2 Samuel 23.8 – 24.24
Chapitre 23
Introduction
Dans le monde occidental, presque tous les travailleurs, qu’ils soient au col blanc ou en bleus de travail, attendent avec impatience que sonne l’heure de la retraite. On s’y prépare au moins mentalement, on anticipe en faisant des tas de projets. On voit ça comme un second souffle, une deuxième vie. Mais pour beaucoup, cet âge d’or est de courte durée ou d’une qualité relativement médiocre, car au fil du temps, l’état général de santé se dégrade, les problèmes typiques des vieux se font plus fréquents pour finir par des maladies sérieuses.
Alors vient l’heure du bilan. Car on ne peut pas s’empêcher de penser à ce qu’a été sa vie, ses amis, les faux et les vrais, les opportunités ratées, les erreurs de parcours et les : Ah si j’avais su ! Il est dur de refléter sur une existence qui est sur son déclin et proche de sa fin. Le rideau qui tombe n’épargne personne ; même les grands de ce monde doivent un jour quitter la scène.
Au soir de sa vie, David fait un retour sur lui-même. C’est plutôt positif. À tout Seigneur, tout honneur. Le grand roi va d’abord proclamer la bienveillance infinie que l’Éternel lui a témoignée. Il lui rend alors un vibrant hommage avec un long cantique suivi d’un court poème. Ensuite, il pose un regard sur ceux qui le secondèrent durant tout son règne. Ce furent à la fois de fidèles serviteurs et de vaillants héros. Cette galerie se compose de 37 hommes qui faisaient tous partie de ses troupes d’élite et qui se distinguèrent par leur bravoure au service de la nation d’Israël. Ils sont répartis en deux groupes de trois guerriers et un groupe de 32.
Verset 8
Je commence à lire cette liste.
Voici les noms des plus vaillants guerriers de David : Le premier est Yocheb, il était chef d’un groupe de trois. C’est lui qui, avec son javelot, tua huit cents hommes au cours d’un seul combat (2Samuel 23.8).
Bien sûr, tout au long de ce paragraphe, il va s’agir d’exploits guerriers. Je suis d’accord que c’est quelque peu choquant pour nous au jour d’aujourd’hui. La plupart de ces hommes faisaient partie de ceux qui se joignirent à David quand lui-même était en fuite devant le roi Saül qui voulait le tuer. Ces guerriers étaient eux aussi des parias pour une raison ou pour une autre. C’est d’ailleurs ce que dit un texte du 1er livre de Samuel que je rappelle :
Et tous les gens qui étaient dans la détresse, tous ceux qui avaient des dettes et tous les mécontents se rallièrent à lui, et il devint leur chef. Il y eut ainsi quelques quatre cents hommes qui se regroupèrent autour de lui (1Samuel 22.2).
À cette époque, ceux qui avaient été obligés d’emprunter à cause des aléas de la vie n’avaient aucun autre recours que de devenir esclaves pour rembourser leurs créances, ou bien hors-la-loi pour subsister.
Versets 9-12
Je continue en compressant.
Le second était Éléazar, fils de Dodo et petit-fils d’Ahohi. Il était l’un des trois guerriers qui accompagnèrent David lorsqu’il défia les Philistins rassemblés pour la bataille. Ce jour-là, l’Éternel accorda une grande victoire à Israël. Après lui vient Chamma. Il y avait là un champ couvert de lentilles. Les Israélites avaient pris la fuite devant les Philistins, mais Chamma prit position au milieu du champ, le libéra et frappa les Philistins. Ainsi l’Éternel accorda une victoire éclatante (2Samuel 23.9-12).
Les Philistins avaient l’habitude d’attendre le moment des récoltes pour envahir Israël et tout piller. Cet homme, Chamma, décida de défendre ce champ de lentilles à lui tout seul en invoquant l’Éternel qui intervint par un miracle. C’est ainsi qu’il remporta cette victoire contre les Philistins.
Versets 15-17
Je continue plus loin avec le deuxième groupe de trois.
David se trouvait alors dans son refuge fortifié et un poste de Philistins occupait Bethléhem. David fut soudain pris d’un brûlant désir et s’écria : — Qui me fera boire de l’eau du puits qui se trouve à la porte de Bethléhem ? Alors les trois guerriers pénétrèrent dans le camp des Philistins et puisèrent de l’eau au puits qui est à la porte de Bethléhem. Ils l’apportèrent et la présentèrent à David ; mais il ne voulut pas en boire, et il la répandit en libation pour l’Éternel. Tel fut l’exploit de ces trois guerriers (2Samuel 23.15-17).
