Lamentations 4.1 – 5.22
Chapitre 4
Introduction
Certaines vieilles personnes n’ont plus toutes leurs facultés intellectuelles et se répètent souvent, mais on l’accepte. Par contre, quand c’est quelqu’un de normalement constitué qui rabâche toujours les mêmes choses, ça devient vite lassant. Jérémie a écrit le petit livre « les Lamentations » qui n’a que cinq chapitres, ce qui fait qu’on on aurait pu penser qu’en arrivant au quatrième, il changerait de registre. Eh bien pas du tout !; il se lamente toujours et encore. Il a bien eu quelques sursauts de foi, mais n’arrive pas vraiment à négocier avec lui-même la dure réalité de la destruction de Jérusalem et l’exil de son peuple.
Versets 1-2
Je commence à lire ce chapitre quatre qui commence par le même mot interrogatif que les précédents.
Comment ! L’or s’est terni ! L’or pur s’est altéré ! Les pierres saintes ont été dispersées à tous les coins de rues ! Comment se fait-il donc que les précieux fils de Sion estimés comme de l’or fin soient maintenant considérés comme des pots d’argile, ouvrages d’un potier ? (Lamentations 4.1-2).
De mémoire, le prophète se transporte aux derniers jours du siège de Jérusalem et décrit sa destruction. Tout au long de cette complainte, il contraste la grandeur passée du peuple élu avec sa destruction présente.
L’or est l’un des emblèmes d’Israël qui est aussi appelé « peuple précieux de l’Éternel » (Exode 19.5). L’or fin représente ici les jeunes gens, le futur de la nation. Mais l’exil a fait d’eux des pots d’argile, c’est-à-dire des esclaves. La guerre est comme une gomme qui efface ce qu’il y a de plus précieux dans un peuple, son potentiel présent et futur.
Il me faut préciser qu’il n’y a aucun mal à être un pot de terre tant qu’on se soumet au Seigneur. Dans sa seconde épître à Timothée, l’apôtre Paul écrit :
Si quelqu’un se garde pur (de tout ce dont j’ai parlé), il sera un vase destiné à un noble usage, purifié, utile à son propriétaire, disponible pour toutes sortes d’œuvres bonnes (2Timothée 2.21).
Aux noces de Cana (Jean 2), quand Jésus a transformé l’eau en vin, il a utilisé des jarres de pierre ordinaires.
Versets 3-4
Je continue le texte.
Regardez les chacals : voyez comment les mères nourrissent leurs petits en tendant leur mamelle. La communauté de mon peuple est devenue aussi cruelle que les autruches du désert. La langue du bébé s’attache à son palais, tellement il a soif. Les tout petits enfants réclament quelque nourriture et nul ne leur en donne (Lamentations 4.3-4).
Tout comme l’autruche néglige ses petits, à cause du siège de Jérusalem, les mères ne peuvent pas subvenir aux besoins de leurs bambins qui meurent dans leurs bras tandis que d’autres parents affamés mangent les quelques aliments dont ils auraient pu nourrir leurs enfants. L’instinct maternel a disparu. Ces atrocités sont peut-être choquantes, mais notre société accepte sans sourciller l’avortement qui pourtant met fin à une vie. Soit dit en passant et bien que les Écritures ne le disent pas, je crois que le paradis est rempli de ces enfants.
Versets 5-6
Je continue le texte.
Ceux qui, auparavant, mangeaient des mets exquis, expirent dans les rues, et ceux qui ont été élevés dans la pourpre se couchent maintenant sur un tas de fumier. La communauté de mon peuple a commis un péché plus grand que celui de Sodome qui a été anéantie en un instant, et sans qu’un homme porte la main contre elle (Lamentations 4.5-6).
Sodome a été détruite en un instant par un acte de Dieu. Contrairement aux Israélites, ses habitants n’ont donc pas eu à endurer les souffrances prolongées d’un long siège qui a duré 18 mois. Par rapport à Sodome, le péché de Jérusalem est bien plus grave et donc son châtiment plus sévère. En effet, avec la loi de Moïse puis par les prophètes, pendant 9 siècles, Dieu avertit son peuple qu’il serait puni s’il lui désobéissait.
