d’eau. Ils se comportent comme une bande de vacanciers gâtés du Club Méditerranée, qui se plaindraient de leur responsable des loisirs, en l’occurrence Moïse, et ils lui ont fait savoir leur impatience haut et fort.

Peut-être espéraient-ils être cantonnés dans une oasis avec tente individuelle sous les cocotiers, chaise longue et thé glacé au bord de la plage. Eh bien, ils ne sont pas au bout de leurs peines. Non seulement il y a du sable partout et pas de douches, mais ils vont devoir se défendre contre une bande de voleurs du désert. Ça non plus, ils ne savaient pas que c’était au programme de leur sortie d’Égypte. Cette attaque est orchestrée par des Amalécites, une peuplade descendant d’Ésaü, le frère de Jacob-Israël, donc des cousins, mais qui vivaient de rapines exactement comme les pirates. Je cite un texte en le résumant qui explique leur façon d’opérer :

Lorsque David arriva avec ses hommes à Tsiqlag, il la trouva ravagée et incendiée ; les Amalécites avaient fait une incursion dans le Néguev et contre Tsiqlag. Ils s’étaient emparés des femmes et de ceux qui se trouvaient dans la ville, quelle que soit leur condition sociale, sans toutefois tuer personne. Ils les avaient emmenés et avaient continué leur chemin. Quand David et ses compagnons arrivèrent à la ville, ils découvrirent donc qu’elle avait été incendiée et que leurs femmes, leurs fils et leurs filles avaient été emmenés captifs (1Samuel 30.1-3).

Les Hébreux tout comme le roi David bénéficiaient de la présence de Dieu à leurs côtés. Mais cette bénédiction ne diminuait pas le nombre ni l’intensité des problèmes qu’ils pouvaient rencontrer. Ce qui devrait faire une différence dans la vie d’un croyant est sa foi personnelle en un Dieu qui prend soin de lui quelles que soient ses circonstances.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

oct. 04 2024

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