David a grandi à Bethléhem et alors qu’il est enfermé dans son refuge, comme un oiseau en cage, il a soudainement envie de boire de l’eau qui lui rappellera sa tendre enfance. Ce second groupe de trois aimait David au point de risquer leur vie pour lui. Après avoir entendu sa requête, ils se consultent et décident de tenter le coup. Ils partent de nuit, traversent le camp ennemi, remplissent une gourde et reviennent avant le lever du jour. Mais David, plutôt que de boire l’eau rapportée par ces hommes, en fait une offrande à l’Éternel.
Par ce geste, il veut signifier qu’il est indigne d’un tel dévouement, et que Dieu seul mérite que l’on risque ainsi sa vie pour lui. Un certain nombre de prophètes et de prêtres de l’Ancien Testament sont ainsi morts en défendant la cause de l’Éternel ; la plupart des disciples de Jésus-Christ dont 11 des 12 apôtres ont fini martyrs ; et la liste n’est pas terminée.
Versets 18-39
Je continue le texte en compressant et finis ce chapitre.
Abichaï, frère de Joab, fils de Tserouya, était le chef de ce groupe de trois ; mais il n’égala pas les trois du premier groupe. Benayahou tua deux puissants héros moabites. C’est lui aussi qui, un jour de neige, descendit au fond d’une citerne pour y tuer un lion. C’est encore lui qui tua un Égyptien de taille impressionnante armé d’un javelot. Il bondit sur lui, armé d’un simple bâton, et lui arracha son javelot dont il se servit pour le tuer. Il fut le plus estimé parmi les trente, mais sans égaler ceux du premier groupe des trois. David confia à Benayahou le commandement de sa garde personnelle (2Samuel 23.18-23).
Benayahou était aussi le chef des mercenaires appelés les Kérétiens et les Pélétiens. Il sera nommé à la tête de l’armée par le roi Salomon. Abichaï était le commandant en second de l’armée régulière de David ; son nom apparaît fréquemment tout au long du second livre de Samuel. Quant à son frère Joab qui fut le chef d’état-major durant tout le règne de David, il n’est pas mentionné dans la liste de ces 37 hommes, ce qui est quelque peu surprenant. Il faut dire que c’était un homme particulièrement cruel que David avait essayé d’écarter de ses chefs militaires ; mais il n’y était pas parvenu.
La suite du texte donne les noms du groupe des trente, en fait 32 pour être exact. Cette expression est une désignation conventionnelle pour une petite troupe armée d’une trentaine d’hommes environ, mais il peut y en avoir quelques-uns en plus ou en moins et quand même s’appeler groupe des trente. Urie le Hittite en faisait partie. C’est lui que David fit assassiner afin de lui prendre sa femme.
Chapitre 24
Verset 1
Nous voici arrivés au chapitre 24 qui s’ouvre sur une autre faute de David. Cet incident eut lieu vers la fin de son règne et faisait certainement partie des préparatifs en vue de l’accession au pouvoir de Salomon. Je commence à lire ce dernier chapitre.
L’Éternel se mit de nouveau en colère contre les Israélites et il incita David à agir contre leurs intérêts en lui suggérant l’idée de faire le recensement d’Israël et de Juda (2Samuel 24.1).
Un texte parallèle lit :
Satan se dressa contre Israël et il incita David à faire le recensement d’Israël (1Chroniques 21.1).
Voilà deux versets qui posent des questions. Ce passage suggère qu’Israël en tant que nation s’est rendu coupable de quelque faute, mais ne nous précise pas laquelle. Quoi qu’il en soit, Dieu est fâché à la fois contre son peuple et contre David. Ces deux versets nous font comprendre que c’est Satan qui est l’auteur de cette très mauvaise idée du recensement, mais que cet événement n’échappe pas à la souveraineté de l’Éternel qui permet au diable d’attaquer Israël par l’intermédiaire du roi David.
Cet incident soulève le problème posé par la présence du mal dans l’univers alors que Dieu est seulement bon. Les Textes Sacrés adressent cette contradiction ici et là, mais ne répondent pas entièrement à toutes les questions qu’on se pose. Ce sujet sera abordé plus tard.
Versets 2-3
Pour le moment, je continue notre texte.
Alors le roi ordonna à Joab, chef de son armée qui se trouvait près de lui : — Parcours, je te prie, toutes les tribus d’Israël, depuis Dan jusqu’à Beer-Chéba ; que l’on recense le peuple, pour que je sache quel en est le nombre ! Joab dit au roi : — Que l’Éternel, ton Dieu, rende le peuple cent fois plus nombreux ! Mais pourquoi mon seigneur le roi désire-t-il faire pareille chose ? (2Samuel 24.2-3).
