Jacques 5.9-20
Chapitre 5
Verset 9
Prisonnier en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, mon père se lie d’amitié avec un homme que j’ai connu dans mon enfance parce que avec sa famille il venait avec nous à la pêche. Je n’ai jamais compris comment mon père pouvait le supporter parce que cet homme râle ou critique sans jamais s’arrêter et je n’exagère pas. Rien ne lui convient ; il se plaint des appâts, de la ligne, des hameçons, des poissons, de l’eau, du froid, du soleil, du vent, du bruit, du silence, des cailloux, de l’herbe, de son travail, de son patron, de ses voisins, enfin de tout et de tout le monde. Je me demande encore ce qu’il pouvait bien dire de nous dans notre dos. Je continue de lire dans le chapitre cinq de l’épître de Jacques.
Ne vous répandez pas en plaintes les uns contre les autres, frères, si vous ne voulez pas être condamnés. Voici que le Juge se tient déjà devant la porte (Jacques 5.9).
Non seulement cette dernière déclaration est impressionnante et solennelle, mais la tension monte encore d’un cran parce que Jacques ne précise pas qui ouvrira la porte. Il a déjà fait allusion aux conflits entre croyants quand il a dit :
Frères, ne vous critiquez pas les uns les autres (Jacques 4.11).
Supposons en effet que je sois en train de casser du sucre sur le dos d’un frère quand tout à coup la voix de l’archange et le son de la trompette divine retentissent (1Thessaloniciens 4.16) ; c’est l’enlèvement de l’Église et le Seigneur descend du ciel pour venir la chercher. Eh bien je serais alors rouge de honte.
A la lumière de la venue imminente du Seigneur dans les airs, les croyants ne doivent pas laisser des peccadilles les diviser, surtout que nous devrons tous rendre compte de notre conduite.
Jacques présente le Seigneur comme juge suprême qui s’apprête à siéger sur son tribunal. Les apôtres Pierre et Paul déclarent tous deux que « Jésus est celui qui jugera les vivants et les morts » (Actes 10.42 ; 1Pierre 4.5 ; 2Timothée 4.1). Nul ne manquera ce rendez-vous fatidique et solennel avec le Seigneur parce que tout jugement a été remis entre ses mains. C’est le pendant de l’espérance chrétienne qui est d’attendre Jésus qui descendra du ciel pour chercher les siens, ceux qui ont placé leur confiance en lui, et pour délivrer et consoler ceux qui souffrent à cause de son nom.
« Ne vous répandez pas en plaintes les uns contre les autres », dit Jacques. Le verbe pour « se répandre en plaintes » (stenazô) veut aussi dire « soupirer, gémir » (Marc 7.34 ; Romains 8.23) et exprime une lassitude mentale.
Le croyant qui critique son frère tend la hache au bourreau et met sa tête sur le billot, car Matthieu rapporte que dans le Sermon sur la montagne, Jésus a dit :
Ne condamnez pas les autres, pour ne pas être vous-mêmes condamnés. Car vous serez condamnés vous-mêmes de la manière dont vous aurez condamné, et on vous appliquera la mesure dont vous vous serez servis pour mesurer les autres (Matthieu 7.1-2).
Et dans sa seconde épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul écrit :
Car nous aurons tous à comparaître devant le tribunal du Christ, et chacun recevra ce qui lui revient selon les actes, bons ou mauvais, qu’il aura accomplis par son corps (2Corinthiens 5.10 ; comparez Romains 14.10 ; 2Timothée 4.7-8 ; 1Corinthiens 3.12-15 ; 4.5 ; Apocalypse 22.12).
Verset 10
Je continue le texte.
Frères, prenez comme modèles de patience persévérante dans la souffrance les prophètes qui ont parlé de la part du Seigneur (Jacques 5.10).
Pour encourager les croyants à supporter les souffrances injustes des persécutions, Jacques rappelle l’exemple des prophètes de l’Ancien Testament qui ont enduré les pires traitements par fidélité à l’Éternel. Par contre, Jésus a vertement condamné les chefs religieux de son époque en les accusant d’être possédés du même esprit que leurs ancêtres qui pourchassaient et tuaient les prophètes (comparez Matthieu 23.31-37).
Verset 11
Je continue le texte.
Oui, nous disons bienheureux ceux qui ont tenu bon. Vous avez entendu comment Job a supporté la souffrance. Vous savez ce que le Seigneur a finalement fait en sa faveur, parce que le Seigneur est plein de bonté et de compassion (Jacques 5.11).