Les habitants de Sodome par contre, n’avaient que leur conscience pour leur dicter ce qui est bien ou mal. La seule personne qui les a mis en garde, et encore, du bout des lèvres, est Lot, le neveu d’Abraham, mais sa crédibilité est proche de zéro parce que comme tout le monde, il profite de tout ce que Sodome peut offrir.
Aujourd’hui, sous nos tropiques, chacun est libre de chercher Dieu et d’étudier sa Parole qui est disponible partout. Mais qui le fait ? On se moque de lui en se réfugiant dans une religion de tradition qui pour la plupart des gens n’a aucune signification spirituelle. L’animiste, qui dans sa brousse adore les esprits de la forêt, sera jugé moins sévèrement que le Français moyen qui néglige d’accepter le Christ comme Sauveur.
Versets 7-8
Je continue.
Les princes de Sion, ils étaient plus purs que la neige et plus blancs que du lait, leurs corps étaient vermeils bien plus que le corail, leurs veines de saphir. Leur aspect est plus sombre, à présent, que la suie, nul ne les reconnaît maintenant dans les rues. La peau leur colle aux os, elle est devenue sèche comme du bois (Lamentations 4.7-8).
Pendant le siège de Jérusalem, même le dessus du panier, les plus purs, les plus consacrés, les plus forts, les plus sains, les plus nobles parmi le peuple sont devenus sales, faibles et ignobles.
Verset 9
Je continue.
Les victimes du glaive sont plus heureuses que les victimes de la famine : tenaillées par la faim, elles s’épuisent car les produits des champs leur font défaut (Lamentations 4.9).
Ceux qui après s’être mis un steak sous les dents ont péri sur le champ de bataille ont plus de chance que ceux qui s’éteignent à petit feu. En effet, il vaut bien mieux tomber raide mort que languir et mourir de famine ou des suites d’une longue maladie. Cependant, nul ne choisit de lui-même son heure et la façon de mourir, pas même ceux qui se suicident, car en réalité ce sont leurs circonstances qui dictent leur action.
Verset 10
Je continue.
De tendres femmes, de leurs mains ont fait cuire la chair de leurs enfants pour s’en nourrir, à cause du désastre qui a atteint la communauté de mon peuple (Lamentations 4.10).
Jérémie est tellement choqué qu’il répète ce qu’il a déjà dit (Lamentations 2.20). Ces enfants qu’on fait cuire et mange, sont eux-mêmes morts de faim.
Peut-être avez-vous entendu parler de cet avion qui s’est écrasé dans la Cordillère des Andes ; au bout de quelques jours, les survivants affamés ont commencé à dévorer ceux qui avaient péri dans l’accident. En fait, le cannibalisme n’est pas difficile à imaginer en période d’extrême famine.
Verset 11
Je continue.
L’Éternel a assouvi son courroux. Oui, il a déversé son ardente colère, il a allumé un feu dans Sion qui en a consumé les fondations (Lamentations 4.11).
La conclusion de la première moitié de ce chapitre 4 rappelle que le péché d’Israël est tellement grave que cette fois-ci Dieu ne l’a pas jugé à demi-mesure comme auparavant, mais qu’il a entièrement vidé l’abcès.
Verset 12
Je continue.
Aucun roi de la terre ni aucun habitant du monde n’a cru que l’adversaire, que l’ennemi, pourrait franchir les portes de Jérusalem (Lamentations 4.12).
Arrogants, les Israélites croyaient bénéficier de la protection de l’Éternel, et c’est BIEN ce qui est arrivé quand le roi assyrien Sénachérib a attaqué Jérusalem (Ésaïe 37.33-37). De plus, les rois : Manassé, Yotam et Ozias, avaient renforcé les fortifications de la ville (2Chroniques 26.9 ; 27.3 ; 33.14) qui passe alors pour imprenable, et elle l’était presque puisqu’il a fallu 18 mois de siège aux Babyloniens pour en venir à bout.
Versets 13-16
Je continue.
Cela est arrivé à cause des péchés de ses prophètes et des fautes des prêtres qui répandaient au milieu d’elle le sang des innocents. Mais maintenant, ils errent dans les rues tout comme des aveugles, ils sont souillés de sang si bien que l’on ne peut toucher leurs vêtements. “ Allez-vous en, impurs, voilà ce qu’on leur crie. Hors d’ici, hors d’ici, et ne nous touchez pas ! ” Et lorsqu’ils fuient ainsi en errant çà et là, les gens des nations disent : “ Qu’ils ne restent pas en ce lieu ! ” L’Éternel en personne les a disséminés, il ne veut plus les voir. On n’a pas respecté les prêtres ni eu d’égards pour les vieillards (Lamentations 4.13-16).
