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25 déc. 2024

Ecclésiaste 1.1-2

Chapitre 1

Introduction

Il existe des sentences qui proviennent de l’observation et du bon sens d’un peuple ; c’est ce qu’on appelle des « dictons ». Cette sorte de sagesse « crie dans les rues » pour ainsi dire. Et puis, il y a aussi des maximes qui sont le produit d’expériences formulées par quelque sage qui, en prenant du recul, examine d’un œil critique comment les choses se passent dans la nature et dans la société où il vit. Ce second genre constitue le contenu du livre de l’Ecclésiaste.

En hébreu, son titre est Qoheleth, un participe féminin qui signifie « prédicatrice » ou la « prédication personnifiée ». Le mot Qoheleth n’apparaît nulle part ailleurs dans les Textes Sacrés et peut aussi vouloir dire « le rassembleur, l’orateur, le Prédicateur ou le Maître enseignant ». Cependant, il est également possible que la fonction de Qoheleth n’ait jamais existé et que ce soit donc une pure invention de l’auteur. Quant au mot « Ecclésiaste », c’est simplement la transcription de la traduction grecque de Qoheleth. L’auteur a délibérément choisi de ne pas appeler ce livre « Le sage », parce qu’il déclare en toute franchise ne pas avoir trouvé la sagesse (Ecclésiaste 7.23). Nous l’appellerons donc « le Prédicateur ».

Mais qui est donc cet homme ? Dès la première lecture, on pense qu’il s’agit de Salomon, ce qui cadre bien avec la magnificence qu’il décrit, les jouissances de toutes sortes, la vie luxueuse, les constructions, les plantations (Ecclésiaste 2.4-6) et aussi la sagesse qu’il a cultivée avec beaucoup de soin (Ecclésiaste 1.16-17). Oui, mais voilà !

1° il affirme aussi : « J’ai été roi » (Ecclésiaste 1.12), au temps passé, donc comme quelqu’un qui ne l’est plus et qui réfléchit sur une phase de sa vie, mais on sait que Salomon régna jusqu’à sa mort.

2° Et contrairement aux autres livres dont Salomon est l’auteur, il ne se nomme jamais dans l’Ecclésiaste ce qui est curieux.

3° L’auteur de l’Ecclésiaste parle quelques fois à la troisième personne (Ecclésiaste 1.1-2 ; 7.27 ; 12.8-10), comme s’il citait les paroles de quelqu’un d’autre qu’il appelle « Prédicateur ».

4° Il dit aussi : « Je devins puissant, et je surpassais tous ceux qui m’ont précédé à Jérusalem » (Ecclésiaste 2.9), ce qui correspond bien à Salomon sauf que David est le seul roi d’Israël qui régna à Jérusalem avant lui. « Tous ceux qui m’ont précédé » est une phrase incongrue à moins que l’auteur prenne en compte l’époque où la ville n’appartient pas encore à Israël car toujours occupée par les Yebousiens dont le dernier roi fut exécuté par Josué (Josué 10.23-26). Mais c’est très peu probable.

5° Dans ses discours, le Prédicateur constate un grand désordre social avec oppression, corruption et injustice (Ecclésiaste 4.1 ; 5.8-9 ; 8.9 ; 10.16-20), ce qui est difficile à concevoir pendant les 40 années de règne de Salomon qui a fait régner l’ordre. Soit dit en passant que Salomon n’a pas fini sa carrière en beauté puisqu’il écrase le peuple d’impôts afin d’assurer son train de vie somptueux (1Rois 10.4-5, 21). Il se peut donc qu’à la fin de son règne, ses fonctionnaires aient commis des abus de pouvoir (1Rois 12.4, 9-11), mais là encore cette situation n’est guère envisageable. Par contre, la situation sociale décrite par le Prédicateur colle plutôt bien avec le triste état du peuple d’Israël après l’exil, tel qu’il apparaît dans les livres d’Esdras et de Néhémie.

6° Et pour finir, le livre de l’Ecclésiaste comprend des mots que les Hébreux n’utilisent qu’après leur retour de Babylone, et qui se trouvent aussi dans les écrits de l’Ancien Testament rédigés après l’exil, c’est à dire les livres d’Esdras, Néhémie et de Malachie. L’auteur utilise même deux mots qui sont perses (« vergers et sanctionné ou promptement exécuté » (Ecclésiaste 2.5 ; 8.11).