Jacques présente maintenant un autre exemple de patience en la personne de Job, un homme très respecté dans le judaïsme, et dont l’histoire est bien connue des Juifs. L’Éternel a plusieurs objectifs en vue quand il livre Job entre les mains de Satan. Il veut, d’une part, prouver que les calomnies du diable envers son serviteur ne sont pas fondées, d’autre part, tester et affermir la foi de Job, et troisièmement, lui révéler une autre facette de son immensité.
Job a supporté des souffrances inimaginables et inexplicables, car il est victime des attaques féroces et vicieuses de Satan en personne. Job perd ses 10 enfants, toutes ses richesses, la santé, sa réputation et le pire de tout, il se croit abandonné de Dieu. Il conteste avec lui et exprime sa misère et, dit le texte :
Au milieu de tous ces malheurs, Job ne commit pas de péché et n’attribua rien d’inconvenant à Dieu (Job 1.22 ; comparez Job 2.10).
Tout au long de son calvaire, Job prononce des paroles mémorables ; par exemple il dit :
Je suis sorti nu du ventre de ma mère, et j’y retournerai nu. L’Éternel a donné, l’Éternel a repris : que l’Éternel soit loué ! (Job 1.21). Quand même il me tuerait, j’espérerais en lui (Job 13.15). Je sais, moi, que mon Défenseur est vivant : il se lèvera sur la terre pour prononcer le jugement. Après que cette peau aura été détruite, moi, dans mon corps, je contemplerai Dieu. Oui, moi, je le verrai prendre alors mon parti, et, de mes propres yeux, je le contemplerai. Et il ne sera plus un étranger pour moi. Ah ! mon cœur se consume d’attente au fond de moi (Job 19.25-27).
En pleine fournaise, Job supporte l’épreuve et demeure fidèle à Dieu. Voilà pourquoi, en prenant Job pour exemple, Jacques dit que : « le Seigneur est plein de bonté et de compassion », parce qu’il récompense la patience de ses fidèles. Le mot pour « plein de bonté » (polysplanchnos) est un nom composé qui veut littéralement dire « beaucoup d’entrailles » et il n’est utilisé qu’ici dans le Nouveau Testament. Les Juifs considèrent les entrailles comme le siège des affections.
Le mot traduit par « compassion » (oiktirmôn) vient du verbe « avoir pitié », et il n’est utilisé que deux fois, ici dans Jacques et dans l’évangile selon Luc (6.36), et chaque fois c’est Dieu qui a compassion.
Verset 12
Je continue le texte.
Avant tout, mes frères, ne faites pas de serment, ni par le ciel, ni par la terre, ni par n’importe quoi d’autre. Que votre oui soit un oui authentique et votre non un non authentique, afin que vous ne tombiez pas sous le coup de la condamnation (Jacques 5.12).
Tout le monde ment, ce qui n’est guère surprenant puisque de nature nous sommes tous les enfants du diable qui est le père du mensonge (Jean 8.44). Les politiciens mentent bien sûr, mais les scientifiques aussi, et les médias, les profs, les patrons, les femmes à leurs maris et les maris à leurs femmes, les parents à leurs enfants et les enfants à leurs parents, les hommes entre eux et les femmes entre elles. Toutes les sociétés humaines reposent sur le mensonge. Que se passerait-il si tout le monde disait la vérité, ne serait-ce qu’un seul jour ?
« Ne faites pas de serment » ne veut pas dire ne jurez pas comme un charretier, mais « soyez vrai dans vos paroles ». La mauvaise foi invétérée des hommes les conduits à prendre à témoin des objets sacrés ou un dieu, et à élaborer des contrats et des traités, essayant ainsi de s’obliger mutuellement à dire la vérité et à tenir ses engagements. Dans les Écritures, Abraham et le roi Abimélek sont les premiers à s’être prêté serment l’un à l’autre (Genèse 21.25-31). L’Éternel aussi jure en son propre nom et fait des serments (Genèse 22.16-18 ; Hébreux 6.13-17 ; 2Samuel 7.11-15 ; 1Chroniques 17.11-14 ; Psaumes 89.4 ; 132.11, 12 ; Actes 2.30), et le livre de l’Apocalypse rapporte même le serment d’un ange (Apocalypse 10.5, 6).
