#01 Le plus beau des chants, composé par Salomon (Cantique des cantiques 1.1)
Le Cantique des cantiques est un chant d’amour et le titre d’un livre poétique de l’Ancien Testament. C’est l’un des mille chants composés par Salomon (1Rois 4.32). La description détaillée de son palanquin (Cantique des cantiques 3.6-10) et d’autres références (Cantique des cantiques 4.4) prouvent qu’il date de l’époque de ce grand roi et même du début de son règne. Comme en plus, Salomon était poète et qu’il est mentionné sept fois (1.1, 5 ; 3.7, 9, 11 ; 8.11-12), c’est sans hésitation que les exégètes juifs lui ont attribué ce « plus beau des chants ».
Le Cantique des cantiques aussi appelé « le plus beau des chants » fait partie des discours de sagesse. C’est un livre beau et moral qui fait l’éloge de l’amour fidèle, libre et volontaire. L’histoire n’est pas une allégorie mais un poème travaillé avec soin autour des aventures vécues d’un couple d’amoureux. Cependant, leur histoire est très difficile à suivre parce que les personnages ne sont jamais identifiés, les lieux et leurs circonstances ne sont pas précisés, les scènes ne sont pas dans un ordre chronologique et le langage est souvent symbolique.
Jusqu’à la Réforme, les théologiens font une interprétation allégorique du Cantique des cantiques par pudeur parce qu’ils n’acceptent pas l’idée qu’un texte inspiré de Dieu puisse parler de sexualité aussi ouvertement et en des termes aussi osés. Le vocabulaire, tout au moins en hébreu, ainsi que les métaphores, ont vraiment de quoi choquer les bonnes gens, au point où les Juifs ne permettaient pas aux jeunes gens non mariés de lire ce livre.
Selon l’interprétation allégorique, l’histoire du Cantique représente la relation de l’Éternel avec Israël ou de Jésus-Christ avec l’Église. Le but du poème serait alors de montrer l’intimité et la douceur de l’union de Dieu avec l’homme. Mais il n’est pas possible de donner une signification spirituelle au vocabulaire sexuellement suggestif et à la description détaillée de la beauté physique des deux amoureux. On ne peut pas non plus appliquer à Dieu ou à son peuple les différentes parties du corps longuement mentionnées dans ce livre (Cantique 4.1-5 ; Cantique 5.10-16) ni certaines paroles que se disent les amoureux (Cantiques des cantiques 4.9 ; 6.5).
En réalité, il n’est pas surprenant que Dieu ait inclus dans sa Parole inspirée un chant qui célèbre l’amour humain dans une relation conjugale car, après tout, c’est bien Dieu qui a créé Adam et Ève pour qu’ils se complètent à tous les niveaux, ce qui inclut l’union des corps. Il nous est donc précieux de posséder un texte qui enseigne comment Dieu conçoit l’union d’un homme et d’une femme. L’amour conjugal et la sexualité sont abordés dans divers passages des Écritures (Genèse 2.21-25 ; Proverbes 5.15-20 ; Ecclésiaste 9.9 ; 1Corinthiens 7.3-5), mais seul le Cantique leur est consacré dans sa quasi-totalité et en détail. On peut donc dire que ce petit livre remet la pendule de la sexualité à l’heure de Dieu en s’opposant, d’une part, à ceux qui font du sexe un sujet tabou, et d’autre part, à toutes les formes de débauche si prévalentes de nos jours. Comme tout ce que Dieu a créé est très bon, il n’est pas étonnant que le Cantique présente la sexualité comme étant bonne, belle et désirable à l’intérieur d’une relation conjugale (cp Proverbes 5.18-19 ; Ecclésiaste 9.9). Ce livre condamne la convoitise, la polygamie et l’infidélité. Il exalte un amour inextinguible et il enseigne qu’on ne peut connaître un amour authentique que s’il est exclusif (Cantique 2.2-3, 16 ; 6.9 ; 8.8-12).
Maintenant, on peut quand même s’étonner que ce soit Salomon qui écrit cet hymne à l’amour puisque polygame accompli, il possédait un harem de mille femmes. D’ailleurs, au beau milieu de ce cantique, il y a de quoi se poser des questions quand apparaît un contingent de reines et de femmes diverses et variées qui accompagnent le roi dans ses déplacements.
Le plus beau des chants consiste en une série de tableaux composés d’images et descriptions champêtres qui contribuent au charme de ce petit livre. Le langage figuratif et suggestif permet d’évoquer la découverte de l’autre dans la relation amoureuse, l’intimité conjugale, et la beauté de la sexualité sans jamais être immoral comme dans les poésies orientales de la même époque qui versent carrément dans la porno vulgaire.