Que ce soit au niveau de la langue ou du contenu, l’Ecclésiaste a beaucoup d’affinité avec le livre de Malachie car tous deux font état d’une piété formaliste dans des cultes de nature purement cérémonial, sans ferveur ni révérence pour l’Éternel.

En ne révélant pas sa véritable identité, l’auteur choisit l’ambiguïté. Le Prédicateur ressemble comme deux gouttes d’eau à Salomon (Ecclésiaste 1.16 ; 2.4-9) sans pour autant essayer de se faire passer pour lui. Et pourtant, on ne connaît personne d’autre que Salomon qui puisse correspondre au personnage décrit. Il semble donc que pour les besoins de la cause, l’auteur a virtuellement ressuscité Salomon et qu’il l’a transposé à l’époque de l’après-exil.

Voulant faire ressortir avec force la vanité des biens de ce monde, il met ses méditations dans la bouche de Salomon à cause de sa réputation de grande sagesse et parce qu’il fut l’homme et le roi le plus glorieux de son temps. Nul n’a jamais pu mieux que Salomon agir en insensé et expérimenter l’insuffisance des plaisirs de ce monde à procurer le bonheur. Étant d’une grande intelligence et ayant à sa disposition une richesse fabuleuse, tous les plaisirs et divertissements possibles et imaginables, et une science incomparable, ce roi a tout essayé. Je lis un passage tiré du premier livre des Rois :

Il a parlé sur les arbres, depuis le cèdre du Liban jusqu’à l’hysope qui sort de la muraille ; il a aussi parlé sur les animaux, sur les oiseaux, sur les reptiles et sur les poissons (1Rois 5.13).

Depuis toujours, le livre de l’Ecclésiaste soulève des controverses. Les sages d’Israël ont même voulu le reléguer au rang d’apocryphe parce qu’ils lui reprochent de contenir des contradictions, d’exprimer des sentiments dangereux, propres à scandaliser les faibles, à miner la croyance en l’immortalité de l’âme et en la vie à venir. Il est vrai que le Prédicateur semble parfois rejeter les articles de la foi israélite, qu’il dit une chose et son contraire, et qu’il est le plus pessimiste des auteurs sacrés. Mais c’est sa méthode car il se veut provocateur, et même si ses réflexions dérangent, elles sont cohérentes avec la réalité de son temps ou du nôtre qui comprend souvent beaucoup d’aspects contradictoires.

C’est la conclusion du livre qui proclame fermement la nécessité absolue de révérer l’Éternel, qui a convaincu les 72 rabbins, qui décidèrent la canonicité des textes de l’Ancien Testament (synode de Jabné, an 90 de notre ère) de déclarer solennellement que l’Ecclésiaste est un Texte Sacré.

Le rôle des écrits de Sagesse, dont l’Ecclésiaste fait partie, est de réfléchir à la manière de vivre selon Dieu dans le monde tel qu’il est, et d’appliquer les préceptes divins aux situations concrètes de l’existence. La sagesse israélite se veut pratique ; elle demande quel est le bien ultime et comment l’atteindre. L’Ecclésiaste dépeint un monde idolâtre et sécularisé qui est comme une grande foire aux vanités, où tout se croise, s’entrechoque, apparaît brièvement puis disparaît à tout jamais, y compris l’homme. C’est la situation qui est devant les yeux du Prédicateur et qu’il médite. Il se demande que penser, croire et espérer. Il met parfois en doute la Providence divine parce que la justice ne se rencontre même pas chez les juges, et la folie a élu domicile chez les princes et leur entourage. Le plus souvent, ce ne sont pas ceux qui pratiquent le bien qui triomphent, mais les impies. Le mal a tout corrompu et l’injustice règne. Le Prédicateur se pose alors la question : « Y a-t-il malgré tout dans ces tumultes continuels, quelque chose de vrai et solide pour lequel il vaut la peine de vivre, travailler et souffrir ; où trouver ce bien véritable et comment l’obtenir ? »

Le prologue de l’Ecclésiaste est un poème sur le temps qui passe et qui n’apporte rien de nouveau (Ecclésiaste 1.3-11). Puis dans les six premiers chapitres qui constituent la première partie du livre, le Prédicateur décrit la condition humaine qui est la conséquence du mal. Il évoque les ronces et les épines de la vie, toute la peine que l’homme se donne pour subsister. Il considère les circonstances douloureuses de l’homme qui est accompagné d’un cortège de misères, de peines, de déceptions et de frustrations qui finissent toujours par la mort. Il en déduit que l’existence de l’homme a perdu sa saveur, que son activité sur terre ne mène nulle part, et que les nombreuses anomalies et misères gâchent la vie.

