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09 juin 2022

Matthieu 3.5 – 4.1

Chapitre 3

Versets 5-6

Qu’est-ce qui attire les foules ? Lorsque quelqu’un, bien en vogue du monde du spectacle, un comédien, un chanteur ou que sais-je encore, présente son spectacle son et lumière à l’Olympia, il fait facilement le plein. Si une célébrité politique vient faire un discours, lui aussi drainera du monde, mais pas le même que dans le cas précédent. Une injustice criante aussi fait bouger les gens. Lorsque dans un pays qui se veut démocratique le premier ministre ou le président tente de voler les élections par ce qu’on appelle pudiquement des irrégularités, ça suscite de gros remous.

Par contre, je vois mal un individu aux apparences loufoques, annonçant un jugement divin dans un endroit abandonné, avoir un gros impact. On le traitera comme un divertissement banal. Pourtant, il y a eu plusieurs personnages très colorés qui ont fait un tabac. Ainsi, Jean-Baptiste a eu un succès fou avec un message tout simple qui fait froid dans le dos : Repentez-vous ou vous serez sévèrement jugés.

Je continue à lire dans le chapitre 3 de l’Évangile de Matthieu.

On venait à lui de Jérusalem, de la Judée entière et de toutes les contrées riveraines du Jourdain. Tous se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain, en reconnaissant ainsi leurs péchés (Matthieu 3.5-6).

J’ai envie de dire que les gens arrivaient par trains entiers. En fait, ils venaient à pied, mais en foules. Jean-Baptiste ne loua pourtant pas un stade ni un auditorium ni une synagogue et personne ne l’invita comme orateur. En fait, il n’est même pas en ville, mais en plein désert. Si quelqu’un voulait éponger sa dette envers son Créateur, c’est vers Jean-Baptiste qu’il devait aller, car l’Esprit de Dieu demeurait avec lui. La loi de Moïse prévoyait des ablutions cérémoniales, mais cette immersion totale dans les eaux du Jourdain telle que la pratiquait Jean-Baptiste était inconnue dans l’Ancien Testament.

En se laissant baptiser ainsi, le pénitent reconnaissait publiquement sa culpabilité devant Dieu ; c’était un acte de repentance par lequel il avouait avoir enfreint la Loi de Moïse. Le baptisé acceptait aussi de changer sa vie, d’abandonner certaines pratiques et d’obéir aux préceptes de la Loi qui resta en vigueur jusqu’à l’établissement de l’Église à la Pentecôte.

Versets 7-9

Je continue.

Beaucoup de Pharisiens et de Sadducéens venaient se faire baptiser par lui. Il leur dit : Espèces de vipères ! Qui vous a enseigné à fuir la colère de Dieu qui va se manifester ? Montrez plutôt par vos actes que vous avez changé de vie. Ne vous imaginez pas qu’il vous suffit de répéter en vous-mêmes : « Nous sommes les descendants d’Abraham ». Car, regardez ces pierres : je vous déclare que Dieu peut en faire des enfants d’Abraham (Matthieu 3.7-9).

Quelle surprise ! Regardez donc qui vient dans le désert pour se faire baptiser. Et écoutez un peu l’accueil que réserve Jean-Baptiste à ces honorables visiteurs. La prochaine fois que vous entrez dans une église, si le sermon du jour commençait par : Races de vipères, ça passerait très mal. Vous sentiriez-vous vexé dans votre respectabilité ? Jean-Baptiste ne craint personne. Il n’a pas froid aux yeux et n’essaie pas de plaire en parlant la langue de bois si chère à nos politiciens. Tant pis pour les petites sensibilités froissées !

De nos jours, le courant pharisien est très répandu dans la chrétienté. Ce sont tous ceux qui restent attachés aux traditions, aux rites, à la liturgie, aux bonnes manières religieuses, mais qui ne veulent pas du message de Dieu, celui que nous donne ici Jean-Baptiste et qui est : Ajoutez les actes à la parole. Montrez plutôt par votre comportement que vous avez changé de vie ! J’ai déjà expliqué qui sont les Sadducéens. Ils disent croire en Dieu, mais rejettent ce qui ne leur convient pas dans les Textes Sacrés, soit à peu près tout. Eux aussi sont parmi nous en grand nombre. Ce sont les gens qui se disent libérés des enseignements de la Parole de Dieu qu’ils estiment démodée, poussiéreuse et moyenâgeuse. Ils ne s’intéressent qu’aux aspects sociaux et politiques des préceptes du Christ.