Les Juifs jurent au nom de l’Éternel, mais ils ont également pris l’habitude de jurer sur le temple, sur l’or du temple, sur l’autel, sur le ciel ou sur Jérusalem (Matthieu 23.16-22) afin de pouvoir rester évasifs et mentir à leur prochain. Jésus a condamné cette pratique parce qu’elle sert à tromper. Matthieu rapporte qu’il a dit :
Dites simplement “ oui ” si c’est oui, “ non ” si c’est non. Tous les serments qu’on y ajoute viennent du diable (Matthieu 5.37).
Il va sans dire que le croyant doit être un modèle d’intégrité et de vertu (Éphésiens 4.25 ; Colossiens 3.9). D’ailleurs, le retour du Seigneur qui sera mon juge doit suffire à m’inciter à marcher droit et à dire la vérité.
« Ne faites pas de serment », est le premier commandement de Jacques, d’une série qui termine l’épître. Comme il fait précéder cet ordre de l’expression : « Avant tout, mes frères », c’est qu’il est de la plus haute importance. Les Juifs doivent donc cesser de jurer au nom de n’importe quoi et dire simplement la vérité. Le langage est une grande préoccupation de Jacques parce qu’il révèle ce qui est dans leur cœur (comparez Matthieu 12.34) et donc mon état spirituel. Le cœur est comme un récipient et les paroles indiquent son contenu. Comme Jacques l’a déjà montré, la langue est un instrument dangereux parce qu’il est trop facile de dire du mal d’autrui.
Prêter serment à la façon juive du premier siècle est une tromperie un peu comme ces enfants qui promettent quelque chose mais croisent les doigts derrière le dos. Celui qui de façon habituelle trompe son prochain ou utilise le nom de Dieu en vain montre qu’il n’est pas un croyant authentique et il tombera « sous le coup de la condamnation » (comparez Exode 20.7). Ce mot (Krisis) a donné « crise » en français et dans le Nouveau Testament, il n’est utilisé qu’à l’encontre des non-croyants.
Verset 13
Je continue le texte.
L’un de vous passe-t-il par la souffrance ? Qu’il prie. Un autre est-il dans la joie ? Qu’il chante des cantiques (Jacques 5.13).
Jacques s’adresse ici à des croyants juifs qui expérimentent une souffrance prolongée parce qu’ils sont persécutés, exploités et maltraités. La prière est l’antidote des afflictions car « le Seigneur est plein de bonté et de compassion » (Jacques 5.11).
« Qu’il prie » peut aussi être traduit par « qu’il continue à prier ». Quand, pour une raison ou pour une autre, mon fardeau devient trop lourd à porter, je dois recourir à la prière qui persiste ; je dois tambouriner à la porte céleste jusqu’à ce qu’elle s’ouvre (comparez Luc 18.1-8).
Celui par contre qui est « dans la joie » doit la manifester en chantant des cantiques de louange, ce qui est également une forme de prière. Le mot pour « qu’il chante des cantiques » (psalletô) a donné « psaumes » en français. À l’origine, ce mot signifie jouer d’un instrument à cordes.
Verset 14
Je continue.
L’un de vous est-il malade ? Qu’il appelle les responsables de l’Église, qui prieront pour lui, après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur (Jacques 5.14).
Voilà un passage qui a fait couler beaucoup d’encre. Au premier siècle, l’huile est considérée comme un médicament mais elle peut aussi être suggérée comme une aide ou un stimulant de la foi.
L’Église catholique romaine s’appuie sur ce verset pour justifier le sacrement de l’extrême-onction qui est donné à des moribonds sans le moindre espoir de guérison. Mais rien de ce que dit Jacques ne peut défendre cette pratique. Le sacrement de l’extrême onction est mentionné la première fois au 12 è siècle par Pierre Lombard (1100-1160) dans le quatrième livre de ses « Sentences » qui traite justement des sacrements qui selon lui, communiquent la grâce du Christ.
« L’un de vous est-il malade ? » Ce mot (asthenei) a donné « asthénie » en français et on le trouve 18 fois dans le Nouveau Testament. Il décrit aussi bien une maladie physique qu’une faiblesse morale ou spirituelle. Ici, il pourrait s’agir de l’un ou de l’autre et on l’emploie souvent pour des personnes très malades, voire même à l’article de la mort (Matthieu 10.8 ; Luc 4.40 ; Jean 4.46 ; Actes 9.37).
Verset 15a
Puis Jacques dit :
La prière faite avec foi sauvera le malade… (Jacques 5.15a).