La poursuite du plaisir et de l’argent est vaine et s’il est bien de mettre du cœur à l’ouvrage, quelles que soient les réussites obtenues, le travail ne donne pas une satisfaction durable (Ecclésiaste 2.4-6, 10-11), surtout que même les richesses accumulées à la sueur de son front peuvent disparaître en un clin d’œil (Ecclésiaste 2.18-19 ; 5.6, 8-9). Quant à la sagesse, elle est impuissante à résoudre les problèmes insolubles qui se posent à l’homme. Voilà pourquoi tout est vanité des vanités. Ce constat d’échec, que l’existence humaine est dérisoire et décevante, est repris à son compte par l’apôtre Paul dans son épître aux Romains (8.20), qui y fait allusion à propos de l’ensemble de la création.

L’auteur n’a pas peur de tout mettre en doute et de poser des questions difficiles et qui dérangent quand elles se présentent à lui. Et de temps en temps, il esquisse une réponse en attendant la solution suprême qui sera une intervention directe de Dieu dans les affaires des hommes. Le Prédicateur détruit l’illusion que les choses peuvent changer et qu’un jour une génération nouvelle se lèvera, réussira à vaincre le mal et instaurer le paradis sur terre. Ni la sagesse, ni le progrès, ni la jouissance effrénée, ni le travail, ni la politique, ni la richesse (Ecclésiaste 1.12-2.23), ni la religion ou la piété (Ecclésiaste 4.17-5.6) ne permettent d’échapper à la triste condition humaine. Elle est le lot de tous y compris du croyant.

Le mal n’a cependant pas détruit tout ce qui est bon de la création de Dieu, qui demeure souverain et qui fait toute chose bonne en son temps. L’histoire a un sens à la lumière de son œuvre même si l’homme ne peut le saisir parce qu’il lui manque une vision globale de l’action divine (Ecclésiaste 3.11).

Le Prédicateur ne traite pas les différents sujets systématiquement mais passe de l’un à l’autre sans transition et parfois il revient sur ses pas. On peut donc considérer ce livre comme une collection de fragments, un peu à la manière des « Pensées » de Pascal. Il évoque les sujets pêle-mêle au fur et à mesure qu’ils se présentent à son esprit ou qu’il voit une scène se dérouler devant ses yeux. De temps en temps, cependant, comme essoufflé par cette course haletante, il s’arrête et reprend pied sur le rocher de sa foi en un Dieu juste et bon (Ecclésiaste 2.24-26 ; 3.11-14 ; 5.18-20 ; 9.7-10 ; 12.14-16).

Tout au long du livre, certains refrains mélancoliques reviennent plusieurs fois :

Tout est vanité ou dérisoire (Ecclésiaste 1.2 ; 3.19 ; 12.8). Tout est dérisoire et poursuite du vent (Ecclésiaste 1.14, 17 ; 2.11, 17, 26 ; 4.4, 16 ; 6.9). L’homme ne peut rien découvrir, savoir ou connaître (Ecclésiaste 7.14, 28 ; 8.7, 17 ; 9.5, 12, 14 ; 11.2, 5, 6).

L’expression « sous le soleil » est mentionnée 29 fois, et le thème du bonheur apparaît 7 fois (Ecclésiaste 2.24 ; 3.12, 22 ; 5.17-19 ; 8.15 ; 9.7-10 ; 11.7-10).

Dans les chapitre 7 à 11 (7.1-11.8) qui constituent la deuxième partie du livre, le Prédicateur donne des conseils, met des balises, trace des lignes de conduite, nous avertit contre les attitudes extrêmes, et nous invite à garder un certain équilibre, tout ceci afin de nous aider à mieux supporter la difficile condition humaine. À cet égard, même s’il montre les limites de la sagesse, il maintient fortement qu’elle est indispensable et qu’elle permet de mieux vivre en ce monde (Ecclésiaste 2.13 ; 8.11-12 ; 9.16-17).