Les Pharisiens et les Sadducéens erraient gravement sur deux points. Tout d’abord, ils croyaient que passer par le rite du baptême leur procurerait un mérite salutaire, des bons points en quelque sorte, devant Dieu. C’est comme quand on fait tamponner son ticket pour entrer dans la salle de ciné. Cette attitude réduit le Créateur du ciel et de la terre à un camelot avec qui on essaie de faire du business, d’engager des tractations commerciales.

En second lieu, ces religieux pensaient que leur héritage ancestral les garantissait de tout jugement divin. Le Talmud, qui est le mode d’emploi de la religion juive, dit en effet que seuls les païens seront jetés dans le feu éternel. Merci pour eux !

Jean-Baptiste voit venir ces honorables visiteurs de loin et utilise un langage musclé pour s’opposer à leurs fausses sécurités. Il prononce un jugement à leur encontre dans le but de les sortir de leur torpeur religieuse confortable et de réveiller en eux leur sens du devoir religieux, leur misère spirituelle et leur culpabilité. Jean-Baptiste déclare que comme les pierres servent à la construction d’édifices, Dieu a le pouvoir d’intégrer de nouveaux membres à son peuple et d’éliminer ceux qui ne portent pas les fruits de la repentance, qui sont de faux descendants d’Abraham. À entendre ces paroles vigoureuses de Jean-Baptiste, on comprend pourquoi il n’a pas été élu l’homme de l’année.

Verset 10

Je continue le texte.

Attention ! La hache est déjà sur le point d’attaquer les arbres à la racine. Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu (Matthieu 3.10).

Le Nouveau Testament insiste beaucoup sur l’importance de porter des bons fruits. C’est en effet ainsi qu’on reconnaît la qualité d’un arbre. Je me souviens d’avoir planté une fois au hasard deux variétés différentes d’abricotiers. L’un nous donnait toujours des fruits délicieux tandis que les autres étaient fades. Ces deux arbres étaient pourtant près l’un de l’autre et traités de la même manière. J’avais tout essayé, mais rien ne changeait : les fruits du premier étaient bons et ceux du second mauvais. Alors, j’ai décidé d’abattre ce mauvais arbre, de le déraciner complètement et de le brûler dans notre cheminée, mais nous avons vendu la maison avant de mettre à exécution le jugement que je réservais à cet abricotier de malheur qui ne portait pas de bons fruits.

Le jugement que prononce Jean-Baptiste concerne Jérusalem, qui 40 ans plus tard sera totalement détruite par les Romains. Vraiment, ce Jean-Baptiste était à tout point de vue un homme extraordinaire, hors du commun. Très peu de gens ont exercé une influence aussi grande que lui en Israël. C’est de partout qu’on venait à lui en plein désert pour confesser ses fautes et l’écouter. Personne n’a jamais reçu de la part du Seigneur un éloge aussi grand que lui.

Dans un autre Évangile, Jésus l’appelle un flambeau qu’on allume pour qu’il répande sa clarté. Plus loin dans Matthieu, Jésus dira et je le cite : Parmi ceux qui sont nés de femme, il n’en est point paru de plus grand que Jean-Baptiste. Son ministère ne dura pourtant que quelques mois. On voit par là combien le critère divin, comment il voit les choses, diffère du nôtre. Ainsi, ce n’est ni le nombre d’années, ni l’intensité des activités qui nous occupent chaque jour, qui comptent devant Dieu.

Il est intéressant de noter dans la vie de Jean-Baptiste ce qui suscita cette admiration de Jésus. Premièrement, son courage et sa fidélité dans l’annonce du message que Dieu voulait transmettre. L’importance d’un ambassadeur dépend de la valeur de ce qu’il communique. Dieu confia cette tâche à Jean-Baptiste parce qu’il le jugea fidèle.

Deuxièmement, sa consécration totale à son Dieu. Il était prêt à renoncer à tout confort pour servir son maître, pour lequel d’ailleurs il fut mis à mort.

Troisièmement, son humilité devant Jésus-Christ qu’il introduisit ; il reconnut publiquement son indignité même à délier les sandales du Christ. Personne n’aime voir un autre prendre sa place, pourtant, lorsque les propres disciples de Jean-Baptiste s’en inquiétèrent, lui-même leur répondit : Il faut qu’il croisse en parlant du Christ, et que moi je diminue.

Quatrièmement, l’Esprit de Dieu était en lui. Jean-Baptiste est la seule personne, à l’exception de Jésus, qui fut remplie du Saint-Esprit dès le sein de sa mère, nous dit l’Évangile de Luc. Sa dimension hors du commun provenait en grande partie de la grandeur de celui qui l’animait.

