#06 Discours de Tsophar (Job 10.1-13.28)
Dans le chapitre 10, Job émet une longue complainte déprimante.
Je suis dégoûté de la vie, je veux exprimer l’amertume qui remplit tout mon être et je veux dire à Dieu : Ne me traite pas en coupable, fais-moi savoir pourquoi tu me prends à partie. Prends-tu plaisir à m’accabler ? Pourtant tu sais bien que je ne suis pas coupable. C’est toi qui m’as créé et tu me détruis ! Tu m’as donné la vie mais ce que tu veux est me surprendre à pécher et ne pas me pardonner. Si je suis coupable, malheur à moi ! Si je suis innocent et que je me redresse, tu t’acharnes contre moi avec force (Job 10.1-17).
Comme ses amis, Job croit qu’il subit un châtiment divin, mais en tentant désespérément d’en comprendre la raison il va jusqu’à accuser l’Éternel d’injustice à son égard. Petit à petit, Satan se rapproche de son objectif qui est d’entendre Job maudire Dieu.
Job continue.
Il me reste si peu de jours. Laisse-moi donc, que je respire avant de partir au pays des ténèbres et de l’obscurité profonde, où l’aurore est une nuit opaque, où règne l’ombre de la mort, où la clarté du jour est comme la nuit noire (Job 10.20-22).
Cette description du séjour des morts était la croyance de cette époque et elle fait froid dans le dos. Heureusement, Jésus a dit : « Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra (Jean 8.51 ; 11.25) ». Nous arrivons au chapitre 11 et c’est au tour de Tsophar de poser des questions à Job, mais elles sont similaires à celles de ses amis car lui aussi croît que Job récolte ce qu’il a semé. Il exprime son indignation face à l’obstination de Job à clamer son innocence et lui répète qu’il doit se repentir. Job n’a jamais prétendu être sans péché, mais il persiste à dire qu’il n’a commis aucune faute grave et qu’il est sincère. Furieux, Tsophar dit :
Ne répondra-t-on pas à ce flot de paroles ? Suffit-il de parler pour avoir raison ? Tu as osé dire : “ Ce que je dis est vrai, je suis pur devant Dieu. ” Ah ! S’il lui plaisait de te parler, tu verrais que Dieu laisse passer une part de tes fautes (Job 11.1-6).
Puisque Dieu se tait, Tsophar parle à sa place. Il accuse Job d’être un vain discoureur qui mérite de souffrir davantage à cause de ses péchés cachés. Sympa comme ami !
Si tu tends les bras vers Dieu, si tu abandonnes tes fautes, alors tu lèveras la tête sans avoir honte, tu tiendras ferme et tu ne craindras rien. Tu oublieras ta peine et tu te coucheras sans être troublé. Mais les yeux des méchants finissent par s’éteindre et leur seul espoir est de rendre l’âme (Job 11.13-20).
Les trois amis sont d’accord pour dire que Job cache un gros squelette dans son placard, qu’il est coupable d’une faute terrible qu’il refuse d’admettre, et donc qu’il mérite la mort. Nous arrivons au chapitre 12 où Job leur répond en se moquant de leur prétendue science car il connaît Dieu mieux qu’eux. C’est la conclusion de la première passe d’armes.
Je vois qu’à vous tout seuls, vous êtes tout le genre humain et avec vous mourra la sagesse. Néanmoins, comme vous, j’ai de l’intelligence. Moi qui invoque Dieu, qui suis juste et innocent, me voilà pour mes amis un objet de railleries alors que les brigands jouissent de la paix sous leurs tentes et ceux qui provoquent Dieu sont en sécurité (Job 12.1-6).
Job reproche à ses amis de l’offenser en débitant des litanies pieuses, creuses et inutiles et qui tournent en rond car elles n’apportent ni solution à son drame ni réponses à ses questions. Il conteste aussi leur vision simpliste car l’impie peut connaître le bonheur et le juste le malheur. Dans le chapitre 13, Job dit que ce n’est pas avec ses faux-amis qu’il veut argumenter mais devant l’Éternel, ce qu’il va faire dès qu’il aura vidé son sac contre les trois compères.
Tout ce que vous savez, je le sais aussi. Mais c’est au Tout-Puissant que je veux m’adresser et défendre ma cause. Quant à vous, mes amis, vous forgez des mensonges, vous êtes des médecins de néant. Ah ! si vous gardiez le silence, alors vous seriez sages. Dieu a-t-il besoin de vos propos injustes, et est-ce pour le soutenir que vous dites des faussetés ? Il ne manquera pas de vous le reprocher. Car vos paroles ne sont que maximes de cendre et vos réponses des ouvrages faits de boue. Advienne que pourra je vais parler et mettre ma vie en jeu. Même si Dieu me tue, j’ai confiance en lui. Devant lui, je veux me défendre. Je sais que je suis dans mon droit, mais si quelqu’un peut prouver que j’ai tort, alors je me tairai et rendrai mon dernier soupir (Job 13.1-4, 6-19).
Job reproche à ses amis d’être hypocrites car au lieu de chercher la vérité, ils ont pris parti contre lui uniquement pour s’attirer les bonnes grâces de Dieu. Quant à lui, c’est devant Dieu, en qui il espère mais qu’il craint aussi d’offenser, qu’il va défendre son innocence à moins que quelqu’un se présente et conteste son intégrité preuves à l’appui. Alors il se taira.
Accorde moi deux grâces : retire ta main de dessus moi puis répond moi. Quel est le nombre de mes péchés, fais-moi les connaître. Pourquoi détournes-tu ton visage et me considères-tu ton ennemi ? Veux-tu faire trembler une feuille agitée et pourchasser un brin de paille sèche, pourquoi m’infliger de si amères souffrances et me punir pour des fautes de jeunesse (Job 13.20-28).