Ici, et pour compliquer le passage, le mot « malade » (kamnonta) est différent du mot précédent. Il apparaît aussi dans l’épître aux Hébreux (12.3) où il signifie « être fatigué, souffrant, physiquement malade, mais jamais pour désigner un mourant ». Tout ça pour dire que les deux mots que Jacques emploie pour « malade » sont relativement voisins mais ne précisent pas vraiment l’état du patient. Précédemment, il a parlé de croyants qui souffrent sous le poids des persécutions et qui n’en peuvent plus car ils ont touché le fond et ne supportent plus leur épreuve, mais on peut être sûr que parmi eux certains sont aussi très mal en point physiquement. Quoi qu’il en soit, ils ont besoin de l’aide des responsables de l’église. Les brebis blessées ou épuisées doivent aller vers leur berger ou l’appeler à leur secours.
Quand Jacques dit : « Les anciens prieront pour lui, après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur », le mot pour « fait une onction d’huile » (aleipsantes) signifie simplement « frotter avec de l’huile ». Il ne s’agit donc pas d’une onction cérémonielle et sacrée pour laquelle en grec, il existe un autre mot, « chriô », qui a donné « Christ » en français. À première vue donc, Jacques ne parle pas d’un rite religieux et sacré en vue d’obtenir une guérison divine, mais recommande la pratique habituelle qui consiste à utiliser de l’huile pour panser une plaie ou pour masser des muscles contractés ou endoloris. Dans l’évangile selon Luc, il est dit que Marie a « oint », c’est-à-dire « enduit » de parfum les pieds de Jésus (Luc 7.38 ; Jean 11.2 ; 12.3), qu’un hôte doit « oindre », c’est-à-dire « verser de l’huile » sur la tête de ses invités (Luc 7.46) ; et aussi que celui qui jeûne doit « oindre ou parfumer » ses cheveux (Matthieu 6.17). On lit aussi que les femmes ont acheté des aromates afin de « embaumer » Jésus (Marc 16.1). Dans tous ces passages, c’est le même mot ordinaire « oindre, frotter avec de l’huile » qui est employé. Jacques veut donc que les responsables viennent soulager les souffrances des membres affaiblis et découragés en leur prodiguant des soins médicaux et en priant pour eux.
Le mot traduit par « frotter avec de l’huile » est aussi utilisé dans le passage où il est dit que « les disciples chassaient beaucoup de démons et guérissaient de nombreux malades en les oignant d’huile » (Marc 6.13). Dans ces cas au moins, des guérisons miraculeuses ont été faites avec de l’huile d’olive ordinaire.
Verset 15
Je continue le texte.
La prière faite avec foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera. S’il a commis quelque péché, il lui sera pardonné (Jacques 5.15).
L’action des responsables de l’église aura un effet bienfaisant sur le malade. Il sera au moins encouragé dans sa marche avec le Seigneur et peut-être guéri s’il est sérieusement malade et si telle est la volonté de Dieu. Le verbe pour « relèvera » (egerei) veut dire « rétablir, réveiller, lever », mais il est aussi utilisé pour « ressusciter » (Matthieu 10.8 ; Jean 5.21 ; Actes 26.8 ; Actes 5.30 ; 10.40 ; 13.37 ; 1Corinthiens 6.14 ; 15.15 ; 2Corinthiens 4.14).
La remarque de Jacques, « s’il a commis quelque péché, il lui sera pardonné », peut indiquer que la maladie en question, qu’elle soit physique ou mentale, provient d’une défaite spirituelle due au péché. Dans ce cas, l’antidote est de le confesser à Dieu et d’obtenir son pardon (1Jean 1.9 ; Psaumes 32.5 ; Proverbes 28.13).
En conclusion, on peut dire que dans l’interprétation de ce passage difficile, il ne faut pas enfermer Dieu dans une capsule, c’est-à-dire être trop cartésien. L’ambiguïté causée par les différentes significations de tous les mots que Jacques utilise ne peut être niée ; il se peut d’ailleurs qu’il ait voulu être ambigu à dessein, laissant au lecteur la possibilité d’interpréter le texte en fonction des circonstances et de la visite des anciens. Au final, tout est soumis à la volonté de Dieu car il fait comme il veut quand il veut avec ce qu’il veut. Il n’a pas besoin d’une huile particulière pour faire un miracle, n’importe quoi ou rien du tout fait très bien l’affaire. Ce passage enseigne que c’est la prière qui est efficace, que l’onction d’huile peut accompagner un acte de foi mais c’est toujours Dieu qui guérit s’il le veut bien.