Le Prédicateur ne donne pas de recettes toutes faites, mais des principes de bon sens acquis par son vécu, car c’est bien à partir de son expérience de la vie qu’il nous parle puisqu’il utilise plus de 20 fois l’expression « j’ai vu, ou j’ai constaté ». Tout son discours est construit sur son observation du monde.

Il ne fait aucun doute que le Prédicateur est Israélite car il a foi en un Dieu unique, transcendant, omnipotent, souverain, généreux, qui a créé un monde bon, mais qui est régi par le mal, et il conçoit l’homme comme un être dépendant de Dieu. Il affirme aussi un certain nombre de convictions, comme :

Dieu fait toute chose belle en son temps.

L’Ecclésiaste est une œuvre majeure de théologie apologétique et de controverse, mais le Prédicateur nourrit l’espérance d’une condition meilleure pour l’homme (Ecclésiaste 3.11, 21 ; 9.7 ; 12.14) car même si pour l’instant il n’y a rien de nouveau sous le soleil, un jour, Dieu amènera du neuf. Ce sont les prophètes puis les apôtres qui proclament l’œuvre que Dieu va accomplir en vue du salut de sa création et tout particulièrement de l’homme, afin de l’arracher à sa condition présente qui est dérisoire, futile, décevante, frustrante et cruelle.

Le Prédicateur enseigne que la vie apporte du mauvais et du bon, qu’il faut assumer l’existence telle qu’elle est et savoir apprécier les bonnes choses au milieu de toutes les peines et misères que l’on rencontre. Car au milieu de sa vie pénible, Dieu fait du bien à l’homme. Le Prédicateur ponctue régulièrement son discours d’appels à jouir du bonheur pour rappeler au lecteur qu’il ne faut pas voir la vie tout en noir, qu’il n’y a pas que des côtés négatifs, et pour nous inviter à profiter des bienfaits que malgré tout Dieu accorde aux hommes. Il ne s’agit pas bien sûr d’une panacée, du Bonheur avec un B majuscule, mais de petites choses toutes simples qui agrémentent le cours de la vie, comme manger, boire, ou se donner du bon temps avec son épouse (Ecclésiaste 9.9). Pour trouver ce bonheur, l’homme doit se plier à la volonté de Dieu (Ecclésiaste 11.9-12) en accomplissant ses devoirs journaliers et en se rappelant qu’un jour il devra rendre des comptes à son Créateur sur la manière dont il aura vécu (Ecclésiaste 3.17 ; 11.9 ; 12.14). S’il emprunte cette humble voie et s’il se soumet à Dieu, alors il peut jouir paisiblement de tous les biens que le Seigneur a préparés pour lui dans la mesure où il continue à les recevoir en toute modestie sans prétendre les avoir mérités. Voilà pourquoi aux yeux du Prédicateur, la vie vaut tout de même la peine d’être vécue (Ecclésiaste 9.4 ; 11.7-8) et qu’il écrit :

Dieu approuve dès à présent ce que tu fais (Ecclésiaste 9.7).

Au final, donc, le Prédicateur n’est pas franchement pessimiste, mais plutôt réaliste. À la fin du livre, il conclut brillamment son discours en disant que l’essentiel pour l’être humain, c’est la crainte respectueuse de Dieu ainsi que l’obéissance à ses commandements (Ecclésiaste 7.18 ; 8.12). C’est à l’intérieur de ce cadre posé et bien précis que l’homme est appelé à vivre, à travailler (Ecclésiaste 11.9-12) et à jouir de la vie. Telle est la sagesse de l’Ecclésiaste pour des temps fâcheux.

L’enseignement du Prédicateur est toujours d’actualité quelle que soit l’époque, y compris la nôtre où l’humanisme règne suprême, car ce livre démolit pièce par pièce les fausses croyances qui prévalent dans notre société occidentale sécularisée. Le croyant d’aujourd’hui est sauvé en espérance (Romains 8.24), mais il participe toujours à la condition humaine universelle et difficile, qu’il doit assumer par la foi devant Dieu. Le livre de l’Ecclésiaste est une magnifique leçon de sagesse qui nous enseigne l’art de vivre dans une création de Dieu qui a été soumise à la corruption et à la vanité.