Le texte ne précise pas directement pourquoi David voulait faire ce recensement, mais la raison est évidente. Il veut savoir sur quelles forces il peut compter pour mener campagne. En effet, les Lévites qui sont affectés au service du culte ne seront pas comptés, et c’est à ses généraux que le roi demande de faire ce travail. Tous les recensements précédents sous la conduite de Moïse ou de Josué l’ont été sur l’ordre de l’Éternel. Ici, c’est David qui prend cette initiative malvenue au point où Joab en est choqué.
Habituellement, cet homme est dénué de tous scrupules, mais ici il critique la décision du roi. Mais David insiste, ce qui est un soufflet donné à Dieu. En effet, dans le cadre de l’alliance, l’Éternel, tout comme les suzerains du Proche-Orient ancien, avait fixé les limites du territoire de son peuple vassal, Israël. Or à la fin du règne de David, tout le pays qui lui était alloué avait été soit conquis soit assujetti.
Ce recensement traduit donc la volonté de conquérir davantage de territoires. En d’autres mots, les succès militaires des Israélites leur sont montés à la tête et le roi est devenu gourmand. Cette attitude expansionniste arrogante est une transgression notoire de l’alliance.
Versets 4-9
Je continue en compressant.
Mais le roi maintint l’ordre donné à Joab et aux chefs de l’armée. Ils se mirent donc en route pour faire le recensement d’Israël. Ils parcoururent ainsi tout le pays et, au bout de neuf mois et vingt jours, ils regagnèrent Jérusalem. Joab communiqua au roi le résultat du recensement du peuple : Israël comptait 800 000 hommes aptes à porter les armes et Juda 500 000 (2Samuel 24.4-9).
Les envoyés commencent leur travail de fourmi de l’autre côté du Jourdain, à l’est du pays, ils passeront ensuite au nord, puis à l’ouest et enfin au sud. Ils parcourent ainsi Israël en allant dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Selon des textes parallèles, les 800 000 hommes d’Israël sont seulement ceux susceptibles de porter les armes, mais n’incluent pas 300 000 soldats actuellement sous les drapeaux.
Quant aux 500 000 de Juda, ils incluent à la fois ceux qui pourraient être mobilisés, et ceux qui le sont actuellement. C’est une façon de compter qui gonfle le nombre de combattants de la tribu de Juda, d’où est issu le roi, et qui diminue celui des autres tribus ; la magouille ne date donc pas d’aujourd’hui.
Verset 10
Je continue.
Soudain, David sentit son cœur battre parce qu’il avait ainsi recensé le peuple, et il dit à l’Éternel : — J’ai commis une grave faute en faisant cela ! Maintenant, Éternel, daigne pardonner la faute de ton serviteur car je reconnais que j’ai agi tout à fait comme un insensé (2Samuel 24.10).
Ce mot insensé est utilisé ailleurs pour désigner quelqu’un qui manque de respect envers l’Éternel. David reconnaît un peu tard qu’il a déshonoré Dieu, mais pendant presque dix mois il a conservé son attitude arrogante.
Versets 11-13
Je continue.
Quand David se leva le lendemain matin, l’Éternel s’adressa au prophète Gad, attaché à la cour de David, en ces termes : — Va dire à David : Voici ce que déclare l’Éternel : Que veux-tu que je fasse venir contre toi : sept années de famine dans ton pays, trois mois de déroute devant tes ennemis qui s’acharneront contre toi, ou trois jours de peste dans ton pays ? Réfléchis donc et décide, puis dis-moi ce que je dois répondre à celui qui m’envoie (2Samuel 24.11-13).
Ces trois châtiments que propose l’Éternel à David font partie des malédictions prédites par Moïse à Israël en cas de non-respect de l’alliance (Deutéronome 28.15-25).
Versets 14-15
Je continue en compressant.
David répondit à Gad : — Je suis dans un grand désarroi. Oh ! tombons plutôt entre les mains de l’Éternel, car ses compassions sont grandes ; mais que je ne tombe pas entre les mains des hommes. L’Éternel fit donc sévir une épidémie de peste en Israël, depuis ce matin-là jusqu’au terme fixé, et fit périr soixante-dix mille personnes (2Samuel 24.14-15).
Malgré son arrogance, David avait foi en l’Éternel et il choisit de s’en remettre à sa mansuétude, plutôt que de tomber entre les mains de ses ennemis. Un texte du Nouveau Testament précise bien que Dieu discipline ceux qu’il considère les siens. Je le lis :
Le Seigneur corrige celui qu’il aime : il châtie tous ceux qu’il reconnaît pour ses fils. Supportez vos souffrances : elles servent à vous corriger. C’est en fils que Dieu vous traite. Si vous êtes dispensés de la correction qui est le lot de tous les fils, alors vous êtes des enfants illégitimes, et non des fils (Hébreux 12.6-8).