Quel exemple que ce Jean-Baptiste ! Ce n’est pas le spectaculaire ni le sensationnel qui témoignent de la présence de l’Esprit de Dieu dans la vie de quelqu’un, car Jean-Baptiste n’a fait aucun miracle. Il possédait avant tout une force de caractère soumise à l’Esprit de Dieu. À travers le livre des Actes des Apôtres, qui a aussi été écrit par saint Luc, ceux qui étaient remplis du Saint-Esprit se caractérisaient par leur hardiesse à annoncer la Parole de Dieu exactement comme Jean-Baptiste. Je continue l’Évangile de Matthieu.

Versets 11-12

Moi je vous baptise dans l’eau, en signe de votre changement de vie. Mais quelqu’un vient après moi : il est bien plus puissant que moi et je ne suis même pas digne de lui enlever les sandales. C’est lui qui vous baptisera dans le Saint-Esprit et le feu. Il tient en main sa pelle à vanner, il va nettoyer son aire de battage et amasser le blé dans son grenier. Quant à la bale, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteindra jamais (Matthieu 3.11-12).

Jean-Baptiste se présente avec humilité comme indigne d’accomplir la tâche de l’esclave chargé d’enlever les sandales du maître. Une fois le grain et sa bale séparés, la pelle à vanner était un outil qui servait à lancer en l’air le mélange afin que le vent emporte la bale plus légère tandis que la céréale proprement dite plus lourde tombait par terre. Le blé représente les vrais croyants, ceux qui de cœur sinon de chair sont vraiment fils d’Abraham, l’archétype de l’homme de foi. Le grenier c’est le royaume de Dieu. Le jugement qui sera exécuté par celui qui vient après Jean-Baptiste, le Christ, opérera un tri parmi les gens.

L’Esprit Saint agira comme un feu purificateur qui, répandu sur le peuple, séparera les vrais des faux fils d’Abraham. Le feu qui ne s’éteindra jamais est le châtiment éternel loin de la face du Seigneur. On n’aime pas trop en parler, car c’est très mal vu. Dans sa justice et sa sainteté, Dieu se doit de punir et de se séparer de toute injustice selon ses critères de pureté. Il a remis ce jugement entre les mains de son Fils. De tous les auteurs des Textes Sacrés, c’est dans l’enseignement de Jésus-Christ qu’on trouve le plus de références à la colère et au châtiment de Dieu.

Versets 13-16

Je continue.

C’est à cette époque que parut Jésus. Il se rendit de la Galilée au Jourdain, auprès de Jean, pour être baptisé par lui. Mais Jean essaya de l’en dissuader. Il lui disait : C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! Jésus lui répondit : Accepte, pour le moment, qu’il en soit ainsi ! Car c’est de cette manière qu’il nous convient d’accomplir tout ce que Dieu demande. Là-dessus, Jean accepta de le baptiser (Matthieu 3.13-16).

Jean-Baptiste avait parfaitement raison. C’est lui qui avait besoin d’être baptisé. Jésus-Christ était sans fautes et le Saint de Dieu. Il n’avait pas besoin de se repentir de quoi que ce soit. D’ailleurs, il ne nie pas les paroles de Jean-Baptiste, mais ajoute : c’est de cette manière qu’il nous convient d’accomplir tout ce que Dieu désire.

En demandant à être baptisé, Jésus montre son obéissance au plan de Dieu, car comme Matthieu l’a déjà dit à plusieurs reprises, il est venu pour accomplir toutes les Écritures. En naissant parmi nous, Jésus est devenu un simple homme. Comme il a renoncé à utiliser ses attributs divins pendant tout le temps de son séjour sur terre, Jésus dépendra de la puissance du Saint-Esprit pour faire la volonté de son Père. Bien qu’il n’avait pas besoin de se faire baptiser, en s’y soumettant il s’est identifié aux Israélites et à tous les païens qui reconnaissent leurs péchés et attendent le royaume de Dieu. Jésus-Christ est un roi qui s’associe totalement avec ses sujets. Ce baptême avait d’autres objectifs.

En entrant dans l’eau, Jésus prenait symboliquement sur lui les fautes que ses compatriotes y avaient comme déposées. Il annonçait aussi la mort par laquelle il devait passer au nom de ceux qui dans la suite des temps le reconnaîtraient comme leur sauveur. En sortant de l’eau, il préfigurait sa résurrection qui sera le triomphe et la délivrance des croyants de tout mal. Par ce premier acte public, Jésus s’humilie et commence son ministère.

