#01 Introduction – Esdras 1-10
Selon la tradition, Esdras est l’auteur du livre qui porte son nom mais aussi du livre de Néhémie. Ces deux derniers ouvrages historiques de l’Ancien Testament forment un seul rouleau dans le texte hébreu. Esdras rapporte en détail quatre faits marquants qui ont trait au retour des Israélites de l’exil babylonien mais il laisse subsister des lacunes considérables. Le premier fait est l’arrivée à Jérusalem de la première caravane de colons juifs et la reconstruction du temple 15 ans plus tard, mais il ne dit rien sur ce qui s’est passé entre-temps. Suit alors un silence de 57 ans durant lequel a lieu l’histoire d’Esther. Enfin Esdras relate le second fait important qui est son arrivée et les mesures qu’il prend à l’encontre des mariages entre Israélites et païens. Nouveau silence de 12 ans, puis a lieu le troisième fait marquant qui est l’arrivée de Néhémie et la reconstruction des murailles de Jérusalem. Nouveau silence de 12 ans, puis nous est relaté le quatrième fait important qui est le second séjour de Néhémie en Palestine. Sur les 106 années entre le 1e et le 4e fait marquants, on a 95 années de silence. C’est dommage car le récit d’Esdras est le seul document historique que nous possédons sur la Palestine pendant les quatre siècles qui séparent la chute de Jérusalem et l’époque du tyran grec Antiochus Épiphane. C’est pourtant au cours de ces siècles que s’est constituée cette société juive, unique au monde, du sein de laquelle est né le Messie.
Avant l’exil, les Israélites sont des agriculteurs voués aux faux dieux, mais après leur retour, ils deviennent commerçants et abandonnent l’idolâtrie pour se consacrer à l’Éternel. Ils acceptent avec respect les enseignements d’Esdras, de Néhémie et des prophètes Aggée, Zacharie et Malachie, ce qui suscite un grand réveil spirituel. Au niveau politique, la Palestine est une province perse et les Israélites ne sont pas indépendants. Malgré des conditions de vie difficiles, ils ne se fondent pas dans les peuples voisins dont ils partagent pourtant le sort et la langue araméenne. Ils remplacent les frontières politiques par leur religion et maintiennent leur identité nationale autour du culte et du temple de l’Éternel. Avant l’exode babylonien, les Israélites vivaient à l’intérieur de leur pays, mais après leur retour d’exil, ils emboîtent le pas des conquérants perses, grecs et romains et dans leur zèle, ils font de nombreux prosélytes et fondent des colonies dans les principales villes d’Europe et du Moyen Orient.
Esdras ramène de Babylone la loi de Moïse et douze ans plus tard, secondé par Néhémie, la promulgue en faisant solennellement jurer au peuple de l’observer. Bien qu’il ne fasse pas un récit suivi de tous les événements, c’est grâce à lui que nous savons comment la nation juive s’est formée depuis le retour d’exil. Après Zacharie, le dernier des prophètes, les Juifs étudient avec soin les textes de l’Ancien Testament et tout spécialement la Loi de Moïse et créent la tradition des Anciens qui règle toutes les facettes de la vie israélite. Ce légalisme extrême constituera le grand défaut des Pharisiens contemporains de Jésus. Cette interprétation fausse de la Loi aura de terribles conséquences pour le peuple, mais elle a permis de sauvegarder l’intégrité de la nation.
Esdras nous apprend que la première caravane comprend les Juifs qui ont une crainte respectueuse de l’Éternel, car au lieu de conserver les positions lucratives qu’ils occupent en Babylonie, ils choisissent de retourner dans un pays en ruines occupé par des populations païennes qui avaient été transplantées par les Babyloniens. C’est ainsi que s’opère un triage qui élimine les Juifs qui manquent de zèle pour le Dieu de leurs ancêtres. Comme les prêtres, descendants d’Aaron, frère de Moïse, constituent à eux seuls le dixième des émigrés, ils jouissent d’une influence considérable surtout qu’ils bénéficient en plus du concours des prophètes Aggée et Zacharie. Le but premier des colons est la reconstruction du temple et la restauration du culte à l’Éternel, une œuvre qu’ils finiront par mener tambour battant malgré l’opposition armée des populations païennes.
Les livres d’Esdras et de Néhémie contiennent aussi des lettres officielles et les rapports que ces deux hommes adressent à l’administration perse pour rendre compte de la mission que leur a confiée l’empereur. On y trouve aussi de nombreuses listes d’ustensiles, de noms, de tâches ou de localités, car comme pour toutes les généalogies des Écritures, ce souci du détail est évidemment l’œuvre de l’Esprit de Dieu car il permet de maintenir la cohésion du peuple d’où doit sortir le Messie, descendant de David.