Verset 16a
Je continue le texte.
Confessez vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris (Jacques 5.16a).
Le mot pour « guéris » (iathête) désigne un rétablissement physique, moral, mental ou spirituel. Il est utilisé plusieurs fois au sens figuré pour une délivrance ou comme synonyme du pardon ce qui peut être le cas ici puisque Jacques parle de péchés (comparez Hébreux 12.12-13 ; Matthieu 13.15 ; Jean 12.40 ; 1Pierre 2.24).
Se soucier les uns des autres est la meilleure façon de lutter contre le découragement et les péchés qui sont comme des boulets qu’on traîne, des boulets qui nous encombrent et nous freinent dans la marche avec le Seigneur. Le croyant qui est embourbé dans une faute et qui n’arrive pas à s’en sortir doit reconnaître en toute humilité qu’il a besoin d’aide. En confessant ses péchés à un grand frère qui a davantage de maturité que lui et en acceptant de lui rendre compte de ses progrès, il bénéficie de son soutien dans la prière et reçoit la force spirituelle nécessaire pour surmonter son péché.
Versets 16b-18
Je continue le texte.
Quand un juste prie, sa prière a une grande efficacité. Élie était un homme de la même nature que nous : il pria avec instance pour qu’il ne plût point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois. Puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit (Jacques 5.16b-18).
Pour encourager les croyants d’intercéder les uns pour les autres, Jacques leur rappelle que leurs prières sont « efficaces » ; ce mot (energoumené) a donné « énergie » en français.
Pour illustrer ses dires, Jacques utilise l’exemple du prophète Élie dont l’histoire est bien connue des Juifs. Effectivement, cet homme est de la même trempe que le commun des mortels puisqu’il connaît la faim, la soif, la peur, et le découragement (1Rois 17.11 ; 19.3, 9-14), mais quand « il pria avec instance », il se produisit un miracle. Ce qui compte n’est pas d’être prophète mais de prier.
L’image de la pluie qui tombe sur un sol desséché est un bon exemple des bénédictions du ciel descendant sur quelqu’un qui est dans la souffrance et qui appelle Dieu à son aide.
Verset 19-20
Je finis de lire le chapitre 5 et l’épître de Jacques.
Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’égare loin de la vérité, et qu’un autre l’y ramène, sachez que celui qui ramène un pécheur de la voie où il s’égarait le sauvera de la mort et permettra le pardon d’un grand nombre de péchés (Jacques 5.19,20).
« Mes frères » annonce un nouveau thème et le dernier de cette lettre. Le mot pour « s’égare » (planéthé) a donné « planète » en français, et désigne un individu qui fait fausse route et qui est complètement perdu ; il est comme un astre errant (comparez Jude 13). Dans le Nouveau Testament, ce mot est utilisé plusieurs fois pour des non-croyants (Matthieu 22.29 ; Tite 3.3 ; 1Pierre 2.25). Ici, il s’agit de quelqu’un qui a fait une profession de foi en Jésus-Christ et qui fait même partie de l’église, mais qui par ses croyances et son style de vie est en train de s’éloigner de la vérité (comparez 1Jean 2.19-22 ; Jean 8.31), c’est-à-dire du message de la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Il montre par son comportement que sa foi n’est pas authentique, ce qui est confirmé par l’utilisation du mot « pécheur » par Jacques (comparez Jacques 4.8), un mot qui dans le Nouveau Testament s’applique toujours à des non-croyants (comparez Matthieu 9.13 ; Luc 15.7, 10 ; 18.13-14 ; 1Timothée 1.15 ; 1Jean 3.8-9). À moins que de telles personnes se repentent et acceptent Jésus comme leur Sauveur, elles mourront dans leurs péchés (comparez Jean 8.21).
Le mot pour « ramène » (epistrepsas) est souvent utilisé dans le Nouveau Testament pour traduire et exprimer la conversion du pécheur (Matthieu 18.3 ; Luc 1.16, 17 ; Actes 3.19 ; 9.35 ; 14.15 ; 26.18, 20 ; 2Corinthiens 3.16 ; 1Thessaloniciens 1.9 ; 1Pierre 2.25 ; Actes 3.19). En se convertissant à Jésus, cette personne est sauvée de la mort, c’est-à-dire du jugement éternel, et reçoit le pardon de tous ses péchés aussi nombreux soient-ils, car la miséricorde et la grâce de Dieu sont sans limite.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.