Verset 1

Je commence maintenant à lire le livre de l’Ecclésiaste.

Voici ce que dit le Prédicateur, fils de David, roi à Jérusalem (Ecclésiaste 1.1).

Alors que le roi David annonce à Jérusalem la fidélité de Dieu dans la grande assemblée du peuple élu, (Psaumes 40.10), le Prédicateur ne s’adresse à aucun auditoire particulier, mais à tous les hommes de tous les temps. Alors que le livre des Proverbes révèle la sagesse de Salomon, ici le Prédicateur va le personnaliser et le faire parler comme un insensé « sous le soleil ». Cela ne veut pas dire qu’il a pris un coup de soleil, mais qu’il adopte une perspective humaniste.

Dès le verset suivant, l’auteur démarre son discours sur les chapeaux de roue par une déclaration fracassante qu’il fait suivre de toute une série d’expérimentations dans différents domaines de l’existence humaine comme les sciences naturelles, la vie de plaisir et le matérialisme, la sagesse et la philosophie dont le fatalisme, mais aussi l’égotisme, la religion, les richesses et la moralité pour ne citer que quelques sujets. Il faut bien faire la part des choses avec toutes ces expériences et réflexions, parce qu’elles sont faites par un homme qui réfléchit et parle tantôt en dehors de Dieu et tantôt en tenant compte de lui. Comme je l’ai dit, ce n’est qu’à la fin du livre que le Prédicateur donne les conclusions de ses recherches.

Verset 2

Je continue le texte avec le second verset fracassant.

Vanité des vanités, dit le Prédicateur, oui, vanité des vanités, tout est dérisoire (Ecclésiaste 1.2).

Je me souviens avoir appris que quand un discoureur désire que son auditoire l’écoute, il doit construire comme un immense brasier devant son public parce que le feu attire toujours l’attention. C’est fait ! Le Prédicateur a pratiquement mis une mèche au monde et la fait exploser comme un baril de poudre.

«Vanité des vanités » est un superlatif qui indique le thème central du livre. Le fait que tout soit vanité est la vanité suprême. Je me représente un immense bocal qui est «la vanité suprême » et qui renferme absolument tout ce que les hommes font. C’est vexant.

Le mot hébreu rendu par «vanité », utilisé 38 fois, ne veut pas dire “néant », mais désigne un souffle, ce qui est passager, fragile, éphémère et futile, de l’homme et de ses œuvres, ainsi que l’aspect dérisoire et frustrant de la condition humaine.

Si vous allez dans un palace, flottant ou autre, vous rencontrerez les vacanciers perpétuels et les avant-gardistes nantis qui toute l’année voyagent d’un site à la mode à un autre. Désœuvrés, ils n’ont dans la vie d’autre but que de se distraire en attendant de mourir. Ils cherchent surtout à se montrer et à rencontrer du beau monde comme eux avec qui ils peuvent échanger des platitudes. Un certain nombre de bons films décrit combien ces gens sont ridicules ainsi que la futilité de leur existence.

Salomon, qui a écrit une partie des Proverbes, est sur le devant de la scène dans l’Ecclésiaste et aussi l’auteur du livre « Le Cantique des cantiques ». Cet homme paradoxal est un expert dans les domaines de la sagesse, de la folie et de l’amour. Sa sagesse proverbiale attira de nombreux chefs d’État qui vinrent le consulter (1Rois 10.23-24). Cependant, l’envers du décor est que personne n’a été aussi insensé que lui. D’abord il s’est constitué un harem de mille femmes pour projeter sa puissance et impressionner les roitelets d’alentour. Certes, un certain nombre d’épouses étaient des princesses et les gages de pactes politiques, mais de telles magouilles ne sont pas la volonté de Dieu. Puis devenu vieux, Salomon a franchement désobéi au Seigneur en se laissant persuader par ses femmes étrangères idolâtres d’ériger des sanctuaires à leurs dieux, devant lesquels il s’est lui-même incliné bien bas (1Rois 11.1-8). Salomon a également péché en vivant dans un luxe inouï qui le contraint à lever de lourds impôts qui ébranlent la confiance des Israélites en leur roi et suscitent plus tard des rébellions. L’homme le plus sage que la terre a porté est aussi le plus insensé. Voilà bien qui confirme que « sous le soleil, tout est vanité des vanités ».

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

oct. 11 2024

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