Vers la fin du siège, les faux prophètes et les prêtres se sont attiré le mépris général ; on les traite comme des lépreux. Quand l’un d’entre eux se montre, les passants se crient l’un à l’autre : « Écartez-vous ! Voilà un impur » ! Certains s’enfuient chez les peuples voisins, mais on leur refuse l’asile. Il faut dire que leur culpabilité était double. Non seulement ils ont commis les pires exactions (Jérémie 6.13-15 ; 23.9), mais au lieu de proclamer la parole de l’Éternel, ce sont des prophètes de mensonge et les adversaires les plus acharnés de Jérémie (Jérémie 26.7 ss). Maudits de tous et de Dieu, ils ne sont pas épargnés par les envahisseurs qui ne tiennent aucun compte de leur soi-disant dignité religieuse.
Verset 17
Je continue.
Et pour nous, nos yeux se sont consumés jusqu’ici après un vain secours. Du haut de nos tours, nous avons regardé vers une nation qui ne pouvait nous délivrer (Lamentations 4.17).
Les Israélites espéraient que l’Égypte leur viendrait en aide. Aujourd’hui, c’est sur les États-Unis qu’ils comptent, et Dieu est le grand absent de leur politique. Pourtant, il ne les a pas oubliés. Dans les annales de l’histoire, aucune autre nation déportée deux fois n’est revenue dans son pays d’origine : ils ont été exilés d’abord par Babylone et ensuite par Rome (587 av. J-C et 70 ap. J-C) et aujourd’hui ils sont chez eux, même s’ils n’occupent qu’une petite partie du territoire que l’Éternel leur a donné.
Verset 18
Je continue.
Nos ennemis épient la trace de nos pas, et nous ne pouvons plus circuler dans nos rues, notre fin est prochaine, nos jours sont à leur terme. Oui, notre fin arrive (Lamentations 4.18).
Les Babyloniens avaient construit des échafaudages en terrasses devant les murailles de Jérusalem. Après leur victoire, de ces hauteurs ils dominaient la ville pour surveiller toute tentative de sortie et de fuite. Ils épient ceux qui se hasardent hors de leurs maisons pour leur lancer des flèches ou des pierres.
Versets 19-20
Je continue.
Ceux qui nous poursuivaient ont été plus rapides que l’aigle dans le ciel. Ils nous ont pourchassés sur les montagnes, ils se sont embusqués contre nous au désert. Notre roi à qui l’Éternel a conféré l’onction, lui dont dépendait notre vie, a été capturé grâce à leurs pièges, alors que nous disions : “ Nous vivrons sous sa protection au milieu des nations ” (Lamentations 4.19-20).
L’existence de Juda est liée à la royauté issue de David ; or, elle vient de disparaître avec l’arrestation de Sédécias qui tentait de s’enfuir. Les Israélites se sont fourvoyés en plaçant une confiance exagérée et superstitieuse dans la ville sainte et dans son Temple, et en leur roi parce qu’il est de la lignée de David.
Versets 21-22
Je finis cette complainte et le chapitre 4 qui se termine par une imprécation contre Édom, et sur une note d’espérance pour Jérusalem.
Tu peux être ravie, communauté d’Édom, et exulter, toi qui habites au pays d’Outs : à toi aussi, on passera la coupe, tu seras enivrée et tu te mettras toute nue. Ton châtiment aura sa fin, ô communauté de Sion, Dieu ne te déportera plus. Communauté d’Édom, il rétribue tes fautes, il fait paraître tes péchés au grand jour (Lamentations 4.21-22).
La faute nationale de Juda est maintenant expiée. Alors que Dieu couvre et pardonne les fautes d’Israël, il découvre et met au grand jour le péché d’Édom parce qu’il a activement participé au sac de Jérusalem.
Chapitre 5
Versets 1-3
Nous arrivons au cinquième et dernier chapitre du livre des Lamentations qui commence et finit par une prière. Je commence à le lire.
N’oublie pas, Éternel, tout ce qui nous est arrivé ! Regarde et vois l’opprobre que nous subissons ! Notre patrimoine est passé aux mains des étrangers, et nos habitations à d’autres. Nous sommes devenus des orphelins de père, nos mères sont comme des veuves (Lamentations 5.1-3).