Même si l’Éternel est parfois sévère, il est aussi miséricordieux ; comme le dit le psalmiste :
Il ne tient pas rigueur sans cesse et son ressentiment ne dure pas toujours. Son courroux dure un instant, sa faveur est pour la vie. Toi, tu ne gardes pas ta colère à jamais, mais tu prends ton plaisir à faire grâce (Psaumes 103.9 ; 30.6 ; Michée 7.18).
Un chirurgien sait raccommoder les déchirures corporelles, mais Dieu seul peut panser le cœur brisé et réconforter l’âme meurtrie.
Versets 16-17
Je continue le texte.
L’ange allait étendre sa main sur Jérusalem pour la dévaster, mais l’Éternel ne voulut pas ce malheur et y renonça. Il ordonna à l’ange qui était en train de décimer le peuple : — Cela suffit maintenant ! Retire ta main ! L’ange de l’Éternel se tenait alors près de l’aire d’Orna, entre ciel et terre, son épée dégainée à la main (2Samuel 24.16-17).
Les anges apparaissent dans l’Écriture comme les instruments de l’exécution de la volonté divine, notamment de ses jugements. C’est aussi l’ange de l’Éternel qui a frappé de mort tous les premiers-nés d’Égypte afin que Pharaon laisse les Hébreux quitter son pays.
Versets 18-21
Je continue plus loin tout en compressant.
Ce même jour, Gad se rendit auprès de David et lui ordonna : — Monte à l’aire d’Orna et dresses-y un autel à l’Éternel. Orna, qui était en train de battre du blé vit le roi et ses ministres venir vers lui. Il sortit et se prosterna devant le roi, le visage contre terre, et il demanda : — Pourquoi mon seigneur le roi vient-il vers son serviteur ? David lui dit : — Je viens t’acheter cette aire pour y bâtir un autel à l’Éternel afin que cesse le fléau qui sévit contre le peuple (2Samuel 24.18-21).
D’après une tradition digne de foi, cette aire de battage se trouvait sur le mont Morija, au nord de l’enceinte de Jérusalem. C’est à cet endroit que le roi doit offrir des sacrifices, parce que c’est là que se trouvait l’ange de l’Éternel quand il lui fut ordonné d’arrêter la dévastation du pays.
Versets 22-24
Je finis le second livre de Samuel en compressant.
Orna répondit à David : — Que mon Seigneur le roi prenne l’aire et qu’il offre ce qu’il jugera bon. Regarde : voici les bœufs pour l’holocauste, les herses et l’attelage des bœufs fourniront le bois. O roi, je te donne tout cela ! Mais le roi lui déclara : — Non ! Je n’offrirai pas à l’Éternel, mon Dieu, des holocaustes qui ne me coûteraient rien ! Et David acheta l’aire et les bœufs pour cinquante pièces d’argent. Il bâtit là un autel à l’Éternel et y offrit des holocaustes et des sacrifices de communion. Ainsi l’Éternel se laissa fléchir en faveur du pays, et la plaie fut détournée d’Israël (2Samuel 24.22-24).
David paie rubis sur l’ongle pour les bœufs et le bois. Il n’agit pas selon l’habitude des rois de l’époque qui prenaient ce qu’ils voulaient sans dédommagement. Ça me démange de dire quelque chose de désobligeant concernant certaines pratiques des gouvernements démocratiques, mais je m’en abstiendrai. Les écrivains hébreux utilisaient différents procédés littéraires afin de donner des enseignements pertinents.
Mis à part ces 4 derniers chapitres que je viens de couvrir et qui sont placés en appendice, la quasi-totalité des deux livres de Samuel est encadrée par deux cantiques : celui de David à la fin qui fait écho à celui d’Anne, la mère du prophète Samuel, et qu’on trouve au tout début. Ce fait est important, car il met en valeur des attributs essentiels de Dieu.
En effet, malgré la complexité, la cruauté et l’obscurantisme des situations humaines qui sont décrites, ces deux hymnes à la gloire de l’Éternel Dieu sont ainsi placés pour témoigner de sa souveraineté et de sa fidélité à sa parole. C’est lui, comme l’a dit Anne, qui fait mourir et vivre, dépouille et enrichit (1Samuel 2.6-7) et c’est encore lui qui, comme le dit David, sauve les humbles et abaisse les orgueilleux, et encore : l’Éternel est ma forteresse, mon rocher, mon libérateur. Il est mon Dieu, le roc solide où je me réfugie, mon Sauveur tout-puissant, mon rempart et mon bouclier. Mon asile est en lui (2Samuel 22.28, 2-3). Malgré ses fautes grossières, David avait trouvé en Dieu sa raison d’être et le sens de la vie. À ce titre, il est pour moi un exemple à suivre.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.