Lorsqu’un croyant se fait baptiser, il proclame publiquement son identification au Christ dans sa mort et sa résurrection. C’est une prise de position, un témoignage de sa foi personnelle en la personne de Jésus. En soi, ce geste n’apporte rien de supplémentaire, mais représente quand même un acte d’obéissance. Lorsque le bon larron a imploré la miséricorde divine, disant : Jésus, souviens-toi de moi quand tu reviendras pour régner, Jésus lui a aussitôt répondu : Vraiment, je te l’assure : aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le paradis (Luc 23.42-43). Pourtant, ce larron n’est jamais passé par les eaux du baptême.

Versets 16-17

Je finis le chapitre.

Aussitôt après avoir été baptisé, Jésus sortit de l’eau. Alors le ciel s’ouvrit pour lui et il vit l’Esprit de Dieu descendre sous la forme d’une colombe et venir sur lui. En même temps une voix venant du ciel fit entendre ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qui fait toute ma joie (Matthieu 3.16-17).

Cette manifestation du Saint-Esprit est l’accomplissement d’une prophétie et le signe promis par Dieu à Jean-Baptiste pour authentifier le Messie et Serviteur de l’Éternel. C’est aussi le sceau du Père qui consacre son Fils pour le ministère auquel il l’a appelé. Parallèlement, ce texte révèle la Trinité. Alors que le Fils de Dieu sort de l’eau, l’Esprit de Dieu descend sur lui sous la forme d’une colombe et le Père lui parle du haut des cieux. Jésus-Christ est maintenant identifié à son peuple et à l’humanité. En tant que Dieu fait homme, il est mandaté pour ainsi dire par l’Éternel Dieu. Il est revêtu de la puissance et de l’autorité divines afin de mener à bien sa tâche, celle de racheter une humanité rebelle, coupable et à la dérive. Ces trois premiers chapitres de Matthieu ont introduit et identifié le Christ, grâce à des annales généalogiques, des rois mages païens, des prophéties, de Jean-Baptiste et enfin Dieu lui-même. Les déclarations sont unanimes : Jésus est bien le Messie tant attendu.

Chapitre 4

Verset 1

Nous voici rendus au chapitre 4 de l’Évangile selon Matthieu qui commence ainsi.

Alors l’Esprit Saint conduisit Jésus dans le désert pour qu’il y soit tenté par le diable (Matthieu 4.1).

Jésus-Christ est maintenant conduit par le Saint-Esprit dans le désert à l’abri des regards afin d’être tenté par Satan lui-même. L’ensemble des Écritures affirme l’existence du diable. Pour le Christ, ce sera l’épreuve du feu ; ses qualifications morales vont être révélées. Lorsque Dieu avait mis le premier homme Adam, à l’épreuve, ce dernier avait lamentablement échoué. Dans la version grecque de la Septante, le mot hébreu pour Satan est traduit par l’accusateur. Un peu plus loin, il est également appelé le tentateur. Dans la langue du Nouveau Testament, le même mot signifie épreuve ou tentation. Dieu nous fait passer par le creuset dans le but de fortifier notre foi et pour nous encourager à persévérer, alors que le diable nous tente afin de provoquer notre chute. Ce que Dieu permet est pour notre bien, mais le diable essaie toujours de nous faire du mal. Dans un texte du Nouveau Testament, il est écrit :

Dieu est inaccessible à la séduction du mal, il ne peut donc tenter quiconque (Jacques 1.13).

Dieu avait mis Abraham à l’épreuve en lui demandant d’offrir son fils Isaac en sacrifice. La tentation pour lui était de désobéir et il avait de bonnes raisons de le faire. Mais il passa l’épreuve avec brio et devint l’archétype de celui qui a foi en l’Éternel. Le plus beau des diamants est reconnu comme tel parce qu’il a été rigoureusement testé et reconnu sans impuretés. Tout bon produit est mis sur le marché après avoir subi une batterie de tests sur un banc d’essai. Plus ceux-ci sont rigoureux et plus la qualité du produit est grande. La première fois que je suis allé dans un magasin Ikea, j’étais fasciné par les démonstrations qui étaient faites ici et là d’un fauteuil, d’une armoire, etc., soit avec des poids soit par un mouvement continu imposé à une porte des milliers de fois. Le but de ces manœuvres n’était pas de démolir le matériel, mais de prouver qu’ils étaient d’excellente qualité.

Pareillement, Jésus est obligé de passer dans le champ de mines qu’a planté l’adversaire ; il est testé afin de bien montrer au monde qu’il ne pouvait pas être tenté par le mal. C’est Dieu qui le voulait ainsi afin de prouver la perfection de son Fils et sa qualification pour devenir le Sauveur du monde.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

avril 19 2024

Émission du jour | Esther 8.1-17

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