A partir d’ici, Jérémie utilise un langage poétique ordinaire. Il abandonne même l’arrangement alphabétique dont il ne reste plus que les 22 strophes qui correspondent aux 22 lettres de l’alphabet hébreu. Le prophète décrit la dure misère que doivent endurer les Israélites après l’invasion babylonienne. Le bon pays que l’Éternel leur avait donné leur a été pris. Le roi, père de la nation, a été déporté. Parmi ceux qui restent, on compte beaucoup de veuves et d’orphelins puisque tous les hommes sont soit morts au combat soit exilés. Les Israélites adressent une supplique passionnée implorant la miséricorde de l’Éternel. Bien que ce soit lui qui ait fait venir le malheur sur le peuple, c’est lui qu’ils prient dans leur détresse pour chercher du secours.
Versets 4-5
Je continue.
Nous devons payer même pour l’eau que nous buvons. Nous rentrons notre bois à prix d’argent. Nous sommes pourchassés par nos persécuteurs qui sont sur notre dos, nous sommes épuisés. Pas de répit pour nous ! (Lamentations 5.4-5).
La population pauvre restée dans le pays vit sous je joug des Babyloniens. Ces Israélites sont soumis à des taxes qui s’appliquent même aux produits de première nécessité, et ils subissent des exactions. Ça rappelle un peu ce qui se passait en France sous l’occupation nazie.
Verset 6
Je continue.
Nous tendons les mains vers l’Égypte, vers l’Assyrie, pour avoir à manger (Lamentations 5.6).
Après le long séjour de l’armée chaldéenne en Palestine, c’est la dèche, car le pays d’Israël est entièrement ravagé. Les misérables survivants doivent mendier chez leurs voisins comme l’Égypte au sud et les pays orientaux au nord, pour obtenir quelques vivres.
Verset 7
Je continue.
Ce sont nos ancêtres qui ont péché, mais ils ont disparu, et c’est nous qui portons la peine de leurs fautes (Lamentations 5.7).
Avec un peu de cynisme, Jérémie confesse la faute des pères qui furent les premiers à se rebeller contre l’Éternel et qui ont donc commencé à remplir la coupe de sa colère (Exode 20.5 ; Luc 11.50, 51). Bien sûr, les générations suivantes n’ont pas davantage écouté les avertissements des prophètes, mais ont continué sur la lancée de leurs ancêtres jusqu’à ce que tombe le couperet du châtiment divin.
Versets 8-10
Je continue.
Nous sommes dominés par des esclaves et il n’y a personne pour nous en délivrer. Notre pain, nous le rapportons en risquant notre vie, en affrontant l’épée des brigands du désert. Notre peau est brûlante comme si on l’avait passée dans la fournaise, tant la faim nous consume (Lamentations 5.8-10).
Les satrapes babyloniens sont généralement des esclaves de la maison du roi promus au rang d’administrateurs. Ils dominent en tyrans sur les Israélites qui en plus, à l’époque de la moisson, doivent faire face aux razzias des bédouins pillards du désert (comparez Juges 6.3-4).
Versets 11-14
Je continue avec la description des souffrances des différentes classes de la population : les femmes et les jeunes filles, les chefs et les vieillards, les jeunes gens et les enfants.
Ils ont déshonoré des femmes dans Sion, des jeunes filles dans les villes du pays de Juda. Ils ont pendu de leurs mains des ministres et ils n’ont eu aucun égard pour les vieillards. Des jeunes gens portent la meule, et des enfants trébuchent sous les fardeaux de bois. Les responsables ont cessé de siéger à la porte et les adolescents ont délaissé leurs chants (Lamentations 5.11-14).
Dans l’antiquité, la porte d’entrée de la ville est le lieu habituel des réunions, des délibérations, où l’on se rassemble pour traiter les affaires, pour rendre la justice et pour se divertir par des jeux et des chants. Mais maintenant, plus aucune institution ne fonctionne. Les femmes sont toutes violées par les envahisseurs qui forcent aussi les enfants à tourner et porter la meule, ce qui est un travail d’esclave.
Versets 15-16
Je continue.
La joie a disparu de notre cœur, le deuil a remplacé nos danses. La couronne est tombée de notre tête. Malheur à nous, car nous avons péché (Lamentations 5.15-16).
Israël n’existe plus en tant que nation et a perdu sa succession monarchique. La dynastie de David est temporairement interrompue et ne sera pas restaurée avant le retour de Jésus-Christ quand il reviendra pour établir son royaume de 1 000 ans sur terre. En attendant, Israël n’a plus de couronne et tout ce qui faisait sa gloire ainsi que la joie ont disparu. Jérémie a confessé le péché des générations passées (Lamentations 5.7). Ici il reconnaît la culpabilité de la génération présente. Le péché collectif du peuple depuis ses ancêtres explique le malheur terrible qui a détruit le royaume de Juda. Le peuple de Dieu a attiré sur lui un châtiment effroyable en désobéissant constamment à la Loi. Cependant, le sentiment dominant de ce passage n’est pas le ressentiment mais la tristesse, une humilité contrite et une patiente soumission au juste jugement de Dieu.
Versets 17-18
Je continue.
Oui, si notre cœur souffre, si nos yeux sont plongés dans les ténèbres, c’est parce que le mont Sion a été dévasté et les renards y rôdent (Lamentations 5.17-18).
Ces versets servent de transition à la prière qui suit. C’est la dernière description du spectacle désolant qu’offre Jérusalem. La colline sacrée sur laquelle s’élevait le Temple est déserte, seuls des renards y habitent. Leur présence sur le lieu même du Temple montre à quel point la ville sainte est dévastée.
Verset 19
Je continue.
Toi, Éternel, tu règnes pour toujours et ton trône subsiste à travers tous les âges (Lamentations 5.19).
C’est ici l’apogée du chapitre cinq. Le prophète proclame une nouvelle fois la souveraineté de l’Éternel (comparez Lamentations 3.38). Bien que Jérusalem et la demeure terrestre de l’Éternel sont en ruines, Jérémie trouve sa consolation dans la certitude que Dieu siège toujours sur son trône céleste inébranlable et gouverne l’univers du haut du ciel. Voilà ce qui constitue pour lui la raison d’espérer et la garantie de l’exaucement de sa prière.
Verset 20
Je continue.
Pourquoi donc nous oublierais-tu perpétuellement ? Pourquoi nous délaisserais-tu aussi longtemps ? (Lamentations 5.20).
Ces « pourquoi » sont des formes de rhétorique qui expriment l’espérance. Jérémie a la conviction que les bontés de l’Éternel ne sont pas à leur terme et ses tendresses ne sont pas épuisées (Lamentations 3.22).
Verset 21
Je continue.
Ah ! fais-nous revenir à toi, ô Éternel, pour que nous revenions ! Renouvelle pour nous les jours des anciens temps ! (Lamentations 5.21).
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, chez les prophètes le verbe « revenir » a deux sens. Il veut à la fois dire « le retour de l’exil » et « le retour à Dieu » dans un acte de repentance. Les rétablissements temporel et spirituel sont toujours vus comme une seule et même démarche, et elles ont Dieu pour origine, car c’est lui qui prend l’initiative et qui rend possible tous les retours.
Verset 22
Je finis de lire le livre des « Lamentations » de Jérémie.
Nous rejetterais-tu définitivement ? Serais-tu irrité contre nous à l’excès ? (Lamentations 5.22).
La colère de Dieu envers son peuple ne peut être que temporaire (comparez Psaumes 30.5 ; Ésaïe 64.12) et les questions du prophète exigent pour réponse un « Non » franc et massif. Comme précédemment, son interrogation est l’expression d’une espérance, mais qui prend en compte le mal présent.
Dans son épître aux Romains, au sujet d’Israël, l’apôtre Paul écrit :
Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables (Romains 11.29).
Ésaïe a exprimé la même idée quand il a dit :
S’il y subsiste encore un dixième du peuple, à son tour, il sera embrasé par le feu. Mais, comme un térébinthe ou comme un chêne qui conserve sa souche, quand il est abattu, la souche de ce peuple sera une semence sainte (Ésaïe 6.13).
C’est un sentiment d’humilité qui se dégage des abîmes de souffrance décrits dans le livre des Lamentations. L’auteur gémit, c’est vrai, mais il baigne aussi dans les promesses divines et pour cette raison il finit ce poème confiant dans l’avenir. On dit que « l’espoir fait vivre », mais en réalité, c’est Dieu qui fait vivre.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.